Depuis et sa fusion avec l'hôpital de la Pitié reconstruit en 1911 à ses côtés, ils forment aujourd'hui l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, faisant partie du groupe hospitalo-universitaire AP-HP Sorbonne Université, anciennement GH de la Pitié-Salpêtrière - Charles-Foix depuis 2011. L'hôpital de la Pitié-Salpêtrière n'existe donc administrativement plus depuis 2011, alors que son implantation physique n'a pas varié.
L'hôpital de la Pitié-Salpêtrière est en 2013 le plus grand hôpital d'Europe, avec plus de 90 bâtiments répartis sur 33 hectares[1],[2].
Une salpêtrière où l'on fabriquait la poudre pour les munitions fut établie en 1634 par le sieur Rebattier sur des parcelles acquises de l’abbaye Saint-Victor, terrains de chantiers de bois et de carrières sur la rive opposée au petit Arsenal du faubourg Saint-Antoine qui avait subi des explosions meurtrières en 1538 et en 1563. L’entreprise vraisemblablement peu rentable, est cédée en 1639 au Sieur du Fay qui la revend au roi. En 1656, Louis XIV confia à l'architecte Libéral Bruand la construction, à partir des bâtiments désaffectés de la salpêtrière, d'un hôpital à l'emplacement du petit arsenal. Les travaux de construction débutèrent en 1658 sous la direction de l'architecte Antoine Duval et furent interrompus faute de financement. En 1669, ils furent repris sous les ordres de Louis Le Vau[3].
L'hospital de la Salpeterière sur le plan de Turgot, en 1739.
Entre 1663 et 1673 plus de 770 jeunes femmes parties de France débarquèrent à Québec, envoyées par Louis XIV pour prendre mari et contribuer au peuplement de la Nouvelle-France. On les appela «Les Filles du Roi». 240 d'entre elles parmi les 327 de Paris et sa région quittèrent l'enclos de la Salpêtrière.
En 1684, on ajouta à cet établissement une maison de force, une prison, destinée à 300 femmes, condamnées pour faits de droit commun et femmes d'une débauche et d'une prostitution publique et scandaleuse qui attendaient leur départ pour les Amériques. Ce lieu fait pour loger les femmes, fit de la Salpêtrière un lieu de concentration, de répression et de détention pour femmes. L'endroit est un lieu-dit «des Deux-Moulins», situé sur la commune d'Ivry, qui deviendra un hameau qui prendra le nom de «village des Deux-Moulins».
La supérieure de la Salpêtrière, en général une femme proche des milieux parlementaires jansénistes, était également l'éminente de l'Hôpital général. La nomination, en 1749, d'une femme proche de l'archevêque de Paris, entraîna l'affaire de l’Hôpital général, une révolte des magistrats laïcs du Parlement de Paris qui n'eurent de cesse de retrouver la mainmise exclusive sur l'établissement[4].
À la veille de 1789, l'hôpital, qui était le plus grand hospice du monde, abritait dix mille personnes; la prison comptait plus de trois cents détenus.
Durant la Révolution, en particulier les 3 et faisant partie de l'épisode massacres de Septembre, des scènes sanglantes se déroulèrent dans la prison où les aliénées indigentes avaient été entassées.
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Médicalisation de la Salpêtrière
Résumé
Contexte
Jusque vers le XVIIIesiècle, la Salpêtrière n'eut aucune fonction médicale: ses malades étaient envoyées à l'Hôtel-Dieu. Cet établissement n'ayant plus la capacité de les recevoir, les lettres patentes du 22 juillet 1780 y interdisent leur admission et l'architecte Payen en poste à l'hôpital général construit une infirmerie achevée en 1787. Ce long bâtiment placé dans l'axe sud de la chapelle avec des ailes en retour comptait en moyenne 300 lits.
Charles François Viel œuvre de 1781 à 1801 à la transformation de l'hospice en hôpital de soins. La Salpêtrière devient un hospice pour vieilles femmes avec une population ramenée en 1801 à 4 000 personnes au début du XIXesiècle et un asile pour aliénées avec des médecins tels que Pinel et Esquirol qui mettent en application leurs théories sur le traitement moral, la suppression de l'enchainement et la création de divisions spécialisées selon la nature de la folie[5].
À la fin du XIXesiècle, au moment de la Mi-Carême, était organisé chaque année à l'hospice de la Salpêtrière un célèbre bal: le bal des folles, ainsi qu'un bal des enfants épileptiques. De nombreuses personnalités y assistaient et la presse parisienne en rendait compte.
Le , l'hôpital fait l'objet d'une double protection au titre des monuments historiques: un classement pour le pavillon d'entrée et les bâtiments Hemey, Jacquart, Lassey, Mazarin, Montyon, ancienne Force, lingerie, pharmacie, bâtiment des Archers, pavillon Chaslin, pavillon de la prothèse dentaire de la section Pinel; une inscription pour Les sols des cours Mazarin, Lassey, Saint-Louis, Sainte-Claire, des Quinconces et de la rue des Archers[7].
Érigée entre 1670 et 1677 par Libéral Bruand, la chapelle est implantée exactement au centre des bâtiments hospitaliers. Elle forme une croix grecque dont les bras ont 70 m de long qui se croisent dans un rotonde qui supporte une coupole de 65 m de haut. L’intérieur se compose de quatre nefs. L’autel est placé au centre de la rotonde de façon à ce qu’il soit visible des quatre nefs. Cette disposition permet aux assistants de suivre les offices par groupes séparés en empêchant toute promiscuité. D’autres chapelles sont réparties autour de la rotonde, aux angles de la croisée[8].
Chapelle Saint-Louis
Vue Sud.
Vue Nord-Est.
Orgue de la chapelle.
Parc de la Hauteur, chapelle de la Pitié-Salpêtrière avec sculptures de Roger Vène, acquises pour la commémoration des 400 ans de l'hôpital en 2013.
Curiosités
Sous le porche de l’entrée principale, subsiste une ancienne inscription (à peine lisible) indiquant: «Les cochers doivent mener leurs chevaux dans l’intérieur de l’hôpital»[9].
Inscription sous le porche de l'entrée principale.
Trois pavillons, les Petites Loges, où étaient enfermées les «folles»[10]. Les Loges sont au nombre de quatorze au XVIIesiècle. Elles sont reconstruites, entre 1786 et 1789, par Charles-François Viel. En ce lieu, Pinel étudie les aliénées et les libère de leurs chaînes[11].
Les Petites Loges.
Bancs des Petites Loges.
Maison de la Force, où se déroulèrent les massacres de Septembre. Construite en 1684, c’est une prison destinée aux femmes «débauchées» ou condamnées par la justice. Elle est le lieu de détention pour les prostituées, avant leur déportation pour le Québec ou la Louisiane pour peupler ces colonies[12].
Maison de la Force. Cour intérieure.
Maison de la Force, autre cour intérieure.
Façade sud.
Façade ouest.
Le Petit Arsenal est le vestige de l’arsenal préexistant à l’Hôpital général. Le bâtiment est, aujourd’hui, occupé par la lingerie ou la buanderie de l’hôpital[13].
Pierre Marie (1853- 1940),neurologue formé par Charcot, ayant laissé son nom à plusieurs maladies dont la maladie de Charcot-Marie-Tooth, l'acromégalie, et la spondylarthrite ankylosante
Achille Souques, (1860-1944), chef de service à la Salpêtrière et un des fondateurs de la Société de Neurologie
Guillaume Duchenne (1806-1875), médecin neurologue à la Salpêtrière décrit, en 1858, l'ataxie locomotrice progressive (maladie de Duchenne) ainsi que la paralysie labio-glosso-laryngée (syndrome de Duchenne) en 1860
Jules Dejerine (en bas, second à partir de la droite) pose avec le personnel et les chefs de clinique en 1912. Alfred Velpeau (1795-1867) célèbre chirurgien et anatomiste francais
La Salpêtrière a servi de lieu de tournage pour les films:
1962: Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda. Cléo et Antoine s'y rende en bus après leur rencontre pour connaître le résultat des examens médicaux de Cléo. Le film se referme sur le couple en train de marcher dans le jardin de l'hôpital.
Réparer les vivants, Maylis de Karengal, éditions Verticales, 2014.
Dans Manon Lescaut, l'héroïne éponyme y est enfermée.
La Louisiane, Julia Malye, 2024. L'histoire débute à la Salpêtrière en 1720. La Supérieure est mandatée pour sélectionner une centaine de femmes pour les envoyer en Louisiane afin d'épouser les colons français déjà sur place.