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pays d'Afrique de l'Est De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Kenya, en forme longue la république du Kenya (en swahili : Kenya et Jamhuri ya Kenya, en anglais : Kenya et Republic of Kenya), est un pays d’Afrique de l'Est, limitrophe du Soudan du Sud au nord-ouest, de l’Éthiopie au nord, de la Somalie à l’est, de l’Ouganda à l’ouest et de la Tanzanie au sud-sud-ouest. Il est baigné par l’océan Indien au sud-est. La capitale et la plus grand ville du pays est Nairobi.
République du Kenya
(sw) Jamhuri ya Kenya
(en) Republic of Kenya
Drapeau du Kenya |
Armoiries du Kenya |
Devise | en swahili : Harambee (« Travaillons ensemble ») |
---|---|
Hymne |
en swahili : Ee Mungu Nguvu Yetu (« Ô Dieu de toute création ») |
Fête nationale | |
· Événement commémoré |
Indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni () |
Plus grandes villes, classées par population urbaine | Nairobi, Mombasa, Kisumu |
---|---|
Superficie totale |
580 367 km2 (classé 49e) |
Superficie en eau | 2,3 % |
Fuseau horaire | UTC +3 |
Entité précédente | |
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Indépendance | Royaume-Uni |
Date |
Gentilé | Kényan, Kényane |
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Population totale (Recensement 2019 Estimation 2023) |
47 564 296[1] 57 052 004 (2 023 est.) hab.(classé 27e) |
Densité | 82 hab./km2 |
PIB nominal (2017) | 78,4 Mrd $[note 1],[2] |
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PIB (PPA) (2017) | 163,4 Mrd $[note 2],[3] (81e) |
Monnaie |
Shilling kényan (KES ) |
IDH (2021) | 0,575[4] (moyen ; 152e) |
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IDHI (2021) | 0,426[4] (118e) |
Coefficient de Gini (2015) | 40,8 %[5] |
Indice d'inégalité de genre (2021) | 0,506[4] (128e) |
Indice de performance environnementale (2022) | 30,8[6] (148e) |
Code ISO 3166-1 |
KEN, KE |
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Domaine Internet | .ke |
Indicatif téléphonique | +254 |
Organisations internationales | ONUUA CommonwealthCOMESABADAIIBCEN-SADCIRGLINBARCIRG33G15 |
Pendant la colonisation européenne de l'Afrique, le Royaume-Uni colonise le territoire comme le protectorat de l'Afrique orientale britannique en 1895. En 1920, le territoire devient une colonie de la couronne, et est notamment le lieu de la révolte des Mau Mau de 1952 à 1960. Le pays accède à l'indépendance en 1963 en tant que royaume du Commonwealth comme le dominion du Kenya et devient une république l'année suivante. La constitution actuelle du pays est adoptée en 2010.
Le Kenya est une république unitaire ayant un régime présidentiel. L'anglais est la langue officielle. Le pays est séculier, bien que le christianisme soit pratiqué par plus de 85 % de la population.
Son nom provient de celui de son plus haut sommet, le mont Kenya, que les Kamba appellent Kiinyaa, ce qui signifie « montagne de l'autruche ». Ce dernier nom renvoie à la couleur des pics, qui sont blancs avec la neige et noirs avec les rochers, ressemblant au plumage du mâle.
L'orthographe actuelle dérive d'une série d'évolutions depuis que Johann Ludwig Krapf l'a observé en 1849. Déformant le mot Kiinyaa, il lui attribua le nom de Kegnia ([ˈkiːnjə] dans la prononciation phonétique en anglais[7]).
Voir aussi « Toponymie et étymologie ».
Traversé par l'équateur, le Kenya se situe dans l’est du continent africain et a pour pays voisins, au nord le Soudan du Sud et l'Éthiopie, à l'est la Somalie, au sud la Tanzanie et à l'ouest l'Ouganda. Il est bordé, à l'est, par l'océan Indien sur 536 km et a une superficie de 580 367 km2. Son point culminant est le mont Kenya avec 5 199 m tandis que son plus long cours d'eau est le fleuve Tana (700 km). Sa capitale, et plus grande ville, est Nairobi.
L'altitude croît selon un pendage faible et régulier depuis l'océan Indien, au sud-est, jusqu'à la chaîne des monts Aberdare avant de décroître en direction de l'ouest et du nord.
Le pays est traversé par le grand rift oriental qui sépare la plaque nubienne à l'ouest de la plaque somalienne à l'est, et coupe, du sud au nord, le tiers occidental du pays du reste du territoire. La largeur du rift varie entre 45 et 100 km. Si sa profondeur maximale est d'environ 1 510 m au gradin oriental bordant le lac Bogoria, il est difficile de le distinguer du désert avoisinant à hauteur du delta de la rivière Turkwel (lac Turkana).
Dans ce rift, qui comporte un linéament occidental suivant, grosso modo, le 0,2e parallèle sud, se logent plusieurs lacs, du sud au nord : Magadi, Naivasha, Elementaita, Nakuru, Bogoria, Baringo, Turkana, etc. Comparativement aux lacs du rift occidental, ceux du rift oriental ont une profondeur maximale relativement faible avec un maximum de 109 m pour le lac Turkana. Le golfe de Winam constitue la partie ouest du linéament occidental (appelé rift de Kavirondo).
Plusieurs volcans éteints bordent ce rift oriental, du sud au nord : les monts Olengarua, Oloolkisailie, Suswa, Longonot, Kipipiri et le mont Lopokino. Les monts Londiani, Eldalat et Tinderet barrent l'entrée du rift Kavirondo tandis que les monts Homa, Nyamaji et la caldeira de Rangwe bordent le gradin sud de ce dernier.
Les monts et volcans éteints Kenya et Elgon, désaxés par rapport au rift oriental, sont aussi les deux plus hauts sommets du pays.
Les deux principaux déserts sont le désert de Chalbi qui s'étend à l'est du lac Turkana et se prolonge en Éthiopie et le désert de Nyiri à l'est du lac Magadi.
La côte est bordée par plusieurs récifs coralliens qui, ensemble, ont une superficie de 621 km2.
Situé au niveau de l'équateur, le Kenya connaît un climat chaud où les températures varient peu au cours de l'année et qui est rythmé par deux saisons des pluies qui tombent dans les mois où le soleil passe au zénith, en particulier en fin de journée. La plus abondante est centrée sur mars et mai, la seconde sur le mois de novembre. Cependant, leur intensité et leur durée varient grandement d'une région à l'autre et le climat du Kenya est très diversifié[8]: au sud-est, le littoral de l'océan Indien bénéficie d'un climat humide de type Aw, selon la classification de Köppen correspondant à un climat de savane. À Mombasa, les températures maximales mensuelles sont comprises entre 28 °C et 32 °C pour 1 060 mm de précipitations[9]. À l'ouest, la région du lac Victoria est encore plus arrosée avec un climat équatorial (Af) qui permet le développement de la forêt. À l'opposé, les précipitations sont de plus en plus faibles en allant vers le nord ; la savane laisse d'abord la place à un environnement semi-aride et même désertique à l'est du lac Turkana et à proximité de la frontière somalienne.
L'altitude joue aussi un rôle : avec elle, les températures diminuent alors que les précipitations ont tendance à augmenter. Ainsi, dans les hauts plateaux du centre, Nairobi (1 700 m) dispose d'un climat tempéré avec des matinées fraîches (10 à 13 °C) et des températures maximales oscillant entre 21 et 26 °C[10]. Avec ses 5 199 mètres d'altitude, le sommet du mont Kenya atteint l'étage nival, celui des neiges éternelles.
Le changement climatique, qui affecte déjà sévèrement le Kenya, devrait à l'avenir accroître encore la fréquence des sécheresses. Alors qu’elles suivaient auparavant un cycle de cinq à sept ans, elles pourraient apparaitre tous les trois ans dorénavant. Celles-ci risquent de favoriser le sous-développement et l’augmentation de la pauvreté[11].
La pollution plastique a pris des proportions considérables au Kenya. À elle seule, Nairobi rejette près de 500 tonnes de ces déchets chaque jour, selon les données de 2021. Une partie des déchets finit dans les intestins du bétail, à la surface des rivières ou dans les canalisations, provoquant des inondations en période de pluies[12].
Pour réduire cette pollution, les autorités ont interdit en 2017 les sacs de courses à usage unique. Néanmoins, les milieux industriels ont facilement contourné cette interdiction en fabriquant des sacs alternatifs prétendument écologiques contenant une part significative de polyéthylène, soit la matière plastique la plus commune. Le directeur de l'ONG kényane Environnemental Compliance Institute explique à ce sujet : « Les industriels sont très innovants lorsqu'il s'agit de contourner les législations environnementales. Ils s'y opposent ou font tout leur possible pour les retarder, en inventant des alternatives. » En outre, de nombreux responsables politiques sont liés au secteur industriel et défendent ses intérêts[12].
Le Kenya lance à partir de 2021 le premier recensement de sa faune sauvage. Des décennies de braconnage, l’extension de l’habitat humain et le réchauffement climatique ont durement touché la population d’animaux. Ainsi, l’éléphant d’Afrique a vu sa population chuter de plus de 60 % depuis les années 1970 selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)[13].
Si la surface en forêt diminue légèrement, la surface en forêts primaires a été diminuée de plus de moitié en 15 ans, de 1990 à 2005, passant de 766 000 à 322 000 hectares[14].
On compte au Kenya 1 058 espèces d'oiseaux connues en 2019[15] et certaines des plus célebres Reserves Naturelles en Afrique.
La vallée du Grand Rift est souvent désignée comme le « berceau de l'humanité » en raison des nombreux fossiles d'hominidés qui y ont été trouvés. Les plus anciens, des Proconsuls datant du Miocène, ont été découverts sur l'île d'origine volcanique de Rusinga par Louis Leakey. D'autres découvertes indiquent que des hominidés comme Homo habilis et Homo ergaster vécurent au Kenya il y a 2,5 millions d'années (Plaisancien).
Des peuples venus du nord, parlant une langue couchitique, arrivèrent dans la région aux alentours de 2000 av. J.-C., créant des cultures telles l'Elmenteitien[16] à l'époque du Néolithique pastoral[17]. À la fin du Ier millénaire, arrivèrent, de l'ouest, des peuples bantous. Enfin, à partir de 1500 apr. J.-C. arrivèrent les peuples de langues nilotiques venus du nord-ouest.
L'histoire coloniale du Kenya débuta dès le VIIIe siècle avec l'établissement de colonies arabes le long des côtes.
Au début du XVIe siècle arrivent, dans le sillage de Vasco de Gama, les Portugais dont la domination sera éclipsée par celle des sultans d'Oman en 1698. Cependant, ces colonisations restent confinées à la côte du Zanguebar sans désirs d'exploration vers l'intérieur du continent, le but étant le contrôle de la route maritime des Indes.
À la suite des explorateurs comme Emin Pacha, la colonisation complète du Kenya débuta par ce qui fut un protectorat allemand sur ce qui était auparavant une partie des possessions du sultan de Zanzibar. Les Anglais commencent la colonisation du Kenya entre 1884 et 1886. En 1885, le traité de Berlin confirme les ambitions coloniales des Anglais, qui se voient accorder la zone qui correspondra au futur Kenya. En 1895, elle est cédée par Berlin au Royaume-Uni à la suite de l'arrivée dans l'intérieur des terres, en 1888, de la Compagnie britannique impériale d'Afrique de l'Est. La famine survenue en 1899 tue, selon les estimations, entre 50 % et 90 % de la population[réf. nécessaire] de la région qui deviendra l'ex-province centrale du Kenya.
Sur le modèle de l'Afrique du Sud, l’administration coloniale britannique impose en 1915 l'obligation pour tous les noirs de plus de quinze ans de porter en permanence autour du cou un certificat prouvant leur identité et leur emploi. En 1920, le gouverneur fait augmenter l’impôt par tête pour contraindre les Kikuyus à s'engager comme salariés agricoles auprès des colons et ainsi pouvoir payer. Toutefois, quand en 1921 les colons réduisent les salaires des ouvriers indigènes d'un tiers, des manifestations et des grèves se déclenchent. Le 16 mars, 57 manifestants sont abattus et les dirigeants des associations nationalistes sont arrêtés puis déportés[18].
Le nouveau protectorat est appelé Afrique orientale britannique. En 1902, les colons blancs sont autorisés à accéder aux hautes plaines fertiles. Ces colons eurent une influence dans le gouvernement avant même qu'il ne soit officiellement déclaré colonie de la Couronne en 1920, mais les Africains furent exclus de participation politique directe jusqu'en 1944. En 1926, un accord entre les gouvernements britannique et italien prévoit le rattachement de la région du Jabaland, jusqu'alors au Kenya, à la Somalie sous colonisation italienne[19].
D'octobre 1952 à décembre 1959, la révolte des Mau Mau combat la loi coloniale britannique. Les décideurs britanniques firent alors participer de plus en plus d’Africains aux processus gouvernementaux, afin de couper les rebelles de leur soutien. Les premières élections directes pour les Africains au Conseil législatif eurent lieu en 1957. La guerre s’achève avec 100 000 morts côté africain et 320 000 détenus dans des camps, dont plus d'un millier seront exécutés et des milliers d'autres torturés[18]. En 2011, après des décennies d'attente, des milliers de documents secrets du ministère des affaires étrangères britannique sont déclassifiés. Ils montrent que les rebelles Mau Mau étaient systématiquement torturés et soumis aux pratiques les plus brutales, les hommes étaient castrés et du sable introduit dans leur anus, les femmes violées après introduction d'eau bouillante dans leur vagin. Les archives du Foreign Office révèlent en outre qu'il ne s'agissait pas d'initiatives de soldats ou d'administrateurs coloniaux mais d'une politique orchestrée depuis Londres[20].
Les Britanniques libèrent Jomo Kenyatta et quelques autres prisonniers politiques en 1961 afin de permettre, dans l'optique de l'indépendance imminente du Kenya, la constitution d'un gouvernement « modéré » favorable à leurs intérêts. Peter Anyang' Nyong'o explique que « quand, en 1954, le gouvernement colonial et le colonat européen reconnurent qu'il fallait mettre fin à l'apartheid au Kenya pour parvenir à un règlement politique de la crise, il était clair que, parmi les Africains, il y avait suffisamment de partisans d'une alliance de classe avec les colons, prêts à partager le pouvoir politique contre les Mau Mau et les autres "nationalistes extrémistes" »
Bien que les Britanniques souhaitaient transmettre le pouvoir à un groupe modéré, ce fut le Kenya African National Union (KANU) de Jomo Kenyatta, membre de la tribu des Kikuyus et ancien prisonnier sous la loi martiale, qui forma le premier gouvernement peu après l'indépendance du pays le . D'abord monarchie constitutionnelle, le Kenya devient un an plus tard une république, Kenyatta devenait le premier Président de la République.
Le régime met aussitôt fin aux espoirs des indépendantistes radicaux de redistribution des terres : les terres sont rachetées aux colons qui veulent partir et revendus aux Kényans qui en ont les moyens, les capitaux britanniques sont épargnés et les investissements étrangers encouragés. Le choix d'une économie de marché renforce une classe de capitalistes locaux au détriment des anciens rebelles, au sujet desquels Kenyatta déclare : « nous ne laisseront pas des gangsters diriger le Kenya, les Mau Mau étaient une maladie qui a été éradiquée et qu'il nous faut oublier à jamais ». Témoin de cette orientation, le journal conservateur britannique The Economist lui consacre en 1965 un article élogieux intitulé « Notre homme au Kenya ». La majorité des Britanniques quittent le Kenya et sont indemnisés par leur propre gouvernement et le gouvernement kényan. 120 000 des 176 000 Indiens quittent aussi le pays et, grâce à leur ancien passeport britannique, émigrent, pour la plupart, vers le Royaume-Uni[21]. Dès décembre 1963, le Royaume-Uni fait signer au Kenya des accords militaires leur reconnaissant le droit d'utiliser le Kenya comme base militaire pour d'éventuelles opérations dans la région.
Sur le plan politique, Kenyatta instaure un régime à parti unique fondé sur la doctrine Haraambee (« Agir ensemble » en swahili). Le président pratique une politique autoritaire et clientéliste pour assurer l'unité nationale. Pourtant, selon l'historien britannique John Lonsdale, Kenyatta perpétue l'héritage colonial qui « institue un État et non une nation ». Son pouvoir repose sur « un féodalisme ethnique [...] avec son contrat inégal de vassalité garanti par un discours normatif de l'ethnicité morale ».
En 1964 le parti minoritaire, le Kenya African Democratic Union (KADU), coalition de petites tribus craignant la domination des plus grandes, s'auto-dissout et rejoint le KANU. En 1966 est créé le Kenya People's Union (KPU), parti de gauche modeste mais jouant un grand rôle. Il était dirigé par Jaramogi Oginga Odinga, ex vice-président et sage Luo. Après une visite mouvementée de Kenyatta dans la province de Nyanza, le KPU est interdit et son chef emprisonné.
À la mort de Kenyatta le , le vice-président Daniel arap Moi devient président par intérim, puis officiellement président le après avoir été élu à la tête du KANU et désigné comme son seul candidat.
En l'Assemblée nationale inscrit dans la Constitution le parti unique, mais cette clause est rejetée par le Parlement en . En des élections multipartites donnent au KANU et son chef la majorité des sièges, et Moi est réélu pour un mandat de cinq ans, tandis que les partis d'opposition s'emparent de 45 % environ des sièges parlementaires.
Le nombre de partis politiques passa de 11 à 26 à la suite d'une libéralisation en . Après une courte victoire aux élections de , le KANU conserva sa majorité parlementaire, et Moi fut à nouveau élu.
Ne pouvant constitutionnellement se représenter en , Moi tenta sans succès de faire de Uhuru Kenyatta, fils du premier président du Kenya, son successeur. Une coalition disparate de partis d'opposition remporte les élections, et son chef, Mwai Kibaki, ancien vice-président de Moi, est élu président à une large majorité : 62,2 % des suffrages devant Uhuru Kenyatta (31,3 %) et trois autres candidats. Cette élection marque ainsi une alternance démocratiquement décidée dans les urnes[22].
Un premier projet de nouvelle constitution est rejeté en 2005 par un référendum. À l'élection présidentielle de décembre 2007, Mwai Kibaki est déclaré vainqueur face au principal opposant, Raila Odinga[23], contrairement aux tendances observées. Contestée par les observateurs de l'Union européenne qui demande un recomptage des bulletins de vote, cette annonce est immédiatement contestée par le camp d'Odinga et entraîne les plus grandes violences post-électorales survenues au Kenya. Fin , grâce à la médiation de Kofi Annan, l'ancien secrétaire général des Nations unies, un accord de partage du pouvoir entre le président Kibaki et Raila est signé et entériné à l'unanimité par le Parlement le pour résoudre la crise[24]. Il se matérialise par la nomination de Raila Odinga au poste de Premier ministre le suivant. Quatre jours plus tard, il prête serment et un gouvernement de coalition est constitué.
Le , un référendum valide le texte de réforme de la Constitution, incluant une Charte des droits et libertés chère à Raila, et maintenant soutenue par Kibaki[25], par une majorité de 72,1 % de Kényans ayant participé au référendum populaire (70 % de votes favorables contre 30 % de défavorables). Cette constitution est promulguée par le président Mwai Kibaki le [25].
Lors de l'élection présidentielle de 2013, Uhuru Kenyatta est déclaré vainqueur dès le premier tour, le avec 50,07 % des suffrages devant Raila Odinga avec 43,31 %. Ce dernier conteste les élections et, conformément à la possibilité donnée par l'article 140.1 de la Constitution, dépose, en date du , une pétition à la Cour suprême pour contester la validité du scrutin présidentiel, arguant d'irrégularités[26],[27]. La Cour rend son jugement le 30 mars suivant en déclarant que « l'élection générale fut libre et impartiale » et que « Uhuru et son colistier Ruto ont été valablement élus »[28],[29].
Uhuru Kenyatta est investi en tant que quatrième président du Kenya le au centre sportif international Moi de Kasarani (Nairobi)[30].
L'organisation État islamique et les chebabs multiplient les attaques au Kenya dans les années 2010, mettant en échec la politique sécuritaire du gouvernement[31]. À ces attaques s'ajoute une instabilité politique interne dans les mois qui précèdent les élections générales d'août 2017[32]. Le président sortant, Uhuru Kenyatta, est finalement réélu et affiche un score électoral de 54,28 % des suffrages exprimés. Son rival Raila Odinga parle à nouveau de fraudes[33]. Des émeutes éclatent avant un appel au calme par Raila Odinga, qui s'en remet une fois encore à la Cour suprême[34]. Celle-ci, à la surprise générale, lui donne cette fois raison et invalide les élections, qui sont réorganisés en [35]. Cette décision montre une consolidation progressive des contre-pouvoirs au Kenya à la suite de la constitution de 2010[36]. À la suite des modifications de la loi électorale avant ce nouveau scrutin, Raila Odinga se retire et appelle au boycott de l'élection. Finalement, le président sortant Uhuru Kenyatta remporte le nouveau scrutin avec 98,26 % des voix, mais la participation le n'est que de 38,8 % des électeurs inscrits, à comparer à 79 % le , date de la première élection présidentielle annulée par la Cour suprême[37].
Le Kenya compte 70 groupes tribaux issus de trois ethnies différentes[53]. Le groupe ethnique le plus important est d'origine bantoue (Kikuyu, Luhya, Meru, Embu). À part presque égale, le groupe d'origine nilotique (Maasaï, Luo, Kalenjin, Samburu, Pokot, Turkana). Vient ensuite le groupe d'origine couchitique (Orma, Somali, Borana).
Certains groupes, bien que considérés d'origine bantoue, ont une culture mixte (Kamba, Taita, les tribus swahilies formées par les Mijikenda).
Le pays compte aussi des minorités indiennes et européennes issues de la colonisation (les premiers ayant été enrôlés par les seconds).
Il doit aussi faire face à l'exode de populations victimes des conflits en Somalie ou de la guerre civile au Soudan.
Les langues officielles sont le swahili et l'anglais (article 7.2 de la Constitution). La langue nationale est le swahili (article 7.1 de la Constitution) auquel s'ajoutent 51 dialectes (certains en voie de disparition) protégés et promus par les articles 7.3.a et b de la Constitution.
Depuis la rentrée scolaire de , le système éducatif kényan est basé sur un cycle de 8-4-4 débutant à l'âge de six ans.
Cependant, certaines écoles internationales emploient le système éducatif britannique pour les enfants âgés de deux à dix-huit ans.
L'anglais et le swahili sont enseignés, en même temps, à l'école primaire. Ensuite, l'anglais devient la langue de référence pour l'apprentissage.
Le pays compte sept universités publiques dont la plus ancienne est l'université de Nairobi (University of Nairobi)[54].
50 % de la population sait parler l'anglais, à des degrés divers. La langue anglaise est très présente dans les grands ensembles urbains (comme Nairobi et Mombasa), en revanche, à la campagne, et dans le monde rural, l'anglais est beaucoup moins présent, au profit du swahili. Si les jeunes ruraux apprennent l'anglais, cette langue devient ensuite moins utile, si le jeune reste à la campagne, et avec les années, il oublie la langue, en perdant son usage, car il parle la langue de son ethnie. En revanche, pour celui qui part pour la ville, ou ailleurs, la langue devient très utile, et de plus, pour communiquer avec d'autres ethnies (avec le swahili).[réf. nécessaire]
En 2020 et en raison de covid-19, le gouvernement kényan a pris la décision de suspendre l'année scolaire jusqu'en 2021[55].
Les défis les plus connus pour la médecine kényane sont la lutte contre le SIDA, le paludisme et les infections dues à l'eau non potable qui contribuent au taux élevé de mortalité infantile. Cependant, depuis une décennie, les affections pneumopathiques sont en nettes augmentations et sont devenues la quatrième cause de mortalité toutes tranches d'âge comprises. L'institut kényan de recherche médicale (KEMRI) estime que, en 2011, 20 % de la mortalité juvénile est due à une pneumonie[56].
La pandémie de SIDA demeure la plus grande menace pour l'état de santé des Kényans, s'ensuivant une population croissante d'enfants orphelins le plus souvent, eux-mêmes atteints par la maladie.
Selon les conclusions d'une étude menée en 2001 à la demande du ministère kényan de la Santé, les résultats les plus alarmants ont été récoltés dans l'ancienne province de Nyanza : le pourcentage de femmes enceintes séropositives était de 25 %[57],[58]. Selon une autre étude menée en 2004 par l'Institut des statistiques kényan, le district de Kisumu a le plus haut taux de séropositivité du pays avec 29 % de la population, 22 % des femmes âgées entre 15 et 22 ans et 69,1 % des malades hospitalisés. Le fait que les habitants de cette province — les Luo — ne pratiquent pas la circoncision augmente, selon plusieurs études et les précisions de l'OMS, le risque de contamination d'environ 60 %[59].
Le paludisme, les diarrhées et la fièvre typhoïde constituent les causes les plus importantes de décès chez les enfants de moins de cinq ans, et ce plus particulièrement pendant la saison des pluies et dans les bidonvilles périurbains qui ne bénéficient ni des services d'évacuation des eaux usagées ni de la collecte des déchets. L'étude de 2001 citée ci-avant révèle également que seulement 25 % des enfants dorment sous une moustiquaire.
La situation est aggravée par le coût élevé des traitements qui pousse une majorité d'habitants à recourir à une médecine traditionnelle ou à l'automédication.
Dans des hôpitaux privés, des patients sont séquestrés jusqu'à ce que les familles parviennent à réunir les sommes réclamées[60].
Date | Nom français | Nom local | Remarques |
---|---|---|---|
Nouvel an | New Year | ||
Variable | Pâques | Good Friday et Easter Monday | le vendredi précédant le dimanche de Pâques ainsi que le lundi suivant sont fériés |
Fête du travail | Labour Day | ||
Madaraka Day | célèbre l'autonomie du pays () | ||
20 octobre | Mashujaa Day * | en l'honneur des héros morts pour l'indépendance et célèbre l'anniversaire de l'arrestation, par les Britanniques, des Kapenguria six le | |
12 décembre | Fête nationale | Jamhuri Day | marque les dates des (indépendance) et (constitution de la république) |
25 et 26 décembre | Noël | Christmas Day et Boxing Day | |
Variable | Idd-Ul-Fitr | marque la rupture du jeûne après le ramadan |
* Depuis le , la nouvelle constitution a supprimé de la liste des jours fériés le Moi Day (10 novembre) et le Kenyatta Day est devenu le Mashujaa Day (« jour des héros morts pour l'indépendance »).
Selon un recensement de 2019[61]:
Le Kenya héberge sur son territoire divers camps de réfugiés, dont trois sont particulièrement actifs. Dadaab et Liboi (en) accueillent principalement des Somaliens, Kakuma accueillant principalement des Sud-Soudanais[62],[63],[64], des Éthiopiens, des Érythréens, des Burundais, des Rwandais, des Ougandais, des Congolais[65],[66]...
Selon les chiffres officiels, en 2022, 87,5% de l'énergie produite au Kenya est produite par des sources d'énergie renouvelable[67].
Le Kenya est le septième plus grand producteur d'énergie géothermique au monde et le plus grand producteur géothermique d'Afrique[68]. Le Kenya tire près de la moitié de son énergie (48%) de centrales géothermiques[68].
Depuis l'acceptation par référendum populaire de la réforme de la Constitution en date du , le Kenya est devenu un État où les pouvoirs exécutifs et législatifs sont décentralisés.
Seul le procureur général (Attorney General) est présent dans les trois niveaux de pouvoir (exécutif, législatif et judiciaire). Le président de la République et les membres du gouvernement national sont présents à l'exécutif et au législatif. Le président de la Cour suprême (Chief Justice) est présent à l'exécutif et au judiciaire.
Fonction | Nom | Parti | Depuis |
---|---|---|---|
Président | William Ruto | Alliance démocratique unie | 13 septembre 2022 |
Vice-président | Rigathi Gachagua | - | 13 septembre 2022 |
Procureur général (Attorney General) | Githu Muigai | - | [69] |
Président de la Cour suprême (Chief Justice) | David Maraga | - | [70] |
Ministres | au nombre de 18[71] |
Le président, élu par le peuple pour un mandat de cinq ans, nomme le vice-président et les ministres parmi les élus de l’Assemblée nationale. Il est aussi le ministre de la Défense et le chef de la police et nomme, avec l'approbation de l'Assemblée nationale, le procureur général (Attorney General) et le président de la Cour suprême (Chief Justice) ; ces derniers sont élus pour un mandat de dix ans non renouvelable.
Le rôle du procureur général est l'assistance juridique et la défense en justice des intérêts de l'État.
Le rôle du président de la Cour suprême, en tant que président de la Commission justice (Judicial Service Commission), est de veiller à ce que tous les actes commis par les pouvoirs exécutifs et législatifs soient conformes à la Constitution.
Jusqu'à l'élection présidentielle du , pour être élu, un candidat doit non seulement remporter la majorité absolue, mais également au moins 25 % des voix dans au moins cinq des huit provinces du pays ainsi qu’avoir été élu député dans une circonscription. À partir de la Constitution de 2010, l'élection se tient tous les cinq ans, le deuxième mardi du mois d'août[C 1],[note 3]. Pour être élu, un candidat doit non seulement remporter la majorité absolue, mais également au moins 25 % des voix dans au moins la moitié des comtés.
Si l'une des deux conditions n'est pas respectée, un deuxième tour est organisé dans les 30 jours entre les deux candidats ayant obtenu les meilleurs scores. Un candidat ne peut être élu pour plus de deux mandats[C 2].
En cas de vacance de la présidence, le vice-président assume les fonctions de président jusqu'au terme du mandat restant à courir[C 3].
La fonction de Premier ministre, créée le pour sortir le pays des violences post-électorales de 2007-2008, est supprimée depuis le , date de la prestation de serment du premier président élu après les résultats définitifs de l'élection présidentielle du 4 mars 2013. Cette suppression est prévue par la Constitution de 2010.
Juridiquement, les provinces disparaissent le [note 4]. Le pays est divisé en 47 comtés semi-autonomes (Counties) par rapport au gouvernement central. Ces entités peuvent lever des impôts ou adopter des règlements locaux (par ex. : urbanisme, police) ainsi que gérer les ressources naturelles, humaines et les infrastructures pour autant que leur décision ne soit pas contraire ni à la Constitution ni aux Lois de l'État. L'autorité exécutive des comtés est responsable des moyens qui lui sont apportés par l'exécutif national.
L'autorité exécutive de chaque comté comporte un gouverneur, un vice-gouverneur plus un maximum de dix membres élus pour un mandat de cinq ans[note 3]. Le gouverneur et le vice-gouverneur sont élus à la majorité relative par le corps électoral du comté, les autres membres sont nommés par le gouverneur avec l'approbation de l'Assemblée locale.
Avant les élections législatives du , le Parlement national comporte une seule chambre qui est l’Assemblée nationale ou Bunge composée de 224 membres, élus pour un mandat de cinq ans, dont 210 sont des élus directs issus des circonscriptions à siège unique, 12 sont nommés par les partis politiques et proportionnellement à leur représentation et deux membres ex officio, à savoir le président (Speaker) et le procureur général (Attorney General). Le Président actuel est Kenneth Marende.
Depuis les élections législatives du , le Parlement national est constitué de deux chambres dont les membres sont élus pour un mandat de cinq ans.
Chaque comté possède sa propre Assemblée renouvelée tous les cinq ans[note 3] et composée de :
L'indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis des deux autres niveaux de pouvoir est garanti par la Commission justice (Judicial Service Commission). Composée de cinq magistrats, du procureur général (Attorney General), de deux avocats, d'un membre de la Commission justice et de deux personnes de la société civile, elle est présidée par le président de la Cour suprême qui est, depuis le , David Maraga.
C'est en 1887 que le premier policier africain fut engagé par la Compagnie britannique impériale d'Afrique de l'Est afin de garder et de sécuriser son entrepôt de Mombasa[72].
Depuis la réforme de la police intervenue en 2007, le Kenya compte 191 hôtels de police et 12 bases pour les patrouilles qui sont sous le commandement d'un officier de police provincial (Provincial Police Officer). Il existe aussi une unité de la police maritime dépendant directement d'une hiérarchie basée à Kilindi-Mombasa et des unités spéciales de la police des aéroports dans les quatre aéroports internationaux du pays.
Jusqu'aux élections générales du , l'administration locale était divisée en sept provinces auxquelles s'ajoutait la zone de Nairobi. À la tête de chacune se trouvait un commissaire provincial (Provincial Commissioner) nommé par le président de la République et secondé par trois assistants commissaires (Deputy Provincial Commissioners). Les provinces (Mkoa) étaient subdivisées en districts (Wilaya), eux-mêmes subdivisés en divisions (Tarafa). Chaque division était constitué en localités (Mtaa) et sous-localités (Kijiji). La zone de Nairobi était dotée d’un statut spécial et n’était incluse dans aucun district ou province. Le gouvernement supervisait l’administration des districts et des provinces, qui étaient :
Depuis les élections générales du , juridiquement, les sept provinces et la région de Nairobi[note 5] disparaissent le [note 4] pour faire place aux 47 comtés ayant leur propre administration locale gérée par leur gouverneur.
Le président de la République, avec l'accord de l'Assemblée nationale, nomme, dans chaque comté, un commissaire régional (Regional Commissioner)[C 13]. Ce fonctionnaire (Public officer) a pour mission d'être le relais entre le pouvoir central et le pouvoir local.
Élection par scrutin populaire tous les cinq ans, le premier jour ouvrable après le Boxing Day :
Élection par scrutin populaire tous les cinq ans, le deuxième mardi du mois d'août[note 3] :
Après avoir été, pendant près de 30 ans, un État soumis au régime du parti unique, le Kenya est devenu une république multipartite. Le président est à la fois chef de l’État et chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif national est aux mains du gouvernement tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et l’Assemblée nationale. Le pouvoir judiciaire est indépendant des deux premiers. Il existe un pouvoir exécutif régional, subordonné au pouvoir national, confié aux gouverneurs de province.
Bien que les structures sociales soient héritées de l'Empire britannique, la stratégie politique est portée vers les États-Unis dont le Kenya est le plus fidèle allié en Afrique de l'Est.
Le Kenya entretient également des liens avec l'union européenne matérialisée par la signature d'un contrat de partenariat économique qui assurera aux produits agricoles kenyans une entrée sur leur marché d'exportation principal [73].
De 42 ministères et secrétariats d’État sous la présidence de Mwai Kibaki, leur nombre est passé à 18 ministères sous la présidence d'Uhuru Kenyatta[71] :
Le Kenya possède des représentations diplomatiques dans 44 pays afin de couvrir ses relations bilatérales avec 100 pays et sept organisations internationales dans le monde :
Ces missions sont appelées Embassy (« ambassade »), avec à leur tête un ambassadeur, dans la plupart des pays sauf ceux faisant partie du Commonwealth où elles sont appelées Hight Commission (« haut-commissariat »), avec à leur tête un haut-commissaire.