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roman de George Orwell De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Animal Farm
La Ferme des animaux | ||||||||
Couverture de la première édition britannique. | ||||||||
Auteur | George Orwell | |||||||
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Pays | Royaume-Uni | |||||||
Genre | Roman court allégorique Dystopie Fantasy animalière |
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Version originale | ||||||||
Langue | Anglais britannique | |||||||
Titre | Animal Farm. A Fairy Story | |||||||
Éditeur | Secker and Warburg | |||||||
Lieu de parution | Londres | |||||||
Date de parution | ||||||||
ISBN | 0452284244 | |||||||
Version française | ||||||||
Traducteur | Jean Queval | |||||||
Éditeur | Champ libre | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | ||||||||
Type de média | Livre papier | |||||||
Nombre de pages | 92 | |||||||
ISBN | 2851841203 | |||||||
Chronologie | ||||||||
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La Ferme des animaux (titre original : Animal Farm. A Fairy Story[1]) est un roman court de George Orwell, publié en 1945. Découpé en dix chapitres, il décrit une ferme dans laquelle les animaux se révoltent contre leur maître, prennent le pouvoir, chassent les hommes et vivent en autarcie.
Il s'agit d'un apologue écrit sous la forme d'une fable animalière, mais également d'une dystopie. Dans ce roman, Orwell propose une satire de la révolution russe et une critique du régime soviétique, en particulier du stalinisme, et au-delà, des régimes autoritaires et du totalitarisme[2].
Le livre figure dans la liste des cent meilleurs romans de langue anglaise écrits de 1923 à 2005 par le magazine Time[3].
À l'origine, George Orwell avait écrit une préface dénonçant l'autocensure pratiquée au Royaume-Uni, qui supprimait toute critique de l'Union soviétique, son alliée pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Ce qu'il y a de plus inquiétant dans la censure en Angleterre, c'est qu'elle est pour une bonne part volontaire. […] Quiconque a vécu quelque temps dans un pays étranger a pu constater que certaines informations, qui auraient normalement dû faire les gros titres, étaient passées sous silence par la presse anglaise, non en vertu d'une intervention du gouvernement, mais parce qu'il y a eu un accord tacite pour considérer qu'il « ne fallait pas » publier de tels faits[4]. »
Bien que la première édition ait prévu cette préface, elle ne fut pas incluse[5].
En 1972, le bibliothécaire britannique Ian Angus (en), spécialiste des œuvres de George Orwell a retrouvé le manuscrit de cette préface, intitulée « The Freedom of the Press » et Bernard Crick l'a publiée dans le The Times Literary Supplement du , avec une introduction intitulée « How the essay came to be written »[5]. Bernard Crick l'a publiée dans l'édition italienne de La fattoria degli animali précédée d'une « Introduzione all'introduzione che Orwell soppresse alla Animal Farm », Arnoldo Mondadori Editore, collection « Oscar » 102, 1973[6].
Orwell écrivit une autre préface pour l'édition en ukrainien, préparée par Ihor Ševčenko (en) (Kolhosp Tvaryn, Prometej, 1947). Cette édition était destinée à des réfugiés ukrainiens vivant dans des camps pour personnes déplacées situés en Allemagne dans les zones d'occupation anglaise et américaine. Le manuscrit en est perdu, elle n'est disponible qu'en retraduction vers l'anglais du texte en ukrainien[7].
« Dans la journée, la rumeur s’était répandue que Sage l’Ancien avait été visité, au cours de la nuit précédente, par un rêve étrange dont il désirait entretenir les autres animaux. »
Comme l'indique cet extrait situé en tout début du premier chapitre[8], ce roman commence par un rêve dont le contenu évoque la prise en charge de leur destin par les animaux eux-mêmes : animés par les idéaux d'un vieux cochon dénommé Sage l'Ancien, ils décident de se révolter contre leur maître, M. Jones, dans l’espoir de mener une vie autonome dans l’égalité, l’entraide et la paix pour tous.
La ferme est passée sous le contrôle des animaux. Elle est dès lors gérée dans le respect des sept commandements qui prônent le pacifisme tout en définissant les spécificités des animaux, présentées comme une richesse. L’ennemi est clairement désigné : l'Homme doit disparaître du lieu, une cohésion doit se créer entre les bêtes et se renforcer autour de la menace humaine.
Très rapidement, les cochons forment une élite et sont amenés à prendre le pouvoir, asservissant les autres animaux. Ils utilisent leur intelligence supérieure pour manipuler les craintes et modifier le passé à leur avantage. Les idéaux sont très vite dénaturés, les principes généreux insensiblement dévoyés. Un dictateur émerge, chasse son principal rival, puis exécute les « traîtres » pour asseoir son pouvoir de plus en plus hégémonique. Il instaure un culte de la personnalité, maintient ses congénères en état de soumission et les épuise par un travail harassant.
Ce maître, devenu tout puissant avec l'aide des chiens et des autres cochons, continue à leur faire miroiter le même espoir, mais leur fixe un objectif inaccessible tout en leur promettant sans cesse une vie meilleure afin de les maintenir dans cette utopie. Les années passent et l'ouvrage s'achève sur un constat amer pour les autres animaux asservis : plus rien ne semble distinguer les cochons de leurs anciens maîtres.
Un jour, les animaux de la ferme du Manoir, profitant de la négligence du propriétaire, sont convoqués dans la grange par Sage l'Ancien, le plus vieux cochon de la ferme. Parmi eux, Malabar, Douce et Lubie, des chevaux de trait, Benjamin, un âne cynique peu disposé à l'ouverture d'esprit, Edmée, une chèvre blanche, Filou, Fleur et Constance - trois chiens, une chatte, des cochons, des moutons, des vaches, des poules, des canards, des oies et des pigeons. Avant de leur faire part de son rêve de la veille, Sage l'Ancien souhaite leur transmettre la sagesse qu'il a acquise avec les années. Selon lui, aucun animal d'Angleterre n'est heureux. Et tout cela, par la faute des humains qui accaparent la totalité du fruit du travail animal : le lait et les œufs sont captés au seul bénéfice des hommes. L'homme est pourtant l'espèce la plus faible de la nature terrestre, mais il a réussi à profiter des forces des autres sans rien fournir en échange. Sage l'Ancien décrit alors leur sort : les animaux mènent une vie laborieuse, courte et tragique, sans qu'il s'agisse d'une loi de la nature. ils peuvent mettre fin à cette injustice: Sage leur décrit un monde débarrassé d'humains et leur laisse entrevoir les nombreux avantages dont les animaux pourraient alors profiter - par exemple, travailler dignement et non plus comme des esclaves, avoir des loisirs, vivre plus longtemps, profiter d'une retraite, pouvoir se nourrir à sa faim et nombre d'autres avantages. Dès lors, le vieux Sage exhorte tous les animaux à se soulever contre le fermier, M. Jones, l'unique source de tous leurs problèmes.
Il se produit alors un incident dans l'assemblée : des rats sortent de leur trou pour écouter Sage l'Ancien. Les chiens et le chat se jettent sur eux et Sage l'Ancien fait alors voter l'assemblée pour décider si, oui ou non, les rats, ainsi que les autres animaux sauvages, sont des ennemis. Les rats sont acceptés comme « camarades » à une écrasante majorité. En fait, seuls les chiens et la chatte ont voté contre.
Sage l'Ancien raconte enfin son rêve, tout en entonnant un chant révolutionnaire qui s'en inspire. Celui-ci est intitulé Bêtes d'Angleterre (établi sur l'air de La Cucaracha[9]) et Clémentine. Les animaux reprennent le chant dans l'enthousiasme. Le brouhaha provoque le réveil du propriétaire de la ferme, M. Jones : croyant à la présence d'un renard en train de rôder, il se met à tirer à l'aveuglette.
Trois jours plus tard, Sage l'Ancien meurt paisiblement dans son sommeil. Aussitôt, une intense activité conspiratrice se développe parmi les animaux. Seul Moïse, le corbeau apprivoisé, reste fidèle à M. et Mme Jones.
Par chance, la révolution a lieu plus tôt et plus facilement qu'espéré : un soir, Mr Jones rentre saoul du bar de la ville et va se coucher directement sans nourrir les bêtes. Le manque de nourriture provoque la colère des animaux : dans un moment de fureur, ils attaquent Jones et ses ouvriers agricoles, et parviennent à chasser tous les humains de la ferme. Le corbeau Moïse suit Mme Jones dans sa fuite.
Arraché aux mains de ses propriétaires, le domaine est renommé la « Ferme des animaux ». Les nouveaux dirigeants sont vite désignés au regard de leur intelligence supérieure : les cochons Napoléon et Boule de neige, tous deux secondés par Brille-Babil, un goret excellent dans l'art du discours et que les animaux écoutent volontiers. Tous trois élaborent et proposent un système politique qui régira désormais la vie de la ferme, l'« animalisme », néologisme à usage historique. Peu après, ils réunissent les animaux dans la grange et inscrivent sur le mur les sept grands commandements de ce nouveau système :
Le drapeau de l'animalisme représentant un sabot et une corne, symbole de la lutte des animaux, est fièrement hissé sur un mât au milieu de l'ancien domaine des Jones. Cependant, les vaches donnent à ce moment du lait et personne ne sait quoi en faire : lorsque les animaux reviennent du travail aux dépendances, le lait a disparu.
Les animaux effectuent la fenaison sous la direction des cochons, et leur récolte s'avère plus productive que celle des humains. Ils sont heureux, mangent à leur faim et parviennent à résoudre les problèmes qui se posent à eux, même si quelques animaux semblent être moins disposés à s'investir que d'autres : Lubie, la jument blanche, qui était plutôt contente de sa vie d'avant, et la chatte, sans oublier les cochons Boule de Neige et Napoléon qui perdent leur temps en longues discussions et sont souvent en situation de désaccord. Benjamin, lui, reste le même, et bien qu'on lui demande si la vie n'est pas mieux depuis l'expulsion de Jones, Benjamin prétexte que leur vie restera toujours la même et reste neutre quant au conflit entre Boule de Neige et Napoléon.
Des commissions créées par Boule de Neige permettent d'éduquer les animaux, bien que cela se révèle difficile. Les cochons ont en effet appris à écrire à l'aide d'un vieil abécédaire appartenant aux enfants des Jones - mais pour les autres animaux, ils ne retiennent que quelques mots ou seulement quelques lettres, selon leurs capacités. Cependant, les sept commandements sont résumés par une maxime dans un souci de simplification : « Quatre pattes, oui ! Deux pattes, non! ». Les oiseaux sont cependant en colère, car ils sont eux-mêmes bipèdes, mais Boule de Neige leur explique que, dans leur cas, les ailes sont considérées comme des pattes.
Napoléon décide de s'occuper de la formation des jeunes, mais en fait, il ne prend en charge que les neuf chiots de la dernière portée du couple de chiens de la ferme. Certaines portions de nourriture, notamment des pommes, sont détournées au profit des cochons qui commencent à bénéficier d'un traitement différent de celui des autres animaux, jouant sur leur régime alimentaire (au contraire des autres animaux, les suidés ont un régime omnivore). On découvre que le lait disparu a été bu par les cochons. Brille-Babil explique que cela est nécessaire pour maintenir leurs aptitudes intellectuelles, et ne pas faillir à leurs devoirs — sous peine, selon lui, du retour de Jones.
L'hymne révolutionnaire de la ferme des animaux finit par se répandre dans les fermes des environs par le biais des oiseaux. Les humains s'inquiètent de cette épidémie contestataire. Pour éviter que cela ne se reproduise chez eux, ils mentent à leurs animaux en prétendant que ceux de la ferme se gèrent mal et ont même recours au cannibalisme. Cependant, les animaux de la ferme ne tardent pas à montrer qu'ils se portent bien.
Le fermier Jones, accompagné de ses voisins Pilkington et Frederick, tous armés, décident donc de récupérer coûte que coûte la ferme dirigée par les animaux. Mais ces derniers commandés par Boule de neige et avec l'aide du cheval Malabar se sont préparés à cette attaque et réussissent à chasser les agresseurs. Cependant, un mouton est tué et le cochon Boule de Neige est blessé. Un homme qui assistait le fermier Jones est également blessé, mais il parvient à s'échapper de la ferme. Boule de Neige et Malabar sont décorés pour leur bravoure et le mouton reçoit des funérailles solennelles.
Les animaux, victorieux, décident d’appeler cette bataille mémorable du nom de la « Bataille de l'étable ».
La jument Lubie disparaît un jour d'hiver. Peu avant, elle avait été aperçue en compagnie d'un humain : Lubie a donc préféré abandonner la ferme et renouer avec la communauté humaine. Un peu plus tard, son amie l'autre jument, Douce, trouve du sucre et des rubans cachés sous la paille de son box. Durant la même période, le nouvel hiver de liberté est long et rigoureux et les animaux restés dans la ferme souffrent du froid.
Boule de neige a l'idée de créer un moulin à vent sur la colline pour générer de l'électricité et alléger le travail des animaux. Napoléon, catégoriquement opposé à ce projet qu'il juge inutile, tente de rallier les animaux à sa cause face à son adversaire Boule de Neige, en scandant le slogan : « Votez pour Napoléon et la mangeoire sera pleine ! » Mais le charisme de Boule de neige a raison du caractère rude de son adversaire. Jaloux, Napoléon décide alors de lancer aux trousses de Boule de neige les chiens qu'il a élevés en cachette, et qui sont devenus de féroces molosses. Boule de Neige parvient à s'enfuir de la ferme et à semer la meute. Tous les animaux comprennent alors qu'il s'agit des neuf chiots de Napoléon, devenus grands et qu'il a dressés à son service. Se retrouvant sans adversaire, Napoléon annonce que, dorénavant, les débats publics sont abolis et qu'il devient le chef. Les animaux, même Malabar, sont désemparés. Quatre jeunes gorets commencent à protester mais se taisent quand les chiens se mettent à grogner. Enfin, les moutons ruinent toute discussion en bêlant « Quatre pattes oui ! Deux pattes, non ! ». Brille-Babil finit par convaincre les animaux avec un argument de poids : tout vaut mieux que le retour du fermier Jones. Boule de Neige, présenté comme criminel par Brille-Babil, est encore perçu par des animaux comme un brave de la « Bataille de l'étable », mais Brille-Babil minimise les faits. Malabar énonce une nouvelle maxime « Napoléon ne se trompe jamais », symbolisant ainsi sa confiance inaliénable dans le nouveau chef.
Les réunions du dimanche sont désormais ritualisées : les animaux doivent saluer le drapeau, puis défiler devant le crâne exposé de Sage l'Ancien. Ils ne s'assoient plus et Napoléon se place sur une estrade, face à eux. Les animaux sont surpris quand Napoléon annonce que le moulin contre lequel il s'est montré si hostile sera finalement construit. À l'aide de trois molosses, Brille-Babil persuade les animaux que l'idée et les plans du moulin venaient en fait de Napoléon et qu'ils avaient été volés par Boule de Neige — sans en apporter la preuve. Il en profite pour encenser Napoléon qui a fait preuve de tactique (comme son homonyme humain) en paraissant hostile au moulin pour se débarrasser de Boule de Neige. La construction du moulin permet de justifier l'augmentation du travail et la baisse des rations alimentaires pour les deux ans à venir — sauf celles des cochons. L'annulation de toutes les autres réunions et autres débats fait comprendre que, désormais, toute question sera débattue uniquement par un comité de cochons, la construction du moulin était la première question traitée.
Une très forte tempête s'abat sur la ferme. Les animaux découvrent que leur moulin, construit sous la « direction éclairée » de Napoléon, a été complètement détruit par les intempéries.
Bien qu'absent, Boule de neige est cependant tenu responsable des malheurs des animaux en tant que bouc émissaire. Le porc Brille-Babil affirme, sans le prouver, être en possession de documents secrets, selon lesquels Boule de Neige serait l'agent du fermier Jones depuis le début, voire bien avant la révolte — mais il se heurte au scepticisme affirmé de Malabar, qui se range cependant sous l'aile de Napoléon, le soutenant. Les autres animaux acceptent les explications sans rien demander. Une récompense est même promise à qui ramènera Boule de Neige.
Pendant ce temps, la vie des autres animaux ne s'améliore pas, tandis que les cochons et les chiens jouissent de nombreux privilèges : ils reçoivent de plus grosses rations de nourriture, ils peuvent se lever plus tard et ne participent pas aux corvées et aux tâches les plus dures, les missions de ces deux espèces se limitant à la supervision de la ferme pour les cochons et à la surveillance des autres animaux pour les chiens.
Le 4e commandement a été modifié : les animaux ne doivent pas dormir dans des lits avec des draps. Ainsi les cochons peuvent dormir dans les lits de l'ancienne maison des Jones. Les animaux, ne se souvenant plus de la nuance, émettent des doutes, balayés par la persuasion de Brille-Babil appuyée par la menace de trois molosses.
L'hiver suivant est aussi éprouvant que l'hiver précédent, et les animaux peinent à reconstruire le moulin. Le rationnement imposé augmente leurs difficultés, mais ils s'efforcent de faire bonne figure devant les humains qui, de loin, continuent à les observer.
Napoléon décide tout de même de livrer des œufs aux humains en échange de provisions. Si dans un premier temps s'y opposent les poules qui croyaient être propriétaires de leurs œufs, elles sont obligées d'obéir : Napoléon supprime leurs rations et punit de mort tout animal leur donnant le moindre grain. Cet épisode fait 9 mortes chez les poules, mais une autre cause de leur décès est invoquée, la coccidiose.
Pour Napoléon, le fuyard Boule de Neige devient le responsable de tous les maux de la ferme. Celui-ci, pourtant à l'origine de la révolte, est même accusé d'avoir été un espion du fermier Jones. Au début, les animaux ont du mal à y croire mais ils se laissent persuader par Brille-Babil qui a enfin trouvé comment dénaturer la bravoure de Boule de Neige lors de la Bataille de l'étable. Enfin, afin d'éliminer toute contestation, Napoléon déclare que des traîtres se cachent parmi eux : il les dénonce, prépare un simulacre de procès et fait exécuter par les molosses les cochons qui avaient élevé la voix à sa prise de pouvoir, les poulets de la révolte et trois moutons. Malabar est le premier attaqué par les molosses mais il en fait fuir deux et blesse grièvement le troisième, qu'il épargne à la demande de Napoléon.
Après cet épisode, les animaux sont déçus mais soumis. Pourtant la jument Douce, nostalgique, tente de chanter leur hymne révolutionnaire « Bêtes d'Angleterre » : Napoléon leur fait comprendre que ce chant n'est plus d'actualité, la révolution étant terminée — le chant est immédiatement interdit.
Napoléon, qui joue de plus en plus de son image de stratège et d'animal vénérable et vénéré, du moins par ses amis porcs et sa garde canine, entre en relation commerciale avec les fermes voisines pourtant tenues par des humains, en établissant des contacts basés sur les échanges commerciaux.
Le moulin est enfin terminé. Napoléon réunit tous les animaux pour annoncer qu'il a vendu du bois au fermier Frederick, mais se rend vite compte que ce dernier l'a floué avec de faux billets, à la place du chèque proposé mais refusé par peur qu'il soit faux. Napoléon prononce alors des menaces de mort à l'encontre de Frederick. Dès le lendemain, la ferme est attaquée par les hommes du fermier escroc, désireux de s'emparer du domaine, et le moulin est à nouveau détruit. La bataille est rude, de nombreux animaux sont tués ou blessés mais les cochons, Napoléon en tête, fêtent la victoire et décident de boire de l'alcool — pourtant interdit par les sept commandements. Ceux-ci sont dès lors modifiés en ce sens : la consommation d'alcool n'est plus interdite, elle doit juste être effectuée sans excès. De l'orge est d'ailleurs cultivée pour la consommation d'alcool des cochons.
La modification des commandements est révélée par un événement que les animaux ne comprennent pas, hormis Benjamin qui garde le silence : après un énorme fracas à minuit au clair de lune, Brille-Babil est retrouvé inconscient devant les commandements, avec à ses côtés une échelle brisée en deux et un pot de peinture blanche renversée.
Le cheval Malabar, blessé lors de la dernière bataille contre les humains, souhaite pourtant participer à la reconstruction du moulin. L'hiver est de nouveau très rigoureux et seuls les cochons et les chiens mangent correctement : l'écart se creuse de plus en plus entre ceux-ci et les autres animaux.
Autoproclamé président, Napoléon supervise le travail des animaux et la reconstruction du moulin. Malabar n'en peut plus : éreinté par les efforts fournis, il tombe malade d'épuisement. Napoléon prend les dispositions pour le faire soigner à l'hôpital voisin. Malabar est emmené par un fourgon, mais l'âne Benjamin s'aperçoit qu'on emporte le cheval Malabar chez l’équarrisseur. C'est la seule fois où Benjamin prend position : il ameute tous les animaux pour sauver Malabar en tentant d'arrêter le fourgon — trop tard, Malabar n'a plus la force de s'échapper et les chevaux du fourgon ne réagissent pas à l'appel « Camarades, ne menez pas votre propre frère à la mort ! »
Cependant, trois jours plus tard, Brille-Babil, porte-parole de Napoléon, annonce aux animaux que Malabar est bel et bien mort à l'hôpital ; il décrit ses derniers instants avec force détails, tout en dénonçant la rumeur de l'abattoir comme fausse nouvelle. Les autres animaux croient en cette déclaration « officielle ». Le soir-même, les cochons organisent un banquet avec une caisse pleine de whisky, achetée avec l'argent gagné grâce à la vente du cheval Malabar à l'équarrisseur.
Les années passent ; si la ferme est devenue riche et prospère grâce aux échanges entre les animaux et les humains, seuls les dirigeants devenus des porcs bien gras en profitent réellement : les autres survivent et continuent une vie de labeur, sans hommes, certes, mais toujours aussi dure et éprouvante. Beaucoup d'animaux sont des bêtes achetées et plus personne ne se souvient des événements succédant à la révolte. En outre, le corbeau Moïse revient après des années d'absence.
Napoléon et ses amis évoluent physiquement. Un beau jour, ils finissent par se déplacer juchés sur leurs deux pattes arrière à l'instar des humains. Les moutons de la ferme, manipulés par Brille-Babil qui les avait isolés pendant une semaine, reprennent un des commandements, transformés au seul profit des porcs « Quatre pattes bon ! Deux pattes mieux ! ». Napoléon et ses cochons révisent secrètement quelques commandements pour se débarrasser des accusations de violation de la loi, sans se soucier de la réaction des animaux, qui avec leur piètre mémoire, finissent par être convaincus par les cochons que les choses ont toujours été ainsi. Les commandements modifiés sont les suivants (les changements étant indiqués en caractères gras) :
4. Aucun animal ne doit dormir dans un lit avec des draps ;
5. Aucun animal ne boira d'alcool à l'excès ;
6. Aucun animal ne tuera un autre animal sans raison valable.
Puis, les porcs finissent par rendre au domaine agricole son nom d'origine de « Ferme du Manoir ». Un soir, les maîtres porcins de la ferme invitent les fermiers humains des alentours afin de se réconcilier avec eux en leur promettant à l'avenir des relations amicales et coopératives. Les humains félicitent les cochons pour leur réussite : les bêtes de la « Ferme du Manoir » produisent plus que les leurs, sans rechigner, en dépit de rations alimentaires réduites. Douce demande alors à Benjamin, plus taciturne que jamais et ayant comme opinion que les déboires et autres sont les lois inviolables et inaltérables de la vie, de lui lire les commandements inscrits sur le mur, mais il lui répond qu'il n'en reste plus qu'un seul :
« Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres. »
Finalement, alors que l'auguste assemblée humaine et porcine réunie dans l'ancienne maison des Jones se jurait coopération et amitié, la minute suivante une querelle éclate entre les hommes et les cochons de Napoléon devenus de plus en plus gras — au motif d'une tricherie aux cartes. Observant cette dispute à travers la fenêtre de la maison, les autres animaux de la ferme s'aperçoivent qu'ils sont eux-mêmes devenus incapables de distinguer les cochons des humains.
« Dehors, les yeux des animaux allaient du cochon à l’homme et de l’homme au cochon, et de nouveau du cochon à l’homme ; mais déjà il était impossible de distinguer l’un de l’autre. »
George Orwell, est un écrivain et journaliste britannique. C'est aussi un homme engagé, gagné à la cause du prolétariat, qui deviendra un combattant engagé au côté des républicains espagnols durant la guerre d'Espagne. Mal reçu par les communistes[32], il rejoindra les milices du POUM[33].
Durant la période où il rédige La Ferme des animaux, publié en 1945, George Orwell envoie entre 1941 et 1946 seize articles (« Les Lettres de Londres ») à la revue américaine d'inspiration trotskiste Partisan Review[34].
Il essuie quatre refus d'éditeurs qui évoquent le caractère injurieux du texte, assimilant les dirigeants communistes à des cochons. L'éditeur Fredric Warburg, en dépit de la pression exercée par son entourage et des agents du ministère de l'Information, le publie en [35].
« Bien sûr, j’ai conçu ce livre en premier lieu comme une satire de la révolution russe. Mais, dans mon esprit, il y avait une application plus large dans la mesure où je voulais montrer que cette sorte de révolution (une révolution violente menée comme une conspiration par des gens qui n’ont pas conscience d’être affamés de pouvoir) ne peut conduire qu’à un changement de maîtres. La morale, selon moi, est que les révolutions n’engendrent une amélioration radicale que si les masses sont vigilantes et savent comment virer leurs chefs dès que ceux-ci ont fait leur boulot. Le tournant du récit, c’est le moment où les cochons gardent pour eux le lait et les pommes (Kronstadt). Si les autres animaux avaient eu alors la bonne idée d’y mettre le holà, tout se serait bien passé. Si les gens croient que je défends le statu quo, c’est, je pense, parce qu’ils sont devenus pessimistes et qu’ils admettent à l’avance que la seule alternative est entre la dictature et le capitalisme laisser-faire. Dans le cas des trotskistes s’ajoute une complication particulière : ils se sentent coupables de ce qui s’est passé en URSS depuis 1926 environ, et ils doivent faire l’hypothèse qu’une dégénérescence soudaine a eu lieu à partir de cette date. Je pense au contraire que le processus tout entier pouvait être prédit – et il a été prédit par un petit nombre de gens, Bertrand Russel par exemple – à partir de la nature même du parti bolchevique. J’ai simplement essayé de dire : “Vous ne pouvez pas avoir une révolution si vous ne la faites pas pour votre propre compte ; une dictature bienveillante, ça n’existe pas.”. »
— George Orwell, « Lettre à Dwight Macdonald. 5 décembre 1946 »[36]
Le texte du roman établit du début jusqu'à la fin, de par la volonté même de son auteur, un parallèle entre la révolution des animaux et la révolution russe et l'évolution de l'Union soviétique avec la montée en puissance de Staline, devenu chef suprême de la nation après sa victoire contre l'Allemagne nazie[37].
Secker et Warburg (en) est la première maison d'édition à publier le roman, en 1945.
L'ouvrage reçoit le Prix Hugo du meilleur roman court, attribué de façon rétrospective en 1996.
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