Loading AI tools
physicienne et chimiste polonaise et française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Marie Curie (ou Marie Skłodowska-Curie), née le à Varsovie (royaume de Pologne, sous domination russe) et morte le à Passy, dans le sanatorium de Sancellemoz (Haute-Savoie), est une physicienne et chimiste polonaise, naturalisée française par son mariage avec le physicien Pierre Curie en 1895.
Nom de naissance | Maria Salomea Skłodowska |
---|---|
Naissance |
Varsovie (Royaume du Congrès, actuelle Pologne) |
Décès |
(à 66 ans) Passy, Haute-Savoie (République française) |
Nationalité | Polonaise par naissance, Française par mariage |
Conjoint | Pierre Curie |
Famille |
Enfants : Irène Joliot-Curie Ève Curie |
Résidence | Paris |
Domaines |
Physique nucléaire Radiochimie Radiologie |
---|---|
Institutions | École municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, Faculté des sciences de l'université de Paris, Institut du radium de l'Institut Pasteur et de l'université de Paris. |
Diplôme | Faculté des sciences de Paris |
Renommée pour | Travaux sur la radioactivité naturelle et la découverte du radium et du polonium |
Distinctions |
Prix Nobel de physique 1903 Prix Nobel de chimie 1911 |
En 1903, les époux Curie partagent avec Henri Becquerel le prix Nobel de physique pour leurs recherches sur les radiations (radioactivité, rayonnement corpusculaire naturel). En 1911, elle obtient le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le polonium et le radium.
Scientifique d'exception, elle est la première femme à avoir reçu le prix Nobel et, à ce jour, la seule femme à en avoir reçu deux. Elle reste la seule personne à avoir été récompensée dans deux domaines scientifiques distincts[1]. Elle est également la première femme lauréate, avec son mari, de la médaille Davy de 1903 pour ses travaux sur le radium[2].
Une partie de ses cahiers d'expérience est conservée à la bibliothèque nationale de France et accessible sous forme numérisée[3].
Maria Salomea Skłodowska (prononcé [ˈmarja salɔˈmɛa skwɔˈdɔfska] Écouter) naît à Varsovie, capitale du royaume de Pologne, fondé en 1815 par le congrès de Vienne au profit du tsar Alexandre et étroitement lié à l'Empire russe. À cette époque, à la suite de l'insurrection polonaise de 1861-1864, la Russie procède au transfert des ministères polonais[4] de Varsovie à Saint-Pétersbourg et lance une politique de russification du royaume[5].
Son père, issu de la famille Dołęga, est professeur de mathématiques et de physique ; sa mère est institutrice. Avant Marie, ils ont eu trois filles et un fils : Zofia (1861-1876), Józef (1863-1937), Bronisława (Bronia) (1865-1939)[6] et Helena (1866-1961).
En l’espace de deux années, elle perd sa sœur Zofia, morte du typhus en , et sa mère, qui succombe à la tuberculose le . Elle se réfugie alors dans les études, où elle excelle dans toutes les matières, et où la note maximale lui est accordée[7]. Elle obtient ainsi son diplôme de fin d’études secondaires avec la médaille d’or en 1883. Elle adhère à la doctrine positiviste d'Auguste Comte et rejoint l'Université volante[8], organisation clandestine qui pratique l'éducation des masses en polonais, en réaction à la politique de russification.
Les décès de sa sœur Zofia puis de sa mère lui font perdre sa foi dans la religion catholique[9].
Marie Curie souhaiterait faire des études supérieures, mais cela est interdit aux femmes dans son pays natal. Lorsque sa sœur Bronia part à Paris étudier la médecine, Maria s'engage comme gouvernante dans une famille de province, pour financer un projet similaire. À ce moment-là, elle a l'intention de revenir ensuite en Pologne pour enseigner, éventuellement dans le cadre de l'Université volante. Au bout de trois ans, elle rentre à Varsovie, où un cousin lui permet d'entrer dans un laboratoire[10].
Marie Curie part pour Paris en 1891, où elle est hébergée par sa sœur et son beau-frère, rue d'Allemagne, non loin de la gare du Nord. Le , elle s'inscrit pour des études de physique à la faculté des sciences de Paris. Parmi les 776 étudiants de la faculté des sciences en , il n'y a que 27 femmes[11], dont seulement sept étrangères, alors qu'en médecine, la plupart des étudiantes sont étrangères.
En , elle déménage dans une chambre meublée de la rue Flatters dans le Quartier latin, plus calme et plus proche des installations de la faculté. Elle suit les cours des physiciens Edmond Bouty et Gabriel Lippmann et des mathématiciens Paul Painlevé et Paul Appell.
En , elle est reçue première de sa promotion à la licence de physique. Pendant l'été, une bourse d'études de 600 roubles lui est accordée, qui lui permet de poursuivre des études en mathématiques. En , elle est reçue seconde à la licence de mathématiques. Elle envisage alors un retour en Pologne[12].
Depuis le début de l'année 1894, elle travaille aussi dans le laboratoire des recherches physiques de Gabriel Lippmann, au sein duquel la Société d'encouragement pour l'industrie nationale lui confie des recherches sur les propriétés magnétiques de différents aciers. Elle y travaille dans des conditions spartiates et recherche donc une façon de mener à bien ses travaux. Le professeur Józef Kowalski de l'université de Fribourg lui fait alors rencontrer Pierre Curie, chef des travaux de physique à l'École municipale de physique et de chimie industrielles qui étudie également le magnétisme. Elle va finir par accepter de travailler avec lui, et, durant cette collaboration, se développe une inclination mutuelle entre eux.
Marie rentre tout de même à Varsovie en 1895, pour se rapprocher des siens et dans le but d'enseigner et de participer à l'émancipation de la Pologne. Mais lorsque Pierre lui demande de revenir à Paris et de devenir son épouse, elle accepte : ils se marient à Sceaux, le .
L'année suivante, elle prépare à la faculté l'agrégation pour l'enseignement des jeunes filles, section mathématiques. En parallèle, Marie Skłodowska, désormais Curie, suit les cours de Marcel Brillouin[13][réf. incomplète] et documente ses premiers travaux de recherche sur les aciers. En 1896, elle est reçue première à l'agrégation[14]. Elle ne prend cependant pas de poste dans l'enseignement secondaire, souhaitant travailler à une thèse de doctorat.
Le , elle donne naissance à sa première fille, Irène.
La découverte des rayons X par Wilhelm Röntgen en 1895 éveille un grand intérêt dans la communauté scientifique et donne lieu à de nombreuses activités de recherche. En revanche, les rayons de Becquerel, découverts par Henri Becquerel, n'ont pas encore fait naître un tel enthousiasme. Marie Curie, qui cherche alors un sujet de thèse de doctorat, choisit de se consacrer à l'étude de ces rayonnements. Elle commence en 1897 ses travaux de thèse sur l'étude des rayonnements produits par l'uranium, à ce moment-là encore appelés rayons uraniques car on les croit spécifiques à cet élément[15] jusqu'à ce qu'elle découvre la radioactivité du thorium, peu après Gerhard Carl Schmidt[16].
Elle s'attache à quantifier les capacités ionisantes des sels d'uranium, dans un atelier rudimentaire, mis à sa disposition par le directeur de l'École municipale de physique et de chimie industrielles, Paul Schützenberger. En décembre, elle élabore un protocole d'expérience, utilisant comme banc de mesure l'électromètre piézoélectrique élaboré par son mari Pierre Curie et son beau-frère Jacques Curie[12], instrumentation qui permet de mesurer avec une grande précision l'effet des rayonnements sur l'ionisation de l'air. De cette façon, Marie Curie examine de nombreux métaux, sels et minéraux contenant de l'uranium, qui lui sont fournis par Henri Moissan, Alexandre Léon Étard, Antoine Lacroix et Eugène Anatole Demarçay.
Elle montre ainsi que la pechblende et la chalcolite sont respectivement quatre et deux fois plus actives que l'uranium. L'activité mesurée s'avère également indépendante de l'état des matériaux étudiés, mais dépend de la proportion d'uranium qu'ils contiennent. L'analyse d'un échantillon de chalcolite artificielle permet de confirmer ces découvertes et Marie Curie en déduit que les « rayons de Becquerel » sont une propriété de l'atome et non une propriété chimique. Ses résultats sont présentés le par Gabriel Lippmann à l'Académie des sciences.
Marie Curie obtient en 1898 le prix Gegner[17],[18] de l'Académie des sciences, d'un montant de 4 000 francs[19], pour ses travaux sur les propriétés magnétiques des métaux. Elle obtiendra à nouveau ce prix à deux reprises, en 1900 et en 1902.
En 1898, Pierre laisse de côté ses travaux sur la piézoélectricité pour rejoindre son épouse sur son étude de la radioactivité. Leur but est d'isoler des roches radioactives les éléments à l’origine du rayonnement inconnu. Grâce à un financement inespéré, ils font venir de Joachimsthal, en Bohême, quelques tonnes de pechblende dans leur laboratoire parisien[20]. Le raffinage du minerai, procédé dangereux, exigeant la plus grande précision, est réalisé sous la direction de Gustave Bémont, chimiste et chef des travaux du laboratoire, dans un hangar qui se trouve à côté de l’atelier, séparé uniquement par une cour. Ils découvrent effectivement deux nouveaux éléments. Le 18 juillet, Marie Curie annonce la découverte d'un nouvel élément, le polonium, présent dans la substance raffinée, issue de la pechblende, qui est quatre cents fois plus radioactive que l'uranium[21]. L'élément est nommé ainsi par l'Académie des sciences en référence à son pays d’origine, la Pologne[22].
Le 1898, avec Gustave Bémont, elle annonce la découverte du radium[23]. Il aura fallu traiter plusieurs tonnes de pechblende pour obtenir moins d’un gramme de chlorure, encore impur, de cet élément (mêlé à du baryum). Ces extractions, faites à partir de tonnes de minerai, sont effectuées dans des conditions difficiles, dans des locaux dépourvus de tout chauffage ou confort. Le chimiste allemand Wilhelm Ostwald, visitant le lieu de travail de Pierre et Marie Curie, déclare : « Ce laboratoire tenait à la fois de l’étable et du hangar à pommes de terre. Si je n’y avais pas vu des appareils de chimie, j’aurais cru que l’on se moquait de moi ».
Le , elle est nommée chargée des conférences de physique de 1re et 2e années à l’École normale supérieure d'enseignement secondaire des jeunes filles (Sèvres).
En , elle obtient un décigramme de chlorure de radium, qui lui permet d'identifier la position de cet élément dans le tableau de Mendeleïev. Elle soutient sa thèse de doctorat en sciences physiques, intitulée Recherches sur les substances radioactives, le , devant la faculté des sciences de l'université de Paris ; elle obtient la mention « très honorable »[24].
Le , Marie Curie reçoit avec son mari Pierre Curie et Henri Becquerel, le prix Nobel de physique « en reconnaissance de leurs services rendus, par leur recherche commune sur le phénomène des radiations découvert par le professeur Henri Becquerel »[25]. Pour des raisons de santé, Pierre et Marie Curie devront attendre près d'un an avant de pouvoir se déplacer à Stockholm et d'aller y chercher le prix.
Marie Curie est la première femme à recevoir un prix Nobel et les archives du comité Nobel montrent que la proposition transmise par l'Académie des sciences française ne contenait que les noms d'Henri Becquerel et de Pierre Curie : il aura fallu l'intervention de celui-ci, à la suite de l'indiscrétion d'un académicien suédois, pour que le nom de Marie soit ajouté[26].
Le couple devient célèbre et ces découvertes suscitent un engouement tant scientifique que public. La danseuse Loïe Fuller leur demande de l'aider à faire un costume phosphorescent au radium, ce qu'ils refusent, en lui en expliquant les raisons[réf. nécessaire]. La danseuse, qui deviendra leur amie, leur offre un spectacle à domicile, avant de lancer un nouveau spectacle sur le thème du radium.
Également en 1903, Marie Curie est la première femme lauréate de la médaille Davy. L’année suivante, elle reçoit la médaille Matteucci[27] et donne naissance le à sa deuxième fille, Ève[28].
À la suite de l'obtention du prix Nobel, Pierre Curie est nommé en professeur titulaire d'une nouvelle chaire de physique à la faculté des sciences de l'université de Paris et obtient la construction d'un laboratoire dans la cour de l'annexe de la faculté, consacrée au certificat PCN, située 12 rue Cuvier. Marie Curie est nommée chef de travaux du laboratoire lié à la chaire[29],[30].
Le , Pierre meurt, renversé accidentellement par une voiture à cheval. Marie Curie souffre durablement de cette perte et est soutenue dans les difficiles années qui suivent par le père de Pierre, Eugène Curie, et par son frère, Jacques Curie.
Marie Curie devient alors la première femme en France directrice d'un laboratoire universitaire[31][réf. incomplète]. De 1906 à 1934, elle accueille 45 femmes, sans exercer une sélection sexiste dans ses recrutements[32]. Elle déménage en 1907 dans la rue du chemin de fer à Sceaux, afin d'être plus proche du lieu où est inhumé son mari.
Marie Curie est chargée du cours le en remplacement de Pierre, devenant la première femme professeur à la Sorbonne[33]. Sa leçon inaugurale a lieu le [34] dans l’amphithéâtre de physique de la faculté des sciences à la Sorbonne, où se pressent journalistes, artistes, personnalités politiques et femmes du monde. Le Journal salue l'événement en ces termes[26] :
« c'est […] une grande victoire féministe que nous célébrons en ce jour. Car, si la femme est admise à donner l'enseignement supérieur aux étudiants des deux sexes, où sera désormais la prétendue supériorité de l'homme mâle ? En vérité, je vous le dis : le temps est proche où les femmes deviendront des êtres humains. »
Elle est nommée professeur titulaire de la chaire le . L'intitulé de la chaire devient ensuite « physique générale et radioactivité ».
En 1910, assistée du professeur André-Louis Debierne, Marie Curie parvient à isoler un gramme de radium sous forme de métal pur. Elle publie la même année le Traité de radioactivité. Des anticléricaux, dreyfusards et libre-penseurs refusant l'élection systématique de candidats antidreyfusards à l'Institut de France[35] lui conseillent de postuler à l'Académie des sciences, mais c'est Édouard Branly qui est élu, avec une majorité de deux voix, vraisemblablement en raison de son conservatisme[26].
Elle participe début au premier Congrès Solvay, organisé et financé par le chimiste et industriel belge Ernest Solvay. Ce congrès réunit de nombreux physiciens, tels que Max Planck, Albert Einstein et Ernest Rutherford. Elle est la seule femme de ce congrès et presque la seule pour les suivants (on compte par exemple l’Autrichienne Lise Meitner).
Le , alors que le congrès Solvay vient de se terminer, éclate l'« affaire Langevin » : la liaison extraconjugale de Paul Langevin avec Marie Curie (alors veuve depuis cinq ans) fait les gros titres de la presse nationaliste, qui la traite de « Polonaise venant briser un bon ménage français[12] ». Des journaux d’extrême droite publient des lettres qui enflamment l'opinion publique. Ces lettres ont été volées par le beau-frère dans l'appartement que Paul Langevin, en instance de divorce, louait dans le Quartier latin. Tous deux démentent la teneur des lettres publiées, mais en vain. La campagne de presse a été si violente que le ministre de l’Instruction publique en est venu à souhaiter que Marie Curie retourne en Pologne. Le lauréat du prix Nobel de chimie Svante Arrhenius, qui l'encourageait, change d’avis à la suite de cette affaire[36],[37].
Le , au plus fort et en dépit du scandale, Marie Curie reçoit un télégramme l'informant que le prix Nobel de chimie lui est décerné, « en reconnaissance des services pour l’avancement de la chimie par la découverte de nouveaux éléments : le radium et le polonium, par l’étude de leur nature et de leurs composés »[38].
Malgré la suggestion du comité Nobel de ne pas venir chercher le prix en Suède en raison de pressions politiques ainsi que du scandale qui la couvre, elle choisit de se déplacer et le reçoit le à Stockholm. Elle est la première personne à obtenir deux prix Nobel pour ses travaux scientifiques.
Les médecins découvrent que Marie Curie, affaiblie par les événements de l'année 1911, est atteinte d'une maladie rénale. Elle subit une opération chirurgicale, puis une longue convalescence, pendant laquelle d'autres physiciens, à la suite de ses découvertes, continuent à faire la lumière sur le fonctionnement de l'atome.
Fin 1909, le professeur Émile Roux, directeur de l’Institut Pasteur, propose la création d’un Institut du radium, consacré à la recherche médicale contre le cancer et à son traitement par radiothérapie — celui-ci deviendra plus tard l'Institut Curie. Malgré la notoriété de Marie Curie et de son prix Nobel, il faut attendre 1911 pour que commencent les travaux, subventionnés par Daniel Osiris. Le professeur Roux impose de plus un partage directorial, en faisant venir un de ses protégés, un chercheur en biologie de Lyon, le docteur Claudius Regaud qui veut entreprendre une recherche biologique de thérapie contre le cancer, en croisant et mêlant l'usage de la radioactivité (radium) et de la radiographie (Rayons X, découvert par Roentgen).
Marie Curie, vexée d'être placée en doublon, exige que le prétendant directeur-chercheur, par ailleurs inconnu d'elle, soit soumis sous sa direction à un examen de candidat, afin qu'il expose les résultats des travaux qu'il a conduits jusque-là et les motivations relatives à ce poste. L’Institut, situé rue d'Ulm, est achevé en 1914, juste avant la Première Guerre mondiale. Il réunit deux laboratoires aux compétences complémentaires : le laboratoire de physique et de chimie, dirigé par Marie Curie, et le laboratoire Pasteur, axé sur la radiothérapie, dirigé par Claudius Regaud.
Lorsque la guerre éclate, Marie Curie se mobilise, tout comme les autres membres de l’Institut du radium, qui fermera temporairement durant la guerre. Aux côtés d’Antoine Béclère, directeur du service radiologique des armées, et avec l'aide de la Croix-Rouge, elle participe à la conception de dix-huit unités chirurgicales mobiles, des « ambulances radiologiques » surnommées a posteriori les « petites Curies »[39],[40],[41]. Elle a construit de sa propre initiative la première unité mobile en empruntant et adaptant la voiture de la princesse de Polignac, en prenant le propre matériel de recherche de Claudius Regaud sans usage, puis inauguré en personne avec son chauffeur-laborantin expérimentateur (Louis Ragot) une première campagne en visitant les hôpitaux du front engorgé de blessés[42]. Ce que l'argot militaire a désigné sous le nom de « p'tites Curies », sont des véhicules de tourisme équipés d'appareils Röntgen avec une dynamo alimentée par le moteur du véhicule, et pouvant donc se rendre très près des champs de bataille et ainsi limiter les déplacements sanitaires des blessés. Les véhicules permettent de prendre des radiographies des blessés, opération très utile pour situer plus précisément l'emplacement des éclats d'obus et des balles et faciliter l'opération chirurgicale, soit différée soit immédiate sous le dispositif radiographique. Marie Curie transforme l’Institut du radium déserté en en véritable école de radiologie, pour former des bataillons de jeunes femmes aide-radiologistes[43]. Elle a aussi participé à la création de 150 postes fixes de radiologie, au sein des hôpitaux militaires.
Le 28 juillet 1916, elle obtient son permis de conduire[44] et part régulièrement sur le front réaliser des radiographies. Elle est rejointe par sa fille Irène, âgée de dix-neuf ans, qui fait de même dans plusieurs hôpitaux de campagne durant toute la guerre.
En , à la fin de la guerre, Marie Curie peut enfin occuper son poste à l’Institut du radium. Sa fille Irène devient son assistante. L’Institut du radium doit faire face à des difficultés financières. Il faudra attendre le début des années 1920 pour que les dons affluent et que l'institut se développe. Après la découverte des vertus thérapeutiques du radium pour la lutte contre le cancer, le radium connaît un vif engouement littéraire et surtout industriel, au point d'être utilisé dans de nombreux produits de consommation courante — crèmes rajeunissantes, cigarettes, réveils…
L'Institut du radium accueille de nombreux étudiants et physiciens, notamment étrangers, dont beaucoup de femmes (Marguerite Perey fut son assistante), et contribue ainsi à l'émancipation féminine en France comme à l'étranger[45].
En 1921, la journaliste Marie Mattingly Meloney organise une collecte de 100 000 dollars américains (environ un million de francs or) auprès des femmes américaines afin que Marie Curie puisse acheter un gramme de radium pour l'institut. Marie Curie effectue son premier voyage aux États-Unis le , pour acheter un gramme de radium à l’usine du radium de Pittsburgh, où sont utilisés de manière industrielle les procédés qu'elle a développés. En 1929, toujours grâce aux femmes américaines, elle reçoit un nouveau gramme de radium, dont elle fait don à l’université de Varsovie.
Très sollicitée, elle voyage énormément, et s'engage aux côtés d'Albert Einstein dans la Commission internationale de coopération intellectuelle.
Malgré sa naturalisation française liée à son mariage, Marie Curie n'a jamais perdu le sentiment de son identité polonaise. Elle a ainsi appris à ses filles la langue polonaise et les a emmenées en Pologne plusieurs fois[47]. Le nom de l'élément chimique polonium a aussi été choisi par Marie Curie en hommage à la Pologne.
Elle ajoutait son nom de jeune fille Skłodowska lorsqu'elle signait des correspondances pour des destinataires polonais ou russes[48],[49]. Le nom « Skłodowska-Curie » est d'ailleurs utilisé en Pologne pour la plupart des monuments et bâtiments lui faisant hommage. On peut également noter que c'est le nom qui figure sur son prix Nobel de chimie de 1911. Néanmoins, elle signait les correspondances familiales et amicales « Marie Curie », et utilisait généralement « Madame Pierre Curie » pour les publications scientifiques ou autres documents officiels, comme il était d'usage à l'époque[49].
Malgré son aura internationale, Marie Curie évite de prendre parti lors de grands débats politiques, mais proteste publiquement contre l’incarcération d’une suffragette en 1921 et se prononce contre la peine de mort. Elle fréquente une communauté de scientifiques dreyfusards, laïcs, républicains et progressistes et s'engage pour la coopération internationale, étant elle-même marquée par la Première Guerre mondiale. Elle ne fait pas breveté ses découvertes scientifiques, estimant que « les découvertes appartiennent au peuple »[8].
Marie Curie souffre d'une trop grande exposition aux éléments radioactifs qu'elle étudie depuis 1898 et aux fortes doses de rayons X recus pendant les radiographies des malades durant la guerre, notamment au niveau des yeux et des oreilles[50]. Dès le début des années 1920, elle est affaiblie et pense que le radium, auquel elle consacre une grande partie de ses recherches, pourrait avoir une certaine responsabilité dans ses problèmes de santé[50]. Elle reste cependant à la direction de son Institut, notamment dans le développement d'approches thérapeutiques pour lutter contre le cancer grâce aux radiations produites par le radium[50].
Atteinte d’une leucémie radio-induite ayant déclenché une anémie aplasique, elle se rend le au sanatorium de Sancellemoz à Passy pour y être hospitalisée. Elle y meurt le 4 juillet, à 66 ans, dans la chambre 424[51].
Pierre et Marie Curie sont les parents de deux filles :
Marie Curie est d'abord embauchée par Gabriel Lippman pour étudier différentes sortes d'acier. Elle travaille dans des conditions limitées et recherche dès lors un sujet recelant davantage de possibilités. Elle se rend en Pologne dans ce but, en vain. Elle revient en France, prend des contacts, se renseigne, et décide finalement de se dédier à l'étude des rayons uraniques. Elle utilise ingénieusement l'électromètre de précision inventé quinze ans plus tôt par les frères Curie pour quantifier l'ionisation produite par ces rayons. De cette façon, elle étudie métaux, sels et minéraux dont l’uranium et la pechblende. Elle en déduit que celle-ci est quatre fois plus active et la chalcolite deux fois plus active que l'uranium. L'activité de l'uranium se révèle indépendante de sa forme chimique. Elle ne dépend au contraire que de la quantité de l'élément uranium. Elle vient de démontrer que la propriété des rayons uraniques est une propriété physique de l'atome et non une propriété chimique : la radioactivité. Ses travaux sont présentés à l'Académie des sciences par Gabriel Lippman le , moins d'un an après le début de sa thèse de doctorat.
Marie et son mari Pierre supposent que l'activité de la pechblende, particulièrement élevée, provient d'éléments plus actifs que l'uranium. Ils mettent alors au point une méthode radiochimique permettant d'isoler ces éléments. Cette idée se révèle fructueuse puisqu'elle permet aux époux Curie de découvrir en 1898 deux nouveaux éléments, le polonium et le radium. Ces travaux sont présentés par Henri Becquerel à l'Académie des sciences et sont récompensés par le prix Nobel de physique en 1903, dont une moitié revient à Becquerel pour la découverte du rayonnement radioactif, et l'autre moitié aux époux Curie[25]. C'est la première démonstration de l’existence des atomes de radium et de polonium, atomes par ailleurs instables. Cette découverte remet en cause la conception grecque antique qui stipulait que la matière était insécable et éternelle, et qu'il existait donc un nombre fini d'atomes stables.
En 1911, Marie Curie reçoit le prix Nobel de chimie[38], « en reconnaissance de ses services dans le progrès de la chimie par la découverte des éléments radium et polonium, par l'isolation du radium et l'étude de la nature et des composés de cet élément remarquable. »
Pour les réserves de pechblende d'où la physicienne extrayait les deux éléments fraîchement découverts, elle pouvait compter sur la générosité du baron Henri de Rothschild qui lui a livré dix tonnes de minerai d'uranium venant de Bohême. Cette source ayant été ensuite réservée pour l'Autriche, Marie Curie a dû compter sur l'industriel français Armet de Lisle.
Pour déterminer la masse atomique du radium, Marie Curie a dissous du chlorure de radium de masse connue, puis fait précipiter les ions chlorure par ajout de nitrate d'argent. En déterminant la masse du chlorure d'argent précipité, connaissant les masses atomiques du chlore et de l'argent, elle put en déduire la masse de chlore présente dans le chlorure de radium initial, et déterminer ainsi par simple soustraction la masse atomique du radium.
L'année 2011 a été proclamée « année Marie Curie[52] » et année internationale de la chimie par l’Assemblée générale des Nations unies pour célébrer le 100e anniversaire de son prix Nobel de chimie.
D'abord inhumée à Sceaux dans le caveau de la famille Curie, ses restes ont été transférés avec ceux de son mari Pierre Curie dans le caveau VIII du Panthéon à Paris le , sur décision du président François Mitterrand et en présence du président polonais Lech Wałęsa. Elle est, jusqu'en 2014, la seule femme honorée au Panthéon pour son mérite propre[54]. Pour éviter tout risque d'irradiation résiduelle, son corps momifié, sorti de son cercueil contenant une couche de plomb entre deux épaisseurs de bois, est placé au Panthéon dans une sépulture plombée[55].
Cette précaution est en fait inutile : les analyses faites par l'Office de protection contre les rayonnements ionisants au moment où le corps a été transféré du cimetière de Sceaux au Panthéon en avril 1995 montrent un niveau résiduel de radioactivité du squelette de 0.2 Bq/cm2 beta et 0.5 Bq/cm2 alpha, ainsi qu'un niveau inférieur au seuil de détectabilité pour le cercueil[56],[57]. Le radium 226 présent dans son corps aurait pu être éliminé spontanément dans les dernières années de sa vie pour plusieurs raisons : du fait de l'amélioration des mesures de protection dans son laboratoire et d'une activité moindre sur ce sujet de recherche. La demi-vie biologique du radium est de 900 jours dans le corps entier et de 5,5 ans dans les os. Chez une femme ménopausée, l'ostéoporose aurait accéléré l'élimination du radium[57].
La vie de Marie Curie a inspiré plusieurs cinéastes. Le rôle de Marie Curie a été joué par :
Une peinture murale lui rend hommage dans la ville universitaire de Louvain-la-Neuve en Belgique, dans le parking situé sous la place des Sciences.
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.