Moldavie
pays d'Europe orientale, enclavé entre la Roumanie et l'Ukraine De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La Moldavie (en roumain : Moldova) en forme longue république de Moldavie (en roumain : Republica Moldova, d'où la variante république de Moldova), est un pays d'Europe orientale, enclavé entre la Roumanie et l'Ukraine, englobant des parties des régions historiques de Bessarabie et de Podolie méridionale (dite Transnistrie). Ses paysages vallonnés comprennent des forêts, des terres cultivées, des zones humides et des vignobles. Sa capitale est Chișinău.
République de Moldavie
(ro) Republica Moldova
Drapeau de la Moldavie |
Armoiries de la Moldavie |
Hymne |
en roumain : Limba noastră (« Notre langue ») |
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Fête nationale | |
· Événement commémoré |
Proclamation d'indépendance vis-à-vis de l'URSS () |
Forme de l'État | République parlementaire |
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Présidente de la République | Maia Sandu |
Premier ministre | Dorin Recean |
Parlement | Parlement |
Langues officielles | roumain[1],[2],[3],[4] |
Capitale | Chișinău |
Plus grande ville | Chișinău |
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Superficie totale |
33 851 km2 (classé 140e) |
Superficie en eau | 1,4 % |
Fuseau horaire | UTC +2 (été +3) |
Entité précédente | |
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Indépendance | URSS |
Date |
Gentilé | Moldave |
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Groupes ethniques |
Moldaves (82, 07 %) Ukrainiens (6,57 %) Gagaouzes (4,57 %) Russes (4,06 %) Bulgares (1,88 %) autres (0,85 %)[5] |
Population totale (2019[6]) |
2 681 735 hab. (classé 138e) |
Densité | 79 hab./km2 |
PIB nominal (2022) |
13,811 milliards de $ + 1,01 %[7] |
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PIB (PPA) (2022) |
42,483 milliards de $ + 6,59 %[7] |
PIB nominal par hab. (2020) |
5 435,446 $ + 2,84 %[7] |
PIB (PPA) par hab. (2022) |
16 719,283 $ + 8,52 %[7] |
Taux de chômage (2022) |
3,5 % de la pop. active + 1,30 % |
Dette publique brute (2022) |
Nominale 99,670 milliards de MDL + 24,91 % Relative 36.447 % du PIB + 10,47 % |
Monnaie |
Leu moldave (MDL ) |
IDH (2021) | 0,767[8] (élevé ; 80e) |
---|---|
IDHI (2021) | 0,711[8] (49e) |
Coefficient de Gini (2021) | 25,7 %[9] |
Indice d'inégalité de genre (2021) | 0,205[8] (51e) |
Indice de performance environnementale (2022) | 42,7[10] (84e) |
Code ISO 3166-1 |
MDA, MD |
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Domaine Internet | .md |
Indicatif téléphonique | +373 |
Code sur plaque minéralogique | MD |
Organisations internationales |
ONU : COE : OIF : CD : UE (candidat reconnu)[11] |
La partie de l'actuel territoire moldave située sur la rive droite du Dniestr a fait partie de la principauté de Moldavie (tributaire de l'Empire ottoman à partir de 1538) du XIVe siècle à 1812, date à laquelle elle fut cédée à l'Empire russe. Celui-ci en fit son « gouvernement de Bessarabie » et y organisa une colonisation entraînant l'installation de nombreuses populations autres que les Moldaves, qui restèrent cependant majoritaires.
Le XXe siècle est une période compliquée sur le plan des relations internationales. À la révolution russe de 1917, la république démocratique moldave se forme et se déclare indépendante, puis, en 1918, elle s'unit au royaume de Roumanie pour se protéger des bolcheviks, qui, de leur côté, fondent la République socialiste soviétique autonome moldave (RSSAM) en 1924 au sein de la république socialiste soviétique d'Ukraine, en Podolie (Transnistrie en roumain). En 1940, en application du pacte germano-soviétique et sans que la Roumanie puisse s'y opposer, l'URSS procède à l'occupation soviétique de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord et crée alors la république socialiste soviétique de Moldavie (RSSM) sur les deux tiers de la Bessarabie et un tiers de la RSSAM, dont l'Ukraine reçoit les deux autres tiers ainsi qu'un tiers de la Bessarabie, en deux parties au nord et au sud. À la dislocation de l'URSS, la Transnistrie fait sécession de la Moldavie et s'autoproclame indépendante sans reconnaissance internationale dès 1990, tandis que la RSSM déclare son indépendance vis-à-vis de l'Union soviétique en août 1991 et devient membre de la Communauté des États indépendants qui en est issue[12]. La Moldavie est admise à l'Organisation des Nations unies en mars 1992, mais la même année la guerre du Dniestr accentue la rupture avec la Transnistrie ; depuis, la Moldavie contrôle 29 680 km2 de son territoire (88 %), tandis que la région sécessionniste de Transnistrie, soutenue par la Russie, en contrôle 4 163 km2 (12 %)[13].
Située aux limites des sphères d'influence de deux superpuissances à la fois partenaires et antagonistes, la Moldavie se trouve dans la zone d'influence russe et fait toujours partie de la CEI, mais aux frontières orientales de l'Union européenne et de l'OTAN[14] : elle est aussi membre de l'Organisation pour la démocratie et le développement (GUAM), du partenariat pour la paix de l'OTAN depuis le , de l'Accord de libre-échange centre-européen et du Partenariat oriental de l'UE depuis 2009[15] et elle a un accord d'association avec l’UE depuis le .
De 1994 à 2022, la situation internationale est stable. La constitution actuelle, adoptée en 1994, en fait une république parlementaire neutre. Il existe un mouvement unioniste en Moldavie et Roumanie fondé sur l'héritage historique, linguistique et culturel commun, mais la présence de minorités notamment slaves (un quart des habitants) et d'éléments de l'armée russe en Transnistrie l'empêche de concrétiser ses objectifs. Toutefois, dans le débat autour de l'identité moldave, les Moldaves autochtones ont, depuis 1989, obtenu que le roumain devienne langue officielle du pays[16],[17], que les noms de lieux russifiés retrouvent leur forme moldave et que les couleurs et l'héraldique de la république démocratique moldave soient les symboles de l'État[18]. Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 et l'abrogation en 2023 du décret russe de 2012 exprimant la volonté du Kremlin de « trouver une solution légale pour la Transnistrie en respectant l'intégrité territoriale de la Moldavie »[21], la Moldavie a entamé une procédure d'adhésion à l'Union européenne[22], contre laquelle se mobilise l'opposition pro-russe[23] tandis que des explosions se produisent en Transnistrie[24].
Cette situation géopolitique ne favorise pas l'économie moldave. Enclavée, elle ne dispose plus de port sur la mer noire depuis que le Boudjak a été rattaché à l'Ukraine en 1940. Elle n'a qu'un seul port sur le Danube, et la Transnistrie sécessionniste contrôle les transports sur le Dniestr ou vers l'Ukraine. Les voies de chemins de fer sont aux normes russes, incompatibles avec le réseau roumain qui est aux normes occidentales. La Moldavie a vu baisser sa production agricole (passant sous le seuil d'autosuffisance) et industrielle, même si le secteur des services s'est fortement développé. Elle souffre d'un fort exode rural et une expatriation importante de la population active qui explique son taux de chômage relativement bas. En 2022, elle est le pays le plus pauvre d'Europe pour ce qui est du PIB par habitant et a l'indice de développement humain le plus bas du continent.
Le pays est officiellement appelé en français « république de Moldavie » ou « république de Moldova »[25].
Aux Nations unies, le pays a d'abord employé officiellement en français « république de Moldavie »[26], mais depuis 1994, il emploie « république de Moldova »[27].
La première forme « Moldavie », française, est préférée par les pro-européens pour marquer l'appartenance du pays à la Moldavie historique dont fait également partie la moitié roumaine de cette ancienne principauté historique ; la seconde forme « Moldova », bien que roumaine, est préférée par les communistes et autres pro-russes pour bien souligner en français la différence entre la « Moldavie » historique roumaine et l'actuelle « Moldova » post-soviétique située dans la sphère d'influence russe. La même dichotomie se retrouve en anglais (« Moldavia » / « Moldova ») et en allemand (« Moldau » / « Moldawien »), le second terme étant à chaque fois, comme en français, un néologisme.
Historiquement, le nom de « Moldavie » vient de l'ancien allemand « Mulde » qui signifie « creux poudreux », « carrière », « mine », et qui a successivement désigné une cité minière (en roumain Baia, qui signifie aussi « carrière », « mine »), la rivière Moldova passant à côté, et pour finir, une principauté née dans cette région : la principauté de Moldavie (1359-1859). Le territoire de cette dernière est aujourd'hui partagé selon des limites définies dans le Pacte germano-soviétique de 1939 entre :
L'adjectif géographique « moldave » se réfère à tout ce qui concerne le territoire historique de la Moldavie.
La république de Moldavie se trouve en Europe du Sud-Est : historiquement et culturellement, par son appartenance à la sphère d'influence latine, par sa musique, sa cuisine et ses traditions, elle fait partie de la péninsule des Balkans voisine de l'Ukraine, mais les minorités issues de la colonisation de la Bessarabie ainsi que les soviétologues et les spécialistes de l'espace post-soviétique la situent en Europe orientale, l'excluent des Balkans et la considèrent comme faisant partie de la sphère d'influence russe[28].
Les paysages moldaves ressemblent à ceux de la région française de Bourgogne, bien que les roches sous-jacentes soient géologiquement plus jeunes (Cénozoïque). Les versants adrets sont propices à la viticulture, les ubacs conservent fréquemment leur couvert forestier, notamment dans le Codru. La Moldavie a conservé un environnement encore riche : elle est, comme d'autres pays de l'Est de l'Europe, parmi les premiers à avoir concrétisé, avec l'aide des associations environnementales Biotica et MEM, un réseau écologique national[29], avec un plan d’action pour la protection de la biodiversité, déclinaison locale du réseau écologique paneuropéen (plan approuvé le ).
En 2001, les noyaux du réseau écologique y couvraient 73 145 ha, incluant cinq réserves scientifiques (19 378 ha), près de 30 réserves naturelles (22 278 ha), 13 territoires ayant un autre statut de protection (4 350 ha), 13 habitats humides étant repérés, mais encore sans statut de protection (24 592 ha). Des corridors biologiques d'importance nationale et/ou internationale ont été distingués et cartographiés dans ce plan. L'une des plus anciennes de ces réserves est celle du Codru, en altitude (432 m) au centre du pays. Le parc national Orhei a été créé en 2013.
La république de Moldavie occupe le tiers central de l'ancien gouvernement de Bessarabie de l’Empire russe tel qu'il avait été défini en 1812, lorsque ce territoire encadré par la rivière Prut, le Dniestr et la mer Noire, fut enlevé à la principauté de Moldavie par le traité de Bucarest qui, en coupant la principauté de Moldavie en deux, inaugure pour chaque moitié une histoire différente, plus proche des Balkans et de l'Europe centrale pour la moitié occidentale, qui en 1859 forme la Roumanie en s'unissant à la Valachie et qui se trouve aujourd'hui dans l'Union européenne et dans l'OTAN, mais plus proche de l'histoire russe et soviétique pour la moitié orientale, qui se trouve aujourd'hui dans la CEI et est observatrice de la Communauté économique eurasiatique.
Les conséquences de cette division sont aussi démographiques, car si dans la moitié occidentale aujourd'hui roumaine, 98 % des habitants sont des autochtones roumanophones, dans la moitié orientale aujourd'hui indépendante ou bien ukrainienne, ils sont moins de 65 %[30]. Tous les Moldaves n'ont pas pour autant renoncé à l'idée de réunifier leur pays, même si le statu quo est aujourd'hui considéré tant par l'OTAN que par la Russie comme une condition du maintien de la paix dans la région.
Le reste de la Bessarabie de 1812 appartient aujourd'hui à l'Ukraine : Hotin (auj. Khotyn) au nord-ouest, et le Boudjak au sud-est (avec les quatre ports de Reni, Izmaïl, Chilia (auj. Kiliya) et Cetatea Albă (aujourd'hui Bilhorod-Dnistrovskyï) entre la république de Moldavie, la Roumanie, l'embouchure du Dniestr et la mer Noire).
Ainsi privée d'accès à la mer, mais s'étendant sur une partie de la Podolie (rive gauche du Dniestr), la Moldavie, unitaire durant la période soviétique, est de facto devenue fédérale en 1991 lors de son indépendance face à l'URSS, lorsque la Gagaouzie et la Transnistrie se sont déclarées indépendantes d'elle. Ultérieurement, la Gagaouzie a accepté le statut d'unité territoriale autonome reconnue de jure au sein de la Moldavie, statut également proposé à la Transnistrie qui l'a refusé (mais dont l'indépendance n'est pas reconnue par la communauté internationale).
République démocratique moldave (1917-1918) - République socialiste soviétique autonome moldave (1924-1940) - Occupation soviétique de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord - République socialiste soviétique moldave (1940-1991) - Guerre civile de Moldavie (1992).
Des traces d'habitat existent dès le Paléolithique et se multiplient au Néolithique, avec notamment la civilisation de Coucouténi-Tripolié. Durant l'Antiquité, on note dans la région la présence des Daces (ou Thraces septentrionaux selon Hérodote, dits aussi Gètes), des Scythes et des Bastarnes[31]. La région échappe à la conquête de la Dacie par l'Empire romain : seul le Sud (autour de Cahul) est intégré à la province romaine de Scythie mineure. Les Daces restés libres dans le pays sont les Carpiens, qui ont laissé leur nom aux Carpates au IVe siècle, lorsque sous la pression des Goths et des Huns, ils ont migré vers le Sud-Ouest.
Après l'effondrement de l'empire des Huns, la région est disputée entre les Avars et les Onoghours, tandis que les tribus Slaves migrent vers le Sud, traversant le Danube pour s’installer dans les Balkans. Bien d’autres peuples y passent ensuite (Bulgares, Magyars, Petchénègues, Iasses, Coumans...) mais en dehors des vallées des principaux cours d’eau (Prut, Răut et Dniestr), le peuplement sédentaire, mélange de Daces romanisés[32] et de Slaves connu sous le nom de Volochovènes, a été sporadique en raison du climat (périodes de sécheresse pluriannuelle) et d'invasions venues des steppes de l’Est (peuples de cavaliers nomades). Les deux phénomènes sont d’ailleurs liés : la végétation aussi a évolué selon ces aléas : lors des périodes plus humides propices au peuplement sédentaire, les forêts (codri), les prés (pășuni) et les cultures (ogoare) progressaient, tandis que lors des périodes sèches propices aux cavaliers nomades, c’étaient les steppes à chardons.
À chaque période sèche, les populations autochtones, des Gétodaces jusqu'aux Moldaves roumanophones actuels, se sont réfugiées sur les piémonts des Carpates orientales ou dans le Codru (plus arrosés en raison de leur altitude). Les pluies revenues, elles ont repeuplé le pays en creusant des puits et en refondant des villages, des villes, tout en assimilant au passage les minorités installées lors des invasions. L’avant-dernière grande invasion ayant dépeuplé le pays (mentionné comme loca deserta ou terra sine incolis sur les cartes de l’époque) fut celle des Tatars/Mongols au XIIIe siècle[33] puis le repeuplement moldave s'est effectué au XIVe siècle, conclu par l’unification des petits voïvodats en une principauté de Moldavie[34].
La fusion, par une dynastie venue de Marmatie, de plusieurs petits duchés du Moyen Âge (Hotin, Soroca, Hansca, Bârlad et le comté alain des Iasses) forme en 1359 la principauté de Moldavie.
En 1367, la Bessarabie jusque-là valaque est rattachée à la Moldavie (mais à l’époque, le nom de Bessarabie désigne seulement les rivages du Danube et de la Mer Noire libérés des Tatars par la dynastie valaque des Basarab : cette région est maintenant appelée Boudjak). Convoitée par ses puissants voisins du nord et de l’ouest, les royaumes de Hongrie et de Pologne, et régulièrement attaquée par les Tatars au sud et à l’est, la Moldavie cherche l’alliance des Jagellons et se reconnaît vassale de la Pologne (1387–1455) mais cela ne signifie pas, comme le montrent par erreur diverses cartes, qu'elle soit devenue une province polonaise ou un fief du roi de Pologne : ces erreurs sont dues d’une part à la confusion sémantique chez certains historiens modernes, entre voïvodie (province, en polonais) et voïvode (prince régnant, en roumain), ou encore entre suzeraineté et souveraineté, et d’autre part à la rétroprojection nationaliste de l’histoire[35]. À cette époque, la Moldavie prospère, car aux XIVe et XVe siècles, avec la chute de Constantinople et surtout avec le règne d’Étienne III de Moldavie, de nombreux Romées (Byzantins) se réfugient en Moldavie et on voit ainsi le centre de l'orthodoxie se déplacer vers le nord avec l’érection de plus de 40 monastères en style byzantin recouverts de fresques. La Moldavie s’émancipe alors des Hongrois et des Polonais et devient pleinement indépendante mais, à partir de 1536, elle doit, pour conserver son autonomie, payer tribut à l’Empire ottoman, mais cela ne signifie pas, comme le montrent par erreur diverses autres cartes, qu'elle soit devenue une province turque.
En 1774, l’Autriche annexe la Bucovine (au nord-ouest du pays), puis en 1812, les Russes qui visent le contrôle des bouches du Danube obtiennent la moitié orientale du pays, et étendent le nom de Bessarabie à tout le territoire annexé dont Chișinău devient la capitale (traité de Bucarest (1812)).
En 1812, la Moldavie orientale, annexée, devient une province de l’Empire russe sous le nom de gouvernement de Moldavie-et-Bessarabie, peu après abrégé en Bessarabie (traité de Bucarest). Les autorités impériales considèrent que la Bessarabie doit devenir une terre russe y compris sur les plans démographique et culturel, et elles en prennent les moyens, mais en plusieurs étapes.
Sur le plan politique et linguistique, au début, l’autonomie de la Bessarabie est garantie en 1816, et le prince moldave Scarlat Sturdza, est nommé gouverneur. Mais l’autonomie est abolie en 1828 et Sturdza, destitué, doit s’exiler et est remplacé par des gouverneurs russes. En 1829, l’usage de la « langue moldave » (nom russe du roumain parlé par les Moldaves) est interdit dans l’administration au profit du russe. En 1833, le « moldave » est interdit dans les églises et, en 1842, dans les établissements d’enseignement secondaire, puis dans les écoles primaires en 1860. Enfin, en 1871, lorsque la Bessarabie devient une « goubernia » impériale, le moldave/roumain est purement et simplement interdit dans toute la sphère publique par oukase du Tsar[36].
Sur le plan démographique, les autorités impériales encouragent l’émigration des Moldaves (et en déportèrent de plus en plus) vers d’autres provinces de l’empire (notamment au Kouban, au Kazakhstan et en Sibérie), tandis que d’autres groupes ethniques, notamment Russes et Ukrainiens (appelés au XIXe siècle « Petits Russes »), étaient invités à s’installer dans la région. Selon le recensement de 1817, la Bessarabie était peuplée à 86 % de Moldaves, 6,5 % d’Ukrainiens, 1,5 % de Russes (Lipovènes) et 6 % issus d’autres groupes ethniques. Quatre-vingts ans plus tard, en 1897, la répartition ethnique avait sensiblement évolué, avec seulement 56 % de Moldaves, mais 11,7 % d’Ukrainiens, 18,9 % de Russes et 13,4 % de personnes issues d’autres groupes ethniques. En quatre-vingts ans, la part de la population autochtone avait donc chuté de 30 points de pourcentage[37]. En 1856, à la suite de la défaite des Russes à la guerre de Crimée, la principauté de Moldavie récupère le Sud de la Bessarabie (aujourd’hui Boudjak, ou Bugeac en roumain) (traité de Paris de 1856). Durant 22 ans, le processus de « dé-moldavisation » s’interrompt dans cette région.
Pour l’Empire russe, la Bessarabie est d’abord une région agricole et des voies ferrées sont construites pour la relier au port d’Odessa afin d’exporter les céréales et le bois moldaves. Sur le plateau au-dessus du vieux bourg moldave de