Loading AI tools
ville en Irak De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Mossoul (en arabe : الموصل / al-mawṣil ; en kurde : Mûsil) est la deuxième ville d'Irak par son importance, chef-lieu de la province de Ninive, en Haute Mésopotamie, dans le Nord du pays.
Mossoul (ku) Mûsil (ar) الموصل | |
Un pont sur le Tigre, à Mossoul. | |
Administration | |
---|---|
Pays | Irak |
Province | Ninive |
Maire | Abdul Sattar Al-Habou |
Démographie | |
Gentilé | Mossouliotes |
Population | 1 848 000 hab. (estimation de 2024[1]) |
Géographie | |
Coordonnées | 36° 20′ 14″ nord, 43° 08′ 09″ est |
Altitude | 228 m |
Localisation | |
modifier |
En ce qui concerne son histoire récente, la ville est prise par l'organisation terroriste État islamique à l'été 2014, Abou Bakr al-Baghdadi s'y proclame calife, et elle devient la « capitale » de l'EI, jusqu'à sa reprise par les forces armées irakiennes en 2017, après des combats et des bombardements qui l'ont partiellement détruite. La vieille ville, où se trouvait le patrimoine culturel, est quant à elle totalement détruite.
Mossoul se trouve sur les rives du Tigre (cinq ponts permettaient avant la guerre de franchir le fleuve), à environ 350 km au nord de Bagdad et à une centaine de kilomètres des frontières syrienne et turque.
La partie est de la ville est parcourue par la rivière Khosr qui se jette dans le Tigre au niveau du premier pont (ar) (ou « vieux pont », ou « pont de fer »).
Avant la Seconde guerre civile irakienne, la ville comptait environ 2,7 millions d'habitants, ce qui en faisait la deuxième ville irakienne au regard de la population, après Bagdad et avant Bassorah.
En 2023, Mossoul comptait 1,7 million d'habitants, soit davantage que le 1,3 million qui y vivait en 2014, quand Daech conquit la ville[2].
Son nom arabe de Mossoul, Al-Mawssil (ou Al-Moussel), lui a été attribué par ces derniers lorsqu'ils ont conquis la région au VIIe siècle et fait référence à un ancien pont de bateaux qui permettait de traverser le Tigre, puisqu'en arabe le verbe waSala signifie « relier »[3].
Auparavant, la ville se nommait Ninuwa ou Ninwa, selon les formes akkadiennes ou assyriennes retrouvées sur des tablettes cunéiformes, transcrit en Ninive en français, et dont l'étymologie est obscure[4]. Le nom de Ninawa est mentionné à 34 reprises dans la Bible.
On appelle aussi cette ville du nom de Oumou Rabïain qui veut dire littéralement « mère de deux printemps » parce qu’elle bénéficie en automne d'une deuxième saison printanière.
De Mossoul dérive le nom de mousseline (une autre origine du nom de ce tissu peut être aussi Maisolos, le port indien qui exportait les tissus produits à Mossoul[5]), désignant d'abord une étoffe fine et transparente originaire de cette ville[6]. Par analogie, le terme est passé en cuisine pour qualifier une préparation légère à laquelle est généralement ajoutée de la crème fouettée.
Cité liée à l'histoire biblique du prophète Jonas, la capitale de l'Empire assyrien, Ninive située dans les quartiers de la rive est du Tigre, connut son âge d'or durant le VIIIe siècle av. J.-C. L'héritage archéologique de la ville témoigne de la vitalité de la culture assyrienne dont la grande bibliothèque d’Assurbanipal fut l'illustration.
Ninive est tombée dans les mains des Chaldéens en l'an 611 av. J.-C., marquant la fin de l'Empire assyrien.
Les invasions se succèdent ensuite : la ville tombe successivement entre les mains par les Perses Achéménides de Cyrus le Grand en 539 av. J.-C. ; les troupes grecques d'Alexandre le Grand en 331 av. J.-C., puis les Parthes, les Romains et enfin de nouveau les Perses Sassanides.
À la veille de la conquête musulmane, Ninive devient une importante métropole régionale. Peuplée essentiellement de chrétiens d'obédience nestorienne, elle abrite les tombes de plusieurs évangélisateurs.
Aujourd'hui, le nom de Ninive est donné à la fois au site archéologique de la ville et à la province qui s'étend sur une vaste plaine aux alentours de Mossoul.
Prise en 641 par les Arabes, l'antique cité de Ninive est peu à peu délaissée au profit de sa voisine Mossoul, établie de l'autre côté du Tigre. Celle-ci devient alors le principal pôle commercial de la région en raison de son emplacement, au carrefour des routes de caravanes entre la Syrie et la Perse. C'est à cette époque que Mossoul devient réputée grâce à ses tissus fins de coton, les mousselines, ainsi que pour son marbre.
Au Xe siècle, sous la dynastie arabe des Hamdanides, l'émirat de Mossoul, vassal du califat abbasside, acquiert une quasi-indépendance. Au XIe siècle, il forme une des principautés soumises à la dynastie turque des Seldjoukides, puis à celle des Zengides.
Au XIIIe siècle, elle est conquise et pillée par les Mongols. Après 1262, elle passe sous une série de dynasties turques marquées de culture perse, les Qara Qoyunlu, Aq Qoyunlu, Séfévides, puis Ottomans. Elle est la capitale d'une province, l'eyalet de Mossoul devenu au XIXe siècle le vilayet de Mossoul.
Elle est traversée par le chemin de fer Berlin-Bagdad, construit avec des capitaux allemands, avant d'être prise par les Britanniques en 1918 lors de la campagne de Mésopotamie.
Promise à la souveraineté française par les accords Sykes-Picot de 1916, ce sont les Britanniques qui l'occupent en 1918, puis l'administrent. La France, aux termes de nombreuses tergiversations, renonce à ses droits sur le vilayet en échange d'une participation aux bénéfices pétroliers du bassin de Kirkouk, et le Royaume-Uni l'intègre au mandat britannique de Mésopotamie[7]. La Turquie proteste contre cette annexion mais la Société des Nations confirme l'action britannique en 1925. La commission d’enquête constituée par la SDN était pourtant parvenue à la conclusion que la population souhaitait la création d'un État kurde indépendant. La SDN promis la création d'une administration autonome kurde, mais cette promesse ne fut jamais honorée et les révoltes visant à exiger son respect furent écrasées par l'aviation britannique. Les États-Unis, tout comme la France, reçurent chacun en échange de leur soutien à cette annexion 23,75 % des actions de la compagnie Iraq Petroleum[8].
Le mandat est remplacé en 1932 par le royaume d'Irak, nominalement indépendant mais soumis aux intérêts britanniques. Mossoul est le point de départ de l'oléoduc de Mossoul à Haïfa en Palestine mandataire, ouvert en 1934, une des voies essentielles du commerce du pétrole au Moyen-Orient.
En mars 1959, après la proclamation de la république d'Irak par le général Abdul Karim Qasim, celui-ci écrase un soulèvement des militaires panarabes nassériens à Mossoul avec l'aide des milices kurdes[9]. La ville subit ensuite les contrecoups du conflit kurde en Irak à partir de 1961 puis de la guerre Iran-Irak entre 1980 et 1988.
Durant l'opération Liberté irakienne qui entraîne la chute du régime dictatorial de Saddam Hussein, le musée archéologique de Mossoul, comme celui de Bagdad, est victime de pillages et beaucoup d'objets sont perdus ou détruits[10]. Mossoul passe sous le contrôle des peshmergas kurdes qui, bien qu'ils ne la revendiquent pas comme partie de leur région autonome du Kurdistan, s'y maintiennent jusqu'en 2005 comme alliés des Américains puis du gouvernement provisoire irakien[11]. Le , les troupes américaines ouvrent le feu sur des manifestants dénonçant leur présence en Irak : la fusillade fait au moins dix victimes. Trois mois plus tard, en juillet 2003, les deux fils de Saddam Hussein, Oudaï et Qoussaï sont tués à Mossoul lors d'une opération commando des forces spéciales.
La période de l'occupation américaine est marquée par de nombreux attentats avec cinq journalistes assassinés pour la seule année 2005[12]. La même année, un attentat lors des funérailles d'un leader chiite fait 50 morts et 90 blessés[13],[14],[15].
En 2008, la ville est disputée entre les forces américaines et gouvernementales et les groupes insurgés lors de la campagne de Ninive (en).
En , durant la seconde guerre civile irakienne, Mossoul tombe aux mains des jihadistes de l'État islamique, après quatre jours de combat lors d'une offensive de grande ampleur de ces derniers dans le nord du pays et avec la complicité d'anciens cadres du Parti Baas de Saddam Hussein[16],[17]. Selon une ONG, cinq cent mille civils fuient la ville[18].
Après avoir vu leurs maisons marquées de la lettre de l'alphabet arabe ن, signifiant Nazrani (Nazaréen), les chrétiens de Mossoul — environ 10 000 personnes principalement présentes dans les quartiers d'Alzehours et de Dargazliya — doivent choisir entre se convertir, payer un impôt de capitation (jizya) aux islamistes ou quitter la ville ; ils fuient en masse, se faisant par ailleurs souvent racketter leurs biens[19],[20].
Plusieurs monuments historiques sont démolis par les djihadistes de l'État islamique. Le 24 juillet 2014, deux mosquées sont détruites à l'aide d'explosifs, dont celle qui contenait la tombe du prophète Jonas[21], ainsi que d'autres restes archéologiques datant du VIIIe siècle av. J.-C. et de l'antique Ninive[22]. En février 2015, les djihadistes détruisent à la masse et au marteau-piqueur, des statues et des fresques assyriennes et parthes du musée de Mossoul[23], dans le même temps, la bibliothèque de la ville est volontairement incendiée, environ 8 000 ouvrages anciens partent alors en fumée[24].
Le 17 octobre 2016, le gouvernement irakien annonce le lancement de l'opération pour la reprise de la ville de Mossoul. Outre la participation des peshmergas kurdes dans l'offensive terrestre en attaquant à l'est de Mossoul, les forces irakiennes comptent sur le soutien militaire des États-Unis[25]. Alors que les combats empêchent l'accès de la ville, les habitants souffrent de malnutrition[26].
En mars 2017, Mossoul est victime de plusieurs attaques aériennes sous l'égide du gouvernement américain, qui causent la mort d'au moins 150 personnes. Le nombre de civils morts aurait doublé depuis la prise de pouvoir du président Trump aux États-Unis en raison du comportement des forces américaines depuis lors[27].
Le 21 juin, la grande mosquée d'Al-Nouri est détruite par l'État islamique, alors que les soldats de l'armée irakienne ne sont plus qu'à une cinquantaine de mètres de l'édifice[28],[29]. C'est dans ce lieu qu'Abou Bakr al-Baghdadi était apparu pour la première fois le , quelques jours après la proclamation du califat par son organisation[28],[30].
Le 9 juillet 2017, l'Irak annonce la libération de Mossoul[31].
Au cours de la bataille, près de 20 000 maisons et six des cinquante-quatre quartiers que compte la partie ouest de la ville ont été presque entièrement détruits, et une dizaine d'autres quartiers gravement endommagés. C'est pourquoi plus de 900 000 Mossouliotes, soit la moitié de la population, sont privés de leur logement, obligeant un tiers d'entre eux à vivre dans des camps humanitaires, les autres étant hébergés chez des amis ou des voisins[32].
D'après une évaluation de l'ONU effectuée en , la reconstruction des seules infrastructures d'eau, d'électricité, des égouts, des routes, des ponts, des universités, des hôpitaux, des chemins de fer, devrait prendre cinq ans et coûter 700 millions de dollars. Le ministère irakien du Plan a évalué fin mai 2017 à 100 milliards de dollars sur dix ans la reconstruction des infrastructures et logements, en incluant toutes les zones qui ont été tenues par l'EI dans le pays[32].
Dans la partie orientale de la ville, des habitants ont pris en main le nettoyage de leurs quartiers, tandis que des écoles et des commerces ont rouvert, même si l'alimentation en électricité demeure aléatoire[32].
De nombreuses ONG agissent sur place pour aider les populations marquées par la guerre et par les exactions de l'EI[33],[34].
En septembre 2024, un reportage de l'AFP à Mossoul décrit une ville reconstruite où la vie sociale, notamment nocturne, a largement repris dans les cafés, les restaurants, et les bars à chicha[35].
Yehuda Alharizi, rabbin et poète d'Espagne qui visite le Kurdistan en 1230 est impressionné par la splendeur des synagogues de Mossoul[39]. Aujourd'hui, il semble qu'elles ont toutes été détruites[40], comme la synagogue Sassoun[41], ou converties en mosquées comme celle du prophète Ézéchiel[21]. Cependant une ancienne synagogue désaffectée depuis les années 1950, transformée en dépôt de munitions et d’obus par l'État islamique, subsiste à l'état de ruine dans la vieille ville de Mossoul[42],[43].
La ville compte 80 % de musulmans sunnites[réf. nécessaire].
La ville est le siège de l’archidiocèse syriaque orthodoxe de Mossoul dont l’archevêque est, en 2015, Mor Nicodemus Daoud Sharaf[44].
Une communauté juive existait à Mossoul depuis l'Antiquité, « forte de plusieurs dizaines de milliers d’âmes » quand elle a dû émigrer au milieu du XXe siècle, dont il ne reste quasiment plus personne[43],[39].
D'importants gisements de pétrole à proximité assurent une bonne partie de son activité (raffineries). C'est également le principal marché agricole de la région (céréales, plantes textiles, fruits).
Mossoul est desservie par un aéroport international situé au sud centre-ville.
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.