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science de la maladie mentale De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La psychopathologie (des mots grecs : psukhê, « âme » et pathos, maladie) est l'étude scientifique et clinique des troubles psychiques (ou troubles mentaux) par la psychologie ou la psychiatrie.
La reconnaissance des troubles mentaux comme maladies date du début du XIXe siècle avec la parution d'une publication de Philippe Pinel (1801).
La psychopathologie pose le problème de la définition et description des troubles, et de la différence entre le normal et le pathologique. Elle porte sur les critères diagnostiques des troubles et sur leur classification. Elle tente de comprendre les facteurs influençant ou causant les troubles, les mécanismes de mise en place et de développement des troubles, ce qui permet de proposer des traitements et d'évaluer des pronostics.
La reconnaissance des troubles mentaux comme maladies date du début du XIXe siècle avec la parution du Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale ou la manie de Philippe Pinel (1801)[1].
Les deux principaux systèmes de classification des troubles mentaux pour les personnes de tous âges sont la CIM-10 (système international de classification des maladies publié par l'Organisation mondiale de la santé) et le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders)Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux publié et régulièrement actualisé, par l'American Psychiatric Association (APA)[2],[3].
Les classifications du DSM et CIM tendent à circonscrire leur champ d'étude à la faveur d'une approche scientifique convoquant clinique, épidémiologie, génétique et neurosciences, positive des symptômes lesquels ne sont pas référés à des conflits inconscients sous-jacents à la différence de la psychanalyse[4]. Toutefois, la psychopathologie psychiatrique peut également faire référence à Freud ou à la psychanalyse[4],[5]
La distinction entre normal et pathologique a fait l'objet de nombreuses discussions, tant la frontière entre les deux est parfois difficile à définir[6].
En psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, un comportement est considéré comme pathologique lorsqu'il remplit un ou plusieurs des critères suivants [6]:
Ces critères, considérés de manière isolée, ne sont pas suffisant pour parler de psychopathologie. En pratique, la distinction entre normal et pathologique est souvent difficile à établir[6]. Les diagnostics s'appuient sur plusieurs entretiens, examens ou tests psychologiques et / ou échelles de comportements qui évaluent non seulement la catégorie pathologique mais également sa nature précise et son intensité. Malgré cela, il existe toujours une part de jugement social et de valeur (familiale, sociale, culturelle) dans l'évaluation du normal et du pathologique[6].
Par ailleurs, on peut aussi étudier la psychopathologie des animaux qui se présente sous diverses formes.
Georges Canguilhem propose de substituer la notion de normativité à celle de norme et la notion d’ordre à celle de valeur. Cet auteur « biologise » la notion de norme et considère que ce n'est pas à la science de juger du normal car c’est avant tout la vie qui en fait un concept de valeur. On ne peut pas non plus poser le problème de la normalité ou de l’anormalité sans tenir compte des normes sociales ou individuelles. La psychopathologie identifie ainsi trois types de normalité : la normalité comme norme sociale, la normalité comme idéal, la normalité comme absence de maladie. Canguilhem propose encore le concept d’« anomalie » qui se définirait comme « ce qui se laisse voir en se dégageant de l’ensemble lisse et uni qui l’entoure ». Elle est observable. La psychopathologie s’intéresserait alors plus à l’anomalie qu’à l’anormalité.[réf. souhaitée]
À propos de la différence entre une sémiologie étroite, c'est-à-dire simplement rivée aux symptômes, et une réflexion approfondie qui fonde la psychopathologie, Eugène Minkovski écrivait en 1929 : « Certes, quand il s'agit de rédiger un certificat d'internement ou d'enseigner les éléments de la psychiatrie au médecin praticien, les hallucinations, les idées délirantes, les impulsions, les réactions anti-sociales, l'agitation, la dépression, suffisent amplement. Il n'en est plus de même quand, en psychologues, nous essayons de comprendre le fond qui conditionne tous les troubles dont je viens de parler et sont déjà forts complexes de par leur nature. Ici, nous nous sentons souvent dépourvus de notions appropriées. De là le désir d'élargir les conceptions courantes, voire d'envisager les troubles mentaux sous un angle tout différent de celui auquel nous sommes habitués. Ce désir, évidemment, a quelque chose de révolutionnaire. Cela, cependant, ne doit pas nous faire reculer. »[7].
La psychopathologie biologique désigne une orientation particulière des conceptions et des recherches dans lesquelles l’accent est mis principalement sur l’influence des modifications morphologiques ou fonctionnelles du système nerveux sur la genèse des troubles mentaux[8].
Pour Freud, les concepts de névrose et de psychose sont les plus opérants en ce qui concerne une classification des troubles psychiques[9] mais il prend soin, notamment à travers son ouvrage Psychopathologie de la vie quotidienne de faire remarquer que la psychanalyse ne se réduit pas au seul domaine du pathologique[10].
Pour le psychanalyste Roger Dorey : « Le recueil et l'assemblage de symptômes comme constituant une sémiologie "en-soi" est une pure abstraction. Il n'y a pas de sémiologie innocente, pas plus qu'il n'existe d'observation neutre ou objective. » Pour cet auteur, « le danger n'est pas ainsi d'être soumis à nos présupposés théoriques, bien au contraire, ce sont eux qui éveillent et enrichissent notre investigation; le danger c'est de méconnaître une telle détermination, de la nier, car c'est s'engager irrémédiablement dans une voie en impasse[11] »
Daniel Widlöcher déclare que juger d’une conduite en termes de normalité ou d’anormalité renvoie obligatoirement à un jugement normatif. Cependant, la notion de norme se réfère à celle de moyenne. Or, cette dernière est sujette à caution. Pour Widlöcher, le propre de la psychopathologie est l'étude de ces conduites marquées que sont les anomalies, d'en repérer la genèse, d'en définir la fonction et d'en préciser le mécanisme.
En France la vision structurale (voir structure en psychopathologie ) développée par le courant du psychanalyste Jean Bergeret a influencé et influence encore les enseignements, notamment dans les facultés de psychologie. Pour Jean Bergeret, il faut éviter « une conception de la "normalité" empreinte du sadisme lié aux statistiques ou aux idéaux » tout autant qu'une tentation masochique systématiquement allergique à tout composé du radical "norme[12]".
Pour René Roussillon, le symptôme est l'un des aspects du trouble psychique déterminé par des types d'angoisses, des défenses et de relations d'objet. La définition suivante permet de penser la relativité des normes : « La psychopathologie peut être définie comme une approche visant une compréhension raisonnée de la souffrance psychique. » [13]
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