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langue slave De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le serbe (en alphabet cyrillique serbe cрпски, en alphabet latin serbe : srpski, prononcé /sr̩̂pskiː/) est l’une des variétés standard, utilisée par les Serbes, de la langue serbo-croate[2], et désignée par certains linguistes « diasystème slave du centre-sud »[3], štokavski jezik « langue chtokavienne »[4], standardni novoštokavski « néochtokavien standard »[5] ou BCMS (bosnien-croate-monténégrin-serbe)[6].
Serbe српски / srpski | |
Pays | Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Croatie, Slovénie, Macédoine du Nord, Roumanie, Hongrie et diaspora serbe |
---|---|
Nombre de locuteurs | 8 à 9 millions[1] |
Nom des locuteurs | serbophones |
Typologie | SVO + ordre libre, flexionnelle, accusative, accentuelle, à accent de hauteur |
Classification par famille | |
Statut officiel | |
Langue officielle | Serbie Bosnie-Herzégovine Monténégro (coofficielle) Kosovo (coofficielle) |
Régi par | Odbor za standardizaciju srpskog jezika |
Codes de langue | |
IETF | sr
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ISO 639-1 | sr
|
ISO 639-2 | srp
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ISO 639-3 | srp
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Étendue | langue individuelle |
Type | langue vivante |
Linguasphere | 53-AAA-g
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Glottolog | serb1264
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Échantillon | |
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)
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Du point de vue de la sociolinguistique, c’est une langue standardisée pluricentrique[7] commune aux Serbes, aux Croates, aux Bosniaques et aux Monténégrins, ayant pour base son dialecte chtokavien, ses autres variétés standard étant le croate, le bosnien et le monténégrin[8].
La standardisation du serbe actuel fut commencée par Vuk Stefanović Karadžić au début du XIXe siècle, partiellement en accord avec les lettrés Croates qui œuvraient à la standardisation de leur langue littéraire[9]. Il en a résulté un standard peu différent de celui du croate, notamment par l’alphabet cyrillique réformé par Karadžić et son orthographe pratiquement phonémique. Cet alphabet a reçu son correspondant latin exact proposé par le Croate Ljudevit Gaj, adopté ultérieurement par le standard serbe à côté du cyrillique. Après la désintégration de la Yougoslavie, le serbe est devenu officiel avec l’appellation « langue serbe »[10], et de sa norme s’occupent l’Institut de la langue serbe, ainsi que le Comité pour la standardisation de la langue serbe[11].
Le serbe est utilisé non seulement par les Serbes de Serbie, mais aussi par les minorités nationales serbes des pays voisins de la Serbie, ainsi que par les nombreux Serbes émigrés en Europe de l’Ouest, en Amérique du Nord et en Australie.
Le nombre de locuteurs de serbe est estimé entre 8 et 9 millions[1]. Les données ci-dessous ne reflètent le nombre de locuteurs de serbe que si c’est explicitement mentionné, vu que la plupart des statistiques se réfèrent aux personnes d’ethnie serbe ou provenant de Serbie. Parmi ceux-ci on ne peut pas savoir combien parlent effectivement le serbe. On ne sait pas non plus, concernant les personnes résidant en dehors de la Serbie, combien s’y sont établies définitivement et combien y séjournent provisoirement. De plus, dans certains pays, les statistiques ne distinguent pas le serbe du serbo-croate.
La distribution de la population serbe dans le monde est la suivante :
Pays | Nombre de personnes | Statut des personnes | Année |
---|---|---|---|
Serbie[12] | 6 330 919 | de langue maternelle serbe | 2011[13] |
Bosnie-Herzégovine | 1 264 526[14] | d’ethnie serbe | 2015[15] |
Monténégro | 265 895 | de langue maternelle serbe | 2011[16] |
Allemagne | 155 306 | citoyens de Serbie inscrits au Registre central des étrangers | 2011[17] |
Croatie | 186 633 | d’ethnie serbe[18] | 2011 |
52 879 | de langue maternelle serbe[19] | ||
Autriche | 134 679 | nées en Serbie | 2015[20] |
États-Unis | 70 260 | parlant serbe à la maison | 2013[21] |
Australie | 55 116 | parlant serbe à la maison | 2011[22] |
Italie | 31 342 | citoyens de Serbie | 2022[23] |
Canada | 58 470 | de langue maternelle serbe | 2011[24] |
Slovénie | 38 964 | d’ethnie serbe | 2002[25] |
Macédoine du Nord | 35 939 | d’ethnie serbe | 2002[26] |
Roumanie | 20 377 | de langue maternelle serbe | 2011[27] |
Hongrie | 10 038 | d’ethnie serbe, de langue maternelle serbe ou parlant serbe en famille et avec les amis | 2011[28] |
Slovaquie | 698 | d’ethnie serbe | 2011[29] |
Le serbe est la langue officielle en Serbie, au Kosovo[30], en Bosnie-Herzégovine et au Monténégro[31]. Il est également une langue minoritaire reconnue, c’est-à-dire officiellement utilisable (dans des conditions différentes de pays à pays), en Croatie[32], en Macédoine du Nord, en Roumanie[33], en Hongrie[34], en Slovaquie[35] et en Tchéquie.
Le serbe standard se fonde sur le dialecte chtokavien (štokavski) du diasystème slave du centre-sud, dialecte parlé dans la plus grande partie de la Serbie, ainsi que par les Serbes de Bosnie-Herzégovine et du Monténégro. Le même dialecte est parlé par la plupart des Croates, par les Bosniaques et par les Monténégrins[36].
Certains linguistes[37] considèrent comme serbe un dialecte appelé torlakien (torlački), proche du bulgare et du macédonien, notamment par la perte de la déclinaison des noms et des adjectifs.
L’une des divisions du chtokavien est faite en trois groupes de dialectes, sur la base de la façon dont a évolué le son ĕ du vieux-slave transcrit par la lettre ѣ, appelée « yat ».
Le torlakien est inclus dans une autre division du serbe, qui comprend cinq groupes de parlers: de Voïvodine-Šumadija, de Herzégovine de l’Est, de Zeta-Lovćen, de Kosovo-Resava et de Prizren-Timok. C’est ce dernier qui correspond au torlakien[38].
Le stardard admet les prononciations ékavienne et (i)jékavienne, ainsi que leur transcription, sans admettre la prononciation ikavienne, ni la variante torlakienne. La grande majorité des médias de masse serbes est ékavienne.
L’histoire du serbe est étroitement liée aux débuts et au développement de la littérature en cette langue[39].
Les premiers documents pouvant être considérés comme de langue serbe sont écrits en alphabet cyrillique et datent des XIe – XIIe siècles. Le plus important est Miroslavljevo jevanđelje Évangile de Miroslav[40]. Il y a deux processus qui commencent : d’un côté, la langue parlée évolue d’une façon spontanée et des dialectes prennent naissance, d’un autre côté, les lettrés s’ingénient à standardiser la langue. La langue littéraire serbe a en fait été sujette à plusieurs standardisations.
La première standardisation a lieu au début du XIIIe siècle, sous le règne du premier roi serbe, Stefan Ier Nemanjić. Elle est effectuée par le frère du roi, Rastko Nemanjić (plus connu sous le nom de Saint Sava, fondateur de l’église orthodoxe serbe autocéphale), autour de l’année 1220. À cette époque-là, la langue serbe écrite commence à s’éloigner du slavon d'église utilisé jusqu’alors, reflétant les modifications phonétiques qui s’étaient produites par rapport à cette langue. La variété ainsi créée est appelée langue slavo-serbe, notée en écriture nommée de Raška. Du point de vue langagier, l’ouvrage le plus significatif de Saint Sava est le Karejski tipik (le Typikon de Karyès). Dušanov zakonik (le Code de Dušan), écrit dans les années 1349-1354, utilise la même langue.
La réforme linguistique suivante se produit sous le règne de Stefan Lazarević, autour de l’année 1400. Elle est effectuée au monastère de Manasija située au bord de la rivière Resava, sous la direction du lettré bulgare Constantin le Philosophe. La réforme de l’école de Resava est archaïsante et influencée par le grec. En fait, elle rapproche le standard serbe du standard bulgare. Des œuvres parues dans cette variété de langue sont, par exemple, Slovo Ljubve (la Parole de l’amour) (1409) de Stefan Lazarević et Žitija despota Stefana Lazarevića (Vie du despote Stefan Lazarević) (1433) de Constantin le Philosophe.
Entre les XVIe et XVIIIe siècles, époque la plus dure de la domination ottomane, la littérature serbe décline considérablement. Le seul vestige remarquable de la culture serbe médiévale survit au monastère de Beočin, grâce aux moines copistes de manuscrits qui s’y réfugient pour échapper aux Turcs, en venant du monastère de Rača. Parmi eux se distingue Gavril Stefanović Venclović (1680-1749), caractérisé par un curieux bilinguisme. En effet, il écrit les livres religieux selon les normes de l’école de Resava, mais ses sermons dans la langue du peuple.
Entre 1680 et 1690, un grand nombre de Serbes se réfugient de la Serbie sous domination turque dans l’empire d'Autriche, surtout dans le Banat, sous la direction du patriarche Arsenije III Čarnojević (en serbe actuel Crnojević). Les Autrichiens essayent de convertir les Serbes au catholicisme et en même temps de leur imposer une langue slave du sud unitaire, basée sur le croate s’épanouissant à l’époque en Dalmatie, en Bosnie et en Slavonie. Ils essayent aussi de remplacer l’écriture cyrillique utilisée dans les écoles des Serbes par l’écriture en alphabet latin. Ces tentatives sont perçues par les Serbes comme des atteintes à leur identité religieuse et nationale, et le clergé serbe demande l’aide du tsar Pierre Ier de Russie, qui leur envoie des livres et des maîtres d’école. Pensant, de façon erronée, que la variante russe du slavon est plus ancienne que la variante serbe de la même langue, le clergé adopte la première. Celle-ci continue à être la langue liturgique de l’église orthodoxe serbe au XXIe siècle. Influencée par la langue liturgique, la langue de la littérature séculière de l’époque est un mélange d’éléments des parlers de Voïvodine, de la variante russe du slavon et de la langue russe.
Dans la première moitié du XIXe siècle, avec l’aide de philologues éminents de l’époque, tels les frères Grimm, et du pouvoir autrichien (représenté par le linguiste slovène Jernej Kopitar), Vuk Stefanović Karadžić entreprend une réforme profonde du standard de la langue serbe. Il jette les bases de la langue littéraire serbe actuelle par son Dictionnaire serbe publié pour la première fois en 1818 (mais largement répandu seulement par son édition de 1852), sa traduction du Nouveau Testament et par d’autres ouvrages. La base de ce standard est le parler de Karadžić, chtokavien à prononciation ijékavienne de l’Herzégovine de l’Est, parlée également en Serbie du Sud-ouest.
Sous l’influence du romantisme d’Europe de l'Ouest, Karadžić recommande la poésie populaire pour modèle de la langue littéraire et rejette les normes russifiantes, qui ne correspondent pas au système phonémique et à la structure grammaticale du serbe. Dans le même temps, il simplifie l’orthographe le plus possible, en lui appliquant le principe phonologique.
La réforme de Karadžić est influencée par la littérature croate aussi. D’ailleurs, son activité est approximativement contemporaine de la standardisation du croate, effectuée toujours à partir du dialecte chtokavien à prononciation ijékavienne. Plus encore, il y a des mises en commun entre les élaborateurs des deux standards, par exemple par le biais de l’« Accord de Vienne » signé en 1850 par sept intellectuels croates et serbes (parmi lesquels Vuk Karadžić), à l’initiative du linguiste slovène Franc Miklošič.
Par la suite, la prononciation ékavienne de la bourgeoisie de Voïvodine et de Serbie est aussi incluse dans le standard, devenant prédominante mais n’excluant pas la prononciation ijékavienne. En 1868, le standard de Karadžić devient officiel en Serbie.
À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, le domaine linguistique interfère avec le domaine politique, la relation entre serbe et croate oscillant d’une époque à l’autre entre l’idée d’une langue unique et celle de deux langues à part, en fonction des événements historiques que leurs locuteurs traversent.
Au milieu du XIXe siècle, les Serbes commencent à utiliser l’alphabet latin croate à côté de l’alphabet cyrillique. Đura Daničić commence à rédiger dans cet alphabet légèrement modifié ce que sera le Dictionnaire de l’Académie yougoslave des sciences et des arts, achevé seulement dans les années 1970.
Le rapprochement entre serbe et croate continue après la Première Guerre mondiale, cette fois dans le cadre du royaume des Serbes, Croates et Slovènes, devenu plus tard le royaume de Yougoslavie, sous l’égide de la Serbie, pays vainqueur dans la guerre. L’idée de la langue serbo-croate est de plus en plus soutenue par les autorités de Belgrade.
Dans la Yougoslavie communiste d’après la Seconde Guerre mondiale, la promotion de la langue serbo-croate et les tentatives d’estomper les différences entre le serbe et le croate deviennent les composantes d’une politique linguistique officielle, ce qui ressort de l’« Accord de Novi Sad » de 1954, signé par vingt-cinq linguistes et écrivains, dix-huit serbes et sept croates. On y stipule que la langue commune des Serbes, des Croates, des Monténégrins et des Bosniaques est le serbo-croate, que l’on peut aussi appeler croato-serbe, ayant deux variétés littéraires, le serbe et le croate. Par le même accord, on décide de publier un dictionnaire commun.
Dans cette période, le serbe s’éloigne en partie de la langue devenue « rurale » de Karadžić. À la suite du procès d’urbanisation, il se répand ce qu’on appelle le « style de Belgrade ».
À la suite de la désintégration de la Yougoslavie, le serbe et le croate s’éloignent de nouveau l’un de l’autre. En serbe, cela se manifeste, par exemple, par la réapparition, dans la langue littéraire, de certains éléments de la langue de l’église, et la constitution de la Serbie stipule que la langue officielle de l’État est le serbe écrit avec l’alphabet cyrillique[10]. Cependant, l’alphabet latin reste d’usage courant.
En 1997 est créé le Comité pour la standardisation de la langue serbe, qui œuvre pour le remplacement du standard du serbo-croate, mais sans pratiquer le purisme envers les mots croates, qu’il traite comme des emprunts[41]. Dans le même temps, il soutient l’utilisation de l’alphabet cyrillique, mise en danger par celle de l’alphabet latin, et promeut le remplacement des emprunts de plus en plus nombreux à l’anglais par des mots serbes[42].
Cette section traite de manière succincte des principaux aspects phonologiques, phonétiques et prosodiques de la langue serbe[43].
Le serbe a cinq phonèmes vocaliques :
Le serbe dispose de 25 consonnes :