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réalisateur, scénariste et producteur américain De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Steven Spielberg /ˈstiːvən ˈspiːlbɝɡ/[1], né le à Cincinnati en Ohio (États-Unis), est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
Président du jury du festival de Cannes | |
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Naissance | |
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Nom de naissance |
Steven Allan Spielberg |
Nationalité | |
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Saratoga High School (en) (jusqu'en ) Université d'État de Californie à Long Beach (jusqu'en ) Arcadia High School (en) |
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Père | |
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Leah Adler |
Fratrie | |
Conjoint |
Kate Capshaw (depuis ) |
Enfants |
Jessica Capshaw Max Spielberg (d) Theo Spielberg (d) Sasha Spielberg Sawyer Spielberg (en) Destry Allyn Spielberg (en) |
Réalisateur le plus rentable de l'histoire du cinéma, Spielberg est considéré comme l’un des plus importants et influents cinéastes de tous les temps.
Issu de la génération du Nouvel Hollywood des années 1970, il a commencé sa carrière en réalisant des épisodes de séries télévisées et des longs métrages mineurs pour Universal Pictures. Il se révèle au grand public américain et étranger en réalisant le téléfilm Duel qui est un immense succès critique et lui permet de réaliser ensuite la super-production d'horreur et à suspense Les Dents de la mer (1975), dont le succès critique et commercial lance sa carrière. Il enchaîne alors les réussites, tant nationales qu'internationales, avec les œuvres de science-fiction Rencontres du troisième type (1977) et E.T., l'extra-terrestre (1982). Dans les années 1980, il a également réalisé en collaboration avec son ami George Lucas les trois premiers volets de la saga d'aventure fantastique Indiana Jones (1981, 1984, 1989) et il s'est aussi essayé au drame historique avec La Couleur pourpre (1985) et Empire du soleil (1987).
Après un bref passage à vide, il a connu la consécration en réalisant le film de science-fiction et d'aventure Jurassic Park (le plus grand succès de sa carrière) mais aussi le drame historique La Liste de Schindler (1993). Ensuite, il a réalisé Le Monde perdu : Jurassic Park (1997), suite du premier opus puis le film de guerre Il faut sauver le soldat Ryan (1998). Dans les années 2000, il a poursuivi dans la science-fiction en réalisant A.I. Intelligence artificielle (2001), Minority Report (2002) et La Guerre des mondes (2005). Depuis, il est revenu aux films d'aventures avec le quatrième opus de la saga Indiana Jones (2008), Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne (2011) et Ready Player One (2018). En parallèle, il a réalisé plusieurs fresques historiques tels que Munich (2005), Lincoln (2012) et Le Pont des espions (2015).
Il possède ses propres sociétés de production qu'il a cofondées respectivement en 1981 et 1994 : Amblin Entertainment et DreamWorks Pictures. À travers ces deux studios, il a produit de nombreux films à succès comme Poltergeist (1982), Gremlins (1984), les sagas Retour vers le futur (1985-1990) et Men in Black (1997-2019) ou encore Mémoire de nos pères (2006).
Il est également connu pour sa longue collaboration avec le compositeur John Williams qui a travaillé sur presque tous ses longs métrages. Un grand nombre d'entre eux ont été des succès critiques et sept ont été sélectionnés par le National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis pour y être conservés, en raison de leur « importance culturelle, historique ou esthétique ».
Il est récipiendaire de nombreuses distinctions, dont trois Oscars, deux BAFTA Awards et quatre Golden Globe Awards. Barack Obama lui remet également en 2015 la Presidential Medal of Freedom, plus haute décoration civile des États-Unis.
Steven Allan Spielberg est né à Cincinnati (Ohio) le [2],[3],[4] dans une famille américaine de confession juive et d'origine juive ukrainienne. Son père est Arnold Spielberg[5] (1917-2020), ingénieur électrique[6] et créateur en 1959 de l'ordinateur GE-225, destiné au groupe General Electric, sur lequel les étudiants et chercheurs de l’université de Dartmouth créeront la première version de BASIC, langage de programmation ayant accompagné toute une génération de programmeurs (de Bill Gates avec Microsoft à Steve Jobs avec Apple) dans la révolution de l'informatique personnelle. Sa mère, Leah[7] Frances Adler (1920-2017, née Posner), était pianiste de concert avant d'ouvrir le restaurant casher The Milky Way[6],[8] à Los Angeles.
Il a trois sœurs : Anne, Sue et Nancy. Son prénom hébraïque est Samuel, en hommage à son grand-père paternel Samuel (Shmuel) Spielberg, immigrant ukrainien de Kamenets-Podolski mort une année avant sa naissance. Sa grand-mère paternelle Rebecca (Chechick) Spielberg, également native d'Ukraine, était originaire de Sudilkov, tandis que son grand-père maternel, Philip (Fievel) Posner, était originaire de la ville portuaire d'Odessa. Sa grand-mère maternelle, Jennie (Fridman) Posner, est née à Cincinnati de parents juifs polonais. C’est dans cette même ville que ses parents sont nés et où il a vécu ses premières années.
Il vit ensuite à Haddon Township (en) dans le New Jersey, puis à Scottsdale en Arizona[9]. Il affirme avoir été durant son enfance et sa jeunesse l'objet, dans son quartier[10] ou à l'école — particulièrement à la Saratoga High School en Californie[11] — d'un antisémitisme qui le pousse à renier ses origines juives durant plusieurs années[12].
Lecteur de bandes dessinées, il admire celles publiées par EC Comics[13]. Côté cinéma, il découvre à Phoenix un nouveau film chaque samedi[14]. Certains l'influenceront et l'inspireront fortement comme Godzilla, King of the Monsters! (1956)[15],[16], les films d'Akira Kurosawa[17],[18], Capitaines courageux (1937), Pinocchio (1940) et surtout Lawrence d'Arabie (1962) de David Lean, qu'il décrit comme « le film qui m'a lancé dans mon voyage[19]. »
En 1959, à l'âge de douze ans, il tourne en autodidacte son premier film, The Last Gunfight[20], à la demande d'un de ses chefs scouts. Il s'agit d'un western de quatre minutes, filmé avec la caméra 8 mm de son père. Il enchaîne en 1961 avec Escape to Nowhere[21] et Battle Squad, deux films de guerre, puis en 1964 Firelight[22], un film de science-fiction de 140 minutes[23], fortement influencé par Le Monstre (The Quatermass Xperiment) de Val Guest.
Ses parents divorcent en 1964, ce qui le marquera profondément. Il part vivre à Los Angeles avec son père[24], alors que ses trois sœurs restent avec leur mère à Saratoga. Pas intéressé par les études universitaires, il n'aspire qu'à devenir cinéaste[25]. Il a postulé à l'école de cinéma de l'université du Sud de la Californie mais est refusé en raison de ses notes médiocres[26]. Il s'inscrit finalement à l'université d'État de Californie à Long Beach[27]. Il avait également suivi les cours d'art dramatique de l'école d'Arcadia, à Phoenix en 1961[28],
Steven Spielberg tourne Amblin', qui sera brièvement diffusé en 1968[29]. Le titre deviendra celui de sa société de production fondée en 1981. Ce court métrage raconte l'histoire de deux jeunes gens qui vont en auto-stop du désert jusqu'au Pacifique, sans échanger une parole. Amblin’, réalisé avec Allen Daviau, futur chef opérateur de E.T. et de plusieurs autres films du cinéaste, remporte plusieurs prix[30]. Il permet aussi au jeune homme d'être repéré par Sidney Sheinberg, alors vice-président d'Universal Pictures, qui lui propose un contrat de sept ans[31]. Un an plus tard, il abandonne ses études pour commencer à réaliser des productions télévisuelles pour le studio[32]. Cela a fait de lui le plus jeune réalisateur à signer un plan à long terme avec un grand studio hollywoodien[33]. Il retournera à l'université d'État de Californie de Long Beach en 2002 et obtiendra un baccalauréat universitaire[34], mention Film Production and Electronic Arts[35].
Chez Universal, Steven Spielberg se fait remarquer pour ses compétences techniques et se forge une certaine réputation. Il dirige Joan Crawford dans The Eyes, l'un des trois épisodes pilotes de la série fantastique Night Gallery, créée par Rod Serling. Il enchaîne avec notamment le troisième épisode de la première saison de Columbo, Le Livre témoin (Murder by the book)[36],[37].
Âgé de 25 ans, il réalise ce qui deviendra son premier succès notable, le téléfilm Duel. Adapté d'une nouvelle de Richard Matheson, le téléfilm raconte l'histoire d'un camion dont le chauffeur — qui demeure invisible aux spectateurs — poursuit un voyageur de commerce sans relâche et sans motif apparent. En dépit de son budget minimal et de son tournage très court (douze jours seulement), l'œuvre fait immédiatement sensation pour l'efficacité de sa mise en scène qui rend au mieux la sensation de peur primaire propre aux situations extrêmes, lorsque la vie est subitement menacée. Le film remporte notamment le Grand Prix du premier festival international du film fantastique d'Avoriaz. Son succès à la télévision est tel que le film sort, en version longue, dans les salles de cinéma en 1973[38],[39].
En 1974, Steven Spielberg se voit confier la réalisation de son premier long métrage pour le cinéma, Sugarland Express. Inspiré d'une histoire vraie, il raconte l'aventure de deux marginaux (interprétés par Goldie Hawn[40] et William Atherton) et de leur otage, poursuivis par un déploiement carnavalesque de policiers et de journalistes. Malgré un prix du scénario au festival de Cannes 1974, c'est un cuisant échec au box-office avec seulement 12 millions de dollars récoltés dans le monde[41]. Universal avait refusé d'en assurer la promotion, jugeant le sujet trop difficile. Selon d'autres informations[réf. nécessaire], le studio aurait saboté sa sortie pour privilégier celle de L'Arnaque, avec Paul Newman, Robert Redford et Robert Shaw[42]. Ce film marque le début d'une collaboration unique dans les annales du cinéma : John Williams signe la première de ses vingt-neuf compositions pour un film de Steven Spielberg[43].
Certains[Qui ?] considéraient alors la carrière du réalisateur terminée, mais le hasard en décide autrement. Sur le bureau de ses producteurs de Sugarland Express, il est intrigué par un manuscrit portant le titre Jaws, adapté du roman du même titre de Peter Benchley dans lequel un requin géant terrorise une petite ville côtière des États-Unis. Une fois chez lui, le jeune réalisateur « dévore » le livre et décide d'en réaliser l'adaptation cinématographique. L'échec de son film précédent lui porte préjudice mais il parvient à réunir un budget de quatre millions de dollars[44] pour faire son œuvre.
Ayant réuni des acteurs moins connus (Robert Shaw, Richard Dreyfuss, Roy Scheider), la production peut enfin commencer. Un tournage laborieux de cent-cinquante-cinq jours qui conduira à un fort dépassement de budget (estimé finalement à 9 millions de dollars[44]). Un des trois requins mécaniques ne fonctionne pas toujours très bien (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on ne l'aperçoit pas au début du film) et les caprices de la météo et de l'océan n'arrangent pas les choses. De plus, une partie des acteurs et des techniciens est découragée[45]. Intitulé Les Dents de la mer en français, le film sort en 1975 et, contre toute attente, est un succès dépassant de loin les prévisions les plus optimistes des studios. En fait, pour la première fois, les recettes d'un film dépassent les cent millions de dollars pour atteindre finalement les 470 000 000 de dollars dans le monde. Reconnu comme l'un des premiers blockbusters, il sera détrôné sur ces records par La Guerre des étoiles (1977) de son ami George Lucas.
Grand admirateur d'Alfred Hitchcock — il s'incrusta sur le plateau de Complot de famille, en 1976, pour observer Hitchcock au travail mais fut remarqué et éconduit[46] — il a utilisé dans Les Dents de la mer une méthode de prise de vue utilisée par le réalisateur pour Sueurs froides : le travelling contrarié (aussi appelé Dolly Zoom), ayant pour principe de reculer la caméra sur un rail (le modèle du rail est une Dolly, d'où le deuxième prénom Dolly Zoom) pendant un rapide zoom avant.
Fort de ce succès, Steven Spielberg se lance dans un autre grand projet, qu'il rêve de réaliser depuis longtemps : une histoire d'extra-terrestres pacifiques débarquant sur Terre pour y rencontrer l'espèce humaine. Scientifiquement, un tel contact est dénommé « rencontre du troisième type », expression qui donnera son nom au film sorti en 1977, dans lequel joue François Truffaut dont Steven Spielberg est un fervent admirateur. Surfant sur la vague de Star Wars, l'œuvre est une réussite commerciale, le public se presse pour voir ce nouveau film de science-fiction.
En 1977, il est président du jury du 5e festival international du film fantastique d'Avoriaz. Son jury est notamment composé du scénariste et dialoguiste français Michel Audiard, de l'actrice américaine Sydne Rome et du réalisateur français Claude Sautet. Il y consacre Carrie au bal du diable de Brian De Palma.
En 1979, Steven Spielberg connaît son second revers après Sugarland Express : la comédie loufoque 1941[47], dans laquelle jouent entre autres les deux Blues Brothers : Dan Aykroyd et John Belushi, est considérée comme un échec tant sur le plan artistique que commercial. Se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale, le film traite de la paranoïa qu'a connue la Californie après l'attaque de Pearl Harbor par les Japonais ; la côte Ouest pensait être elle aussi la cible d'une nouvelle attaque de leur part. Malgré ses 90 millions de dollars récoltés dans le monde, pour un budget d'environ 35 millions, le film reste considéré comme un échec commercial en comparaison avec les deux précédents opus du réalisateur[48].
Au début des années 1980, Steven Spielberg désire ardemment réaliser un épisode de la saga James Bond[49]. George Lucas, fort du succès de Star Wars, revoit de son côté les films d'aventures et serials des années 1930, dont ceux de Fritz Lang. C'est ainsi que les deux amis ont l'idée de créer leur propre personnage, héros d'une grande saga, mélangeant aventures rocambolesques et personnages hauts en couleur : Indiana Jones était né. La première mission de ce héros (interprété par Harrison Ford) est de retrouver l'Arche d'alliance convoitée par les nazis. Les Aventuriers de l'arche perdue (1981) est un énorme succès. Le film contient de nombreuses références au cinéma en général mais surtout aux serials et n'hésite pas à reprendre des cascades fameuses d'Yakima Canutt dans des films à épisodes comme Le Retour de Zorro (gros clin d'œil dans la scène du camion)[réf. nécessaire].
Le film suivant de Steven Spielberg, qui bénéficie désormais d'une renommée mondiale, est présenté en clôture du festival de Cannes 1982 : E.T., l'extra-terrestre, avec Dee Wallace, Drew Barrymore (dont il est le parrain) et Henry Thomas. L'histoire de ce petit extra-terrestre, biologiste, venu d'une planète bienveillante, émeut des millions de spectateurs. Avec ce film, le cinéaste bat le record des meilleures recettes américaines (qu'il battra à nouveau en 1993 avec Jurassic Park). Ce succès lui permet également de créer, avec Kathleen Kennedy et Frank Marshall, son propre studio : Amblin Entertainment, dont le nom rappelle le titre de son court métrage de 1966. Il produit en parallèle Poltergeist, film d'horreur fantastique réalisé par Tobe Hooper qui connait une renommée internationale et qui est encore considéré comme l'un des classiques des films d'horreur et un film culte[50]. Il est souvent évoqué que pour ce film, Steven Spielberg aurait été bien plus qu'un producteur et aurait réalisé de nombreuses scènes du film[51].
En 1983, Steven Spielberg participe au film collectif La Quatrième Dimension, avec les réalisateurs John Landis, Joe Dante et George Miller. Il en réalise le deuxième segment, Kick the Can. Cette production est fortement marquée par l'accident d'hélicoptère lors du tournage du segment de John Landis, qui coûte la vie à l'acteur Vic Morrow et à deux enfants mineurs. Le procès qui s'ensuivit et le manque de soutien de Spielberg envers Landis provoquera la fin de l'amitié entre les deux cinéastes[52].
Le deuxième film mettant en scène Indiana Jones, Indiana Jones et le Temple maudit, sort en salles en 1984. Le film est un nouveau triomphe pour le couple Spielberg-Lucas, même si les fans lui reprochent un côté trop violent et trop dur : les enfants fouettés, le cœur arraché du corps vivant d'un des personnages et les soldats dévorés par des crocodiles heurtent la sensibilité d'une partie du monde. Le réalisateur dira lui-même ne pas particulièrement apprécier ce film qu'il juge « trop sombre, trop souterrain et trop effrayant[53] ». Néanmoins, c'est sur ce tournage qu'il rencontre sa future femme, Kate Capshaw.
En 1985, Steven Spielberg, alors encore marié avec l'actrice Amy Irving, devient père pour la première fois et sa filmographie aborde des sujets différents, moins orientés sur le cinéma dit « de divertissement » et plus axés sur l'Histoire : La Couleur pourpre (1985) et Empire du soleil (1987), deux œuvres qui racontent respectivement la vie d'une famille noire aux États-Unis du début au milieu du XXe siècle, et celle d'un jeune Britannique pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Si le premier est un succès critique et commercial[54],[55],[56], Empire du soleil ne récolte que 22 millions de dollars sur le sol américain même s'il dépasse 65 millions dans le monde[57].
En 1989 sort le troisième opus de la série des Indiana Jones : Indiana Jones et la Dernière Croisade. Il raconte la croisade du célèbre archéologue, accompagné cette fois de son père, interprété par Sean Connery, pour récupérer le légendaire Graal. C'est un succès commercial, qui dépasse les scores des deux précédents opus, avec plus de 474 millions au box-office mondial[58].
Commercialement, les années 1990, contrairement aux années 1980, ne commencent pas fort pour Spielberg. En 1990 sort en salles Always, un remake du film Un nommé Joe de Victor Fleming (1944). Malgré la présence de Richard Dreyfuss et la dernière apparition d'Audrey Hepburn, l'accueil est mitigé. Son film suivant, autre projet de longue date, est une adaptation de Peter Pan, Hook ou la Revanche du capitaine Crochet. Là encore, bénéficiant pourtant d'acteurs renommés (Robin Williams, Dustin Hoffman, Julia Roberts), le film est un succès commercial (300 millions de dollars au box-office[59]). La critique n'y retrouve pas le côté magique du célèbre conte. Quelques années plus tard, Steven Spielberg avouera lui-même qu'il n'apprécie pas trop ce long métrage : « Je n'avais pas confiance dans le script. Seul le premier acte et l'épilogue me satisfaisaient, le corps du film ne m'inspirait pas confiance. Je ne savais pas trop ce que je faisais et j'ai essayé de masquer mon insécurité. Plus je me sentais mal à l'aise, plus les décors étaient oppressants[60]. »
Steven Spielberg renoue finalement avec le succès en 1993 avec Jurassic Park. Adapté du roman homonyme de Michael Crichton publié en 1990, le film marque un tournant dans l'histoire des effets spéciaux numériques, conçus par la société Industrial Light & Magic. Cette histoire de dinosaures avec Sam Neill, Laura Dern et Jeff Goldblum deviendra rapidement le plus gros succès de l'histoire du cinéma, rapportant plus de 900 millions de dollars de recette et battant ainsi le record jusque-là détenu par E.T., l'extra-terrestre[61].
La même année en 1993, il réalise un projet beaucoup plus personnel : La Liste de Schindler. Sur fond de Shoah, le film raconte comment Oskar Schindler, un industriel allemand, membre du parti nazi, sauva un peu plus d'un millier d'êtres humains des camps de la mort. Une œuvre que l’American Film Institute classe comme le huitième plus grand film de l'histoire du cinéma dans son top 100 de 2007. À l'opposé, Jean-Luc Godard dans ses Histoire(s) du cinéma écrit qu'avec ce film le « plus jamais ça radical de l'après-guerre » (avec notamment les films de Roberto Rossellini) s'est transformé en un « c'est toujours ça » très convenu. Jouant sur la sobriété du noir et blanc et des séquences d'émotion, La Liste de Schindler remporte une multitude de prix : sept Oscars entre autres, parmi lesquels ceux du meilleur film et de la meilleure réalisation dont le cinéaste avait été jusque-là privé par l'Académie des arts et sciences du cinéma.
En 1994, lui et ses deux associés Jeffrey Katzenberg (l'ancien responsable du département animation de Walt Disney Pictures) et David Geffen (le fondateur de Geffen Records) fondent DreamWorks SKG (pour Spielberg-Katzenberg-Geffen), société de production et de distribution spécialisée dans le cinéma, la musique et les programmes télévisés. C'est aussi cette année qu'il crée la Shoah Foundation Institute for Visual History and Education[62], qui recueille les témoignages de tous les survivants de la Shoah, et les diffuse aux plus jeunes, dans le but d'éviter un nouveau génocide. La fondation a déjà recueilli 8 700 témoignages en Israël.
En 1997, Steven Spielberg réalise la suite de Jurassic Park, Le Monde perdu : Jurassic Park. C'est encore un succès[63]. La même année sort Amistad avec notamment Morgan Freeman, Anthony Hopkins et Djimon Hounsou. Ce film sur l'esclavage revient sur la mutinerie d'un groupe d'esclaves africains à bord du navire négrier espagnol La Amistad en 1839 et du procès qui deviendra un symbole du mouvement pour l'abolition de l'esclavage aux États-Unis. Amistad ne déplace en revanche pas les foules[64].
En 1998, sort un nouveau film historique : Il faut sauver le soldat Ryan. Tourné pour 70 millions de dollars, le film raconte l'histoire d'une unité américaine chargée de sauver un soldat au péril de sa vie, pendant l'opération Overlord. Tom Hanks, Matt Damon et Barry Pepper contribuent au succès commercial et critique du film, qui remporte plusieurs récompenses parmi lesquelles cinq Oscars dont ceux de la meilleure réalisation et de la meilleure photographie. Le film est notamment connu pour son impressionnante séquence du débarquement[65].
En 2001, Steven Spielberg réalise A.I. Intelligence artificielle avec Haley Joel Osment et Jude Law, un projet repris de son ami réalisateur Stanley Kubrick, décédé en 1999. Le film connaît une belle carrière commerciale, mais ce Pinocchio futuriste reçoit un accueil critique mitigé, certains le trouvant magnifique, d'autres trop long et ennuyeux[66],[67]. Plus généralement, ce film constitue un retour à la science-fiction pour le cinéaste, genre qu'il avait délaissé depuis E.T., l'extra-terrestre (1982). La même année, il crée et produit avec Tom Hanks la série télévisée Frères d'armes (Band of Brothers), diffusée fin 2001 sur HBO.
Steven Spielberg poursuit sa période science-fiction en 2002, avec un film futuriste dont certains trouvent l'esthétique proche du Blade Runner de Ridley Scott[réf. nécessaire] : Minority Report, d'après une nouvelle du même auteur Philip K. Dick. Tom Cruise y joue un policier piégé dans la logique d'un système pénal (et politique) autorisant l'arrestation des meurtriers avant qu'ils n'aient commis leur crime. Un scénario complexe, fondé sur le recoupement des « témoignages » d'un trinôme de devins, où les thèmes de la tragédie antique (dont l'idée du fatum) trouvent un écho particulier dans la mise en scène d'un monde ultramoderne, mais pas outrancièrement futuriste. Ce film marque la première collaboration entre le réalisateur et Tom Cruise, avant La Guerre des mondes en 2005.
Il retrouve ensuite Tom Hanks pour Arrête-moi si tu peux, dans lequel il dirige également Leonardo DiCaprio. Ce dernier incarne l'imposteur Frank Abagnale Jr. (qui participa à l'écriture de cette œuvre biographique). Sorti fin 2002, le film est un succès commercial qui reçoit aussi un bon accueil auprès des critiques[68]. Deux années plus tard, Spielberg réalise un autre film dont la jovialité et l'humour ne masquent pourtant pas le côté engagé : Le Terminal, l'histoire d'un immigrant coincé dans un aéroport, avec Tom Hanks et Catherine Zeta-Jones. Il de l'histoire vraie de l'Iranien Mehran Karimi Nasseri[69].
Le journal Le Monde décrit Spielberg comme « maniaco-dépressif »[70], capable de passer en une année d'un sujet comique à un sujet difficile. Après Le Terminal en 2004, il tourne en 2005 une adaptation attendue du roman d'Herbert George Wells, La Guerre des mondes dans lequel des « êtres venus d'ailleurs » tentent purement et simplement d'exterminer la race humaine. Le film est un immense succès commercial. Spielberg y traite par extraterrestres interposés du 11 septembre, tandis qu'une mini-polémique nait à propos de la ressemblance troublante de l'affiche du film avec la couverture du livre The Invaders Plan de L. Ron Hubbard, gourou fondateur de l'Église de scientologie dont est adepte Tom Cruise, le principal acteur[réf. nécessaire].
Steven Spielberg se lance ensuite dans la réalisation de Munich, dont le sujet éminemment polémique donne une vue subjective des opérations d'un membre des services secrets israéliens agissant de manière autonome pour assassiner les commanditaires de la tragique prise d'otages des JO de 1972. Ce film est un échec commercial avec 47 millions de dollars au box office américain pour un budget de 70 millions[71].
Steven Spielberg déclare vouloir prendre un peu de repos après avoir tourné coup sur coup La Guerre des mondes et Munich[72]. Il profite cependant de ce répit pour développer un projet de biographie filmée d'Abraham Lincoln, projet qui lui tient à cœur depuis quelques années. Steven Spielberg développe le projet d'une grande aventure spatiale scénarisée par Jonathan Nolan, Interstellar. Il abandonnera finalement le projet ensuite repris en main par Christopher Nolan et sorti fin 2014[73].
En 2007, il est producteur de Transformers de Michael Bay. Il produira également les autres films de la série à succès. En 2008, il réalise Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, quatrième volet de la saga Indiana Jones en sommeil depuis 1989. L'histoire se déroule pendant la guerre froide et l'aventurier est cette-fois confronté à un mystère extraterrestre. Le film est présenté au festival de Cannes 2008 où le cinéaste n'était pas revenu depuis La Couleur pourpre, présenté hors-compétition en 1986. La critique n'est pas tendre avec ce quatrième opus : pour beaucoup, cet épisode est considéré comme celui de trop, beaucoup d'éléments ayant été jugés inadaptés à l'esprit de la série comme le recours aux effets spéciaux numériques et à des gags peu subtils[réf. nécessaire].
En , Steven Spielberg et DreamWorks se séparent des studios cinématographiques américains Paramount Pictures pour signer un partenariat avec le groupe indien Reliance Anil Dhirubhai Ambani Group[74].