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Théorie queer
théorie sociologique et philosophique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La théorie queer[1] est une théorie sociologique et philosophique qui postule que la sexualité, mais aussi le genre — masculin, féminin ou autre — d'un individu ne sont pas déterminés exclusivement par son sexe biologique (mâle ou femelle), mais par son environnement socio-culturel, par son histoire de vie ou par ses choix personnels.
Rattachée au post-structuralisme, elle critique principalement l'idée que le genre et l'orientation sexuelle seraient déterminés strictement par la génétique ou la biologie.
La théorie queer s'oppose aux féminismes essentialiste ou différentialiste et se distingue parfois des structuralistes classiques. Cette théorie différencie le type sexuel biologique (mâle/femelle) du genre (masculin/féminin). Elle critique une société qui tendrait vers l'hétéronormativité, c'est-à-dire au mépris des individus n'adoptant pas l'hétérosexualité, voire qui poserait l'hétérosexualité comme un résultat naturel, inné ou encore comme une obligation morale, car une telle conception réduirait le genre au seul type sexuel acquis à la naissance.
Fortement influencée par le travail de Gloria Anzaldúa, d'Eve Kosofsky Sedgwick et de Judith Butler, la théorie queer s’appuie à la fois sur l'idée féministe selon laquelle la sexualité est une partie essentielle de la construction de soi, sur une conception moins normative du social et sur le droit au libre choix des comportements et des différences.
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Histoire
Aux États-Unis
Le mouvement queer a aux États-Unis un aspect de mouvement politique qui a pour but de lutter contre l’hétéropatriarcat, à la fois en reconnaissant la légitimité de la lutte féministe matérialiste, et en cherchant à construire une alternative à cet hétéropatriarcat que le matérialisme combat. Sous la plume de Teresa de Lauretis, théoricienne majeure de la théorie queer, ce regroupement propose une nécessaire complémentarité au féminisme matérialiste : définir et construire une alternative crédible au patriarcat hétéronormatif et cisnormatif, à savoir un espace à la fois conceptuel et politique aux genres et aux orientations sexuelles décatégorisées. Cela est tout aussi nécessaire et ne vient pas en contradiction avec le matérialisme. Il veut lutter contre l’oppression réelle, matérielle des femmes et des personnes trans, tout en prenant soin de laisser cette oppression dans son contexte historique et social, à savoir la structure patriarcale et capitaliste de la société, pour éviter d’en faire un « étant-toujours-déjà-là »[2], ce qui rendrait sa destruction impossible.
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Thèmes
Résumé
Contexte
Sexe, genre et rôle social
La théorie queer apparait au sein des études de genre, développées à partir du début des années 1990 aux États-Unis, au travers de pensées poststructuralistes[3] et de relectures déconstructivistes, dans le prolongement des idées de Foucault[4] et de Derrida.
Déconstruction sociale
La théoricienne queer Eve Kosofsky Sedgwick a exploré cette difficulté de définition, remarquant que même si le terme change beaucoup de signification selon qu'il s'applique à soi ou à un autre, « queer a l'avantage d'offrir, dans le contexte de la recherche universitaire sur l'identité de genre et l'identité sexuelle, un terme relativement neuf qui connote étymologiquement une traversée des frontières mais qui ne réfère à rien en particulier, laissant donc la question de ses dénotations ouverte à la contestation et à la révision. »[7].
Teresa de Lauretis, qui a été la première à employer le terme queer afin de décrire son projet théorique, espérait qu'il aurait des applications identiques pour le rapport entre la sexualité et la race, la classe et d'autres catégories que le genre[8].
Bruno Perreau, dans son étude de la réponse à la théorie queer en France, démontre que la plasticité du terme queer n'est pas seulement sémantique: elle correspond au fait que la démarche queer est une mise en critique de l'appartenance[9]. Faire partie d'une catégorie, d'un groupe, d'une communauté repose moins sur le fait de posséder des mots, des représentations ou des savoirs communs que de la capacité à contester cette idée du commun et, partant, la notion même de propriété[9]. La théorie queer est ainsi liée à une certaine contestation du capitalisme[9].
Droit

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Théorie queer et engagement politique
Résumé
Contexte
Fondement théorique d'un discours LGBT

Dans Queer Theory, Gender Theory, Riki Wilchins, une femme transgenre, réfute catégoriquement la théorie universitaire à propos des queers, constatant que la théorie s'inspire toujours de la façon « bottom-up » et que les universitaires qui font la théorie queer l'ont « volée » aux queers populaires. Cette opinion s'entend de plus en plus parmi les queers, qui sentent que les universitaires parlent d'eux sans qu'ils puissent comprendre ce qui est dit. Il est possible que cette séparation très récente entre la théorie queer universitaire et la théorie queer « populaire » puisse être due au langage châtié des universitaires, notamment de Butler (qui a reçu des prix pour ses ouvrages parfois considérés comme incompréhensibles[11]).[réf. nécessaire]
Manifestes militants
En France
Certains mouvements français utilisent le terme queer de façon politique. C'est le cas des transpédégouines, qui partagent et vivent les revendications d’abolition des normes de genre, d’abolition des normes sexuelles et participent à la lutte contre le patriarcat par des actions avec divers collectifs féministes[12].
Ce mouvement est notamment représenté par le bar La Mutinerie[13] à Paris, par l'association Polychrome à Paris[14], les Universités d’Été Euroméditerranéennes des Homosexualités (UEEH)[15] tous les ans à Marseille, par l'association les Flamands Roses[16] à Lille et l'association les Panthères Roses[17] à Paris, Nancy ou Montréal.
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Critiques
Résumé
Contexte
Privilégiant la construction sociale du genre sur l'inné et le biologique, la queer theory est la cible de vives critiques.
D'après Adam Green, professeur à l'Université de Toronto, la théorie queer nie l'« urgence sociale »[Laquelle ?] dans certains cas (positions des sujets homosexuels) tout en récupérant cette « urgence sociale » dans d'autres (positions des opposants radicalisés)[18].
Selon Joshua Gamson (en), du fait de son engagement dans la déconstruction sociale, il est presque impossible à la théorie queer de parler d'un sujet « lesbien » ou « gay », puisque toutes les catégories sociales sont dénaturées et réduites au discours[19]. Ainsi, selon Adam Grenn, la théorie queer ne peut pas examiner les subjectivités, mais seulement les discours[18].
Une critique récurrente contre la théorie queer, qui a généralement recours à du jargon sociologique, est qu'elle est écrite, selon Brent Pickett, par une « petite élite idéologiquement orientée » et qu'elle possède un biais de classe sociale évident[20].
Pour certaines féministes, le queer nuit au féminisme en brouillant les frontières entre les classes sociales genrées, qu'il explique comme des choix personnels plutôt que comme conséquences de structures sociales[21].
Pour Bruno Perreau, la théorie queer serait devenue le symbole des dérives des études de genre aux yeux de ses adversaires[22].
La critique des milieux féministes et universitaires
Les milieux francophones notamment universitaires, définissent le queer comme « la transgression du genre », ou encore « l’effacement des frontières du genre », dans une perspective avant tout théorique voire esthétique[23]. Le queer y devient, contrairement à son usage dans le monde anglo-saxon, une idée, un concept voire un mouvement artistique, complètement dépolitisé.
Certains milieux francophones proches du féminisme matérialiste tendent à considérer le queer comme une « idéologie faussement subversive »[24], ou encore que « l’arrivée du queer me paraît rencontrer une démarche individualiste pour que des personnes changent de catégorie, sans remettre en cause ces catégories »[25].
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Références
Voir aussi
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