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combattants algériens de l'Empire colonial français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les tirailleurs algériens, appelés aussi Turcos, sont des unités d'infanterie de l'armée de terre française, appartenant à l'Armée d'Afrique
Tirailleurs algériens | |
2e régiment de tirailleurs algériens et son drapeau décoré de la Légion d'honneur et de la médaille militaire le à Paris, place de l'Hôtel-de-Ville. | |
Création | 1842 |
---|---|
Dissolution | 1964 |
Pays | France |
Branche | Armée de Terre |
Type | Division d'Infanterie |
Rôle | Infanterie |
Garnison | Alger |
Surnom | Turcos |
Guerres | Première Guerre mondiale Seconde Guerre mondiale Guerre d’Indochine |
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Ces unités constituées en Algérie française, à recrutement majoritairement indigène (70-90 % selon les époques), sont actives de 1842 à 1964. Les tirailleurs algériens participent à toutes les campagnes militaires du Second Empire et de la IIIe République et se distinguent particulièrement lors de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle les 14 régiments ayant combattu obtiennent 55 citations à l'ordre de l'Armée[1], 4 régiments recevant la fourragère aux couleurs de la Légion d'honneur[2], puis lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment lors de la campagne d'Italie au sein du corps expéditionnaire français du général Juin puis du débarquement de Provence en août 1944.
Le surnom de « Turcos » a été donné aux Tirailleurs algériens lors de la guerre de Crimée par les Russes qui les avaient pris pour des Turcs. Parfois, il est utilisé en reprenant le terme espagnol, à propos d'Amérique latine (de Cuba à l'Argentine) pour désigner les descendants des immigrés de l'ex-empire ottoman, Syriens et Libanais.
Le terme Turcos est surtout employé à la fin du XIXe siècle, notamment pendant la guerre de 1870-1871. Des Turcos sont ainsi les héros de la commune de Chanteau (Loiret) ou d'un des Contes du lundi d'Alphonse Daudet, « le Turco de la commune ».
Les traductions successives du mot, désormais français, de « turco » amènent à des contre-sens. Ainsi, le roman La Ciociara d'Alberto Moravia (dont Vittorio De Sica tire le film le film homonyme en 1961, avec Sophia Loren et Jean-Paul Belmondo) évoque les crimes perpétrés en Italie, dans la région d'Esperia, par l'armée française et notamment par certains de ses goumiers marocains assimilés aux Turcos. La traduction en français en 1958 par Claude Poncet parle de « Turcs » (pages 293 & 297 de l'édition J'ai Lu, 1984, 350 p.) faisant un lien, non voulu par l'auteur, entre les anciennes et les nouvelles catégories de sujets de ressentiment.
Dès les débuts de la conquête de l'Algérie, en 1830, les soldats français s'entourent de troupes indigènes car ces dernières connaissent bien le pays, la culture locale, l'adversaire et s'adaptent généralement mieux au climat local que les Européens.
Ces troupes indigènes sont tout d'abord appelées zouaves par les Français du nom d'une confédération tribale qui servit les turcs d'Algérie, entrée au service de la France peu après la prise d'Alger. Le recrutement des tirailleurs algériens est rapidement (octobre 1830) ouvert aux colons européens d'Algérie.
Trois bataillons de Tirailleurs Indigènes sont créés par l'ordonnance du pour accueillir les indigènes au moment où les Zouaves deviennent un corps à recrutement exclusivement français.
Les premiers bataillons de tirailleurs algériens apparaissent ainsi en 1842 et servent de force de souveraineté dans les territoires conquis. Ces unités de tirailleurs, recrutés parmi les indigènes, se différencient des unités de zouaves, à recrutement européen. Au début les bataillons sont indépendants et participent à la plupart des opérations de conquête et de pacification en Algérie notamment à Constantine et Laghouat. En 1854, un régiment provisoire est organisé pour la guerre de Crimée puis en 1856, trois régiments à trois bataillons de six compagnies sont créés, un dans chaque département d'Algérie, et comportent chacun 106 officiers et 4 059 hommes. En 1884, un 4e régiment est formé en Tunisie. Au départ, les tirailleurs tunisiens sont intégrés aux tirailleurs algériens et portent des numéros d'unités multiple de quatre. C'est seulement en 1921 que le terme de Tunisien sera adopté pour désigner ces derniers. En 1914, cinq nouveaux régiments, les 5e, 6e, 7e, 8e et 9e, sont créés.
À partir de 1854, les tirailleurs vont servir hors d'Afrique du Nord et stationneront régulièrement en France entre 1918 et 1960. Le commandement français montrera une grande confiance dans ces troupes et leur implication au service de la France ainsi que leur « exotisme » les rendront souvent très populaires auprès des populations locales.
Les régiments de tirailleurs algériens écrivent pour l'armée française parmi les pages les plus glorieuses de son histoire[3]. Ils participent à toutes les campagnes du Second Empire et de la IIIe République : Laghouat (1852), guerres de Crimée (1854-1855), où ils gagnèrent leur surnom de « turcos », et d'Italie (1859), campagne du Sénégal (1860-1861) et de Cochinchine (1858-1862), guerre du Mexique (1862-1867), guerre franco-prussienne de 1870-1871 en Lorraine, aux armées de la Loire et de l'Est, campagnes de Tunisie (1881-1883), du Tonkin (1883-1886), de Madagascar (1895), opérations de pacification en Algérie, au Sahara, campagne du Maroc de 1907 à 1912. Ils s'illustrent ensuite durant la Première Guerre mondiale, notamment lors de la bataille de Verdun en 1916, puis durant la Seconde Guerre mondiale, en Tunisie (1942-1943), en Corse (1943), en Italie (1943-1944), sur l'Île d'Elbe (1944), en Provence (1944), dans les Vosges (1944), en Alsace (1944-1945) et en Indochine plus particulièrement à la Bataille de Điện Biên Phủ en 1954.
Les régiments de tirailleurs (RTA) deviennent en 1958 « régiments de tirailleurs » (RT), le « A » disparaissant. En 1964, les tirailleurs sont dissous, et à leur place on forme des bataillons de chasseurs ou des régiments d'infanterie.
La numérotation des régiments est commune aux tirailleurs algériens et tunisiens.
L'uniforme des tirailleurs dit « à l'orientale » remonte à la création des premiers régiments vers 1840. Cet uniforme, quasiment identique à celui des zouaves et des spahis, hormis dans le choix des couleurs comprend :
En plus de leur uniforme particulier, les tirailleurs possèdent également une musique originale, la nouba, caractérisée par son chapeau chinois, et une mascotte (généralement un ovin, bélier, mouflon ou bouc) qui marche en tête lors des défilés.
En 1914, un régiment d'infanterie possède trois bataillons et compte environ 3 400 hommes. Un bataillon d'infanterie comprend quatre compagnies et compte 1 100 hommes et deux mitrailleuses. Une compagnie d'infanterie compte 4 sections de 60 hommes.
À la mobilisation, les neuf régiments de tirailleurs algériens et tunisiens représentent quarante bataillons dont dix-neuf se trouvent au Maroc. 32 bataillons sont envoyés en France en août et , six demeurent au Maroc et deux en Algérie. Au cours de la guerre l'effectif s'accroît encore avec la formation de régiments de marche (RMT) et de régiments mixtes de Zouaves et de Tirailleurs (RMZT). Deux réorganisations se produisent, l'une en et l'autre en . Elles se traduisent par l'apparition de neuf régiments de marche, numérotés de 1 à 9 qui comprendront au cours des trois années de guerre suivantes quelque 63 bataillons auxquels s'ajouteront 12 supplémentaires dans les derniers mois de la guerre. Le jour de l'armistice, 48 bataillons de 700 hommes environ sont présents.
Durant la Seconde Guerre mondiale, un régiment de tirailleurs est commandé par un colonel assisté d'un lieutenant-colonel. Il comprend[5] :
Un régiment comporte un peu plus de 3 000 hommes (dont 500 officiers et sous-officiers) et 200 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 70 % pour le régiment, 75 % pour le bataillon et 80 % pour la compagnie de fusiliers-voltigeurs.
En 1854 un régiment provisoire à deux bataillons de neuf compagnies est formé. C'est lors du siège de Sébastopol que les tirailleurs gagnent leur surnom de Turcos. Au cours de la campagne, le régiment s'illustre à de nombreuses reprises. Il est cité une première fois le à l'ordre de l'armée d'Orient : « dans la nuit du 14 au 15 mars, trois compagnies [de tirailleurs] se sont jetées sur une masse d'infanterie russe, l'ont mise en déroute et refoulée dans la place »[6]. Le , les alliés s'emparent du Mamelon-Vert, un ouvrage fortifié qui couvre Malakoff à l'est. Au cours de cet assaut, le régiment de Tirailleurs algériens perd 28 officiers et 398 hommes tués ou blessés et est cité une nouvelle fois dans l'ordre général du commandant en chef de l'armée d'Orient « pour la part active qu'il a prise à l'enlèvement de vive force des redoutes russes en avant de Sébastopol »[7]. Le , le général Mac Mahon attaque le fort de Malakoff, clé de la défense russe. Le lendemain, les Russes abandonnent la position après y avoir mis le feu. La tour Malakoff tombe aux mains des Français et des Anglais. Par cette victoire, Mac Mahon passe à la postérité. C'est à ce moment qu'il prononce son fameux « J'y suis ! J'y reste ». Ces combats coutent à nouveau aux tirailleurs 14 officiers et 250 hommes. Lors de cette bataille, le sergent Mohamed Ould el Hadj Kadour, qui perd ses deux bras, devient le premier tirailleur à être décoré de la Légion d'honneur[8].
Sur 2 800 tirailleurs envoyés en Crimée, plus de 900 sont tués ou blessés.
Comme pour la campagne de Crimée, l'armée d'Afrique fut appelée à fournir un contingent pour la campagne d'Italie.
Un décret du 26 mars créa un régiment provisoire de tirailleurs algériens destiné à servir en Italie. Il eut 3 bataillons à 6 compagnies qui fut formé avec des éléments tirés des 3 régiments, qui fournirent chacun la valeur d'un bataillon, environ 1 100 soldats. Ces régiments furent ensuite recomplétés, mais eurent leurs compagnies réduites de 45 hommes. Le commandement en est donné au colonel Laure[9], du 2e régiment de Tirailleurs algériens[10]. Ce régiment s'illustre particulièrement lors des batailles de Magenta et Solférino. Henri Dunant écrira : « À l'attaque du mont Fontana les tirailleurs algériens sont décimés, leurs colonels Laure et Herment sont tués, leurs officiers succombent en grand nombre, ce qui redouble leur fureur : ils s'excitent à venger leur mort et se précipitent, avec la rage de l'Africain, sur leurs ennemis qu'ils massacrent avec frénésie sans trêve ni relâche et comme des tigres altérés de sang »[11]. Dans l'historique du 3e Tirailleurs, on peut lire : « Dans cette rude journée, ou la bravoure fit autant plus que la science militaire, les tirailleurs provoquèrent l'admiration de toute l'armée en se montrant non seulement l'incomparable troupe de choc qu'ils avaient toujours été, mais encore d'opiniâtres défenseurs du terrain conquis, d'infatigables combattants toujours prêts à recommencer la lutte, en un mot, faisant preuve des plus précieuses qualités qui distinguent une troupe d'élite, aussi bien dans la défense que dans l'attaque »[12].
En deux mois, le régiment a eu 44 officiers et 587 hommes tués ou blessés[13].
Au Mexique, de 1862 à 1867, un bataillon à six compagnies est créé. À l'initiative du général Bazaine, sur les six compagnies fournies à raison de deux par chacun des trois régiments de RTA, deux furent montées, à cheval. Ainsi, les tirailleurs algériens, parmi les premiers, eurent leurs cavaliers[14].
Les tirailleurs s'illustrent à nouveau, notamment lors de la bataille de San Lorenzo le , où les tirailleurs prennent deux drapeaux ennemis[15],[16]. Maurice Loir décrit ainsi les faits d'armes des turcos : « Entraînés par la compagnie du capitaine Estelle, les turcos abordèrent vigoureusement le village à la baïonnette et contribuèrent, dans la plus large mesure, à la déroute des six ou sept mille hommes que Comonfort avait placés à San Lorenzo. Cette brillante affaire fut une vraie bataille, puisque les Mexicains y perdirent, en une heure et demie, 800 hommes tués ou blessés, qu'il ne leur restait ni canons ni munitions et que nous leur avions fait 1 200 prisonniers, pris 3 drapeaux, 11 fanions, 500 mulets et tout un convoi. Pour leur part, les braves turcos avaient merveilleusement donné; les tirailleurs Ahmed Ben Ayoub et Khemil Ben Ali s'étaient emparés de deux drapeaux. En raison de ces actions d'éclat, la croix de la Légion d'Honneur fut suspendue au fanion de cette troupe dans une revue passée par le général Douay à Guadalajara au mois d'. Lors de la rentrée du corps expéditionnaire et de la dissolution du bataillon de marche algérien, elle orna naturellement le drapeau du 3e régiment de tirailleurs, auquel appartenaient Ahmed Ben Ayoub et Khemil ben Ali, auteurs du beau fait d'armes qui avait motivé cette distinction. »[17].
À la suite de leurs exploits militaires, un bataillon sera désigné pour monter la garde au palais des Tuileries à Paris[8].
Durant la guerre de 1870-71, les trois régiments de tirailleurs (environ 9 000 hommes) sont envoyés en France où ils combattent lors des batailles de Wissembourg et Frœschwiller-Wœrth. Lors du combat de Wissembourg, le 1er Tirailleurs lutte toute une journée, avec un bataillon du 74e de ligne, contre plus de 15 bataillons bavarois et prussiens. 2 800 soldats français sont opposés à plus de 11 000 ennemis[18]. Les régiments sont décimés et après Frœschwiller, le 2e Tirailleurs ne comptent plus que 450 hommes valides sur 3 000[8]. Après la défaite de Sedan du , un régiment de tirailleurs combat dans l'Armée de la Loire puis avec le général Bourbaki en Franche-Comté en janvier 1871. Leurs pertes sont estimées à 5 000 tués[19].
La Marche des Tirailleurs ou Chant des Turcos relate l'exploit du 2e Régiment de Tirailleurs Algériens à Frœschwiller le . Les tirailleurs chargèrent les canons prussiens au prix de 90 % de pertes.
En 1870-1871 certains de ces tirailleurs algériens ou Turcos furent tués par les Versaillais comme Kaddour, 'le turco de la commune » d'Alphonse Daudet (Contes du lundi), d'autres en participant à la répression française de la révolte kabyle. Le plus grand nombre fut tué par les Prussiens, comme le Turco de Chanteau, héros en l'honneur duquel deux monuments existent dans cette commune du Loiret[20]. À quelques kilomètres, des dizaines de tirailleurs algériens, héros de la Seconde Guerre mondiale, sont inhumés à Fleury-les-Aubrais.
Environ 270 000 Maghrébins sont mobilisés en 1914-18 et 190 000 vont être envoyés en Europe[21].
Si ces effectifs sont peu importants par rapport au total des effectifs engagés, leur rôle ne saurait être sous-estimé. Les troupes de l'Armée d'Afrique en particulier, européennes comme indigènes, ont participé aux combats sur le front de France[22]. Leur apport a notamment été très important dans les semaines décisives de septembre 1914 lors de la bataille de la Marne[23]. Ainsi, à propos des faits d'armes de la Division marocaine, composée pour moitié de tirailleurs algériens et tunisiens[24], lors de cette bataille, le maréchal Foch aurait dit : « La fortune a voulu que la division marocaine fût là ! »[25]. Il cite la division à l'ordre de l'Armée le [26]. Quant à Adolphe Messimy, il écrit plus tard dans ses mémoires à propos des divisions d'outre-mer[27] ayant participé à cette victoire de la Marne : « Je laisse à ceux qui me liront le soin de réfléchir à ce qu'auraient été les événements, si Gallieni sur l'Ourcq et Foch aux marais de Saint-Gond, n'avaient pas eu à leur disposition ces troupes d'élite, pleine d'élan et fraîches, s'ils auraient pu remporter de justesse les deux succès qui décidèrent du sort de la bataille décisive... et de la France »[28].
Si des cas de paniques sont signalés dans les bataillons lors des premières semaines de combats, comme dans les unités métropolitaines et de Zouaves, par la suite, les régiments de tirailleurs sont considérés fiables, et après Charleroi et la Marne, ils s'illustrent, comme les Zouaves, dans des batailles, en Champagne, à Verdun, dans la Somme et dans les offensives victorieuses finales[29].
À propos des tirailleurs algériens, le baron des Lyons de Feuchin écrit en 1924 dans son Rapport sur le Bilan des Pertes en Morts et en Blessés des Nations Belligérantes : « Le rôle joué pendant la grande guerre par les indigènes algériens a été grand, leur sang s'est mêlé au sang français sur tous les champs de bataille, leur acquérant des droits légitimes par des sacrifices communs... »[30].
Les tirailleurs sont aussi engagés en mer Noire, en 1919, lors de l'intervention française dans la guerre civile russe contre les Bolcheviques. Ils stationnent à Odessa et à Sébastopol.
Selon Gilbert Meynier, 155 221 algériens et tunisiens ont combattu au front et le nombre de tués s'élèvent à 35 900 soit un taux de pertes de 23 %[31].
Parcours des seize régiments de marche de tirailleurs (numérotation définitive au ) en activité au , durant la guerre 1914-18. Deux régiments (les 14e et 17e) sont créés en octobre 1918 et n'ont pas combattu. Trois autres (les 12e, 15e et 21e) sont créés en novembre après l'armistice.
Quatre régiments mixtes de zouaves et tirailleurs, c'est-à-dire notamment composés d'européens, sont créés lors de la Première Guerre mondiale avec deux bataillons de tirailleurs algériens et un bataillon de zouaves. Ils perdent leur bataillon de zouaves entre avril et juillet 1918 et deviennent alors entièrement composés de tirailleurs. Les 2e et 3e mixtes sont transformés respectivement en 13e RMT et 6e RMT alors que les 1er et 4e mixtes conservent leur nom de mixte jusqu'en 1920.
Tous les régiments sont appelés régiments de marche de tirailleurs (RMT) qu'ils soient composés de tirailleurs en provenance d'Algérie ou de Tunisie (comme le 4e RMT). Le jour de l'armistice, on compte donc seize régiments de marche de tirailleurs (RMT) (dont deux ont conservé l'appellation mixte sans l'être) représentant quarante-huit bataillons.
Dans la liste ci-dessous, l'appellation correspondant aux régiments organiques est utilisée par souci de simplification (i.e 1er régiment de tirailleurs algériens (RTA) au lieu de 1er régiment de marche de tirailleurs (RMT) durant le conflit).
Dissous en 1915 puis recréé à partir du 3e régiment mixte de zouaves et de tirailleurs le .
Constitué en janvier 1918, avec un bataillon aguerri et deux bataillons de recrues : 3e bataillon du 3e Tirailleurs (ancien), 11e bataillon du 2e Tirailleurs et 11e bataillon du 3e Tirailleurs
Constitué en janvier 1918, avec un bataillon aguerri et deux bataillons de recrues : 4e bataillon du 7e Tirailleurs (ancien), 9e bataillon du 7e Tirailleurs et 11e bataillon du 7e Tirailleurs
Constitué en juin 1918 par transformation du 2e régiment mixte de zouaves et de tirailleurs
Constitué le en remplacement du 359e RI dissous.
Constitué le en remplacement du 294e RI dissous
Créé en 1914 avec deux bataillons de Tirailleurs et un de Zouaves, son bataillon de Zouaves est dissous en juillet 1918. Le régiment comprend dès lors trois bataillons de Tirailleurs mais conserve son nom de 1er mixte. Il deviendra le 43e régiment de tirailleurs algériens en 1920
Créé en 1915 avec deux bataillons de tirailleurs et un de zouaves, son bataillon de zouaves est dissous en avril 1918. Le régiment comprend dès lors trois bataillons de Tirailleurs mais conserve son nom de 4e mixte. Il deviendra le 16e régiment de tirailleurs tunisiens en 1920.
En , on constitue de nouvelles unités de marche à partir de bataillons stationnant en France où ils viennent de combattre.
De 1920 à 1927, l'Afrique du Nord fourni la plupart des unités d'infanterie de l'armée du Levant. Les 17e, 18e, 19e, 21e, 22e, 27e, 31e, 47e RTA constituent l'essentiel de son infanterie aux côtés des 16e, 20e et 36e RTT ainsi que des 65e et 66e RTM.
Les tirailleurs participent à toutes les campagnes entre 1920 et 1927 : campagne de Cilicie contre les turcs en 1920-1921, guerre franco-syrienne en mars 1920-juillet 1920, révolte druze de 1925-1927. Le 19e RTA est cité une fois à l'ordre de l'armée pour sa conduite lors de la campagne de Cilicie et le 21e RTA, trois fois, pour les opérations en Cilicie et en Syrie. Plusieurs bataillons sont également cités à l'ordre de l'armée.
Comme avant la Grande guerre, depuis 1907, les tirailleurs algériens sont utilisés massivement durant toute la période de l'entre-deux-guerres dans les opérations de « pacification » au Maroc notamment lors de la Guerre du Rif de 1925 à 1927. Le 25e RTA est cité à l'ordre de l'armée pour sa conduite lors de la Guerre du Rif en 1926 ainsi que de nombreux bataillons.
Au , l'effectif des Maghrébins affectés aux armées s'élève à 70 000 hommes en métropole, 100 000 en Afrique du Nord, 23 000 au Levant, 2 000 dans la Marine et 145 000 affectés aux forces de territoire, soit un total de 340 000 hommes[33].
De 1942 et 1945, après le réarmement des troupes françaises en Afrique du Nord, 233 000 Maghrébins et Européens sont mobilisés et affectés essentiellement dans les régiments de tirailleurs notamment au sein de la 2e DIM, de la 3e DIA et de la 4e DMM[34]. À cause de la crise des effectifs, les zouaves, normalement composés d'Européens recrutent aussi des « indigènes » et deviennent des unités mixtes[35]. Trois régiments de zouaves, les 1er, 3e et 4e participent à la campagne de Tunisie en 1942-1943. Aucune formation de zouaves n'est engagée en Italie. Neuf bataillons prennent part aux campagnes de France et d'Allemagne en 1944-1945: 3 Bataillons de Zouaves Portés (BZP) à la 1re division blindée en 1944-1945, le 9e régiment de zouaves à la suite de la 1re Armée Française en Alsace et Allemagne enfin le 4e régiment de zouaves rattaché à l'armée commandée par le général Larminat et chargée de la liquidation des poches de résistance allemande de la pointe de Grave, à Royan et à La Rochelle sur la côte atlantique[36]. Le 22e bataillon de marche nord-africain de la 1re division française libre est également composé de tirailleurs maghrébins et d'Européens.
Au cours de la bataille de France du au , 14 régiments de tirailleurs algériens (6e, 11e, 13e, 14e, 15e, 17e, 18e, 19e, 21e, 22e, 23e, 25e, 27e et 31e RTA) participent aux combats, aux côtés de 10 régiments de tirailleurs marocains (RTM) et 5 régiments de tirailleurs tunisiens (RTT). Cinq RTA sont cités une fois à l’ordre de l’armée (6e, 11e, 14e, 15e et 19e) ainsi que le 4e RTT et 5 RTM (1er, 2e, 3e, 4e et 7e). Le 13e RTA reçoit l'inscription Flandres 1940 sur son drapeau, le 1er RTM, l'inscription Gembloux 1940 (tout comme le 2e et le 7e RTM). En outre, 17 régiments de tirailleurs sont capturés dont les 13e, 14e, 15e, 21e, 22e, 23e, 25e et 27e RTA[37].
Le nombre de Maghrébins tués lors de la Bataille de France, majoritairement des tirailleurs algériens et tunisiens, s'élève à 5 400[38] sur un total d'environ 58 000 morts[39].
En juin-, les 22e et 29e RTA participent avec le 16e RTT, au sein de l'armée d'armistice au Levant, à la campagne de Syrie contre les forces britanniques et les Forces françaises libres (FFL).
Au , les effectifs engagés dans la campagne de Tunisie, s'élèvent à environ 73 000 hommes dont plus de 50 000 Maghrébins (70 %)[40].
Du au , 7 régiments de tirailleurs algériens (1er, 2e, 3e, 6e, 7e, 9e et 29e RTA) participent aux combats en Tunisie aux côtés du 4e RTT, du 7e RTM, du 4e RMZT et d'un bataillon du 16e RTT. Le 2e RTA est cité à l'ordre de l'armée ainsi que plusieurs bataillons de RTA. Le 1er RTA reçoit l'inscription Pichon 1943, le 2e RTA l'inscription Tunisie 1942-1943, le 3e RTA l'inscription Medjez-el-Bab 1943, le 7e RTA, l'inscription Fondouk-el-Okbi 1943, le 6e et le 9e, l'inscription Djebel-Zaghouan 1943[41].
Le nombre de Maghrébins tués de à , essentiellement des tirailleurs, s'élève à environ 3 500[42].
En , le CEF en Italie comporte 112 000 hommes dont 67 000 Maghrébins (60 %)[43].
Du à fin , les 3e et 7e RTA participent aux combats aux côtés du 4e RTT, des 1er, 2e, 4e, 5e, 6e et 8e RTM et du 22e BMNA. Toutes les unités comprennent des tirailleurs algériens, que ce soient des RTA, des RTT, des RTM ou le 22e BMNA. Sont cités à l'ordre de l'armée les 3e (2 fois) et 7e RTA, le 4e RTT, les 1er, 2e, 4e, 5e (2 fois), 6e et 8e RTM (2 fois) ainsi que le 22e BMNA[44].
Décrivant cette campagne, Pierre Montagnon écrit « Les tirailleurs de la 3e DIA, la division des trois croissants, écriront sur les pentes des Apennins quelques-unes des plus belles pages d'héroïsme de l'histoire de l'armée française. Ces enfants de la vieille Numidie que leur chef, le général de Montsabert, qualifie de par leur origine d'héritiers de la IIIe Augusta, enlèveront le Monna Casale (1 395 mètres), le Monna Acqua Fondata (1 325 mètres), s'accrochent au Belvédère avant de forcer la ligne Gustav et de marcher sur Rome »[45].
Lors de la campagne d'Italie, des soldats (Européens et Nord-Africains) du CEF commettent des crimes de 1944 en Ciociarie.
6 500 soldats, dont 4 000 Maghrébins, surtout des tirailleurs algériens et tunisiens, sont tués de à [46].
Sur les 267 000 hommes que compte la 1re armée quelques mois après le Débarquement de Provence en , les Maghrébins, majoritairement tirailleurs algériens et tunisiens, représentent environ 50 % des effectifs soit plus de 130 000 hommes[47].
Toutes les unités de tirailleurs que ce soient des RTA, des RTT, des RTM ou le 22e BMNA comprennent des tirailleurs algériens.
En France, du 16 août 1944 à mars 1945,
Sont cités à l'ordre de l'armée les 3e (2 fois) et 7e RTA (2 fois), le 4e RTT (2 fois), les 1er, 4e, 5e, 6e et 8e RTM ainsi que le 22e BMNA[48].
En Allemagne, du au ,
Le nombre de Maghrébins tués d' à , essentiellement des tirailleurs, s'élève à 3 716 (dont 96 à la 2e DB)[50].
Entre 1947 et 1954, 122 900 Maghrébins débarquent en Indochine. Le , les Maghrébins, majoritairement des tirailleurs algériens, engagés dans le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient sont environ 37 000 sur un total de 127 785 hommes des Forces terrestres (autochtones non compris)[51],[52].
Les 1er, 2e et 7e régiments de tirailleurs arrivent en Indochine dès 1947 et au total 54 bataillons de tirailleurs algériens et tunisiens passent en Indochine de 1947 à 1955. Au total, le nombre de Maghrébins tués et disparus s'élève, selon les estimations, entre 8 000 et 12 256[53],[54].
Dix régiments de tirailleurs (1er, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 21e, 21e, 22e) composés de Français de souche nord-africaine (F.S.N.A) participent à la guerre d'Algérie[8].
Pour les décorations et les citations, les régiments de tirailleurs algériens sont avec les Zouaves parmi les plus décorés de l'armée française et viennent juste après le Régiment d'infanterie coloniale du Maroc (RICM), appartenant aux troupes coloniales, et le Régiment de marche de la Légion étrangère, appartenant à l'Armée d'Afrique[55].
Sur les 34 drapeaux d'Infanterie de l'armée française décorés à ce jour de la Légion d'honneur, 6 sont des régiments de tirailleurs algériens et tunisiens. Le drapeau du 2e RTA est l'un des 4 drapeaux de régiments de l'Armée française décorés à la fois de la Légion d'Honneur et de la Médaille Militaire[56],[57],[58]. On lit dans une de ses 6 citations : « régiment d'assaut qui a conservé dans cette guerre les rudes et éclatantes traditions de l'arme blanche et de la baïonnette française »[59].
Au cours de la Première Guerre mondiale, leurs faits d'armes leur valent les plus hautes distinctions. Ils obtiennent plus de 20 % des plus hautes distinctions décernées (Drapeaux décorés de la Légion d'honneur ou de la Médaille militaire et fourragères rouges à la couleur de la Légion d'honneur) alors que leurs effectifs au combat ne représentent à la fin de la guerre que 2 % du total des combattants[60]. Sur 19 régiments d'infanterie de l'Armée française dont le drapeau est décoré de la Légion d'honneur ou de la Médaille militaire au cours de la guerre, on dénombre 4 régiments de tirailleurs[61]. Sur les 17 régiments (et 6 bataillons) qui ont reçu la fourragère à la couleur de la Légion d'honneur (au moins 6 citations à l'ordre de l'Armée) on dénombre également 4 régiments de tirailleurs[62]. En outre, les 14 régiments de tirailleurs en activité au 31 août 1918 ont tous obtenu la fourragère (au moins 2 citations à l'ordre de l'Armée) totalisant 55 citations à l'ordre de l'Armée[63] ; 6 reçurent la fourragère aux couleurs de la croix de Guerre[64], 4 la fourragère aux couleurs de la Médaille militaire[65] et 4 fourragères aux couleurs de la Légion d'honneur[66],[67],[68].
Au cours de la Seconde Guerre mondiale 6 régiments de tirailleurs algériens et tunisiens sont cités à l'ordre de l'armée et 3 reçoivent la fourragère.
Deux régiments, les 4e RTT et 7e RTA ont été cités au moins 10 fois à l'ordre de l'armée de 1914 à 1945 et comptent parmi les plus décorés de l'Armée française