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Nombre normal
nombre réel tel que, quelle que soit la base de numération choisie pour l'écrire, en recherchant une séquence finie de chiffres dans son développement, on a autant de chance de la trouver que n'importe laquelle des séquences de même longueur De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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En mathématiques, un nombre normal en base dix est un nombre réel tel que dans la suite de ses décimales, toute suite finie de décimales consécutives (ou séquence, ou encore plage) apparaît avec la même fréquence limite que n'importe laquelle des séquences de même longueur[1]. Par exemple, la séquence 1789 y apparaît avec une fréquence limite 1/10 000. Émile Borel les a ainsi nommés lors de sa démonstration du fait que presque tout réel possède cette propriété.
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Définitions
Notons l'ensemble des chiffres en base , et soit un nombre réel. Si est une suite finie d'éléments de , notons le nombre d'apparitions de la suite parmi les premiers chiffres après la virgule du développement propre de en base . Le nombre est dit :
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Théorème des nombres normaux
Résumé
Contexte
Le concept de nombre normal a été introduit par Émile Borel en 1909[7]. En utilisant le lemme de Borel-Cantelli, il démontre le « théorème des nombres normaux » : presque tous les nombres réels sont absolument normaux, dans le sens où l'ensemble des nombres non absolument normaux est de mesure nulle (pour la mesure de Lebesgue).
Théorème — Dans , presque tout nombre (au sens de la mesure de Lebesgue) est absolument normal.
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Propriétés et exemples
- Un nombre rationnel (donc de développement périodique en toute base) est simplement normal en base si et seulement si la longueur de sa période dans cette base est un multiple de et chaque chiffre de 0 à apparaît fois dans cette période[2]. Il n'est donc jamais normal en base . Par exemple, le rationnel , dont le développement décimal s'écrit , est simplement normal en base dix[2] mais pas en base cent.
- Un nombre est normal en base si et seulement si la suite est équidistribuée modulo 1[9], ce qui, d'après le critère de Weyl, équivaut à :
- pour tout entier .
- Le produit d'un nombre normal en base par un rationnel non nul est normal en base [10].
- L'ensemble des nombres simplement normaux en base est maigre[11]. A fortiori, l'ensemble des nombres normaux en base est maigre (alors que le sur-ensemble des nombres univers en base est comaigre).
- Le nombre de Champernowne , dont le développement décimal est formé par la concaténation de tous les nombres naturels, est normal en base dix[12], de même que celui de Copeland-Erdős , obtenu en concaténant les nombres premiers[13], mais il n'est pas démontré qu'ils le soient dans d'autres bases.
- Un nombre peut en effet être normal dans une base mais pas dans une autre ; par exemple
- est normal en base 2[14] mais pas en base 6[15]. Plus généralement, pour deux bases et dans , les nombres normaux sont les mêmes si et seulement si les entiers et sont « équivalents » au sens « puissance rationnelle l'un de l'autre »[16], tandis que si deux parties complémentaires et de sont fermées pour cette relation d'équivalence, alors l'ensemble des nombres qui sont normaux dans toute base de et anormaux dans toute base de a la puissance du continu[17].
- En particulier (cas ) l'ensemble des nombres normaux a la puissance du continu (ce qui se déduisait déjà du théorème de Borel), de même que (cas ) l'ensemble des réels qui ne sont normaux dans aucune base (ce qui se déduisait déjà du fait qu'il est comaigre).
- Le théorème des nombres normaux établit l'existence des nombres normaux, mais n'en construit explicitement aucun. Cependant, Henri Lebesgue et Wacław Sierpiński[18] ont, indépendamment, repris la démonstration de Borel et l'ont exprimée sous une « forme constructive[1] » qui permet de définir explicitement un nombre normal, mais peut-être non calculable[1]. Il existe beaucoup de nombres normaux non calculables (par exemple tous les réels au développement numérique aléatoire, comme la constante de Chaitin Ω), mais il existe aussi des nombres normaux calculables[19].
- Il est extrêmement difficile de démontrer la normalité de nombres pourtant simples. Par exemple, on ne sait pas si √2, π, ln(2) ou e sont normaux (mais des expériences numériques font conjecturer qu'ils le sont[20],[21]). On ne sait même pas démontrer qu'un chiffre donné apparaît une infinité de fois dans le développement décimal de ces constantes (une propriété analogue, mais bien plus faible, que celle d’être un nombre univers). Émile Borel a conjecturé en 1950[22] que tout irrationnel algébrique est normal ; on ne connaît pas de contre-exemple, mais on ne connaît même pas non plus de nombre algébrique qui soit normal dans une base.
- Un algorithme presque linéaire qui génère le développement binaire d'un nombre absolument normal est donné par Jack H. Lutz et Elvira Mayordomo[23], le n-ième bit de étant calculé après étapes de calcul. Cette vitesse est obtenue en calculant et en diagonalisant simultanément contre une martingale qui incorpore les algorithmes d'analyse de Lempel-Ziv dans toutes les bases.
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Nombres normaux et automates finis
Des liens existent entre nombres normaux et automates finis. Ainsi, on a
Théorème — Un nombre réel est normal dans une certaine base entière si et seulement si son développement dans cette base est incompressible par un automate de compression sans perte[24].
Dans ce contexte, un automate de compression sans perte est un automate déterministe avec sorties (donc un transducteur fonctionnel) injectif.
Un corollaire est le théorème suivant, dû à V. N. Agafonov et datant de 1968 :
Théorème d'Agafonov[25],[26] — Une suite infinie sur l'alphabet binaire A est normale sur A (si et) seulement si toute sous-suite sélectionnée par un automate fini est elle-même normale sur .
Ce théorème a été redémontré indépendamment vingt ans plus tard[27], puis généralisé en 1992 à des alphabets arbitraires[28],[24].
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Voir aussi
- Nombre univers (possédant la propriété plus faible que toute séquence apparait dans la suite des décimales, sans imposer l'équipartition).
Notes et références
Bibliographie
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