La première enceinte médiévale ou enceinte du Xesiècle construite à la fin du Xesiècle et au début du XIesiècle, est l'une des sept enceintes ayant successivement entouré Paris. Contrairement aux enceintes postérieures, elle se limite à la rive droite. Son tracé actuellement en grande partie établi reste incertain sur certains tronçons. Après sa destruction, dont la date est inconnue, le souvenir de cette enceinte s'est perdu durant plusieurs centaines d'années.
Après le traité de Saint-Clair-sur-Epte qui met fin aux invasions normandes, l'urbanisation se concentre sur des monceaux de la rive droite de la Seine à l'abri des crues de la Seine autour des églises Saint-Germain-l'Auxerrois, Saint-Merri et Saint-Gervais au détriment de la rive gauche. Chacun de ces petits bourgs aurait été protégé par une enceinte particulière.
Afin de protéger ces agglomérations et l'urbanisation qui se développe sur la rive droite, une seconde enceinte est construite uniquement sur la rive droite, peut-être à la fin du Xesiècle, les travaux ayant été engagés par Eudes ou Robert Ier[1],[2].
Cette enceinte a donc entouré Paris, au moins à partir du règne de Hugues Capet (987-996), de celui de Robert le Pieux (996-1031) ou de celui de Louis VI le Gros (1108-1137) au plus tard[3]. Suivant sa date de construction, s'il semble acquis que cette muraille n'existait pas lors du siège de 885 à 887 par les Normands, il est à supposer que cette enceinte a pu permettre de repousser le siège de Paris de 978 entrepris par Otton II du Saint-Empire[4]. En effet, les historiens indiquent que l'empereur Otton vint frapper de sa lance une des porte de Paris, qu'il incendia le faubourgméridional et menaça de brûler Paris[5],[6].
La rive gauche de Paris n'était pas entourée de murailles. Elle n'avait pour défense que les murs des abbayes[7].
L'enceinte carolingienne disparut dans l'urbanisation. Il en restait des vestiges en 1380 mais elle tombe ensuite dans l'oubli. À partir du XVIIIesiècle, des historiens supposent son existence, antérieure à celle de Philippe-Auguste, en raison de plusieurs toponymes tels que porte Baudoyer, archet Saint-Merri, etc[10].
Ces recherches ont permis de définir avec une certaine précision ce tracé qui comprend, à l'ouest de la rue Saint-Martin, une majorité (55,4% ) de limites viaires actuelles (rue Perrault, rue de la Ferronnerie, rue de la Reynie) ou de rues existant avant les travaux haussmanniens des années 1850, dans sa partie orientale une majorité (68,8%) de limites parcellaires cadastrales et de traversées du bâti (25,3%)[14].
Quatre portes de cette enceinte ont laissé des traces dans la toponymie parisienne, ce sont:
En 2009, des fouilles menées par l'Inrap à l'angle du no144rue de Rivoli et de la rue de l'Arbre-Sec révèlent des vestiges de cette première enceinte médiévale[17],[18]. Ces vestiges ne consistent qu'en la découverte du fossé. Le talus et la palissade de bois ayant été arasés lors de la destruction de l'enceinte, il n'en reste aucune trace[19].
À la suite des fouilles effectuées, les chercheurs supposent que cette enceinte était vraisemblablement flanquée d'un talus d'environ 2 mètres de haut avec un sommet plan de 3 mètres de large surmonté d'une palissade en bois et d'un fossé en forme de «V» qui avait environ 12 mètres de large et 3,5 mètres de profondeur.
Plusieurs documents font état de l'existence de cette enceinte en citant des bâtiments et leurs emplacements[20]:
Une charte de Lothaire, donnée vers 980, où il est question de la chapelle Saint-Georges, qui était située près de la rue Saint-Magloire, qui est dite «In suburbio Parisiaco, haud procul a moenibus» c'est-à-dire «dans la banlieue de Paris, non loin des murs».
Dans un compte des revenus de l'abbaye Saint-Denis, rendu vers 1145, l'abbé Suger, ministre de Louis le Gros, parle d'une maison qu'il avait acquise, et qui était située «super..., porta Parisiensi, versus sanctum Medericum» c'est-à-dire «près de la porte de Paris appelée Saint-Mederic» autrement dit l'archet Saint-Merri.
Dans un acte de 1253, il est dit que les Templiers possédaient une rente de cinquante sous sur deux masures à la porte Baudoyer, joignant les murs du Roi.
Dans des lettres patentes de Philippe le Hardi, datées de 1280, et relatives à l'étendue du fief de Saint-Éloy, vers la rue Saint-Antoine, on lit que ce fief s'étendait «juxta venditores piscium, prope portam Bauderii, a domo Johannis des Carniaux, que est de dicto territorio sancii Eligii, per quem muri veteres Parisienses ire solebant» c'est-à-dire «Au poissonniers de la porte Baudoier, à la meson Jehan des Creniaus, laquelle meson est de saint Éloy, par laquelle les viez murs de Paris alerent».
Robert Descimon & Jean Nagle, «Les quartiers de Paris du Moyen Âge au XVIIIesiècle, évolution d'un espace plurifonctionnel» in Annales, économies, sociétés, civilisations, 1979, pages 956 à 983. l'article en ligne
Guy le Hallé, Les fortifications de Paris, Le Coteau, Horvath, , 271p. (ISBN2-7171-0464-X).
Renaud Gagneux et Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris: promenade au long des murs disparus, Paris, éditions Parigramme, , 246p. (ISBN2-84096-322-1).
Xavier Peixoto, Paul Celly, «La première enceinte de la rive droite à Paris (XeetXIesiècles). Fouille du 140a, rue de Rivoli Paris 1er. Étude topographique du tracé et exploitation des sources écrites», dans Archéologie médiévale, 2013, no43(lire en ligne)