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film français de Jean-Marie Poiré, sorti en 1982 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le père Noël est une ordure est un film comique et burlesque français de Jean-Marie Poiré, sorti en 1982.
Réalisation | Jean-Marie Poiré |
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Scénario |
Jean-Marie Poiré La troupe du Splendid |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Trinacra Films Films A2 Les Films du Splendid |
Pays de production | France |
Genre | Comédie burlesque |
Durée | 88 minutes |
Sortie | 1982 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Interprété par la troupe du Splendid, ce film est l'adaptation de leur pièce de théâtre du même nom créée en 1979.
Le soir du réveillon de Noël, à la permanence téléphonique parisienne de l'association « SOS Détresse Amitié », des bénévoles sont perturbés par l'arrivée de personnages marginaux et farfelus, qui provoquent des catastrophes en chaîne.
Au fil de la soirée, Pierre Mortez et Thérèse, les permanents de SOS Détresse Amitié ce soir-là, reçoivent tour à tour la visite de leur voisin bulgare, M. Preskovitch, qui leur présente des spécialités gastronomiques de son pays — toutes aussi infectes les unes que les autres —, de Katia, un travesti dépressif, de Josette (dite « Zézette »), la « petite protégée » de Thérèse, ainsi que de Félix, le fiancé miteux de Josette (violent envers Josette et voleur invétéré) déguisé en père Noël, sans oublier Mme Musquin, la présidente de l'association, qui reste coincée dans l'ascenseur à deux reprises, attendant le dépanneur.
Après moult péripéties et alors que tout semble revenir à la normale, Josette, pour vider le pistolet de Félix et le rendre inoffensif, tue malencontreusement le dépanneur de l'ascenseur à travers la porte d'entrée du local.
Josette et Félix, nullement effrayés, découpent le cadavre en morceaux qu'ils emballent dans du papier-cadeau. Tout le monde se rend ensuite au zoo de Vincennes pour jeter les paquets dans les enclos des animaux carnivores, afin d'effacer toute trace.
Note : dans la pièce de théâtre originale de 1979, certains personnages sont quelque peu différents.
À la suite du succès de la pièce originale de 1979[15],[16], Yves Rousset-Rouard lance l'idée d'une adaptation cinématographique, avec Jean-Marie Poiré à la réalisation. Jean-Marie Poiré a rencontré la troupe par le biais de Josiane Balasko, avec qui il avait tourné son premier film, Les Petits Câlins, en 1977, et Les hommes préfèrent les grosses en 1981[17]. Le réalisateur est arrivé avec l'intention de faire « un vrai film », de « repartir dans une autre logique ». D'après lui, la fin de la pièce était « très très mauvaise » et « s'emballait dans une espèce de caricature de grand guignol[18] ».
Dans la première version du scénario, Thérèse et Pierre sortaient du zoo et se rendaient dans une église pour se confesser à un prêtre, qui aurait été interprété par Michel Blanc. Horrifié, le prêtre dénonçait les agissements de la bande à la police. Le film se serait terminé par une photo des protagonistes dans le box des accusés à la une d'un journal[19]. Gérard Jugnot, durant le tournage, dit que « c'est le premier film catastrophe mais humain, sale mais drôle »[20]. Christian Clavier précise, bien des années plus tard, que « les pauvres sont épouvantables dans le film. Il se fait à l'époque où la gauche est au pouvoir et nous montrons qu'il reste des laissés-pour-compte. »[20]
Jacques François, qui joue le pharmacien, a accepté de jouer gratuitement dans le film[22] : la production ne pouvant lui payer son cachet habituel très élevé, il préféra donc jouer son rôle gratuitement plutôt que d'accepter le cachet dérisoire proposé[23]. Jean-Marie Poiré l'ayant beaucoup apprécié, il le fera tourner dans la plupart de ses films suivants : Papy fait de la résistance, Twist again à Moscou, Mes meilleurs copains, L'Opération Corned-Beef et Les Couloirs du temps : Les Visiteurs 2.
Guy Marchand devait faire une apparition. Frustré par le tube Destinée, chanson qui figurait dans le film Les Sous-doués en Vacances, il ne souhaitait plus être associé à celle-ci. Il estimait ce tube fait « facilement ». Il ne voulait pas être considéré comme un chanteur de variétés, alors qu'il était un jazzman expérimenté, avec l'estime de grands noms du jazz comme Michel Petrucciani, Al Jarreau, George Benson, Claude Nougaro. Cette chanson restera, pour le grand public, la plus connue de ce crooner, bien malgré lui. Guy Marchand renonce finalement à faire un caméo dans le film, autorisant la diffusion de la chanson Destinée dans le film.
Jean-Pierre Darroussin prête sa voix à l'homme « qui ne sait pas aligner trois mots cohérents » lorsqu'il appelle SOS Détresse-Amitié pendant que Pierre, Thérèse et Josette mangent les huîtres[17]. Le court rôle du réparateur d'ascenseur est tenu par Pierre Eugène, également engagé en tant que chauffeur de production du film[24].
La première scène du film a réellement été tournée sur les grands boulevards de Paris au moment de Noël, et ce sans autorisation de la part des grands magasins. Gérard Jugnot, caché dans une camionnette, sortait quelques instants pour les prises. L'équipe de tournage utilise ensuite un nom de code : Les bronzés fêtent Noël[25].
Le terrain vague sur lequel se trouve la caravane de Félix et Zézette, est désormais occupé par l'hôpital Robert-Debré situé entre la Porte des Lilas et la Porte du Pré-Saint-Gervais[26].
La scène où Marie-Anne Chazel et Anémone cherchent des huîtres et du vin blanc a été tournée près du Square Trousseau (12e arrondissement) dans la brasserie homonyme[27].
La scène finale a été filmée au zoo de Vincennes, situé dans le 12e arrondissement[28], avant que le film ne se termine sur un plan laissant voir le boulevard Malesherbes (17e arrondissement).
Les scènes d'intérieurs ont été tournées dans les studios d'Épinay à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Tout un immeuble a été construit, avec un ascenseur pouvant monter trois étages.
Le chant choral introduisant le générique du début est un chant de Noël polonais (en polonais : kolęda) de Franciszek Karpiński (1741–1825) intitulé : Bóg się rodzi en français : « Dieu est né » interprété par Mazowsze[29].
Le slow entre Pierre et Katia est dansé sur la chanson de Guy Marchand, Destinée, qui n'était pas celle prévue à l'origine. Les images ont été tournées avec Pauvres Diables de Julio Iglesias en fond sonore, mais il s'est avéré impossible d'obtenir les droits de la chanson.
Vladimir Cosma, chargé de trouver une chanson avec un rythme similaire, a repris Destinée, qu'il avait composée avec Guy Marchand pour le film Les Sous-doués en vacances, sorti le 10 mars 1982 . Les dialogues ont été réenregistrés, on entend Katia demander « Vous aimez ce genre de musique ? » alors qu'il dit en réalité « Vous aimez Julio Iglesias ? », tandis que la réponse « C'est un grand chanteur » de Pierre est remplacée par « C'est très joliment chanté ». Même si la chanson de Julio Iglesias a été supprimée au montage, le chanteur est néanmoins présent dans le film. En effet, la caravane de Josette et Félix est décorée de photos de ce dernier, et Josette porte un badge « I love Julio ».
À sa sortie en salles, le film fut boycotté par la RATP qui refuse de louer des panneaux publicitaires pour l'affiche en raison de son titre provocant. Certains cinémas ont ajouté diverses mentions sur leurs affiches : Le père Noël est une ordure… pas le vrai, ou encore Le père Noël est… presque… une ordure.
Dans la bande-annonce, Thierry Lhermitte cite la tribu des Arumbayas, une tribu amérindienne fictive créée par Hergé dans Les Aventures de Tintin.
À sa sortie en 1982, les critiques du film sont divisées, oscillant entre « neutres, parfois hostiles »[20]. Alors que la critique des Cahiers du cinéma dénonce un manque de contenu et de message[30], d'autres comme celles du quotidien Le Monde ou du magazine Première saluent le rythme de la mise en scène et du jeu des acteurs[16],[31].
« Bonne nouvelle, stop - Café-théâtre en progrès, stop - Pas de contenu, stop - Comédie parfois noire, stop - Comédie sans message, stop - Point fort : unités de temps et de lieu respectées, stop - Adaptation rigoureuse pièce de théâtre, stop »
— Serge Toubiana, Les Cahiers du cinéma, octobre 1982[30],[22].
« Dialogues-mitraillettes, mouvement incessant, entrées, sorties, rencontres, télescopages de personnages pittoresques [...]. Les gens du Splendid sont de fameux acteurs »
— Jacques Siclier, Le Monde, septembre 1982[32].
Les critiques cinématographiques ultérieures sont positives, soulignant l'efficacité comique d'un film désormais culte, et qui a apporté « un renouveau au cinéma comique français »[15],[33],[34].
En revanche, le personnage de Preskovitch (Bruno Moynot) avec ses spécialités dégoûtantes comme le « kloug aux marrons », les « spotsis d'Osijek » de la pièce et les « doubitchous » du film, a fait dire à Jean-Marie Martin, bon connaisseur de la culture balkanique, que « ne pouvant pas, légalement, se moquer des pays voisins de la France et encore moins des Africains, des Arabes ou des Juifs, les scénaristes de ce film se sont engouffrés dans le vide juridique qui leur permet de véhiculer des clichés péjoratifs sur les Balkaniques »[35] alors qu'en fait Josiane Balasko, qui les a inspirés, s'était régalée des plats et pâtisseries d'Osijek, en Croatie, ville proche du lieu de naissance de son père[36],[37].
À sa sortie en France en 1982, le film attire 1 582 732 spectateurs[38], moins que pour Les Bronzés[39] mais un peu plus que pour Les Bronzés font du ski[40]. Vers la même époque E.T., l'extra-terrestre fait huit millions d'entrées et Le Gendarme et les Gendarmettes, quatre[20].
Par la suite, après ses multiples diffusions à la télévision, le film obtient un statut « culte »[20],[41].
Année après année, les chaînes françaises (France 2, TF1, la 5[15],[34]...) continuent de diffuser le film et à chaque fois, le film obtient des audiences significatives[42],[43],[44]. Le Parisien note en 1999 que le film en est déjà à sa huitième rediffusion[15].
Semaine | Rang | Entrées | Salles | no 1 du box-office hebdomadaire | |
---|---|---|---|---|---|
1 | au | 1er | 113 517 entrées | 27 | Le père Noël est une ordure |
2 | 1er septembre au | 3e | 84 534 entrées | 27 | Mad Max 2 : Le Défi |
3 | au | 3e | 49 340 entrées | 28 | Le Grand Frère |
4 | au | 3e | 49 504 entrées | 27 | Blade Runner |
5 | au | 5e | 44 832 entrées | 26 | Tir groupé |
6 | au | 7e | 37 826 entrées | 23 | Class 1984 |
7 | au | 12e | 20 190 entrées | 17 | Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ |
8 | au | 14e | 12 695 entrées | 11 | Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ |
9 | au | 26e | 8 940 entrées | Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ |
En 1982, une société anonyme est constituée, spécialement créée par une partie des acteurs du Splendid mais ils n'avertissent pas les autres comédiens, dont Anémone[46]. Après la sortie du film, Anémone prend ses distances avec la troupe du Splendid qui reprend pourtant une part significative de sa création originale, depuis la pièce de 1979[47] ; elle ne va toucher ni droits, ni rétributions, que ce soit pour la pièce de théâtre ou pour le film sorti en 1982, lesquels contiennent pourtant les fameuses répliques qu'elle a créées[48].
Lors de la sortie du film en 1982, la production rencontra des difficultés pour en faire la promotion, en raison de son titre qui était assez mal vu. La RATP et la Ville de Paris ont ainsi refusé de louer des emplacements publicitaires pour l'affiche du film, jugeant son titre trop irrévérencieux[49],[50].
Des problèmes ont également été rencontrés pour le tournage des scènes dans les grands magasins. « Partout on essuyait des refus » explique ainsi Jean-Marie Poiré. En effet, le titre était jugé « un peu trop agressif » alors que le Père Noël est une figure censée « faire rêver les enfants »[51].
Le tableau illustrant Thérèse avec un porc utilisé dans le film est différent de celui qui fut utilisé pour la pièce de théâtre. Le même artiste peint les deux tableaux : Bernard Desnoyers. Le tableau utilisé pour tourner le film est resté entre les mains de son auteur, qui a donc conservé l'œuvre[37],[52]. Le tableau utilisé pour la pièce a été vendu, et est la propriété de l'acteur Jean-Claude Dreyfus[37],[52].
En 1994, Le père Noël est une ordure fait l'objet d'une reprise américaine réalisée par Nora Ephron sous le titre Mixed Nuts dont un des acteurs principaux est Steve Martin[55].
En clin d'œil au film Le père Noël est une ordure et au personnage de Monsieur Preskovitch qu'il y interprétait, Bruno Moynot apparaît dans une séquence, à la vingt-et-unième minute du long métrage, sorti en 2003, Les Clefs de bagnole, réalisé par Laurent Baffie ; en interrompant la réponse d'un passant à une question de Baffie sur le sujet de son film, il traverse le champ de la caméra en disant « Vous voulez un doubitchou ? ».
En 2021, au cours de la 46e cérémonie des César, lorsque les membres de la troupe du Splendid se voient décerner chacun un César anniversaire, Thierry Lhermitte vient récupérer son prix habillé de son costume original du film[56].
En 2016, Le père Noël est une ordure fait son entrée au musée Grévin : l'institution présente une scène en cire d'après les personnages du film[57].
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