Les Andelys
commune française du département de l'Eure De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Les Andelys [lezɑ̃dli][1] est une commune française située en région Normandie dans le département de l'Eure.
Les Andelys | |
Le Petit-Andely et la Seine vu du Château-Gaillard. | |
Blason |
|
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Eure (sous-préfecture) |
Arrondissement | Les Andelys (chef-lieu) |
Intercommunalité | CA Seine Normandie Agglomération |
Maire Mandat |
Frédéric Duché 2020-2026 |
Code postal | 27700 |
Code commune | 27016 |
Démographie | |
Gentilé | Andelysien |
Population municipale |
7 937 hab. (2021 ) |
Densité | 195 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 14′ 46″ nord, 1° 24′ 45″ est |
Altitude | Min. 7 m Max. 161 m |
Superficie | 40,62 km2 |
Type | Petite ville |
Unité urbaine | Les Andelys (ville-centre) |
Aire d'attraction | Les Andelys (commune-centre) |
Élections | |
Départementales | Canton des Andelys (bureau centralisateur) |
Législatives | 5e circonscription de l'Eure |
Localisation | |
Liens | |
Site web | https://www.ville-andelys.fr/ |
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Les Andelys est une commune de la vallée de la Seine du nord-est du département de l'Eure, située à 100 kilomètres de Paris et à 40 kilomètres de Rouen.
Les communes limitrophes sont Boisemont, Bouafles, Corny, Cuverville, Fresne-l'Archevêque, Guiseniers, Harquency, Hennezis, Vézillon, Les Trois Lacs et Frenelles-en-Vexin.
Les Andelys sont traversés par le Gambon, dont le Grand-Rang, un canal, est un aménagement artificiel.
La commune est par ailleurs située sur la rive droite de la Seine qu'un chemin de halage borde (ancien port de plaisance, quai-promenade, quai d'amarrage des navires-croisière, demeures anciennes).
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[4]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Côtes de la Manche orientale, caractérisée par un faible ensoleillement (1 550 h/an) ; forte humidité de l’air (plus de 20 h/jour avec humidité relative > 80 % en hiver), vents forts fréquents[5]. Parallèlement le GIEC normand, un groupe régional d’experts sur le climat, différencie quant à lui, dans une étude de 2020, trois grands types de climats pour la région Normandie, nuancés à une échelle plus fine par les facteurs géographiques locaux. La commune est, selon ce zonage, exposée à un « climat des plateaux abrités », correspondant aux plaines agricoles de l’Eure, avec une pluviométrie beaucoup plus faible que dans la plaine de Caen en raison du double effet d’abri provoqué par les collines du Bocage normand et par celles qui s’étendent sur un axe du Pays d'Auge au Perche[6].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 14,2 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 723 mm, avec 12 jours de précipitations en janvier et 8 jours en juillet[4]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Muids à 9 km à vol d'oiseau[7], est de 12,0 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 609,1 mm[8],[9]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[10].
La commune se trouve encaissée dans la vallée du Gambon, au cœur de l'une des boucles de la Seine.
Les coteaux de la Seine situés près des Andelys, hauts de 150 mètres, font partie du réseau européen d'espaces protégés Natura 2000 grâce notamment à leur végétation particulière.
Les falaises de craie, dont certaines sont utilisées par des grimpeurs (varappe et escalade), sont parmi les plus hautes de la vallée de la Seine. Elles composent un paysage pittoresque (blancheur de la roche entourée d'une végétation très dense) au-dessus du fleuve.
Au , Les Andelys est catégorisée petite ville, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[13]. Elle appartient à l'unité urbaine des Les Andelys, une agglomération intra-départementale dont elle est ville-centre[14],[I 1]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction des Andelys, dont elle est la commune-centre[Note 1],[I 1]. Cette aire, qui regroupe 7 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[15],[16].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (69,6 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (71,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (53,2 %), forêts (21,4 %), prairies (13,6 %), zones urbanisées (6,8 %), zones agricoles hétérogènes (2,8 %), eaux continentales[Note 2] (1,2 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (1 %)[17]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
La commune des Andelys compte onze hameaux, pour la plupart situés sur les plateaux :
En 2020, le nombre total de logements dans la commune était de 4 149, alors qu'il était de 4 085 en 2015 et de 3 723 en 2010[I 2].
Parmi ces logements, 83 % étaient des résidences principales, 3,7 % des résidences secondaires et 13,3 % des logements vacants. Ces logements étaient pour 59 % d'entre eux des maisons individuelles et pour 40,1 % des appartements[I 3].
Le tableau ci-dessous présente la typologie des logements aux Les Andelys en 2020 en comparaison avec celle de l'Eure et de la France entière. Une caractéristique marquante du parc de logements est ainsi une proportion de résidences secondaires et logements occasionnels (3,7 %) inférieure à celle du département (6,2 %) et à celle de la France entière (9,7 %). Concernant le statut d'occupation de ces logements, 49,4 % des habitants de la commune sont propriétaires de leur logement (46,4 % en 2015), contre 65,3 % pour l'Eure et 57,5 pour la France entière[I 4].
Le sentier de grande randonnée GR 2 passe par la commune.
Les Andelys sont notamment traversés par la route départementale D 135.
Un pont routier suspendu reconstruit après les destructions de la Seconde Guerre mondiale, en 1947, traverse la Seine entre la rive gauche vers Tosny et la rive droite andelysienne. C'est le seul pont existant entre Courcelles-sur-Seine et Saint-Pierre-du-Vauvray. L'ouvrage a été réalisé par la société Baudin Chateauneuf[18].
Commune urbaine formée en 1790 de la réunion du Grand Andely et du Petit Andely (Ancienne place fortifiée, connue au XIIe siècle sous le nom de la Couture d’Andeli ; port du Grand-Andely)[19].
Le nom de la localité est attesté sous les formes Andelaum, Andelaium en 588[20], Andilegum début VIIIe siècle (Bède), Andeleius (époque mérovingienne), Andelagum vers 830 (Gesta de Fontenelle), Andeliacum vers 1045[21], Les deux Andilly en 1637 (mémoires de Puységur)[19].
D'un type toponymique celtique (gaulois) *Andilācon ou *Andeliācon. François de Beaurepaire ne tient pas compte des formes de 588, pour lui, il s'agit d'un nom de lieu celtique (gaulois) ou gallo-romain en -acum (gallo-roman *-ACU < gaulois *-ācon), suffixe d'origine gauloise (comparer ancien gallois -oc, gallois -og, ancien breton -oc > -euc > -ec > néo-breton -eg), marquant la localisation, puis la propriété. Les formes anciennes attestent de la lénition du [c] intervocalique présent dans *-ACU qui a régulièrement abouti à [g] puis [j] avant de s'amuïr complètement (c'est déjà le cas dans la forme Andelei-us, avec -us comme désinence fictive).
Le premier élément est peut-être un appellatif andal / andel que l'on reconnaîtrait également dans le nom de l'Andelle et qui désigne des « eaux agitées » ou des « eaux en mouvement ». Cf. vieil occitan andalhon « mouvement de l'eau, va-et-vient de l'eau »[22],[23].
Les anthroponymes gaulois *Andilus, suivi de -IACU (autrement transcrit -iacum) ou *Andilius + -acum proposés par Albert Dauzat[22] ne sont pas attestés (Andala[24] serait attesté).
Le pluriel, les Andelys (on ne prononce pas le -s final) s'explique par la présence de deux agglomérations : le Grand Andely, village d'origine et le Petit Andely, seulement attesté au XIIIe siècle comme le Nouvel Andely (sous la forme latinisée Andeliacum novum en 1232) ou la Couture d'Andely, couture signifiant « culture » en ancien français[22].
Homonymie possible avec Andilly (Haute-Savoie), Andilly (Val-d'Oise) et Andilly (Haute-Marne), avec Andillé (Vienne), avec Andelat (Cantal) et Andillac (Tarn), selon François de Beaurepaire[22], alors que pour ces derniers, Albert Dauzat propose l’anthroponyme *Andillius, non attesté, dérivé du nom de personne gaulois Andius[24].
Certains témoignent de l'emploi de la langue norroise par une partie de la population au Moyen Âge ou du moins, de la limite géographique de son emploi dans la partie occidentale du Vexin normand.
À ces hameaux, on peut ajouter la commune contiguë du Thuit (Thuit La Fontaine 1409) du vieux norrois Þveit « essart », « défrichement de forêt » (cf. anglais thwaite, norvégien tveit).
Les Andelys sont traversés par une rivière et un canal : le Gambon à l'est et le Grand-Rang à l'ouest, qui se jettent dans la Seine à chaque extrémité du Petit-Andely.
Le nom du Gambon est attesté sous les formes Ganboon en 1198 et Rivus Gambo 1257[26]. Il est vraisemblable d'y voir le celtique (gaulois) cambo- « courbe, méandre » qui a donné les innombrables Cambon et Chambon , énumérés par Albert Dauzat[27]. Dans le cas présent, le passage de [k] (c) à [g] s'explique sans doute par l'attraction du mot gambe « jambe », Les Andelys se situant sur la limite sud-est de l'isoglosse appelée ligne Joret.
Le nom du canal du Grand-Rang est plus obscur[28] (le canal est creusé au XVIIe siècle, mais le nom semble antérieur), en outre Grand-Rang suppose l'existence d'un Petit-Rang qui pourrait désigner un petit ru primitif. Faute de formes anciennes, on suppose généralement que Rang est une graphie fallacieuse pour *Ren. En ce cas, l'étymologie est identique à celle du fleuve Rhin et aussi du ruisseau Rhin[29] (Grandcamp-Maisy et Géfosse-Fontenay dans le Calvados). Il remonte au celtique (gaulois) rēnos « rivière, fleuve » (c'est-à-dire à l'origine « flot », « qui coule »). On peut voir aussi dans *Ren la racine germanique correspondante rinn- / renn- de sens équivalent. Le thème *ren se poursuit dans le diminutif dialectal renel « ru, lit d'une rivière », éventuellement « égout » (cf. la Renelle, ruisseau à Rouen).
Sur le plan dialectal, les Andelys se situent à l’extrême pointe sud-est de l'isoglosse appelée ligne Joret redéfinie par René Lepelley, de sorte que, par exemple le *chastel de la Roche (château-Gaillard) pouvait être appelé *castel de la Roque (il est mentionné d'ailleurs sous différente formes d'oïl selon l'origine géographique des chroniqueurs ou en latin médiéval : castrum de Roka en 1197 ; Chastel de Galart (chronique de Saint-Denis) ; Castellum de Rupe en 1197 (charte de Richard Cœur de Lion, rupe étant la traduction en latin classique du latin vulgaire roca) ; Gaillarda rupes en 1198 (Rigord, moine de Saint-Denis) ; La Roche d'Andely 1200 (La Roque))[19]. Les textes de provenance française (Île-de-France) utilisent le terme de Gaillard, qualificatif couramment attribué à un château, contrairement aux textes normands. C'est pourquoi, il est douteux d’attribuer à Richard Cœur de Lion l'expression suivante : « Que voilà un château gaillard ! ».
Le territoire de la commune a été peuplé au moins à partir du Paléolithique moyen (Moustérien) au vu des fouilles de Léon Coutil.
L'existence de substruction d'un grand théâtre gallo-romain à Noyers sur le plateau, témoigne de la romanisation progressive du peuple gaulois des Véliocasses, mais aucun oppidum antérieur à la romanisation n'a été mis au jour.
Vers le Xe siècle, une petite colonie scandinave a dû s'installer sur le territoire des Andelys, car de nombreux toponymes conservent la trace de personnes parlant le vieux norrois (cf. Toponymie, ci-dessus).
Une hache d'arme d'origine scandinave à tranchant asymétrique a également été trouvée lors d'un dragage dans la Seine à cet endroit. Elle est conservée au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, alors que les deux autres trouvées entre Rouen et Elbeuf, sont conservées au musée départemental des antiquités de Rouen[30].
Au cours de la guerre en Normandie (1118-1119), que doit affronter Henri Ier d'Angleterre, contre des barons normands, soutenus par le roi Louis VI, la ville est livrée au roi de France à la suite de la trahison de d'Asselin Fils André[31].
La ville, qui appartenait jadis aux archevêques de Rouen, fut cédée le au duc de Normandie Richard Cœur de Lion. À sa mort en 1199, elle passa à son frère Jean sans Terre. Le , Jean réunit à la Roche-d'Andely les principaux barons normands et d'autres alliés tel que le comte de Flandre, Baudouin IX, le comte de Boulogne, Renaud de Dammartin, et leur fait jurer une alliance offensive contre la France, auquel il faut ajouter le comte de Meulan, Robert II, parmi les quinze comtes engagés dans la conjuration[32], ce qui n'empêchera pas Philippe Auguste d'enlever la place en 1204.
Le monument qui a contribué à la réputation de la petite ville normande est sans doute Château-Gaillard dont les ruines surplombent la vallée de la Seine. Le château est bien visible de la large vallée que forme à cet endroit un important méandre de la Seine.
À la fin du XIIe siècle, la Normandie fait partie de l'empire Plantagenêt et les rois de France lorgnent depuis toujours sur ces terres riches qui leur permettraient le contrôle de la Seine et un accès à la mer. Aussi, les ducs de Normandie ont depuis longtemps cherché à protéger cette position stratégique et leur frontière, en construisant une série de châteaux forts (Louviers, Malassis, Vernon, Gasny, Pacy-sur-Eure, Baudemont, Ecos, Château-sur-Epte, Gamaches, etc.) et ainsi, défendre l'accès à la capitale normande, Rouen.
En arrière de Vernon et des premiers points fortifiés sur l'Epte, tombés en partie aux mains du roi de France, en face de Gaillon conquis lui aussi par les Français, Richard Cœur de Lion lance la construction de Château-Gaillard en 1196 sur une falaise de craie surplombant la vallée de la Seine. Les Andelys sont organisés en verrou défensif pour bloquer toute tentative d'invasion de la Normandie par le roi de France, Grand-Andely est fortifié, le Petit-Andely aussi, on trouve également une série d'ouvrages dans la zone inondée entre les deux parties des Andelys et sur la rive gauche, ainsi qu'un pont fortifié sur l'île du Petit-Andely. Le château constitue le point fort de ce système défensif. Sa position sur la falaise est considérée comme inexpugnable. Pour empêcher toute descente du fleuve par la flotte française, Richard fait planter trois rangées de pieux dans le lit de la Seine en contrebas. La construction de Château-Gaillard aurait duré un an et, selon la légende, Richard Cœur de Lion aurait déclaré en 1197 : « Qu'elle est belle, ma fille d'un an. », bien qu'en réalité elle se soit seulement étalée sur près de deux ans.
Le château à proprement parler est précédé d'un ouvrage avancé, sorte de barbacane triangulaire cernée d'imposants fossés — 20 m en largeur, plus de 10 m en profondeur — creusés dans la craie. Cet ouvrage avancé protège l'accès unique à la basse-cour. Château-Gaillard est tout en longueur, car il est juché sur une saillie de falaise d'aspect oblong. Son extension oblige à étirer la défense ; c'est un inconvénient, mais il est compensé par la sécurité qu'offre l'escarpement. Sur plusieurs dizaines de mètres, un mur rideau descend jusqu'à la ville fortifiée du Petit-Andely. L'enceinte (« la chemise ») du donjon est l'élément le plus original du château ; elle est faite de murs incurvés, dits festonnés, permettant le rebond des projectiles (pierres projetées par les catapultes). Au sommet du donjon, qui est au trois quarts arrondi (ce qui constitue une évolution par rapport aux anciens donjons carrés), des mâchicoulis ont été aménagés pour défendre le pied des murailles contre les tentatives de sape notamment ; ils sont constitués de contreforts terminés par des arcs brisés, sauf sur sa face sud ouest (côté abrupt au-dessus de la Seine) où sont percées deux fenêtres. Sur ce point, Château-Gaillard est en avance sur son temps : la technique du mâchicoulis ne se répandra qu'au XIVe siècle, car auparavant on jetait sur l'ennemi la poix[33], la graisse de porc bouillante et les projectiles de toutes sortes, par le biais de petits ouvrages de bois en surplomb appelés hourds. Il en existait également à Château-Gaillard sur la chemise de ce donjon. Cette tour dans laquelle on entre par un long escalier qui mène au premier étage forme un bec orienté vers le plateau, son seul angle, afin de dévier les projectiles des machines de guerre.
Dès 1203, au début du siège, le gouverneur de la place, Roger de Lacy, fit expulser les habitants de La Couture (le Petit-Andely) au nombre d'environ 1 200 réfugiés au château depuis plusieurs mois, le but principal étant d'épargner les vivres dont la garnison disposait pour soutenir au moins deux ans de siège. Une bonne partie d'entre eux se retrouva dans les fossés au pied des murailles et y passa plusieurs semaines au cœur de l'hiver, les Français leur refusant le passage à travers leurs lignes constituées de retranchements, de palissades et de tours de bois. Le chroniqueur Guillaume le Breton en rejeta la faute sur Roger de Lacy et ses Normands, coupables à ses yeux d'avoir abandonné des proches et des amis, disculpant de la sorte Philippe Auguste dont il est le chapelain. Un tableau de grande dimension, œuvre du peintre Francis Tattegrain, illustrant cet épisode du siège, est exposé dans la salle d'instance de l'hôtel de ville des Andelys[34]. Philippe Auguste mena une campagne en règle contre Château-Gaillard.
En , c'est l'assaut à partir du plateau. Pour prendre la barbacane (l'ouvrage avancé), les mineurs descendirent dans le fossé et creusèrent une galerie sous la tour maîtresse. Cette mine fut étayée par des troncs que l'on incendia. Ses fondations sapées, la tour s'écroula et les défenseurs se replièrent par un pont mobile à l'abri de l'enceinte de la basse cour.
Au moment de la campagne de Normandie menée par le roi de France, Richard était déjà mort (1199) et avait laissé place à Jean sans Terre, son propre frère. Ce dernier fit construire une chapelle, dont les fenêtres donnent sur la muraille sud[35]. Une poignée de soldats français s'introduisirent par là et, à la faveur d'un incendie, actionnèrent le pont mobile de l'intérieur. Les défenseurs durent refluer vers l'ultime refuge : le donjon.
Les mâchicoulis ne servirent pas. Philippe Auguste attaqua par l'entrée, à laquelle on accédait par un pont dormant taillé dans la craie. Les Français tentèrent sans succès de miner l'enceinte. Puis, grâce au pont, ils avancèrent un engin de jet pour fendre la muraille. À l'intérieur, des 180 défenseurs normands au départ, il n'en restait plus que 123, dont 36 chevaliers. Quatre chevaliers trouvèrent la mort. Pas de baroud d'honneur pour eux : le , ils se rendirent avec leur gouverneur.
La conception du château ne permit qu'une défense passive : lorsqu'un point était pris, seule la retraite était possible. L'absence d'une seconde entrée interdit toute contre-attaque. Face à un ennemi puissant et avec une garnison trop peu étoffée compte tenu de son étendue, Château-Gaillard devait tomber.
La chute de Château-Gaillard créa les conditions psychologiques de la prise de Rouen et de toute la Normandie par le roi de France, car elle provoqua un choc dans tout le duché. En revanche, sur le plan stratégique, elle n'eut que peu d'impact, car la Seine était libre, ainsi que la route de Rouen, bien avant sa prise. La capitale normande tomba quelques mois plus tard, le duché devenant ainsi partie intégrante du royaume de France, après 293 ans (depuis 911) d'indépendance.
Dans les années qui suivirent, Château-Gaillard fut restauré, servit de prison, puis finalement fut pris par les Anglais après seize mois de siège au cours de la guerre de Cent Ans, lors de l'invasion de la Normandie au XVe siècle. La garnison dut se rendre, car la dernière corde pour tirer l'eau du puits avait rompu. En raison des progrès de l'artillerie, il fut ensuite laissé à l'abandon, devenant le refuge de brigands et de factions diverses. Son démantèlement fut ordonné par Henri IV ; la plupart des pierres servirent à la construction de la chartreuse de Gaillon[36].
Au XVIIIe siècle, il existe un péage sur la Seine aux Andelys[37].
En 1793, Louise Marie Adélaïde de Bourbon, Madame Égalité, hérite de son père.
La commune est le chef-lieu de l'arrondissement des Andelys du département de l'Eure.
Elle était depuis 1793 le chef-lieu du canton des Andelys[40]. Dans le cadre du redécoupage cantonal de 2014 en France, cette circonscription administrative territoriale a disparu, et le canton n'est plus qu'une circonscription électorale.
Pour les élections départementales, la commune est depuis 2014 le bureau centralisateur d'un nouveau canton des Andelys, porté de 20 à 41 communes.
Pour l'élection des députés, elle fait partie depuis 1988 de la cinquième circonscription de l'Eure.
La commune était le siège de la communauté de communes des Andelys et de ses environs (CCAE), créée fin 2002.
Dans le cadre des dispositions de la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (Loi NOTRe) du , qui prévoit que les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre doivent avoir un minimum de 15 000 habitants[41], le préfet de l'Eure a arrêté en 2015 le schéma départemental de coopération intercommunale (SDCI) de l'Eure qui prévoit notamment la fusion des intercommunalités suivantes[42],[43] :
- communauté d’agglomération des Portes de l’Eure ;
- communauté de communes des Andelys et de ses environs ;
- communauté de communes Epte-Vexin-Seine[44].
Après consultation des conseils municipaux et communautaires concernés, la communauté d'agglomération Seine Normandie Agglomération (SNA), dont la commune est désormais membre, est ainsi créée par un arrêté préfectoral du qui a pris effet le [45],[46].
Lors du second tour des élections municipales de 2014 dans l'Eure[47], la liste DVD menée par Frédéric Duché[48] obtient la majorité des suffrages exprimés, avec 1 750 voix (48,67 %, 22 conseillers municipaux élus dont 12 communautaires), devançant très largement celles menées par[49] :
- Christophe Delacour (FN, 1 035 voix, 28,78 %, 4 conseillers municipaux élus dont 2 communautaires) ;
- Laure Dael[50],[51] , maire sortante (PS, 810 voix, 22,53 %, 3 conseillers municipaux élus dont 2 communautaires).
Lors de ce scrutin, 29,19 % des électeurs se sont abstenus.
Lors du premier tour des élections municipales de 2020 dans l'Eure, la liste DVD-LREM menée par le maire sortant Frédéric Duché obtient la majorité absolue des suffrages exprimés, avec 1 392 voix (57,37 %, 23 conseillers municipaux élus dont 6 communautaires), devançant très largement celles respectivement menées par[52],[53] :
- Martine Seguela[54] (PS, 623 voix, 25,68 %, 4 conseillers municipaux élus dont 1 communautaire) ;
- Christophe Delacour[55] (RN, 411 voix, 16,94 %, 2 conseillers municipaux élus).
Lors de ce scrutin marqué par la pandémie de Covid-19 en France , 54,54 % des électeurs se sont abstenus.
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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ca 1951 | Maurice Delarue | DVD | Conseiller général des Andelys (1951 → 1968) | |
ca 195n | N. Cruchon | |||
Les données manquantes sont à compléter. | ||||
après avril 1958 avant 1959 |
1965 | Gabriel Chéneaux de Leyritz[57] | Haut fonctionnaire puis dirigeant d'entreprises d'assurances. Commandeur de la Légion d'honneur | |
1965 | 1983 | René Tomasini[58] | UNR-UDT puis UDR puis RPR |
Haut fonctionnaire (dont sous-préfet des Andelys 1946 → 1950), résistant. Maire de Corny (1961 → 1965) Conseiller général des Andelys (1968 → 1983) Député de l'Eure (1958 → 1974 et 1978 → 1980) Sénateur de l'Eure (1980 → 1983) Secrétaire d'État Décédé en fonction |
1983 | 1986 | Yves Lemercier | UMP | Conseiller général des Andelys (2002 → 2004) Démissionnaire |
1986 | 1989 | Paul Baty[59],[60] | Droite | Technicien France Télécom |
1989 | 1994 | Freddy Deschaux-Beaume[61] | PS | Inspecteur départemental de l'Éducation nationale Député de l'Eure (4e puis 5e circ.) (1981 → 1993) Démissionnaire |
1994 | 1995 | Michel Vauthrin[62] | PS | |
1995 | 2008 | Franck Gilard[63],[64] | RPR puis UMP |
Consultant Conseiller général des Andelys(1998 → 2002) Député de l'Eure (5e circ) (2002 → 2017) |
2008 | 2014[65] | Laure Dael[66] | PS[67] | Collaboratrice de cabinets ministériels Conseillère générale des Andelys (2004 → 2011) Vice-présidente du conseil général de l'Eure[Quand ?] |
avril 2014[68] | En cours (au 6 juin 2023) |
Frédéric Duché | UMP → LR puis Horizons[69] |
Attaché parlementaire[70] Vice-président de la CC des Andelys et de ses environs ( ? → 2016) Président de la CA Seine Normandie Agglomération (2017 → ) Conseiller général puis départemental des Andelys (2011 → ) Vice-président du conseil départemental de l'Eure (2015[70] → ) Réélu pour le mandat 2020-2026[71] |
En 2017, la commune a été labellisée « 3 fleurs » par le Conseil national de villes et villages fleuris de France[72] (deux fleurs en 2007).
Les Andelys possèdent deux collèges : le collège Roger-Gaudeau ainsi que le collège Rosa-Parks. Ce dernier est situé à côté du lycée Jean-Moulin, anciennement un lycée militaire devenu un lycée général et technologique.
La commune dans son ensemble est classée depuis 2013 en zone de sécurité prioritaire (2e vague), avec renforcement des effectifs de la police nationale. En effet, la commune « souffre plus que d’autres d’une insécurité quotidienne et d’une délinquance enracinée »[73] et « connaît depuis quelques années une dégradation importante de ses conditions de sécurité »[73], ce qui a été identifié comme tel par le Ministère de l'Intérieur du Gouvernement Jean-Marc Ayrault, permettant ainsi à ce territoire de bénéficier de policiers supplémentaires.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[74]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[75].
En 2021, la commune comptait 7 937 habitants[Note 3], en évolution de −2,51 % par rapport à 2015 (Eure : −0,5 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
2017 | 2021 | - | - | - | - | - | - | - |
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8 056 | 7 937 | - | - | - | - | - | - | - |
La population de la commune est relativement jeune.
En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 37,0 %, soit au-dessus de la moyenne départementale (35,2 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 26,8 % la même année, alors qu'il est de 25,5 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 3 857 hommes pour 4 235 femmes, soit un taux de 52,34 % de femmes, légèrement supérieur au taux départemental (51,26 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Hommes | Classe d’âge | Femmes |
---|---|---|
0,9 | 2,3 | |
6,6 | 10,9 | |
16,2 | 16,4 | |
20,1 | 19,3 | |
16,8 | 16,2 | |
18,6 | 16,8 | |
20,7 | 18,1 |
La ville possède une antenne de la Chambre de commerce et d'industrie de l'Eure.
Un site industriel du verrier Holophane produisant des verres destinés à l'industrie automobile y est installé près de la Seine depuis le début du XXe siècle et emploie en 2023 plus de 200 salariés. Placé en redressement judiciaire fin 2022, fait l'objet d'une liquidation judiciaire, faute de repreneur, en novembre 2023[79].
Blason | Parti, au premier d'argent, à deux grappes de raisin de sable, dont une en pointe défaillante à senestre ; au deuxième d'azur, à deux tours d'argent, dont une en pointe défaillante à dextre ; au chef de gueules, chargé de trois fleurs de lis d'or
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Détails | Blasonnement des armes traditionnelles de la ville des Andelys, telles que rapporté par Malte-Brun, dans la France illustrée (1882). |
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Alias |
D'argent, à trois grappes de raisin de sinople, deux en chef et une en pointe Il s'agit du blason du Grand Andely Malte-Brun signalait en outre qu'on rencontre parfois ce blasonnement sous une forme simplifiée. |
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D'azur, à trois tours d'argent, au chef cousu de gueules chargé de trois fleurs de lys d'or. Blasonnement du Petit Andely |
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