Pamir
massif montagneux d'Asie / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Le Pamir est un massif de haute montagne centré sur l'Est du Tadjikistan avec des prolongements en Afghanistan, en Chine et au Kirghizistan. Situé à la jonction entre plusieurs systèmes orographiques d'Asie centrale et du Tibet, il possède trois sommets principaux de plus de 7 000 mètres dont le pic Ismail Samani, généralement considéré comme son point culminant à 7 495 mètres d'altitude, ce qui a valu au massif le qualificatif de « toit du monde ». Son nom s'applique aussi bien à un certain type de vallée glaciaire plus fertile que les montagnes et les plateaux qui les entourent. Ces derniers sont généralement soumis à des conditions climatiques extrêmes, avec des précipitations très faibles et des écarts de températures importants, en particulier dans la moitié orientale désertique du massif. Toutefois, le Pamir est l'une des régions qui abritent le plus de glaciers en dehors des pôles, dont le glacier Fedtchenko avec 77 kilomètres de long. Ceci lui permet d'être parcouru par un grand nombre de rivières appartenant aux bassins de l'Amou-Daria à l'ouest et du Tarim à l'est, et de contenir des centaines de lacs. Alors que la pauvreté de la flore caractérise l'écorégion unique des toundra et désert d'altitude du Pamir, la faune est très diversifiée. Ainsi, l'Argali de Marco Polo est une espèce tout à la fois endémique et menacée de disparition.
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Pamir | |
Carte topographique du Pamir. | |
Géographie | |
---|---|
Altitude | 7 495 m, Pic Ismail Samani[1] |
Massif | Ceinture alpine |
Longueur | 500 km |
Largeur | 300 km |
Superficie | 120 000 km2 |
Administration | |
Pays | Tadjikistan Afghanistan Chine Kirghizistan |
Province autonome Province tadjike Province afghane Région autonome Oblasty |
Haut-Badakhchan Nohiyahoi tobei Jumhurii Badakhchan Xinjiang Och |
Géologie | |
Âge | Carbonifère |
Roches | Roches sédimentaires, métamorphiques, volcaniques et granitiques |
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Le massif est fréquenté depuis plusieurs millénaires. Il s'est trouvé sur des itinéraires secondaires de la route de la soie dès l'Antiquité. Toutefois, seuls les Tadjiks dès le IIe siècle puis les Kirghizes à partir du XVIe siècle y demeurent. Marco Polo est le premier Européen à faire mention, au XIIIe siècle, de sa traversée du Pamir. Rares sont ceux qui suivent ses pas jusqu'au milieu du XIXe siècle, lorsqu'il est exploré et placé au cœur d'un conflit géopolitique, le « Grand Jeu », entre l'Empire russe au nord et l'Inde britannique au sud. Le massif retombe dans l'oubli occidental au XXe siècle. Au XXIe siècle, il est peuplé par différentes populations qui se sont adaptées à la montagne : des Tadjiks, à l'ouest et au sud, et des Kirghizes, au nord et à l'est. Ces derniers mènent une vie semi-nomade, emmenant paître leurs animaux dans les quelques pamirs fertiles. Ils ont perpétué une culture riche de nombreuses traditions particulières.
Le Pamir reste une des régions les plus isolées au monde. Les infrastructures sont peu développées et la population continue à dépendre de l'aide extérieure. Le tourisme, essentiellement axé sur l'alpinisme, le trekking et l'écotourisme peine à se développer, malgré la présence de nombreuses aires protégées, notamment le parc national du Pamir qui est le plus grand d'Asie centrale.
Le moine bouddhiste Xuanzang est le premier à évoquer dans ses écrits, vers 640, Po-mi-lo ou Pho-mi-lo, le plateau du Pamir[2],[3],[4],[5],[6]. Cette prononciation est très proche du kirghiz Pamil, le mot pour désigner une zone montagneuse[2],[6]. Le terme est repris sous la forme Pomi au milieu du VIIIe siècle sous la dynastie Tang[2],[6]. Xuanzang le situe au centre du Congling ou Tsoung Ling (葱嶺), littéralement les « montagnes Oignon », qui s'étendent sur un périmètre plus grand que le Pamir dans son acception géographique habituelle[3],[4],[5],[7].
Selon Eugène Burnouf, Pamer, Pamere ou Pamier, graphies utilisées par Marco Polo au XIIIe siècle, puis Mountstuart Elphinstone et Alexander Burnes au XIXe siècle, seraient dérivés par syncope du sanskrit Oupa-Mérou, c'est-à-dire le « pays voisin du Meru », alors que selon la graphie apparue en 1543, sous la plume du prince de Kashgar Mirza Haidar, puis utilisée par John Wood et Alexander von Humboldt, Pamir serait dérivé de Oupa-Mira, autrement dit le « pays autour du lac », désignant selon lui le lac Zorkul[2],[6],[8].
Gottlieb Wilhelm Leitner rejette ces théories, en rappelant que les personnes fréquentant chaque été les pâturages de ces plateaux ou de ces hautes vallées parlent des langues turques, notamment kirghiz et ili turki, et les désignent indistinctement sous le nom de pamirs[9]. Ainsi, pâ pourrait signifier « montagne » et « mira » serait une « vaste région » ou un « plateau » ; selon une explication concurrente, pan ou pai désigneraient le « pied » ou la « base » et mir la « montagne »[2], soit le « piémont de la montagne » ou le « socle de la montagne »[2],[10]. Ces pamirs seraient au nombre de sept ou huit, bien qu'une hypothèse alternative veuille que le mot ne désigne pas un type spécifique de vallée mais une vallée bien particulière, celle du lac Zorkul[2]. Par extension, les pamirs forment tout à la fois un vaste pamir et la région du Pamir[9]. Une alternative linguistique, toutefois peu plausible, veut que Pa-i-michr signifie « socle du soleil » en ouzbek et qu'il ait été interprété par « pied de Mithra », l'équivalent du dieu du soleil dans la mythologie indo-iranienne[2].
La situation du massif lui a valu localement, selon Wood, le qualificatif de Bam-i-dunya, le « toit du monde » en wakhi ou en kirghiz[2],[9],[11],[12]. Il serait dérivé de pay-i-mehr puis Bamyar en persan[2]. Quoi qu'il en soit, l'expression devient courante à l'époque victorienne[3]. Ainsi, en 1876, Thomas Edward Gordon écrit :
« Nous étions désormais sur le point de traverser le fameux Bam-i-dunya, le « toit du monde » en vertu duquel le nom de la région élevée où des pistes jusque-là relativement inconnues apparaissaient sur nos cartes. [...] Wood, en 1838, était le premier voyageur européen des temps modernes à visiter le Grand Pamir. »
— The roof of the world: being a narrative of a journey over the high plateau of Tibet to the Russian frontier and the Oxus sources on Pamir[13]
L'expression est reprise en 1890 par Guillaume Capus[14], en 1911 dans la onzième édition de l’Encyclopædia Britannica[15], en 1929 dans la Brockhaus Enzyklopädie[16], ou encore en 1942 dans l'Encyclopédie Columbia[17].
Les monts Pamir s'écrivent Кӯҳҳои Помир (Kūhhoi Pomir) en tadjik, Памир тоолору (Pamir tooloru) en kirghiz, رشته کوههای پامیر (rechté kouh-hâyé pâmir) en persan, د پامير غرونه en pachto, پامىر ئېگىزلىكى en ouïghour, پامیر کوهستان (pāmīr kūhistān) en ourdou, पामीर पर्वतमाला (pāmīra parvatamālā) en hindi et 帕米尔高原 (Pàmǐ'ěr Gāoyuán) en chinois.