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Intellectuel marocain De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Muḥammad ibn Jaʿfar ibn Idrīs al-Kattānī (en arabe : محمد بن جعفر بن محمد بن علي الكتاني ) (né en 1858 à Fès et mort en 1927), dit Al-Kattānī ou Al-Kettānī, est un intellectuel soufi marocain, promoteur du panislamisme et opposé à la colonisation française.
Al-Kattānī est issu d'une famille de lettrés islamiques de Fès, la confrérie Kattānīyya, fortement marquée par la tradition religieuse d'Ibn Arabi. Son père, Jafar bin Idriss, est le Cheikh al-Islam et le conseiller du sultan Hassan ben Mohammed (de 1873 à 1894)[1]. Il consacre ses premiers travaux à la jurisprudence islamique et à l'histoire locale, rédigeant notamment un imposant dictionnaire historico-biographique des personnalités locales, le Salwat al-anfās, qui inspire de nombreux ouvrages similaires ailleurs dans le Maghreb[2].
Opposé à l'occupation française du Maroc, il dénonce les compromissions du sultan Moulay Hafid et s'installe à Médine en 1907, où il rencontre des intellectuels et soufis venus de tout le monde musulman. Il retourne au Maroc pour se joindre à la révolte du frère du sultan, mouvement soutenu par son cousin Mohamed ibn Abdelkabir al-Kettani. Après l'échec de ce soulèvement, il retourne à Médine[1] en 1910, dénonçant le fait que des musulmans se trouvent dirigés par des « infidèles »[2].
Dans des circonstances incertaines, probablement expulsé par les autorités ottomanes, il part s'établir à Damas. Après la Première guerre mondiale, il participe aux luttes contre le mandat français et, tout en restant fidèle à sa foi soufie, s'intéresse au panislamisme et au renouveau de l'islam, seuls moyens selon lui de permettre aux musulmans de se libérer de la domination chrétienne[2]. La confrérie Kattānīyya, sous sa direction, devient un foyer de propagande encourageant les musulmans à conserver les pratiques traditionnelles, prière, port du turban et de la barbe, et à éviter les contacts avec les chrétiens. Il est en contact avec l'émir Ahmed Sharif El-Senussi, réfugié en Turquie près de la frontière syrienne d'où il encourage la lutte contre le colonisateur. Un rapport français de 1923 note : « Cheik Kattani a commencé par recruter des adhérents dans tous les grands centres syriens. La majeure partie des ‘ulama’ des villes syriennes se sont ralliés à la secte et ont entraîné, ipso facto, les grandes sociétés religieuses et philanthropiques musulmanes dont l’influence sur les masses est incontestable. »[3].
Il soutient également la révolte des Senoussis contre la colonisation italienne en Libye[1].
À la fin de sa vie, il retourne au Maroc où il enseigne à l'université Al Quaraouiyine. Son enterrement, selon certains témoignages, est un des plus grands qu'on ait jamais vus à Fès[1].
Au cours de sa vie, il rédige 83 ouvrages consacrés notamment aux saints de la région de Fès et à leurs pèlerinages, pratique qu'il justifie à partir de la jurisprudence et de l'enseignement soufi[1].
Son fils Driss Kettani, né en 1922 et universitaire dans le Maroc indépendant, est lui aussi un lettré islamique et un opposant à la colonisation française.
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