Comme beaucoup de Phanariotes, Alexandre Mourousi commence sa carrière au service de l’Empire ottoman comme Grand Drogman de la Sublime Porte de 1790 à 1792. Il a comme successeur son frère cadet Georges Mourousi qui exerce la fonction de 1792 à 1794 puis à partir de 1795.
Pendant ce temps, Alexandre Mourousi est nommé Hospodar de Moldavie de mars1792 au , avant d’être transféré en Valachie de janvier1793 au . Il est alors démis et son frère Georges, alors Grand Drogman, est exécuté à Constantinople. Rentré en grâce, il est rétabli sur le trône du au .
Alexandre Mourousi revient en Moldavie à partir du . Comme d'autres phanariotes, il eut attitude très russophile, car l'Empire russe commençait alors à se poser en protecteur des chrétiens des Balkans. L’administration ottomane décide donc de le destituer le au profit de Scarlat Kallimachis. Le gouvernement de l’Empire russe considère sa destitution comme une remise en cause du Traité de Kutchuk-Kaïnardji et exige sa réintégration. La Sublime Porte obtempère de mauvaise grâce et Alexandre Mourousi est rétabli dès le .
En fait, entre décembre1806 et mai1812, la Moldavie se trouve sous l’administration russe (la partie orientale, alors nommée Bessarabie, le restera jusqu'en 1917). Les princes Alexandre Hangerli et Scarlat Kallimachis, rétablis de juillet1807 à juin1810 et agréés par les Turcs, n’exerceront aucune autorité réelle et ne seront que des princes titulaires.
C’est finalement Scarlat Kallimachis, l’adversaire d’Alexandre Mourousi, qui sera rétabli comme prince d'une Moldavie désormais amputée par les Russes de sa moitié orientale au Traité de Bucarest, pendant qu’Alexandre Mourousi meurt à Constantinople en 1816.
Alexandre Mourousi avait épousé Zoé Rosetti-Raducanu. Le couple eut onze enfants (6 filles et 5 garçons) dont:
Euphrosyne devenu par mariage Plagino;
Smaranda, l'épouse du hatman Alexandru Mavrocordat;
Dumitru, second fils de Vodă Alexandru et frère de Constantin Grand Dragoman. Il était secrétaire du drogman et mourut en 1844.
Nicolae, exécuté le .
Alexandru Dimitrie XenopolHistoire des Roumains de la Dacie trajane: Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés. E Leroux Paris (1896).
Alexandre A.C. Sturdza L'Europe Orientale et le rôle historique des Maurocordato (1660-1830) Librairie Plon Paris (1913).
Nicolas IorgaHistoire des Roumains et de la romanité orientale. (1920)
(ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1977.
Mihail Dimitri Sturdza, Dictionnaire historique et généalogique des grandes familles de Grèce, d'Albanie et de Constantinople, M.-D. Sturdza, Paris, chez l'auteur, 1983 (ASINB0000EA1ET).
Jean-Michel Cantacuzène, Mille ans dans les Balkans, Éditions Christian, Paris, 1992. (ISBN2-86496-054-0)
Communicaciones al XV Congieso Internacional de las ciencas Geneologica y Heraldica. Madrid 1983 Tomo III. Florin Marinesco « The Fanariote prince Alexandre Moruzi » p.25-32
Le candidat au trône devait ensuite "amortir ses investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'un semestre au moins était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le "jeu des chaises musicales" sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Quant au gouvernement, il était assuré par les ministres et par le Sfat domnesc (conseil des boyards). Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls quelques petits territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans: en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei: L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.