Bataille d'Anoual
bataille de la guerre du Rif De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La bataille d'Anoual, connue comme le désastre d'Anoual dans l'historiographie espagnole (desastre de Annual en espagnol), opposa un contingent militaire espagnol aux bandes armées rifaines de Mohamed Abdelkrim el-Khattabi, dans la région du Temsamane, à 90 km de Melilla le . Il marque le début de la guerre du Rif et contribue au mythe d’Abdelkrim comme héros de guerre, fin stratège et chef charismatique de la résistance.
Date | - |
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Lieu | Anoual |
Issue | Victoire rifaine |
Harkas rifaines | Espagne |
• Abdelkrim al-Khattabi | • Manuel Sylvestre † • Jésus Villar • Felipe Navarro |
3 000 combattants irréguliers[1],[2] | 25 000 hommes[3],[4]
24 pièces d'artillerie |
~ 800 morts et blessés[5] | ~ 15 000 morts ~ 1500 prisonniers[6] ou 3000 morts 5000 prisonniers[7] |
Batailles
Coordonnées | 35° 07′ 12″ nord, 3° 35′ 00″ ouest |
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La victoire d’une bande de résistants sur l’armée espagnole devint un important symbole de la lutte anticoloniale et marqua un tournant de la résistance au double protectorat espagnol et français instauré au Maroc.
Tandis qu'Abdelkrim proclame la République du Rif, en Espagne le désastre d'Anoual provoque des troubles politiques, qui ont pour conséquences le coup d'État et la mise en place de la dictature de Miguel Primo de Rivera[8] avec l'accord tacite du roi.
Depuis dix ans, l’Espagne éprouve beaucoup de difficultés à administrer la région nord du Maroc actuel placée sous son autorité depuis 1912. Ses troupes se heurtent continuellement à des poches de résistance et les Espagnols n'ont toujours pas posé le pied dans le centre du Rif. Ils sont en effet bloqués autour de Nador et Al HoceIma, ainsi que Tetouan.
À partir de 1920, les autorités espagnoles décident d'étendre leur influence dans tout le Rif, et une politique de conquête de toute la partie encore insoumise est lancée. Ainsi, le général Manuel Fernández Silvestre est chargé par le roi Alphonse XIII de commander les forces espagnoles dans la région, il prend le statut de commandant général de Melilla[9]. Il est convaincu d’avoir affaire à une petite bande de brigands et continue d’avancer vers le cœur du Rif en direction d'Al Hoceïma (Alhucemas), pensant pouvoir soumettre toutes les tribus du Rif en quelques semaines. En effet, après quelques jours de combat les armées espagnoles réussissent à atteindre les localités de Ben Tayeb et de Driouch, à plus de 70 km de Melilia. La situation devient alors critique pour les tribus berbères du Rif qui voient les colonisateurs espagnols s’avancer jour après jour. Anoual tombe le 15 janvier 1921 aux mains des Espagnols.
L’armée espagnole est équipée de fusils Mauser datant de la guerre de Cuba (1898), de 36 canons, de 26 mitrailleuses et 6 bombardiers pour 20 000 hommes.
Abdelkrim ben Mohamed Al Khattabi décide d'attaquer les Espagnols mais il meurt, peut-être assassiné, fin 1920. C'est son fils aîné Mohamed Ben Abdelkrim Al Khattabi (Muhend U Abdelkrim Lkhattbi en berbère) qui reprend le flambeau de la tribu des Beni Ouriaghel, après avoir étudié à l’université Al Quaraouiyine de Fès, avoir été journaliste à Melilla et avoir travaillé pour l’administration coloniale. Celui-ci décide d'unifier les autres tribus berbères pour contrer l'impérialisme espagnol[10],[11].
Anoual est une ville située à 70 km de Melilla et à 10 km de la mer Méditerranée. C'est une zone de montagnes, constituées de ravins, à laquelle il est possible d'accéder par des pistes difficilement praticables et dominées par des hauteurs.
Les troupes espagnoles tentent de rejoindre la mer au nord pour rejoindre la flotte, mais les 20 000 soldats sont dispersés pour tenir le terrain.
Les Espagnols sont repoussés une première fois en juin à « Dhar Obbaran » lors d'une petite escarmouche au cours de laquelle ils tentent de rejoindre la mer. L'armée espagnole ne réagit pas, mais forts de cet exploit, les Rifains décident de contre-attaquer en assiégeant la position d'Igueriben, dont la situation est critique par manque d'eau. Le général Silvestre ne parvient pas à monter une colonne de secours et les défenseurs sont massacrés après avoir tenté une sortie. Les Rifains décident alors de prendre d'assaut Anoual, sur le territoire de Temsamane. Abdelkrim réussit alors à unifier plusieurs tribus du Rif contre les Espagnols.
Dans l’après-midi du , 3 000 combattants rifains, pour la plupart issus des Aït Ouriaghel, Ibaqouyen, Iqer'iyen, Temsamane, Tafersit, Ait Oulichek et Aït Touzine, fondent sur les 18 000 soldats espagnols à Anoual, les contraignant à battre en retraite. Le général Silvestre hésite, ordonne la retraite et se suicide le lendemain à la suite de cette défaite humiliante. Privés de leur chef, les postes tombent les uns après les autres et l'armée recule de manière désordonnée jusqu'à Al Aroui (Mont-Arruit). Le 9 août, les soldats de Mont-Arruit négocient une reddition, mais les 3 000 soldats sont trahis et exécutés par Abdelkrim[12]. Les défenseurs de Selouane seront également exécutés par les Rifains.
Les guerriers d'Abdelkrim récupèrent à l'issue de la bataille le matériel abandonné par les troupes espagnoles en retraite, soit des fusils, des canons, des obus, des cartouches, des approvisionnements en vivres, des médicaments et du matériel médical. Les Espagnols perdent 9 500 hommes et 492 soldats sont faits prisonniers, dont le général Felipe Navarro (es)[13],[14],[15].
Cette défaite cinglante des forces coloniales est lourde de conséquences de part et d’autre de la Méditerranée. C'est cette « humiliation » qui, en 1923 à Barcelone, incite le général Miguel Primo de Rivera à lancer un pronunciamiento et à instaurer une dictature militaire. La guerre du Rif dure encore cinq années et se solde par la reddition des Rifains à la suite de la formation d'une coalition franco-espagnole, motivée par la volonté des troupes d'Abdelkrim de libérer les territoires occupés par les Français. On reproche aux Espagnols leur utilisation de gaz moutarde. Les Rifains sont défaits par l'armée de la coalition franco-espagnole. Abdelkrim et sa famille sont exilés à la Réunion. Lors de son transfert en France en 1947, le bateau qui le transporte fait une escale en Égypte et Abdelkrim y est libéré avec les membres de sa famille. Il y décède en 1963.
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