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compositeur et pianiste français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Charles-Valentin Morhange dit Alkan, né rue de Braque dans l'ancien septième arrondissement de Paris (partie rattachée au troisième arrondissement en 1859 lors de la réorganisation administrative de la ville et de la création des vingt nouveaux arrondissements)[1] le [2] et mort à Paris 8e le [3], est un pianiste et compositeur français.
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Charles-Valentin Morhange |
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Genre artistique |
Grande Sonate "Les Quatre Âges", Le chemin de fer, Op. 27 (d), Trois morceaux dans le genre pathétique (d), Comme le vent (d), Trois grandes études (d) |
Se rattachant à la tradition de la grande virtuosité de l'époque romantique, initiée par Paganini au violon, puis au piano par Frédéric Chopin et Franz Liszt, il est considéré comme un représentant français majeur de l'école de piano romantique[4].
Issu d'une famille de religion juive originaire de Metz, il est le fils d'Alkan Morhange, qui tient une école élémentaire réputée pour son enseignement musical, située rue des Blancs-Manteaux[5], et de Julie Abraham ; comme lui, ses quatre frères et sa sœur ont par la suite adopté le prénom paternel comme nom de scène.
Charles-Valentin est un enfant prodige qui entre au Conservatoire de Paris à 6 ans. Il étudie l'harmonie, l'orgue et le piano avec des professeurs tels que Pierre Zimmermann[6], qui fut aussi le professeur de Georges Bizet, César Franck, Charles Gounod et Ambroise Thomas. Il obtient le premier prix de piano en 1824, d'harmonie en 1827 (classe de Victor Dourlen), d'orgue en 1834 (classe de François Benoist)[7],[6]. À 17 ans, il est un virtuose réputé, rivalisant avec Franz Liszt ou Sigismund Thalberg, surnommé « le Berlioz du piano »[6] par Hans von Bülow.
Il a cependant été peu présent en concert : dès l'âge de vingt ans, il se retire de la vie publique, manifestant une forte misanthropie, et se consacre à la composition. Pour gagner sa vie, il donne des leçons : il devient un pédagogue réputé vers lequel les élèves de Chopin se tourneront à la mort de celui-ci. Tous les ans, il donne Six petits concerts, salle Érard, où il présente en intermède quelques-unes de ses œuvres, au milieu d'un répertoire très classique. À l'exception d'une tournée en Angleterre en 1833[5] à la demande de ses amis, notamment Pierre Zimmermann, il reste attaché à Paris et ne voyage pas.
En 1834, Alkan a commencé à se lier avec le musicien espagnol Santiago de Masarnau, ce qui a donné lieu à une correspondance étendue et souvent intime, qui a duré plus de 40 ans. Ces 41 lettres n‘ont été révélées qu'en 2009[8].
« Je t‘aime, moins pour l'incroyable variété de tes connaissances, que pour toi-même, que pour la bonté de ton âme; qui est peut-être cependant le fruit de cette instruction peu ordinaire. Je t’aime, mais à cette amitié qui ne souffre point de partage, de cette amitié qui ressemble sans cesse à l'amour passager qu'a une femme exaltée pour vous un instant. »
— Charles-Valentin Alkan à Santiago de Masarnau, 3 janvier 1835[9],[10]
Il reprend les concerts en 1844. Il espère un moment succéder à Pierre Zimmermann au Conservatoire de Paris, mais c'est Marmontel qui obtient le poste. En 1848, après cet amer échec, Alkan mène une vie de plus en plus solitaire, même s'il revient parfois à la vie publique, comme en 1855 avec la publication de ses Douze Études dans tous les tons mineurs, op. 39.
Il ne s’est jamais marié, et malgré l'absence de document officiel, il semble que Eraïm Miriam Delaborde soit son fils naturel[11],[12],[13]. Delaborde, comme lui, ira au Conservatoire.
Il meurt le 29 mars 1888, à 74 ans. Contrairement à la légende, il n'a pas été écrasé par sa bibliothèque en voulant saisir le Talmud[14].
Alkan meurt dans un oubli presque total. Ses œuvres vont être également négligées, mais des musiciens comme Ferrucio Busoni[7], Egon Petri, Hüseyin Sermet essaieront de promouvoir sa musique.
Ses compositions ont été longtemps méconnues et restent encore peu enregistrées. Elles sont pourtant particulièrement originales et personnelles et d'une extrême difficulté d'exécution[7]. La musique d'Alkan est à l'image de son caractère étrange : elle est toute de contraste. Capable de tous les extrêmes, passant de l'un à l'autre sans transition, il aime les antithèses jusque dans ses titres, et l'on comprendra son goût des contrastes en écoutant le calme Zorcico après la véhémente Sonatine, et la Barcarolle entre la puissante Marche et la Saltarelle comme le souligne le critique Georges Beck[15].
Il est inhumé au carré israélite du cimetière Montmartre (3e division)[16], avec sa sœur Céleste (1812-1897), artiste musicienne, épouse de Mayer Marix, facteur d’orgues, co-inventeur de l'harmoniflûte.
Céleste est la mère de :
Comme Frédéric Chopin, Alkan a écrit presque exclusivement pour le piano. Ses œuvres les plus importantes sont la Grande Sonate pour piano « Les Quatre Âges de la vie », op. 33, et ses Études, comparables en difficulté et en complexité aux Études d'exécution transcendante de Liszt. Si les Études dans tous les tons majeurs, op. 35, ressemblent encore aux publications de son temps, les Études dans tous les tons mineurs, op. 39, constituent une somme pianistique de 300 pages, sans équivalent à l'époque[4]. Le recueil est dominé par une Symphonie et un Concerto : le concerto pour piano solo, œuvre cataclysmique écrite d'après ses Études dans les tons mineurs, cette œuvre pour piano seul dure près de 50 minutes. Le fait de donner de tels titres à des œuvres pour piano solo traduit bien l'ambition d'Alkan qui est de conférer une dimension orchestrale au piano[4].
Multipliant les difficultés techniques, Alkan y affectionne, en particulier, les groupes d'octaves et d'accords obligeant l'interprète à des extensions et des déplacements très rapides, les gammes et les arpèges qui fusent, les notes répétées et les batteries donnant parfois l'impression d'un mouvement perpétuel, comme dans Le Chemin de fer, op. 27, évocation virtuose de la fuite en avant d'un train ; enfin, une riche texture polyphonique et polyrythmique[4]. En dehors des grandes pièces de concert, longues et éprouvantes, Alkan sait faire preuve d'un talent de miniaturiste, comme dans ses 48 Esquisses op. 63 de 1861 ou l'abrupt Scherzo diabolico (de l'op. 39) qui fait résonner le rire de Méphistophélès[17].
Les énormes difficultés techniques ont considérablement réduit la diffusion des œuvres d'Alkan. Néanmoins, plusieurs pianistes ont interprété ses œuvres. D'abord dans la fin des années 1960 avec Raymond Lewenthal et John Ogdon, et plus récemment avec des pianistes comme Ronald Smith, Jack Gibbons, Marc-André Hamelin, Vincenzo Maltempo (en) et Stéphanie Elbaz. César Franck a effectué une transcription pour l'orgue de plusieurs de ses pièces[7].
Il a également eu une affection particulière pour le piano-pédalier, instrument qui lui fut prêté par la maison Érard, et qu'il conserva jusqu'à sa mort[18]. Il compose quelques œuvres pour cet instrument comme le Benedictus op. 54 et les douze études pour piano à pédalier[19].
Alkan laisse environ une centaine d'œuvres.
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