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philosophe australien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Colin Murray Turbayne ( - ) est un philosophe australien, spécialiste de l'oeuvre de George Berkeley et auteur du livre The Myth of Metaphor. L'essentiel de sa carrière universitaire de trente-cinq ans se déroule à l'Université de Rochester.
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Turbayne est né le 7 février 1916 dans la ville rurale de Tannymorel dans le Queensland, en Australie[1]. Son père David Livingston Turbayne est banquier et sa mère Alice Eva Rene Lahey descend d'une des premières familles pionnières du Queensland[2].
Il fait ses premières études à la Church of England Grammar School de Brisbane, où il se distingue comme joueur de cricket et représentant en chef des élèves. Il obtient un Bachelor of Arts à l'Université du Queensland à Brisbane, en Australie en 1940 ainsi qu'une maîtrise en 1946. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il travaille pour le renseignement australien sur le théâtre de guerre du Pacifique et est chef d'état-major du renseignement australien auprès de Douglas MacArthur dans plusieurs théâtres du Pacifique[1],[2].
En 1940, il épouse Ailsa Krimmer dont il a deux garçons : Ron et John. Ils restent mariés cinquante et un ans jusqu'à son décès en 1992[2].
Après avoir émigré aux États-Unis à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1947, il entreprend des études supérieures à l'Université de Pennsylvanie. Il y obtient un master et un doctorat de philosophie en 1950[1].
Son mémoire de master à l'Université du Queensland portait sur George Berkeley (Berkeley's philosophy as embodied in his Commonplace book, 1947) tandis que sa thèse de doctorat concernait Bertrand Russell (Constructions Versus Inferences in the Philosophy of Bertrand Russell, 1950)[3].
Après l'achèvement de ses études, il occupe son premier poste universitaire de 1950 à 1955 en tant que professeur adjoint de philosophie à l'Université de Washington. Il est ensuite professeur assistant d'éloquence (Assistant Professor of Speech) à l'Université de Californie à Berkeley jusqu'à sa nomination comme professeur agrégé de philosophie à l'Université de Rochester en 1957. En 1962, il est promu professeur titulaire de philosophie et fait toute sa carrière d'enseignant à l'Université de Rochester jusqu'à une nomination comme professeur émérite en 1981[1].
Au cours de sa longue carrière universitaire, Turbayne est soutenu par le programme Fulbright et récipiendaire d'une bourse Guggenheim en 1965[4],[2]. En 1959 et 1966, il reçoit des subventions de l'American Council of Learned Societies pour ses contributions à leur projet sur la structure linguistique de l'esprit[5]. En 1979, il est nommé Senior Fellow par le National Endowment for the Humanities (NEH)[6],[2]. De plus, il reçoit un doctorat honorifique en lettres humaines à l'Université d'État de Bowling Green[2]. Il est cité dans Who's Who in the World, 1982-1983 de Marquis[7] ainsi que Who was Who in America en 2010[8].
Les cours de Turbayne à l'Université de Rochester étaient souvent ponctuées de reconstitutions de scènes du drame shakespearien pour illustrer ses arguments. Il n'était pas du tout inhabituel qu'il se présente devant ses étudiants lors de conférences vêtu d'une cape et d'un poignard citant la scène émouvante de MacBeth : « Est-ce un poignard que je vois devant moi ..? » pour illustrer l'usage de la métaphore. Il était considéré comme un maître interrogateur socratique qui guidait doucement ses étudiants vers la bonne conclusion. Il était également connu pour son utilisation habile de la reductio ad absurdum dans ses conférences. Les ovations de ses étudiants étaient monnaie courante tout au long de son long mandat à l'Université[2].
Il a comme étudiants notables Paul J. Olscamp - Président émérite de l'Université d'État de Bowling Green et de l'Université Western Washington[2].
Au début des années 1990, Colin M. Turbayne et son épouse créent un prix international de Berkeley récompensant les meilleurs essais en coopération avec le département de philosophie de l'Université de Rochester afin d'encourager la poursuite de la recherche sur les œuvres du philosophe par de jeunes universitaires[9].
Colin Murray Turbayne est décédé le 16 mai 2006 dans le Queensland, en Australie, à l'âge de 90 ans. Il laisse deux fils et deux petits-enfants[2].
Outre son travail d'enseignement, Turbayne est un chercheur faisant autorité sur la philosophie de George Berkeley. Au fil des ans, il édite plusieurs travaux et essais de Berkeley, tout en stimulant l'intérêt pour son œuvre durant le milieu du XXe siècle[1]. De plus, il est le premier commentateur à signaler l'importance centrale de la Métaphore dans la philosophie de Berkeley[10]. Il est surtout connu pour son livre The Myth of Metaphor publié en 1962 par Yale University Press[1]. Un critique décrit le travail comme un « ajout bienvenu à l'analyse du langage métaphorique »[11]. Paul Ricœur en fera l'analyse dans La métaphore vive (1975)[12].
Dans son livre, Turbayne soutient que la métaphore apparaît nécessairement dans toute langue s'efforçant de manifester une richesse et une profondeur de compréhension[13]. En outre, il y fait une analyse critique du simplisme des représentations cartésiennes et newtoniennes de l'univers qui est un peu plus qu'une « machine » - un concept qui sous-tend une grande partie du matérialisme scientifique prévalant dans le monde occidental moderne[11]. Il apporte aussi des éléments sur le concept philosophique de « substance matérielle » ou de « substrat » qui aurait au mieux une signification limitée et qui a été pris de manière inutilement littérale par l'homme moderne, négligeant de nombreux autres modèles métaphoriques de l’univers potentiellement bénéfiques[14],[15],[11].
Un autre thème central de The Myth of Metaphor est l'analyse de la théorie de la vision de Berkeley et de sa théorie de l'espace par rapport à la mécanique newtonienne. Par une analyse minutieuse, Turbayne démontre que la « métaphore du langage » de Berkeley fournit une explication plus convaincante de divers phénomènes d'optique, notamment : le cas de Barrow rapporté par Berkeley dans New theory of vision impliquant une double lentille convexe ou un miroir concave, celui du croissant de lune horizontal à l'équateur ou celui de l'image rétinienne inversée[2]. Turbayne fournit également un examen détaillé des efforts de Berkeley pour dissiper les confusions du langage métaphorique dans la description de l'esprit et des idées venant du mésusage d'hypothèses initialement faites pour expliquer des cas correspondant dans le monde physique[1]. De par son travail, Turbayne a été décrit comme l'un des principaux interprètes des théories de la vision et du mouvement relatif de Berkeley ainsi que de la relation de Berkeley avec Kant et Hume[2],[16].
Dans son dernier livre Metaphors for the Mind: The Creative Mind and Its Origins (1990), Turbayne illustre la manière dont les traditions historiques de la pensée philosophique ont contribué aux théories modernes de la pensée en général et du langage en particulier[17]. Turbayne fournit un examen approfondi des premiers écrits philosophiques de Platon et d'Aristote, tout en illustrant comment les métaphores platoniciennes ont influencé les œuvres de Berkeley et d'Emmanuel Kant[18],[19]. En outre, il démontre la manière dont le modèle de procréation de Platon, tel que décrit dans le Timée, a influencé les théories modernes de la pensée et du langage. Il conclut en tentant de restituer le modèle original d’un esprit dans lequel les hémisphères féminin et masculin fonctionnent de concert pour participer à l'acte de création[18],[19]. Un critique du livre a noté qu'il contient des éléments intéressants susceptibles à la fois de provoquer et de surprendre ses lecteurs[19].
Turbayne est vu comme adepte d'un phénoménalisme, sceptique quant à la validité du matérialisme[1]. Il soutient la thèse que les métaphores sont correctement qualifiées d'« erreurs de catégories » pouvant conduire un utilisateur naïf à un obscurcissement considérable de la pensée[1].
Colin Murray Turbayne était un membre actif de l'American Philosophical Association et de l'American Association of University Professors[21].
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