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Collaboration en Europe

soutien apporté par différents pays européens occupés par le Troisième Reich De Wikipédia, l'encyclopédie libre

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La collaboration en Europe est le soutien apporté dans différents pays occupés aux forces d'occupation du Troisième Reich dans le contexte de la domination de l'Allemagne nazie sur un certain nombre de pays européens au cours de la période 1940-1945. Cela a pu se faire par le biais de gouvernements en place, comme en Norvège ou en France, d'administrations obéissant aux autorités d'occupation nazies, de partis politiques et de journaux favorables aux nazis, ou encore d'initiatives privées (dans l'entreprise, le monde de l'art et du spectacle, etc.).

Le collaborationnisme va au-delà de l'acte de la collaboration. Ce terme désigne le soutien de principe, l'apologie et la promotion de la collaboration sur tous les plans, y compris l'alliance militaire. Il comporte une adhésion idéologique aux formes locales ou allemande de nazisme.

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Différents types

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Selon Werner Rings (de)[1], sociologue originaire de Suisse, il existe différents types de collaborations.

Collaboration neutre

Le collaborateur dit : « j'accepte que la vie continue. En toute connaissance, et parce que c'est mon intérêt, je travaille directement ou indirectement pour la puissance occupante, sans pour autant adhérer aux principes politiques et idéologiques du National-Socialisme. Mon attitude est dictée par des circonstances qui échappent à mon pouvoir. La seule alternative serait la banqueroute, le chômage, la famine, le chaos et la ruine. Dans la mesure de mes moyens, je veux survivre à la guerre et à la défaite de mon pays »[2].

L'auteur Werner Rings place dans cette catégorie l'action des administrations de pays comme la Belgique et les Pays-Bas dont les gouvernements se sont réfugiés au Royaume-Uni. Il range aussi la collaboration économique des pays comme la France ou le Danemark. En principe, le vainqueur peut imposer tout ce qu'il veut, au besoin par la force, mais il sait aussi qu'un pays pacifique et conciliant est plus facile à diriger et plus productif qu'un pays en révolte. D'après Rings, c'est pour cette raison que l'Allemagne reconnaît la souveraineté et la neutralité de la France et du Danemark qui conservent un gouvernement[3].

Pour Rings, non seulement les industriels qui font des affaires avec les occupants pratiquent une « collaboration neutre », mais également, à leur niveau, les travailleurs qui partent gagner leur vie en Allemagne.

Collaboration inconditionnelle

Le collaborateur inconditionnel dit : « je joins mes forces à celles de l'occupant parce que j'approuve ses principes et son idéal. Mon attitude n'est pas le fruit des circonstances, mais la conséquence d'une allégeance au National-Socialisme. Je suis prêt à faire des sacrifices pour la puissance occupante aussi longtemps que je pourrai servir notre cause commune »[4].

C'est typiquement l'attitude de Vidkun Quisling qui s'installe au pouvoir en Norvège en 1942. Dans tous les pays occidentaux, on vit apparaître ce que Rings appelle des « Hitler en miniature » et qui auraient pu ou auraient voulu jouer le même rôle que Quisling, mais que les Allemands ne mettent pas au pouvoir. C'est le cas d'Anton Mussert aux Pays-Bas et de Frits Clausen au Danemark. Quisling, Mussert et Clausen sont les chefs de partis nazis locaux et peuvent se revendiquer authentiquement nazis parce qu'ils sont considérés comme proches de la race allemande par les nazis allemands. Dans les autres pays, il y a également des partis très proches du nazisme et qui voudraient que leurs pays deviennent de vrais alliés des Allemands. On les appelle généralement des « collaborationnistes ».

Parmi les collaborationnistes, on peut citer la Ligue national flamande (VNV) de Staf De Clercq, le parti rexiste de Léon Degrelle en Wallonie, le Rassemblement national populaire de Marcel Déat et le Parti populaire français de Jacques Doriot, ou le Parti national breton.

D'après Rings, aucun de ces leaders qu'il soit un pur nazi ou simplement un fasciste n'a jamais obtenu la confiance d'Hitler. Seule exception, Bronislaw Kaminski, bien que Russe, bénéficie de la pleine confiance des occupants dans sa république de Lokot, près de Briansk[5].

Collaboration conditionnelle

Le collaborateur conditionnel dit : « je coopère avec la puissance occupante bien que je n'approuve que certains des aspects de la doctrine nazie. Avec réserve, je suis prêt à collaborer fidèlement parce que je veux changer les circonstances qui m'ont conduit à cette attitude »[6].

Selon Rings, la collaboration conditionnelle est la politique officielle de la France de Vichy et le gouvernement Danois la pratique partiellement. En octobre 1940, Pétain propose une collaboration qu'Hitler n'avait pas réclamée. Dans un discours radiodiffusé, il explique aux Français, « … pour maintenir l'unité française…, dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen, que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration. Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d'occupation Ainsi pourrait être assouplie la ligne de démarcation et facilités l'administration et le ravitaillement du territoire. »

Pour Rings, l'attitude d'Andreï Vlassov, fondateur du Comité russe de libération et de l'Armée russe de libération, ressortit également à la « Collaboration conditionnelle ».

Collaboration tactique

Le collaborateur tactique dit : « J'accepte de collaborer malgré mon hostilité vis-à-vis du National-Socialisme et de l'Allemagne nazie. Je le fais pour un certain nombre de raisons : libérer le pays du joug étranger et recouvrer ma liberté, éviter, autant que possible, le massacre de masse de gens innocents, … la collaboration dissimule la résistance et une forme de combat »[7].

Pour illustrer cette forme de collaboration, Rings cite l'exemple d'employés de chemin de fer qui pouvaient faire circuler des trains le jour et pratiquer le sabotage la nuit. Un autre exemple de cette sorte de collaboration survient en , après que les Allemands ont menacé de bloquer l'approvisionnement en charbon du Danemark, ce dernier acceptant de livrer des vedettes lance-torpille mais après les avoir rendu pratiquement inutilisables. Une telle attitude a également été celle du président Emil Hácha de Bohême-Moravie, qui continue en 1939 de rester en contact avec Edvard Beneš, réfugié à Londres.

D'après Rings, certains groupes ou organisations sont amenés à pratiquer la collaboration tactique : les consistoires juifs, pour gagner du temps, les partis communistes avant juin 1941, pour exister politiquement. Parfois également, certains groupes de résistants sont amenés à négocier avec l'occupant : Tito, en , pour un échange de prisonniers, les Tchetniks, de façon beaucoup plus répétée, aussi bien avec les Allemands qu'avec les Italiens. En France, en 1944, l'Organisation civile et militaire de Bordeaux, accepte de livrer aux Allemands 45 tonnes d'armes parachutées depuis Londres en échange de la libération de 300 prisonniers. En , juste après son évasion, le général Henri Giraud accepte de rencontrer Otto Abetz mais refuse les propositions qui lui sont faites.

Rings souligne que sous la pression des évènements, la collaboration tactique ne peut pas durer longtemps : bien vite, le gouvernement d'Hácha, président de la Tchécoslovaquie, puis du protectorat de Bohême-Moravie de 1939 à 1945, doit passer de la collaboration tactique à la collaboration conditionnelle puis inconditionnelle à partir de l'été 1940. Les partis communistes passent à la Résistance à partir de juin 1941, et même au Danemark, la collaboration prudente du gouvernement danois doit prendre fin en , lors de sa dissolution.

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Pays occupés par l'Allemagne

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Belgique

En Belgique, le gouvernement Hubert Pierlot part en exil à Londres, en désaccord avec la capitulation décidée le par Léopold III. Le roi se considère prisonnier de guerre, mais sans apporter son soutien au gouvernement en exil. Divisant pour mieux régner, les Allemands essaient de susciter le collaborationnisme des Flamands en pratiquant la Flamenpolitik, tout en s'ingéniant à opposer ce mouvement aux Rexistes Wallons de Léon Degrelle.

Danemark

France

En France, la politique de collaboration est mise en place par le maréchal Pétain sous l'occupation allemande, pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est Pétain lui-même qui lance ce terme dans son discours radiodiffusé du , où il invite les Français à collaborer avec l'ennemi. Mais Hitler, qui tient la France pour une puissance devenue secondaire, ne cherche pas à entraîner la France dans une guerre aux côtés de l'Allemagne[8]. Malgré leurs divergences, les dirigeants allemands veulent avoir pour interlocuteur un pouvoir légal et reconnu comme légitime par la majorité de la population afin de mener l'exploitation du pays à moindre frais[8]. Yves Durand oppose, dans les projets d'Hitler, la France à un pays comme la Norvège : « Pour Hitler lui-même, la France n'est ni un partenaire racial, ni un partenaire central dans le pays où il a engagé l'Allemagne »[8]. Pétain et la majorité des forces vichystes admettent qu'ils peuvent collaborer avec l'occupant. En croyant préserver les intérêts de la France, ils servent mieux les intérêts de l'Allemagne que n'auraient pu le faire des fascistes déclarés[8].

Grèce

En Grèce, Hitler nomme premier ministre le Georgios Tsolakoglou. Les autres dirigeants collaborateurs grecs sont des civils qui composent le gouvernement pro-Nazi, tels Konstantínos Logothetópoulos et Ioánnis Rállis.

Luxembourg

La collaboration au Luxembourg a notamment fait l'objet d'un ouvrage de Vincent Artuso (lb), paru en 2013[9].

Norvège

Vidkun Quisling, chef du parti nazi local Nasjonal Samling, tente dès le début de l'occupation de diriger un gouvernement pro-allemand, mais la résistance norvégienne dissuade les Allemands de l'imposer. Après une période d'administration militaire directe, Quisling revient finalement au pouvoir en 1942, dirigeant le gouvernement collaborateur norvégien. Le nom de Quisling devient ensuite une insulte, servant pendant la guerre à désigner les dirigeants collaborateurs ; l'expression est toujours en usage dans les langues anglaise et scandinaves.

Pays-Bas

Pologne

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La police juive du ghetto de Varsovie.

Tchécoslovaquie

La Tchécoslovaquie est démembrée en 1939, son territoire étant divisé pour l'essentiel en deux zones : la Bohême-Moravie, protectorat où le président Emil Hácha reste aux affaires, mais sans aucun pouvoir et soumis à des administrateurs militaires allemands, et la Slovaquie, pays indépendant dirigé par Jozef Tiso, qui s'engage activement sur le front de l'Est aux côtés des Allemands.

Union soviétique

En Union soviétique, dans les zones contrôlées par la Wehrmacht, de nombreuses personnes ont aidé les nouveaux occupants, que ce soit par antistalinisme ou par patriotisme (pour les régions comme les pays baltes annexés en 1940 par l'URSS).

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Miliciens collaborateurs biélorusses à Mohilev.

C'est Antony Beevor qui dans son livre Stalingrad paru en 1999, surnomme les soviétiques-collaborateurs les Hiwi[10].

Andreï Vlassov, général de l'Armée rouge, fait défection après sa capture et constitue une force armée, désignée couramment sous le nom d'Armée Vlassov et destinée à aider les Allemands.

Biélorussie

Il y eut des conflits entre les partisans soviétiques et des groupes désireux d'établir des régimes nationaliste en Biélorussie. Quelques groupes de résistance dans les États baltes et en Pologne souhaitaient rétablir les régimes pré-1939. Les Nazis créèrent aussitôt un gouvernement biélorusse, la Rada centrale biélorusse, qui reprenait des principes de la République populaire biélorusse mais en s'appuyant sur un nationalisme exacerbé.

Ce gouvernement était faible et entièrement soumis à Berlin. Il servait surtout à faire appliquer un régime de terreur et de répression. Environ 700 villages furent brûlés, parfois avec leurs habitants[11], et des milliers de personnes furent tuées ou déportées sous l'administration de la Rada, qui n'avait pas le soutien de la population locale[11]. La Biélorussie était avant la guerre un des pays ayant une des plus grandes diasporas juives, les Juifs biélorusses furent presque totalement décimés dès 1942. Le pays comptait par ailleurs plusieurs ghettos, dont celui de Lakhva, célèbre pour la révolte contre les nazis qui s'y déroula en 1942[12].

Russie

Ukraine

Lituanie

Yougoslavie

Après l'invasion du pays, l'Axe démembre le territoire du royaume de Yougoslavie et crée plusieurs États indépendants, où les occupants Allemands et Italiens installent des gouvernements collaborateurs en s'appuyant sur les revendications séparatistes locales. Le gouvernement collaborateur serbe, dirigé par Milan Nedić et l'État indépendant de Croatie, dirigé par le chef des Oustachis Ante Pavelić sont ainsi mis en place. La tentative de création d'un Monténégro avorte et les Italiens font de ce territoire un gouvernorat. Une autre partie du territoire yougoslave est divisée en protectorats allemands, italiens, hongrois ou bulgares. Dans ces zones, les occupants utilisent contre la Résistance les services de forces armées comme la Milice volontaire anticommuniste, la Garde nationale slovène ou le Corps russe.

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Pays alliés de l'Allemagne

Voir aussi

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