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Les conséquences sanitaires de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, qui eut lieu le 26 avril 1986, à la fois sur la santé des populations et l'intégrité de l'environnement, sont par ordre d'importance et chronologique d'abord dues aux gaz radioactifs (krypton et xénon) et au flux de neutrons qui se sont échappés du réacteur (du 26 avril jusqu'à l'effondrement du réacteur le 6 mai), à l'iode, puis au césium 137,et à d'autres radionucléides comme le strontium 90 et des isotopes de plutonium qui ont été émis par le réacteur no 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Les modèles utilisés pour étudier la catastrophe sont en partie ceux des bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, mais se basent surtout sur des quantités importantes de données accumulées lors des premiers scanners ou radiographies (avant cette période on irradiait beaucoup plus surtout les médecins). Ces modèles sont essentiellement ceux d'irradiation externe. Leurs extrapolations à une irradiation interne, chronique, due à l'ingestion d'aliments contaminés par des radionucléides (essentiellement par le césium) fait débat, les scientifiques continuent de s'interroger sans résultats définitifs jusqu'à présent. Dans le cas du cancer de la thyroïde l'exposition est rapide et intense (en moyenne 500 mSv chez les enfants évacués de la zone), la radioactivité durant quelques semaines. L'évaluation du nombre de décès survenus et à venir imputables à la catastrophe est encore l'objet de controverses opposant l'OMS ainsi que l'AIEA à Greenpeace et d'autres ONG ou chercheurs indépendants, les chiffres avancés variant de quelques dizaines de morts à quelques centaines de milliers. En France, une controverse est née sur les retombées du nuage de Tchernobyl. Voir à ce sujet l'article Conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en France.
Les conséquences politiques, économiques et sociales sont quant à elles détaillées dans l'article catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
La radioactivité libérée par l’explosion a contaminé une superficie d’environ 160 000 km2 au Nord de Kiev et aussi au Sud de la Biélorussie. Des zones d'exclusion du fait d'un environnement très contaminé ont été définies en Ukraine (environ 2 600 km2) et en Biélorussie (environ 2 400 km2) : elles restent d'actualité[1].
À proximité de la centrale, une zone d'exclusion nucléaire, nommée zone d'exclusion de Tchernobyl (officiellement : Zone d'aliénation de la centrale nucléaire de Tchernobyl), a été définie à la suite de l'accident pour les évacuations d'habitants et l'interdiction au public — bien que des visites guidées réglementées et contrôlées aient lieu dans cette zone depuis environ la fin des années 2000[2]. En 2019, plusieurs milliers de personnes travaillent également dans cette zone, notamment pour des travaux ou de l'entretien ; elles sont soumises à un régime d'emploi particulier et des séjours sur site limités à des périodes maximales de 3 semaines[2].
Une large zone autour de la centrale est fortement contaminée et la plupart des espèces vivantes ont été atteintes. Après la catastrophe, des malformations génétiques et des troubles de la reproduction ont été observés chez certaines espèces animales, dans la zone d'exclusion[3]. Les sols sont pollués et cette zone d'exclusion, définie après l'accident, est aussi une zone où sont interdites l'agriculture et la sylviculture[3].
La radioactivité a notamment provoqué la mort des arbres de la forêt proche de la centrale — sur une surface d'une dizaine de kilomètres carrés, sur un site ayant reçu une forte dose de radiations —, principalement formée de pins sylvestres dont les aiguilles sèches sont devenues rousses, qui est depuis nommée la Forêt rousse[4]. Dans un article de mai 2019, Émeline Férard, journaliste au magazine français Géo, indique que « cette forêt est considérée comme l'un des sites naturels les plus contaminés sur Terre et il est déconseillé de s'y aventurer trop longtemps »[4]. Certaines espèces s'adaptent mieux que d'autres, les arbres résineux ont beaucoup de mal à supporter les radiations, alors que les bouleaux ont colonisé la Forêt rousse.
La faune et la flore ont depuis repris leurs droits et, en 1995, une nouvelle biodiversité est présente[3]. La reprise connaît toutefois des disparités selon les espèces[5] ; on peut notamment observer la présence d'espèces rares comme le lynx, l'ours et le cheval de Przewalski (introduit depuis une autre réserve en 1998). De plus, les zones ayant reçues les plus fortes retombées d'iode et de césium radioactifs sont marquées par une moindre variété et un plus faible nombre d'insectes et d'oiseaux que des zones comparables moins ou pas impactées[6].
Sur le vaste espace des zones d'exclusion situées en Ukraine et en Biélorussie, la forêt a gagné du terrain et recouvert une grande partie des terres autrefois cultivées par l'homme mais évacuées et interdites de culture depuis 1986 : toutefois, cette forêt compte de plus en plus de végétaux morts, qui s'accumulent ; le risque de propagation de feux de forêt augmente alors[1],[7]. Des incendies ont eu lieu dans la zone proche de l'ancienne centrale, notamment en 2020 ; certains radionucléides issus des zones polluées ont été relargués dans l'atmosphère[1].
Nombre de recherches scientifiques ont été menées en 35 ans concernant des espèces sauvages et les effets de la contamination radioactive sur la faune et la flore dans les zones concernées[8].
Sur une surface d'environ 200 000 km2 principalement en Ukraine, Biélorussie et Russie, les retombées radioactives ont été la source d'une forte contamination pour les pâturages et les plantes cultivées[3]. Certaines régions d'Europe situées autour de Tchernobyl, comptant aussi des zones situées dans les pays scandinaves et en Allemagne, ont vu leurs eaux de surface être elles aussi fortement polluées et pour de longues durées, de même que les poissons de certains lacs[3].
Dans les semaines qui ont suivi la catastrophe, plusieurs pays d'Europe centrale (notamment la Pologne, l'Allemagne) et la Suède ont interdit la consommation de légumes verts et de lait frais[3]. Dans les zones arctiques, la toundra a également reçu des retombées radioactives, et des rennes en ayant consommé les plantes ont été à leur tour fortement contaminés, au point que plusieurs milliers d'entre eux ont été abattus afin que leur viande ne soit pas consommée par l'homme[3].
« 20 ans après, un rapport d’institutions des Nations Unies donne des réponses définitives et propose des moyens de reconstruire des vies »[9] : ce communiqué conjoint de OMS / AIEA / PNUD annonce, en septembre 2005, la publication du rapport Chernobyl’s Legacy: Health, Environmental and Socio-Economic Impacts[10] du Forum Chernobyl. Ce forum est composé de huit institutions spécialisées du système des Nations unies : l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Comité scientifique des Nations unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) et la Banque mondiale, ainsi que des gouvernements du Bélarus, de la Russie et de l'Ukraine. L'OMS a produit un rapport abrégé[11] d'après ce rapport de 600 pages, regroupant les travaux de centaines de scientifiques, d'économistes et de spécialistes de la santé.
Principales conclusions du rapport[9] :
On compte environ 50 morts parmi les liquidateurs, les pompiers de Pripiat et les opérateurs de centrale des suites d'irradiation massive. La plupart d'entre eux sont morts quelques mois après l'événement.
Le pronostic des cancers de la thyroïde est plutôt bon car il se soigne relativement mieux que d'autres cancers. Des décès par cancer à la suite des expositions des populations aux faibles doses, décès non mesurables statistiquement, auraient un maximum théorique de 9000 morts, dans le cas d'une échelle linéaire sans seuil. Les échelles “linéaires avec seuil” ou avec effet d'hormèse, donnent un maximum théorique encore beaucoup plus faible[12].
Autres études prévoyant relativement peu de conséquences sanitaires :
Études de controverse prévoyant de fortes conséquences sanitaires, sans toutefois être publiées scientifiquement :
Depuis 2013, le programme de surveillance a été arrêté.
Entre 2011 et 2019, 25 à 33 années après la catastrophe, des céréales — blé, seigle, avoine et orge — cultivées à l'extérieur de la zone de sécurité (48 kilomètres) ont des niveaux de contaminations dépassant les seuils, notamment pour le strontium 90 et le césium 137 selon Greenpeace.
De même le bois ne répond pas aux normes du bois de chauffage et dépasse les seuils réglementaires de strontium 90.
L'évaluation des conséquences sanitaires de la catastrophe fait l'objet d'une controverse où s'opposent des enjeux politiques, idéologiques et scientifiques. Si la mortalité directe et les cancers de la thyroïde chez les enfants les plus exposés ne font pas débat, les autres chiffres avancés proviennent tous de modèles mathématiques et nourrissent des polémiques incessantes. On estime à environ 6 millions le nombre de personnes ayant reçu des faibles doses radioactives en Ukraine, en Biélorussie et en Russie[21].
Ces modèles mathématiques employés sont issus de projections faites à partir des données sur des individus irradiés à haute et moyenne dose lors des bombardements atomiques au Japon ou d'accidents dans l'industrie nucléaire civile et militaire. Le risque est extrapolé selon les principes de l'effet linéaire sans seuil et de la dose collective, ces deux concepts sont utilisés en radioprotection des travailleurs exposés mais leur usage en épidémiologie est très critiqué quand il s'agit d'évaluer de très faible doses sur de très longues durées à l'échelle d'une population, ce qui est le cas en dehors de la zone interdite de Tchernobyl[22].
L'épidémiologie permet de dégager des certitudes scientifiques face aux conséquences sanitaires d'une exposition à un agent chimique ou biologique à l'échelle d'une population, pour autant dans le cas de la catastrophe de Tchernobyl elle n'est pas d'un grand secours. Il n'existe en effet pas de données épidémiologiques suffisamment précises permettant d'apporter des réponses solides. Cette absence de précision est le résultat de plusieurs facteurs :
Du fait de l'absence de données extrêmement précises, il est peu probable que ce débat puisse être tranché un jour. L'incidence du cancer est forte chez l'humain (20 % à 25 % des humains habitant l'OCDE auront un cancer au cours de leur vie[27]) et varie en permanence en fonction des très nombreux facteurs (alimentation, alcool, tabac, activité physique, pollution, génétique de la population, etc.) qui évoluent eux-mêmes rapidement. Même les estimations les plus alarmistes citées (plusieurs centaines de milliers de cas sur 80 ans) seraient extrêmement difficile à isoler au niveau statistique car rien qu'en Europe 3,2 million de cancers sont diagnostiqués chaque année[28]. Il est donc possible d'avancer des chiffres très différents tout en revendiquant à raison leur assise théorique : tant qu'ils restent dans la zone de flou statistique, dont l'échelle est de l'ordre de plusieurs centaines de milliers de cas par an, ils ne peuvent être définitivement contredit ou confirmés. Ce type de raisonnement peut même être renversé: il est possible d'attribuer à la catastrophe une baisse de l'incidence du cancer par effet d'hormèse : il suffirait d'utiliser un modèle mathématique prenant en compte cet effet déjà observé dans de nombreux travaux sur les modèles animaux[29]. Dans ce cas on pourrait déclarer que la catastrophe pourrait éviter des dizaines de milliers de cas de cancer, ce peut paraître provocateur mais reste scientifiquement aussi défendable qu’affirmer qu'elle ait provoqué tout autant de décès.
Ensuite, il convient de faire attention à la date de publication des études. On peut constater que les études issues d'un même organisme ont largement modifié leurs conclusions au cours des années. Il convient donc de ne considérer comme les plus fiables que les études les plus récentes. Ainsi le rapport ONU de 2009 rend caducs les rapports précédents. Ces derniers sont présentés ci-dessous mais n'ont d’intérêt que pour retracer l'histoire de nos connaissances d'une catastrophe nucléaire.
Selon le rapport officiel de l'Organisation mondiale de la santé[30] (OMS), jusqu’à 4 000 personnes au total pourraient à terme décéder des suites d'une radio‑exposition consécutive à la catastrophe de Tchernobyl. Sur 72 000 liquidateurs, 212 sont morts[31]. L'impartialité de l'OMS sur cette question est contestée par le collectif Independent WHO, un groupement d'associations antinucléaires, en raison d'un accord passé avec l'AIEA en 1959. À la suite de ces doutes sur son impartialité, l'OMS a publié une déclaration expliquant que cet accord « suit le modèle des accords passés entre l’OMS et les Nations Unies ou d’autres organisations internationales », et réaffirmant son indépendance sur ce sujet[32],[33].
Le , le Forum de Tchernobyl, fondé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) produit un rapport intitulé L'héritage de Tchernobyl : impacts sanitaires, environnementaux et socio-économiques[34]. Ce rapport commun de l'Organisation mondiale de la santé, l'Agence internationale pour l'énergie atomique, l'UNDP et d'autres agences onusiennes avance un bilan des victimes de Tchernobyl de 47 secouristes (« liquidateurs »), morts des suites de l'exposition aux radiations (28 en 1986, et 19 entre 1987 et 2004), et de quinze personnes, enfants au moment de la catastrophe, morts de cancers de la thyroïde (jusqu'à 2002), sur 600 000 personnes affectées – 200 000 liquidateurs et les personnes les plus exposées aux radiations.
D'après le communiqué de presse de l'AIEA : « Jusqu’à 4 000 personnes au total pourraient à terme décéder des suites d'une radio-exposition consécutive à l'accident survenu il y a une vingtaine d'années dans la centrale nucléaire de Tchernobyl : telles sont les conclusions d’une équipe internationale de plus d'une centaine de scientifiques. Toutefois, à la fin du premier semestre de 2005, moins d'une cinquantaine de décès avait été attribuée directement à cette catastrophe. Pratiquement tous étaient des membres des équipes de sauvetage qui avaient été exposés à des doses très élevées : un grand nombre sont morts dans les mois qui ont suivi l'accident, mais d'autres ont survécu jusqu’en 2004. » Michael Repacholi, responsable de l'OMS cité dans le rapport a déclaré : « Les effets sanitaires de l’accident étaient potentiellement catastrophiques, mais une fois que vous les additionnez en vous basant sur des conclusions scientifiques dûment validées, en ce qui concerne le public, ils n’ont pas été aussi forts que ce que l’on pouvait craindre initialement. »[35]
Le résumé considère que « à en juger par l'expérience du Bélarus, le taux de survie parmi les patients atteints de ce type de cancer [cancer de la thyroïde] atteint presque 99 %. »[35] De plus, il ne conclut à « aucune indication ni probabilité d’une diminution de la fertilité parmi les populations touchées, ni aucune indication d’une augmentation de malformations congénitales pouvant être attribuées à une radio-exposition. »[35]. En fait, « les principales causes de mortalité dans les régions affectées par Tchernobyl sont les mêmes que celles prévalant en Russie, maladies cardio-vasculaires, blessures et empoisonnements plutôt que les maladies liées à la radioactivité. »[21]
En outre, le rapport provisoire critique ce qui y est interprété comme le manque d'initiative de la population locale et sa « tendance à mettre tous les problèmes de santé sur le compte de l'exposition aux rayonnements. » Il souligne « l’impact sur la santé psychique des personnes affectées » : les désordres psychologiques s’exprimeraient sous forme de « manque de confiance dans son propre état de santé, de craintes exagérées pour l’espérance vie », de dépendance de l’assistance à l’État et de manque d’initiative[36].
Le bilan proposé en septembre 2005 par l'AIEA (47 morts directs et au total encore 4 000 décès futurs à attribuer à la catastrophe de 1986) a été vivement critiqué par Angelika Claussen, présidente de la section allemande de l'Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) déclarait dans Le Monde[37] que « ces chiffres [étaient] sous-estimés et absolument faux ». Cette même association IPPNW rendait public le 6 avril 2006 un autre rapport, intitulé « Conséquences de Tchernobyl sur la santé », qui a été réalisé avec la Société pour la protection contre les rayonnements (GSF). Toutefois, du propre aveu de l'IPPNW, des estimations précises sont « impossibles à obtenir pour des raisons de méthode »[37].
Selon ce rapport IPPNW-GSF : « plus de 10 000 personnes [seraient] atteintes d'un cancer de la thyroïde et 50 000 cas supplémentaires [seraient] attendus à l'avenir » (contre 4 000 cancers de la thyroïde répertoriés par des agences de l'ONU[38]). « En Europe, il y a eu 10 000 malformations chez les nouveau-nés en raison de Tchernobyl et 5 000 décès chez les nourrissons ». Par ailleurs, « plusieurs centaines de milliers de membres des équipes d'intervention [sur le site] sont de nos jours malades des suites des radiations, plusieurs dizaines de milliers sont morts ». « Il est très cynique de reprocher aux personnes en Ukraine, en Biélorussie et en Russie une mentalité de victime et de leur recommander de mieux se nourrir et d'avoir un style de vie plus sain », ajoutait Angelika Claussen en référence aux critiques de la prétendue passivité de la population locale[37]. Ces chiffres ne s'appuient néanmoins sur aucune donnée de terrain.
Greenpeace a critiqué les conclusions du résumé de septembre 2005[39]. Ses principaux arguments sont les suivants :
Selon certains, ces critiques ne seraient pas crédibles, et visent simplement à relancer sans cesse la polémique :
Selon l'organisation écologiste et antinucléaire, qui cite une étude publiée en dehors des revues à comité de lecture, 67 000 personnes sont mortes en Russie entre 1990 et 2004 des suites de Tchernobyl[37].
Vladimir Tchouprov, responsable de la branche russe de Greenpeace, a déclaré que le rapport onusien avait « pour objectif de soutenir idéologiquement le programme de construction de 40 nouveaux réacteurs nucléaires en Russie d'ici à 2030 […] alors que 70 % à 80 % des Russes s'opposent à la construction de centrales nucléaires près de chez eux. »
Lioudmila Komogortseva, présidente de la commission écologique de l'assemblée régionale de Briansk, la région russe la plus touchée par la radioactivité, a pour sa part déploré que plusieurs programmes d'approvisionnement des écoles en produits alimentaires et eau non contaminés ne soient plus financés depuis plusieurs années. Selon elle, 2 700 cas de cancers de la thyroïde ont été enregistrés entre 1991 et 2003 dans cette région, dont 290 cas chez des personnes qui étaient enfants au moment de la catastrophe. Des académiciens russes ont eux parlé de seulement 226 cas répertoriés au total dans la région de Briansk[37].
Selon Hervé Kempf, journaliste connu pour ses engagements écologistes et antinucléaires : « La présentation du Forum Tchernobyl en septembre 2005 est (il n'y a pas d'autre mot) mensongère »[41] les approximations exprimées dans le chapeau du communiqué ou commentèrent la controverse[42],[43],[44],[45].
L'AIEA diffusa ainsi, durant une conférence tenue le , un résumé du bilan global provisoire : 4 000 personnes sur les 600 000 les plus touchées pourraient décéder des suites de la radio-exposition consécutive à l'accident (page 7 du communiqué francophone). Ce chiffre de 4 000 morts qui n'est expliqué et nuancé que plus loin, a incité la presse et les médias à le présenter comme un bilan total de toutes les victimes de l'accident.
Le rapport définitif[46], publié en , prévoit quant à lui (page 106) une surmortalité causée par les seuls cancers solides de « 4 000 décès parmi les 600 000 personnes les plus exposées » (0,67 %), semblable aux estimations préliminaires mais pour les seuls cancers solides, ainsi que de « 5 000 autres parmi les 6 millions de personnes proches » (0,08 %). Les auteurs du rapport y insistent sur le caractère très incertain de leurs estimations[47].
Melissa Fleming, attachée de presse de l'AIEA, déclara à la revue Nature : « Je suis navrée de voir des chiffres sauvages communiqués par des organisations honorables qui sont ensuite attribués à l'ONU. C'était donc une action audacieuse que d'avancer une estimation bien inférieure à celle que dicte le sens commun. »[48]
Le Comité scientifique des Nations unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) a produit un rapport en 2008[49] qui poursuit et affine l'analyse des rapports de l'ONU précédents. Les résultats sont sensiblement différents des nombreux travaux antérieurs. Les données de santé sont réparties selon la population concernée.
Les décès attribuables « de façon fiable » au rayonnement produit par l'accident sont donc maintenant estimés à 43 décès qui se déclinent ainsi :
À cela peut être ajouté les 2 travailleurs morts des suites de blessures non liées à l'exposition aux rayonnements immédiatement après l'accident.
Parmi les survivants du syndrome d'irradiation aiguë, 19 sont morts entre 1986 et 2006 mais la cause du décès est diverse et généralement pas associée à l'exposition aux radiations.
Le rapport conclut que « la grande majorité de la population n'a pas à vivre dans la peur des conséquences graves sur la santé de l'accident de Tchernobyl ».
Ce rapport est critiqué par les organisations militantes anti-nucléaires qui proposent leurs propres contre-analyses. Cependant ce rapport a été publié dans des revues scientifiques à comité de lecture « peer reviewed » ce qui n'est pas le cas des contre-analyses.
Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) français synthétise les études scientifiques concernant les « impacts sanitaires, précoces et tardifs » de l'accident de Tchernobyl dans un numéro spécial de sa lettre d’information de l’Unité Prositon, indiquant près de 70 décès recensés selon les expertises internationales de l'UNSCEAR, et un nombre à terme qui pourrait être de 4000 selon certaines études[50],[51].
Deux études menées par l'institut national du cancer aux États–Unis, publiées dans la revue Science, concluent à l'absence pour les personnes exposées à la catastrophe de transmission de mutations génétiques à leurs descendants, et à des cas de cancers de la thyroïde dont l'origine doit être poursuivie dans une nouvelle étude[54].
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