Grand Prix automobile de Monaco 1966
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Le Grand Prix de Monaco 1966 (XXIVe Grand Prix de Monaco), disputé sur le circuit de Monaco le , est la cent-quarante-deuxième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la première manche du championnat 1966.
Nombre de tours | 100 |
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Longueur du circuit | 3,145 km |
Distance de course | 314,500 km |
Météo | temps chaud, ciel brumeux |
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Vainqueur |
Jackie Stewart, BRM, 2 h 33 min 10 s 5 (vitesse moyenne : 123,192 km/h) |
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Pole position |
Jim Clark, Lotus-Climax, 1 min 29 s 9 (vitesse moyenne : 125,940 km/h) |
Record du tour en course |
Lorenzo Bandini, Ferrari, 1 min 29 s 8 (vitesse moyenne : 126,080 km/h) |
Le championnat du monde
Après cinq années de Formule 1 1 500 cm3, formule dérivée de l'ancienne Formule 2 en vigueur de 1957 à 1960, la Commission sportive internationale (C.S.I.) a décidé lors de son comité exécutif de décembre 1963 de porter à trois litres la cylindrée des nouvelles F1, mesure entrée en vigueur le 1er janvier 1966. Le nouveau règlement autorise à nouveau l'utilisation de moteurs suralimentés, avec un coefficient deux pour la cylindrée (soit un maximum de 1 500 cm3 en cas d'utilisation d'un compresseur volumétrique ou d'un turbocompresseur). La réglementation (qui restera en vigueur jusqu'au 31 décembre 1967) s'appuie sur les points suivants[1],[2] :
- pas de cylindrée minimale
- cylindrée maximale : 3 000 cm3 si moteur atmosphérique ou 1 500 cm3 si moteur suralimenté
- poids minimal : 500 kg (en ordre de marche, sans carburant et sans pilote)
- roues non carénées
- double circuit de freinage obligatoire
- arceau de sécurité obligatoire (le haut du cerceau devant dépasser le casque du pilote)
- démarreur de bord obligatoire
- carburant commercial obligatoire
- ravitaillement en huile interdit durant la course
- distance minimale d'un Grand Prix : 300 km
- distance maximale d'un Grand Prix : 400 km
- distance minimale pour être classé : 90% de la distance parcourue par le vainqueur
À l'avènement de la Formule 1 «3 litres», le 1er janvier, à l'occasion du Grand Prix d'Afrique du Sud, seul Jack Brabham fut en mesure d'aligner une monoplace conçue selon la nouvelle réglementation, les autres concurrents utilisant leurs précédents modèles, lestés et équipés de moteurs réalésés. Au volant de sa Brabham BT19 à moteur Repco, le pilote-constructeur s'élança ce jour de la pole position et domina la majeure partie de la course jusqu'à ce qu'un pilote attardé l'envoie en tête-à-queue, entraînant son abandon[3]. C'est seulement en mai, à Syracuse (toujours hors championnat), qu'apparurent d'autres nouveautés, la Ferrari à moteur V12 (que John Surtees fit triompher) et la Cooper à moteur Maserati V12 dont les débuts furent loin d'être prometteurs[4]. Si bon nombre de spécialistes s'accordent alors à considérer la Ferrari comme favorite pour cette nouvelle saison, la voiture italienne disposant du moteur le plus puissant du plateau, Brabham parvint à démontrer deux semaines plus tard à Silverstone qu'une monoplace légère, même dotée d'un modeste moteur dérivé de la grande série[Note 1], pouvait également s'imposer. Aussi, alors que les nouvelles Lotus et BRM sont à peine achevées, les pronostics sont-ils mitigés à la veille du Grand Prix de Monaco, épreuve inaugurale du championnat du monde.
Le circuit
C'est en octobre 1925 qu'Antony Noghès, membre de l'ACM, commença à élaborer l'idée d'une épreuve de sports mécaniques dans les rues de Monaco. Avec le soutien de Louis Chiron, il obtient l'accord des instances officielles du sport automobile, l'AIACR, et le premier Grand Prix de Monaco se déroulera en avril 1929 sur un circuit empruntant le Boulevard Albert Ier, la montée du Casino, la descente vers la gare puis le tunnel passant sous le tir aux pigeons pour revenir au point de départ[5]. Développant un peu plus de trois kilomètres, le tracé se révèle très exigeant en termes de pilotage, la piste très étroite comportant très peu de zones de dégagement et exigeant une concentration permanente. Depuis cette première édition remportée par Bugatti du Franco-Britannique Williams, le circuit est resté pratiquement inchangé et est devenu, après-guerre, un des lieux les plus prisés du championnat du monde de Formule 1[6]. Avec trois victoires chacun, Stirling Moss et Graham Hill sont les pilotes les plus titrés en principauté.
Tournage
Le circuit de Monaco va également servir de cadre au futur film Grand Prix, produit par la Metro-Goldwyn-Mayer sous la direction de John Frankenheimer. Dans ce contexte, l'équipe de tournage a équipée d'une caméra frontale une Lotus 25 rachetée à Joakim Bonnier, Phil Hill étant chargé des prises de vue à son volant. Quelques pilotes et journalistes professionnels joueront leur propre rôle, tandis que, en plus des images réelles tournées aux essais et en course des scènes fictives seront tournées sur des monoplaces de Formule 3 maquillées en F1[7].
- Lotus 33 & 43 "Usine"
La nouvelle Lotus 43 à moteur BRM 16 cylindres n'est pas encore opérationnelle aussi Peter Arundell, qui devait la faire débuter, est-il absent. Colin Chapman aligne une seule monoplace pour Jim Clark. Il s'agit de la 33 utilisée par le champion du monde la saison précédente, maintenant dotée d'un moteur Climax FWMV dont la cylindrée a été portée à 1970 cm3. Dans cette version baptisée MkIX, le V8, alimenté par un système d'injection indirecte Lucas et doté d'une culasse à deux soupapes par cylindres, développe environ 240 chevaux à 8800 tr/min[8]. Dotée d'un châssis monocoque, la 33 est équipée d'une boîte de vitesses ZF à cinq rapports. La nouvelle réglementation exigeant un poids minimal de 500 kg à vide, la voiture a dû être lestée. Depuis le début d'année, les Lotus officielles sont chaussées de pneus Firestone[9],[10].
- Lotus 25 & 33 privées
Utilisant les mêmes châssis que la saison précédente, l'équipe de Tim Parnell a équipé sa Lotus 25C d'un ancien moteur Climax FPF (quatre cylindres, 2,7 litres, 260 chevaux) et sa 33 d'un V8 BRM (2 litres, 260 chevaux), la première destinée à Richard Attwood et la seconde à Mike Spence. Les deux monoplaces sont équipées d'une boîte de vitesses Hewland à cinq rapports et de pneus Firestone. Elles ont été lestées pour atteindre les 500 kg requis[9]. Ayant accepté une proposition du Colonel Hoare pour piloter une Dino 206 SP aux 1000 kilomètres de Spa, Attwood a finalement déclaré forfait à Monaco et n'est pas remplacé, Spence défendant seul les couleurs de l'écurie[11].
- BRM P261 & P83 "Usine"
Le constructeur de Bourne a achevé le premier exemplaire de l'impressionnante BRM P83 à moteur seize cylindres en H, qu'il a amené à Monaco, mais cette voiture, à court de mise au point, ne participera qu'aux essais, l'équipe préférant miser sur ses éprouvées P261 à moteur V8 pour la course. Graham Hill et Jackie Stewart disposent donc de leurs montures de 1965, avec un moteur dont la cylindrée a été portée à deux litres. Alimenté par injection indirecte Lucas, il développe maintenant 260 chevaux à 10000 tr/min, contre plus de 400 à 11000 tr/min pour le moteur H16 ! Les deux différents modèles ont en commun leur boîte six vitesses (conçue et réalisée en interne) et leur structure monocoque. Les P261 ont été lestées pour atteindre les 500 kg réglementaires, alors que l'imposante P83 pèse plus de 650 kg[11]. Les trois voitures sont officiellement chaussées de pneus Dunlop, mais il est prévu que des pneus Goodyear soient également testés[12].
- BRM P261 privée
Présent pour l'épreuve de Formule 3 (qu'il disputera sur une Brabham-Cosworth), Bob Bondurant a été invité, après la défection de Dan Gurney, à participer également au Grand Prix F1. Le pilote américain disposera de la BRM P261 de l'équipe Chamaco, identique aux modèles d'usine.
- Brabham BT19 & BT22 "Usine"
Jack Brabham est le seul à disposer de la BT19 à moteur Repco, son coéquipier Denny Hulme devant pour l'heure se contenter d'une BT22 dotée d'un ancien noteur Climax à quatre cylindres. Initialement conçue, en 1965, pour être équipée du futur moteur seize cylindres Climax, la BT19, à châssis multitubulaire, fut finalement équipée du moteur V8 Repco développé à partir du bloc Oldsmobile F85, initialement en version 2,5 litres en prévision de la Formule Tasmane, puis en version 3 litres pour pallier l'abandon du projet Climax. Ayant disputé les manches hors championnat avec la première version trois litres du V8 (285 chevaux), Brabham va cette fois bénéficier d'un nouveau moteur développant 300 chevaux à 6800 tr/min[13]. Équipée d'une boîte de vitesses Hewland à cinq rapports, la BT19 pèse 530 kg en ordre de marche[14]. Dérivée de la Formule Tasmane, la BT22 de Hulme pèse 500 kg, son moteur 2,5 litres Climax délivrant 225 chevaux à 6800 tr/min. Les Brabham sont chaussées de pneus Goodyear.
- Brabham BT11 privées
Toujours sous les couleurs de DW Racing Enterprises, Bob Anderson aligne son ancienne Brabham BT11 qu'il a dotée d'un quatre cylindres Climax de 2,7 litres (260 ch à 6800 tr/min[15]). Elle est désormais chaussée de pneus Firestone. Le Rob Walker Racing Team aligne quant à lui sa BT11 à moteur V8 BRM (deux litres, 260 chevaux) pour Joseph Siffert, la Cooper T81 de l'équipe n'étant pas opérationnelle après la casse de son V12 Maserati à Silverstone. La voiture de Siffert utilise des pneus Dunlop.
- Ferrari 246 & 312 "Usine"
Convalescent après son accident survenu aux essais du Grand Prix du Canada en septembre 1965, John Surtees s'est beaucoup entraîné durant l'hiver pour recouvrer tout son potentiel, tout d'abord au volant de la Ferrari 246 construite l'année précédente pour la Formule Tasmane, avant de disputer les premières épreuves européennes de la saison sur la nouvelle 312. Le pilote britannique s'est montré très réservé au sujet de cette dernière, qu'il juge lourde et encombrante et dont le moteur V12, dérivé de celui des prototypes d'endurance, ne délivre pas la puissance escomptée. Il lui préfère la «petite», la 312 s'avérant d'ailleurs nettement moins véloce que la 246 Tasmane sur l'autodrome de Modène ! Au sein de la Scuderia Ferrari, on estime cependant que la nouvelle monoplace a plus de potentiel et le directeur sportif Eugenio Dragoni ne donnera guère le choix à son premier pilote[16]. Pour l'épreuve monégasque, trois monoplaces ont été préparées, deux 312 (dont une tout juste achevée) pour Surtees et Lorenzo Bandini, ainsi que la 246 en voiture de réserve. Donné pour 350 chevaux à 9500 tr/min, le V12 n'en développe réellement que 325 en ce début de saison, selon l'ingénieur Mauro Forghieri, alors que la nouvelle monoplace, à châssis semi-monocoque, dépasse les 600 kg. Son rapport poids/puissance n'est donc pas meilleur que celui de la 246, qui pèse près de 100 kg de moins et dont le moteur V6 Dino délivre plus de 260 chevaux à 7800 tr/min[15]. Les deux modèles sont équipés d'une boîte cinq vitesses et de pneus Dunlop, la Scuderia ayant également prévu de tester des pneus Firestone[12].
- Cooper T81 "Usine"
Ayant revendu en 1965 la Cooper Car Company au Chipstear Motor Group (dont le principal dirigeant est également concessionnaire Maserati en Grande-Bretagne), John Cooper a néanmoins conservé son rôle de directeur technique, l'ancien pilote Roy Salvadori étant engagé comme directeur sportif de l'écurie. Les liens avec Maserati ont amené le constructeur italien à fournir à l'équipe et à ses clients les moteurs de Formule 1, des V12 dérivés de celui testé en 1957, sans succès, sur la 250F. Avec une cylindrée portée à 2989 cm3, le V12 Tipo 9 est censé délivrer 360 chevaux à 9000 tr/min, mais sa puissance réelle, en ce début de saison, est plutôt comprise entre 330 et 340 chevaux. Mis au point sur le prototype T80 (initialement conçu pour recevoir le seize cylindres Climax), ce moteur équipe les nouvelles T81, conçues par Derrick White, premières monoplaces à structure monocoque réalisées par le constructeur de Surbiton, apparues lors du Grand Prix de Syracuse. Six châssis de ce type ont été construits, dont trois vendus à des écuries privées. Les premières sorties de ces voitures se sont révélées relativement décevantes, les T81 subissant le handicap d'un poids trop élevé (605 kg) dû à leur moteur (de conception relativement ancienne) accouplé à une grosse boîte de vitesses ZF à cinq rapports. Deux voitures ont été engagées pour l'épreuve monégasque, Jochen Rindt étant épaulé par Richie Ginther, «prêté» par Honda dont le projet F1 trois litres a pris du retard. Les Cooper sont chaussées de pneus Dunlop[17].
- Cooper T81 privées
Techniquement identiques aux T81 officielles, les trois Cooper-Maserati privées sont présentes à Monaco, mais à la veille des premiers essais celle de Rob Walker (habituellement confiée à Jo Siffert) n'est pas opérationnelle, le moteur V12 cassé à Silverstone étant toujours en cours de réparation. Ancien coéquipier de Siffert, Joakim Bonnier a dû monter sa propre structure pour 1966, Walker ayant décider de ne plus engager qu'un seul pilote. Installé en Suisse, le Suédois a créé l'écurie Anglo-Suisse Racing, sa T81 (chaussée de gommes Firestone) arborant les couleurs rouge et blanc[18]. Troisième client de la marque, le pilote privé Guy Ligier s'apprête à disputer sa première course de championnat du monde avec un moteur tout juste remis en état, après avoir cassé, comme celui de Siffert, lors de l'International Trophy à Silverstone. Ligier utilise des pneus Dunlop[12].
- McLaren M2B "Usine"
Après une première expérience de pilote-constructeur dans les courses américaines d'endurance, Bruce McLaren a étendu les activités de son entreprise à la Formule 1. Ayant acquis fin 1965 cinq moteurs V8 Ford conçus pour les 500 miles d'Indianapolis, il les a fait convertir par son partenaire motoriste Traco, pour réduire la cylindrée de 4,2 à 3 litres. Le résultat ne donna pas les 335 chevaux escomptés, la puissance maximale de ce moteur alimenté par un système d'injection Tecalemit étant de 305 chevaux à 9600 tr/min. De plus, quatre des cinq V8 Ford n'ont pas résisté aux essais sur banc et seule la M2B de McLaren a pu être préparée pour Monaco, aucun moteur n'étant disponible pour la deuxième voiture, destinée à Chris Amon[19] ! Conçue autour d'une structure monocoque englobant le réservoir de carburant, la M2B est dotée d'une boîte de vitesses ZF à cinq rapports. Elle pèse 530 kg à vide et utilise des pneus Firestone[20]. À la demande de John Frankenheimer, réalisateur du film «Grand Prix», la monoplace est blanche, avec une bande verte, pour représenter une écurie japonaise fictive du scénario[7].
no | Pilote | Écurie | Constructeur | Modèle | N° châssis | Moteur | Pneumatiques | Commentaire |
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20 | Phil Hill | Metro-Goldwyn-Mayer | Lotus | Lotus 25C | 25 R6[Note 7] | Coventry Climax FWMV MkIII V8 | D | monoplace équipée d'une caméra avant |