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officier allemand de la Gestapo en Pologne occupée pendant la deuxième guerre mondiale De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Hans Krüger ( - ), de nationalité allemande, était un capitaine SS (SS-Hauptsturmführer) qui occupa en 1941 et 1942, le poste de chef de l’antenne du Kommando der Sipo (KdS) de Lemberg (actuelle Lviv) à Stanislau (Stanisławów) en Pologne occupée, aujourd'hui Ivano-Frankivsk en Ukraine. Il fut un des précurseurs de la Shoah par balles en Galicie orientale et à ce titre, responsable de nombreux massacres de masse à l’encontre de Juifs polonais et Polonais ethniques. En 1943 et 1944, il occupa le poste de chef de l’antenne du KdS de Dijon à Chalon-sur-Saône en France occupée. En Saône-et-Loire et dans la Nièvre, il se rendit coupable de nombreux crimes de guerre[1].
Hans Krüger | |
Naissance | Posen, Empire allemand |
---|---|
Décès | (à 78 ans) Wartenberg, Allemagne de l'Ouest |
Allégeance | Reich allemand |
Unité | Gestapo Schutzstaffel Sturmabteilung |
Grade | Sturmbannführer, Hauptsturmführer |
Années de service | 1939 – 1945 |
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Hans Krüger, chef de l’antenne du KdS de Stanislau, puis de Chalon-sur-Saône, ne doit pas être confondu avec son homonyme Hans Krüger (en) ( – ), juge nazi, en poste à Konitz (Chojnice) de 1940 à 1942, même si leurs activités en temps de guerre et leur carrière après-guerre furent à bien des égards similaires.
Hans Krüger est né le à Posen, capitale de la Posnanie, royaume de Prusse, intégré à l’Empire allemand. C’était le fils d'un professeur de commerce dans une institution privée. Dès 1914, il est scolarisé. En 1919, après le soulèvement des résistants polonais, son père, qui fut membre du Deutschen Volksrat, (conseil populaire allemand de la province de Posen, un rassemblement de citoyens allemands conservateurs de droite), est emprisonné quelques mois, puis expulsé avec sa femme et son fils. La famille, qui s’était pas mal appauvrie, quitte sa résidence de Schwiebus pour Luckenwalde où Hans Krüger obtiendra en 1923 son Obersekunda (de). En 1925, il réussit un examen de fin d'études comme inspecteur dans l’agriculture et agent comptable. Il est ensuite employé dans deux domaines agricoles. En 1928, il aide ses parents qui tiennent à Stangenhagen un commerce de produits coloniaux et un élevage de poulets. Dans les années 1930 à 1933, Hans Krüger, au chômage, joua parfois, en fin de semaine, comme musicien dans un orchestre de bal pour se faire quelque menue monnaie[2],[3].
De 1925 à 1928, Hans Krüger est membre du Werwolf (Loup-garou), puis le des Jungstahlhelmer (Jeunesses du « casque d'acier ») et s’enrôle le dans la Sturmabteilung (SA), où de Sturmführer (sous-lieutenant SA) en 1931, il passe Sturmbannführer (commandant SA) en 1932. Il est membre du NSDAP (Parti nazi) à compter du . De mars à , Krüger exerce la fonction de chef du service de la police du camp de concentration d'Oranienburg. Il y fait preuve de cruauté[4],[5]. En , on lui attribue, au titre de vétéran SA, la place de directeur de l'Office du Travail de Luckenwalde. Le , Kruger s’engage dans l’Allgemeine-SS où il est intégré avec le grade de SS-Hauptsturmführer (capitaine SS). Il postule immédiatement dans la Sicherheitspolizei (police de sûreté) et en , est admis à Berlin pour commencer sa formation de commissaire criminel[2],[6].
Le , Krüger, stationné à Oppeln, entre en Pologne au sein d’un Einsatzkommando. Le SS-Obersturmbannführer Karl Eberhard Schöngarth, dont il est l’adjoint, lui confie la direction d’une école de formation à Zakopane avec pour but de former des membres de la Sipo-SD, des collaborateurs ukrainiens, des agents de police polonais et autres sympathisants, aux activités du contre-espionnage et du renseignement. Plus tard, à Bad Rabka où cette école a déménagé, sous l’impulsion du SS-Untersturmführer Wilhelm Rosenbaum (de), ex adjoint de Krüger, et sous le vocable d’Académie de la Sipo-SD, elle deviendra l’école du crime où l’on enseigne les préceptes de la Shoah par balles. En , Krüger rejoint Berlin-Charlottenburg pour une formation de neuf mois comme KriminalKommissar. À l’issue de son stage, il reprend sa place d’adjoint au Dr Karl Eberhard Schöngarth au sein d’un Einsatzkommando Z.B.V. dont une avant-garde de la Gestapo, avec à sa tête Hans Krüger, arrivera le à Stanislau. Schöngarth lui enjoint d’y organiser une antenne régionale du KdS[7] de Lemberg. Krüger installe son PC dans une aile du palais de justice qui deviendra plus tard le commissariat de police aux frontières de Stanislau[2].
Début , à Lemberg, Karl Eberhard Schöngarth donne l’ordre d’exterminer l’intelligentsia polonaise de la ville[8]. Dans la nuit du 3 au , 25 professeurs de l’université Jan Kazimierz de Lemberg sont arrêtés à leur domicile avec famille et amis présents lors de l’arrestation. Tous sont fusillés par des soldats appartenant à l’ Einsatzkommando Z.B.V. et au bataillon Nachtigall (Légion ukrainienne) dans les vallons de « Wulecka-Hills ». Le bilan global est de 45 personnes assassinées. Hans Krüger, avec la complicité d’officiers allemands tels Walter Kutschmann (en), Albreht Herzner, ainsi que de l’Ukrainien Roman Szuchewycz, auraient participé à cette action d'extermination de l' intelligentsia polonaise de Lemberg (Lviv)[9],[10].
Bien avant la conférence dite de Wannsee, en date du , la solution finale dans le Gouvernement général de Pologne est déjà bien en mouvement. Hans Krüger en est un des fervents architecte et exécutant[11].
À compter du , de nombreux juifs sont déportés à Belzec pour y être exterminés. Sur une période de 16 mois, Krüger qui avait autorité sur les régions de Stanislau, de Kalusz et Rohatyn, représentant une superficie globale de 9 300 km2 pour une population de 700 000 habitants, à la tête d’une petite unité de police, forte seulement de 25 hommes, organisa et mit à exécution l’assassinat par balle de 70 000 juifs et la déportation dans les camps de la mort de 12 000 autres, principalement celui de Belzec[3]
En , Krüger, le « Roi de Stanislau », se vante à la comtesse Karolina Lanckorońska d'avoir liquidé les professeurs de Lviv[28]. Elle le répète au chef de la Gestapo de Drohobytch, Walter Kutschmann (en), rival de Krüger, qui s’empresse de le dénoncer pour divulgation de secrets d’État[29]. De plus, un audit met en évidence que de nombreux objets de valeur spoliés aux victimes juives n’ont pas été correctement comptabilisés et remis aux autorités[30]. Krüger est rappelé à Berlin, où il reste près d'une année en détention jusqu'à ce que la procédure d'enquête soit engagée, après une intervention de Karl Eberhard Schöngarth, par Heinrich Himmler. Krüger est rétrogradé au grade d’Untersturmführer (sous-lieutenant) et en , muté en France où il dirige l’antenne de la Sipo-SD de Chalon-sur-Saône après un bref passage par Rennes[2].
Le lundi , les Allemands n’ayant pas pu réduire les maquis Camille et Julien, et déplorant de fortes pertes, en représailles, se livrent à des exactions sur des civils (7 égorgés dans un pré) et incendient des maisons au hameau de Vermot ainsi qu’au Vieux-Dun[46]. À Dun-les-Places, 19 hommes[47] sont raflés et conduits près de l’église, tandis que femmes et enfants sont séquestrés dans les caves. Les prisonniers sont interrogés, un à un, dans la maison Véronnet, sur leur attitude vis-à-vis de l’occupant et de la Résistance, puis regroupés à nouveau vers l’église. Les Allemands vont chercher le prêtre et l’accusent d’avoir caché une mitrailleuse dans le clocher de l’église (en fait, un coup monté de toutes pièces par les occupants eux-mêmes[48]), puis le martyrisent avant de l’abattre d’une balle dans la nuque. Dans la nuit, Krüger et ses hommes massacrent les 19 hommes à la mitrailleuse et à la grenade[49]. Le lendemain, les officiers festoient, la troupe pille. C’est un saccage systématique. Des femmes sont rançonnées. Au départ, les soldats, à l'aide de grenades incendiaires, mettent le feu au village. Au total, 27 patriotes perdirent la vie[50].
Ces exécutions sommaires, commencées le , prendront fin le . Au total, 55 prisonniers extraits de leur cellule seront abattus. Ces fusillades eurent lieu en différents endroits à la périphérie de Chalon-sur-Saône (Crissey, Mellecey, Châtenoy-le-Royal, Fragnes, La Loyère, Dracy-le-Fort) à différentes dates avec un point culminant le (Trente-sept fusillés sur cinq sites)[51],[52],[53],[54],[55].
Le : il s’agit de l’attaque par la Gestapo, avec à sa tête Krüger et Pétrignani, du convoi funéraire des 8 fusillés à Mellecey, en lisière du bois de Marloux, du . Le cortège, fort d’un millier de personnes, est dispersé à coups de feu. Un résistant reconnu, Louis Genot, est abattu sur le coup et un autre blessé, Jean Philippe Gautheron, sera achevé quelques kilomètres plus loin. Cinq autres blessés graves sont à déplorer. Plus de 150 personnes, qui n’avaient pas pu fuir, sont arrêtées. Krüger veut faire un carnage. C’est grâce à deux infirmières de la Croix-Rouge, Mlles de Saint-Pern et d’Assignies, accourues sur place au bruit de la fusillade, qu'après 3 heures de négociations, Krüger libère les otages[51],[56],[57],[44].
L’adjudant Emile François Goldberg, interprète à la Sipo-SD de Chalon-sur-Saône, capturé par la Résistance, a déclaré au commissaire divisionnaire de la police judiciaire de Dijon :
« À la fin du mois de mai 1944, sans que j'ai vu aucun ordre écrit à ce sujet, la Sicherheitspolizei de Chalon avait droit de prononcer la peine capitale et de faire exécuter cette peine, sans que les concernés aient comparu devant un tribunal et sans que l'affaire ait été soumise à l'approbation du commandant de Dijon. Le chef de la SD à Chalon était Krüger, et avait tous les pouvoirs nécessaires pour prendre de telles décisions. Il n'y avait pas d'opposition, pour autant que je sache, de la part de la SD de Dijon. J’en conclus donc que cette procédure était régulière et était la conséquence d’instructions qui ne m’ont pas été officiellement communiquées, mais qui émanaient des autorités supérieures. »
Ce témoignage fut rapporté par l’accusation au procès de Nuremberg le [58],[59].
Devant l’avancée rapide des Alliés, la horde franco-allemande[61] de la Gestapo de Chalon-sur-Saône quitte la ville le , en direction de Dijon, Besançon, Belfort et Montbéliard. Dans le Doubs, les méfaits continuent, à Vieux-Charmont, Audincourt, Montenois, et Mandeure où 26 personnes sont déportées[62]. Krüger prend ensuite part à la bataille des Ardennes[63],[64], puis aux combats en Hongrie[64]. On le retrouve aux Pays-Bas aux côtés du Dr Karl Eberhard Schöngarth, son ancien chef au BdS de Cracovie. Il est réintégré dans son grade de SS-Hauptsturmführer (capitaine SS) et en date du , il est nommé Kriminalrat. La guerre finie, Krüger est fait prisonnier en Hollande par les Canadiens. Personne n'ayant vraiment fait le rapprochement entre l’homme et les crimes qu’il a commis[65], il est libéré fin . Il se retire à Lüdinghausen[2],[6].
Une fois libéré et de retour à Lüdinghausen, Hans Krüger trouve du travail comme représentant en gros dans la quincaillerie. En , il se met à son compte dans le secteur de la construction. Puis, pendant cinq ans, il exerce les fonctions de représentant chez un grossiste en fer. On le retrouve ensuite comme démarcheur dans plusieurs sociétés de l'industrie du bâtiment et des travaux publics. En , il occupe le poste de chef de district au sein de la société « Otto Versand (de) » à Hambourg. Il en devient, quelque temps plus tard, le directeur des ventes pour la zone nord. Dans les années 1950, Hans Krüger demande sa réintégration comme fonctionnaire, demande rejetée. Hans Krüger, investit le champ de la politique. De 1949 à 1956, il est président de l’association des anciens Allemands de Berlin et du Mark Brandebourg (Landsmannschaft Berlin-Mark Brandenburg), où il officie comme second porte-parole. En 1954, Krüger est candidat comme député à l'assemblée régionale du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où il fait campagne sous les couleurs du BHE (Bund der Heimatvertrieben und Entrechteten : Fédérations des réfugiés et des expulsés), mais il est battu. Comme membre du FVP (Freie Volkspartei) puis du DP (Deutsche Parti), il occupe le poste de directeur général du district de Münster. En 1959, sa carrière politique prend un tournant brutal quand le bureau du procureur d'État de Dortmund ouvre une enquête sur son passé. Il est placé en détention provisoire le et mis en examen en pour les crimes commis pendant son séjour en Pologne en 1941-1942. Le , s’ouvre son procès à Münster. Le , Krüger est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité[66] pour crimes contre l’humanité[2]. Il ne sera jamais condamné pour ses crimes commis contre les Polonais ethniques, non juifs, ni ceux des résistants français[67]. Il est libéré de prison en 1986 et meurt le [6].
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