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roman de Walter Scott De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les Puritains d'Écosse (en anglais, Old Mortality), plus rarement intitulé Le Vieillard des tombeaux ou les Presbytériens d'Écosse, est un roman historique de l'auteur écossais Walter Scott. Il compose avec Le Nain noir la première série des Contes de mon hôte. Les deux romans sont publiés ensemble en 1816 sous le pseudonyme de Jedediah Cleishbotham, et non sous la signature habituelle « l'auteur de Waverley ».
Les Puritains d'Écosse | ||||||||
Première édition | ||||||||
Auteur | Walter Scott | |||||||
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Pays | Écosse | |||||||
Genre | roman historique | |||||||
Version originale | ||||||||
Langue | anglais, scots des Lowlands | |||||||
Titre | Old Mortality | |||||||
Éditeur | • William Blackwood (Édimbourg) • John Murray (Londres) |
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Date de parution | ||||||||
Version française | ||||||||
Traducteur | Defauconpret | |||||||
Éditeur | Gabriel-Henri Nicolle | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | 1817 | |||||||
Type de média | in-12 | |||||||
Chronologie | ||||||||
Série | Contes de mon hôte, 1re série | |||||||
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L’action se situe en 1679, puis en 1689, dans l'ancien comté de Lanark, en Écosse. Horrifié par le sanglant esprit d'intolérance de covenantaires fanatiques, le jeune Henry Morton veut s'engager dans l'armée pour les combattre. Mais il découvre bien pire encore : les forces gouvernementales violent les droits des Écossais, se livrent à des exactions, tuent sans motif et sans jugement légal. Morton intègre alors les rangs des covenantaires. Il tient cependant à faire savoir qu'il reste un modéré : il combat pour la liberté religieuse et le respect du droit des personnes.
Certains commentateurs voient dans Les Puritains d’Écosse « le chef-d’œuvre absolu » de toute la production de Scott.
Destinée « à faire connaître les anciennes mœurs écossaises[1] », la série Contes de mon hôte doit se composer de quatre courts romans d'un seul volume, évoquant chacun les traditions d'une région différente[2]. Le premier roman, Le Nain noir, reste fidèle à ce projet. Le deuxième, Old Mortality (Les Puritains d'Écosse), va prendre de l'importance.
Pour Waverley, qui se passe en 1745 et 1746, Scott s'est inspiré des récits de témoins directs, parmi lesquels des anciens combattants. Ici, il fait appel à ses vastes connaissances livresques de l'histoire du XVIIe siècle[3].
Dix-sept ans plus tôt, il a visité dans le comté de Lanark les châteaux de Bothwell et de Craignethan, qui lui inspirent dans le roman celui de Tillietudlem. Il retourne dans le comté de Lanark en 1801 et au cours de l'été 1816[3].
Il écrit le livre de début septembre à début . Mais, s'écartant résolument du projet initial, il fait s'étendre le récit sur trois volumes — ce qui donne un roman de taille courante[3].
Le titre Old Mortality est une erreur de l’imprimeur : celui voulu par Scott était The Tale of Old Mortality (Le Conte d'Old Mortality)[3]. En effet, le livre n'est pas consacré au vieillard surnommé « Old Mortality » ; il rapporte une histoire censée avoir été racontée par lui. Le premier chapitre du roman décrit un entretien, dans un cimetière abandonné, entre ce vieil homme et Peter Pattieson, le rédacteur fictif de l'ouvrage[4]. Le vieillard a réellement existé. Il s'appelait Robert Paterson (1715-1801). Ce tailleur de pierre occupa les quarante dernières années de sa vie à voyager à travers l'Écosse pour re-graver les tombes des martyrs covenantaires du XVIIe siècle. Scott le rencontra en 1793 dans le cimetière de Dunnottar[5].
Le titre The Tale of Old Mortality est rétabli dans l'édition Edinburgh University Press de Douglas Mack, en 1993[3].
Scott ne publie pas ces deux premiers Contes chez son éditeur habituel, l'Écossais Archibald Constable, mais chez un concurrent anglais, John Murray, qui a un correspondant en Écosse, William Blackwood.
La première série de Tales of My Landlord (Contes de mon hôte), composée de The Black Dwarf (Le Nain noir, un volume) et d’Old Mortality (Les Puritains d'Écosse, trois volumes), paraît donc le chez Blackwood à Édimbourg et chez Murray à Londres. Scott a recours pour les Contes de mon hôte à un nouveau pseudonyme, Jedediah Cleishbotham. Ce personnage, qui se met en scène dans l'« Introduction aux Contes de mon hôte », fait donc figure de concurrent de « l'auteur de Waverley » (signature habituelle de Scott pour ses romans).
L'action, ponctuée d'événements historiques, se situe principalement dans le sud de l'ancien comté de Lanark, en Écosse. Elle débute le , dans un bourg qui n'est pas nommé, mais qui est peut-être Rutherglen[6]. On y apprend la nouvelle de l'assassinat de l'archevêque de Saint Andrews à Magus Muir, événement qui eut lieu historiquement le 3 mai. Scott resserre un peu la chronologie, situant juste après cet assassinat la bataille de Drumclog (en) (elle eut lieu en réalité le 1er juin). Quant à la bataille de Bothwell Bridge, elle eut lieu le 22 juin, près de Hamilton, toujours dans le sud de l'ancien comté de Lanark.
Le dernier quart du livre (chapitres XXXVII à XLIX) se situe après la bataille de Killiecrankie ()[7].
En 1660, la monarchie est restaurée outre-Manche. Charles II est roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande. En Écosse, les presbytériens tiennent à ce que leur religion soit officielle et exclusive, au détriment notamment de l'épiscopalisme[8]. Ils aspirent à faire du presbytérianisme une forme de gouvernement souhaitée par le peuple : ils rappellent au roi qu'il a juré dix ans plus tôt adhérer aux termes du National Covenant (l'« Alliance » nationale) de 1638, qui soumet toute innovation dans l’Église et dans l’État à un examen préalable de parlements libres et d’assemblées générales.
Mais l'épiscopalisme est rétabli. Des pasteurs sont nommés évêques. Le roi fait brûler publiquement le Covenant en 1661. Et son gouvernement emploie de vigoureux moyens pour détruire l'esprit austère « qui avait été le caractère principal du gouvernement républicain[9] ». Il cherche à faire revivre les institutions féodales. Les persécutions s'abattent sur les presbytériens réfractaires au gouvernement, que l'on appelle les « covenantaires ». La répression, menée dans le sud-ouest par le sinistre colonel Claverhouse, est féroce.
En 1669, un « Acte d'indulgence » cherche l'apaisement : les pasteurs exclus peuvent revenir dans le sein de l'Église d'Écosse sans être soumis à l'autorité d'un évêque. Le but est surtout de diviser les presbytériens : les modérés (qui acceptent l'Acte d'indulgence) s'opposent désormais aux extrémistes (qui le refusent).
Les presbytériens — modérés et extrémistes mêlés — se soulèvent en 1679 contre la décision d'introduire une hiérarchie épiscopalienne dans l'Église d'Écosse. Le 3 mai, James Sharp, l'archevêque de Saint Andrews, est assassiné. Le 1er juin, les rebelles l’emportent à la bataille de Drumclog. Mais, mal encadrés, mal armés, désorganisés[10], profondément divisés entre extrémistes et modérés, ils sont écrasés trois semaines plus tard à la bataille de Bothwell Bridge, ce qui met fin à leur rébellion.
La Glorieuse Révolution (1688-1689) voit le renversement du roi catholique Jacques II d'Angleterre (Jacques VII d'Écosse) et l'avènement des protestants Marie II et son époux, Guillaume III, prince d'Orange. Claverhouse défend la cause de Jacques. À la tête des jacobites, il combat maintenant les forces gouvernementales. Il meurt à la bataille de Killiecrankie le .
Henry Morton, jeune presbytérien orphelin, aime Edith Bellenden, une royaliste qu'aime également lord Evandale, un officier des dragons du colonel Claverhouse.
Au soir du , Morton accepte d'abriter John Balfour de Burley, covenantaire extrémiste, l'un des assassins de l'archevêque de Saint Andrews. Morton agit par piété filiale : Burley autrefois a sauvé la vie de son père.
Le covenantaire lui propose de rejoindre les insurgés. Morton refuse. Il est horrifié par l'esprit d'intolérance de fanatiques tels que Burley. Il les juge responsables — pour avoir incité des gens pacifiques à la révolte — de l'atroce répression qui s'abat maintenant sur les presbytériens, et dévaste son malheureux pays. Se refusant à l'inaction, il décide alors de combattre les covenantaires. Il veut devenir soldat.
Mais, arrêté par les dragons pour avoir hébergé Burley, le jeune homme est emmené au château de lady Margaret, la tante d'Edith. Là, il est traduit devant le colonel Claverhouse qui sans perdre de temps le condamne à mort. Le jeune lord Evandale, le rival en amour de Morton, voit bien que cette décision met Edith au désespoir. Or, Claverhouse est son débiteur. Le lui rappelant, lord Evandale parvient à arracher la grâce de son rival à l'homme impitoyable.
Morton est entraîné avec trois autres prisonniers à la suite du régiment, qui part disperser un rassemblement de covenantaires armés, lesquels se jettent sur les soldats aux cris de : « Malheur aux Philistins incirconcis ! Périssent Dagon et ses adorateurs[11] ! » C'est la bataille de Drumclog, qui tourne à l'avantage des insurgés. Les gardes de Morton s'enfuient. Libre, celui-ci a l'occasion, sur la fin du combat, de payer sa dette à lord Evandale : il lui sauve la vie à son tour.
Révolté par l'injustice dont il a été l'objet, Morton prend conscience de ce que les droits des Écossais sont violés par les forces gouvernementales. Les personnes sont outragées. Le sang est répandu sans motif et sans jugement légal[12]. Le jeune homme sent alors « sa destinée individuelle liée à une révolution nationale ». Il se rallie aux insurgés. Mais il tient à faire savoir qu'il reste un modéré, et qu'il réprouve formellement des actes comme l'assassinat de l'archevêque de Saint Andrews : « Je ne partage pas les passions violentes et haineuses d'une partie de ceux qui se trouvent dans nos rangs[12]. » Il combat pour la liberté religieuse et le respect du droit des personnes.
Les covenantaires sont battus à Bothwell Bridge par les troupes gouvernementales du duc de Monmouth. Morton doit s'exiler sur le continent durant de longues années[13].Tout le monde le croit mort dans un naufrage.
Lorsqu’il revient en Écosse en 1689, il y trouve un climat politique et religieux très différent. Jacques II a été renversé, et remplacé par le protestant Guillaume d'Orange. Les persécutions contre les covenantaires ont cessé. Les tensions sont apaisées.
Mais un conflit d'un autre ordre déchire le pays : une révolte jacobite. Le colonel Claverhouse, devenu vicomte de Dundee, mène cette insurrection qui vise à rétablir Jacques II. Claverhouse pactise d'ailleurs avec quelques-uns de ses anciens ennemis, les covenantaires les plus radicaux (comme Burley) qui reprochent à Guillaume d'Orange et Marie de n'avoir pas adhéré au Covenant[14]. Claverhouse est tué à la bataille de Killiecrankie[15].
Edith et lord Evandale sont fiancés depuis quelques mois, et leur mariage est imminent. Edith et sa tante, lady Margaret, ont été dépossédées de leur château, de leur baronnie et de toutes leurs terres par Basile Olifant, un parent crapuleux : le parchemin qui faisait leur titre fut volé par Burley, qui acheta ainsi l'appui d'Olifant à son parti. Malgré la douleur de voir Edith épouser bientôt lord Evandale, Morton veut leur venir en aide. Il se met donc en quête de Burley, dont il sait qu'il détient le parchemin dérobé.
Il apprend que lord Evandale est menacé : Basil Olifant et Burley ont chacun de solides raisons de se débarrasser de l'officier, et se disposent à l'attaquer à la tête d'une bande armée. Morton fait prévenir lord Evandale, et galope chercher du secours.
Au cours de l'attaque, lord Evandale est mortellement blessé. Olifant est tué. L'arrivée de dragons hollandais que ramène Morton met fin au combat. Burley meurt en tentant de s'échapper. Lord Evandale bénit l'union de Morton et d'Edith avant de mourir à son tour.
L'accueil est enthousiaste[22]. Certes, des presbytériens dénoncent comme caricaturale la peinture que l’auteur fait des covenantaires[3]. Mais critiques et historiens tiennent à défendre Scott : les covenantaires extrémistes étaient bien aussi fanatiques, burlesques ou violents qu’il les a décrits[23].
Selon Henri Suhamy, tout le monde s'accorde à inclure Les Puritains d'Écosse parmi les chefs-d'œuvre de Scott, et il s'agit peut-être du « chef-d'œuvre absolu de toute sa production[24] ».
La première série des Contes de mon hôte est publiée à Paris sans nom de traducteur par Gabriel-Henri Nicolle en 1817, en quatre volumes in-12, sous le titre Les Puritains d'Écosse et Le Nain mystérieux, Contes de mon hôte, recueillis et mis au jour par Jedediah Cleisbotham[25], maître d'école et sacristain de la paroisse de Gandercleugh[26]. La traduction serait, selon Antoine-Alexandre Barbier, d'Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret[27]. Une « traduction nouvelle », signée Defauconpret, apparaît dans l'édition 1827 de Charles Gosselin (successeur de Nicolle)[28].
Dans la traduction d'Albert Montémont qui constitue le tome VII d'une édition en 27 volumes d'œuvres de Scott (1830-1832) chez Armand-Aubrée, le titre du roman Old Mortality devient Le Vieillard des tombeaux ou les Presbytériens d'Écosse[29].
Le roman n'a pas été publié en français, en version intégrale, depuis le XIXe siècle.
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