Loading AI tools
écrivain et journaliste allemand De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Lev Abramovitch Nussimbaum, ou Noussimbaum (en russe : Лев Абрамович Нуссимбаум, également Нусенбаум), aussi connu sous son nom de plume Essad Bey (Kiev, – Positano, Italie, ), est un écrivain et journaliste allemand d'origines juive et ukrainienne. Il aurait également publié sous le pseudonyme Kurban Saïd.
Selon Lev Nussimbaum lui-même, il serait né en octobre 1905 dans un train[1], bien que les documents de la bibliothèque de Kiev et de la synagogue de Kiev le déclarent né à Kiev. Son père, Abraham Leïbussovitch Nussimbaum, était un juif de Tiflis[2], sujet de l'Empire russe, natif de Géorgie en 1875, immigrant plus tard à Bakou et investissant dans le pétrole[3]. Sa mère Bassya Davidovna Nussimbaum, selon le certificat de mariage, était une juive de Biélorussie[4]. Elle se suicide le à Bakou alors que le jeune Nussimbaum n’avait que cinq ans[5]. Apparemment, elle aurait embrassé la cause socialiste et aurait été impliquée dans le mouvement communiste clandestin[6]. Le père de Nussimbaum engage ensuite Alice Schulte, une femme d’origine allemande, pour être la nurse de son fils[7].
En 1918, Lev et son père fuient Bakou à cause des massacres qui se déroulent quotidiennement dans les rues. Selon le premier livre d’Essad Bey, que les historiens considèrent comme n’étant pas vraiment fiable, père et fils voyagent à travers le Turkestan et la Perse. Cependant, de cet aventureux périple, il ne reste aucune trace, sauf dans les propres écrits de Nussimbaum[8]. Nussimbaum et son père sont ultérieurement retournés à Bakou, mais quand les bolchéviques ont repris Bakou au printemps 1920, ils fuient de nouveau, cette fois vers la Géorgie où ils sont restés jusqu'à ce que les bolchéviques prennent Tbilissi et Batoumi. Ensuite, ils se sont débrouillés pour monter à bord d’un bateau à destination de Constantinople, où des milliers de réfugiés fuyaient comme eux. Plus tard, Nussimbaum s’installe finalement à Berlin (1921 – 1933), et s’inscrit simultanément au lycée et à l’université Friedrich-Wilhelm (aujourd'hui l'université Humboldt de Berlin. Bien qu'il n’ait jamais obtenu un seul diplômé de ces deux institutions, il racontait aux gens autour de lui qu’il avait une maîtrise[9].
Après avoir fui les bolchéviks en 1920, à l’âge de 14 ans, ce sont les expériences de vie nombreuses, formatrices et peu communes qui donnent au jeune Nussimbaum un savoir peu commun. En , à Berlin, il obtient un certificat « prouvant » qu’il s’est converti à l’Islam[10]. En 1926, il adopte le nom de plume d’Essad Bey et commence à écrire pour le prestigieux journal littéraire Die literarische Welt (littéralement : Le Monde littéraire). Au moins 120 articles sont publiés sous ce pseudonyme[11]. Au début des années 1930, Essad Bey est devenu un auteur populaire en Europe de l’Ouest, écrivant principalement sur des sujets historiques et politiques contemporains. Il se trouve de fait en bonne position dans le milieu compétitif de la littérature européenne, en écrivant sur des sujets concernant l'ancien Empire russe connus des Occidentaux comme le Caucase[12], l’Empire russe[13], la Révolution bolchévique[14] qui a permis de découvrir le pétrole[15] et l’Islam[16].
En politique, il était monarchiste[17]. En 1931, il joint les rangs de la Ligue germano-russe contre le bolchévisme, dont les membres, selon Daniel Lazare, étaient pour la plupart « Nazis ou allaient bientôt le devenir ». Nussimbaum rejoint également le Parti monarchiste social qui préconise la restauration de la dynastie Hohenzollern en Allemagne. Il a en outre des rapports avec le Jeune mouvement russe pré-fasciste, dont le chef est Alexandre Kazembek (en).
En 1932, Essad Bey épouse Erika Loewendahl, la fille du magnat des chaussures, Walter Loewendahl. Le mariage échoue, aboutissant au scandale. Erika s’enfuit avec un collègue de Nussimbaum, René Fülöp-Miller[18]. Les parents d’Erika, fort riches, réussirent finalement à faire annuler le mariage de leur fille avec Lev Nussimbaum (Essad Bey)[19].
En 1938, quand les Allemands occupent l’Autriche, Nussimbaum fuit vers l’Italie et s’installe sur les côtes de la petite station balnéaire de Positano. Il meurt là-bas d’une maladie rare du sang, connue pour toucher les juifs ashkénazes, causant la gangrène des extrémités. C’était probablement la maladie de Buerger[20], et non pas celle de Raynaud, comme certains l'ont avancé.
Les historiens et les critiques littéraires considèrent que les écrits d'Essad Bey sont à lire avec précaution et même parfois à considérer comme n'étant pas des sources fiables[21]. Aujourd’hui, les historiens ignorent le plus souvent ses livres et les citent rarement, car ils sont sujets à caution. En outre, la façon dont Essad Bey traite les sujets de ses ouvrages laissaient toujours place à la critique, voire à la polémique[22]. De plus, le fait qu’Essad Bey fut si prolifique sème le doute sur la véritable paternité de ses livres. En effet, il agissait comme un courtier : il falsifiait des manuscrits[réf. nécessaire] qu’il vendait ensuite sous son nom, gagnant ainsi une certaine célébrité. En 1934, son agent le prévient de ralentir son rythme de parution et de prendre une année loin des livres, lui permettant ainsi de paraître moins prolifique[23]. Cette année-là, aucun livre de lui ne paraît en Allemagne – seulement deux nouvelles en polonais[24].
Le célèbre roman de 1937, Ali et Nino : Une histoire d'amour, que certaines personnes lui attribuent, est devenu un classique de la littérature azerbaïdjanaise. Il existe une controverse concernant l'auteur. De récentes analyses de journaux et d’essais politiques, de nouvelles et de romans de Youssif Vazir Chamanzaminli menées par un journal azeri concluent que Chamanzaminli serait l’auteur véritable de ce roman[25]. Cependant, l'empreinte d’Essad Bey[26] est évidente dans le roman, particulièrement dans les passages folkloriques et légendaires du récit, dont beaucoup d’exemples contiennent des erreurs significatives[réf. nécessaire] qui peuvent être retracées dans de précédentes œuvres d’Essad Bey où se retrouvent les mêmes erreurs. La connaissance du Caucase d’Essad Bey apparaît ainsi plutôt limitée, pour cet auteur ayant quitté la région à 14 ans.
Malgré le fait que Nussimbaum était un juif ethnique, ses idées politiques monarchistes et antisocialistes sont telles que, bien avant que les autorités aient découvert ses origines hébraïques, le ministère de propagande nazi incluait plusieurs de ses titres dans sa liste « des excellents livres pour former les esprits allemands ». Parmi les œuvres qui lui sont attribuées on compte les premières biographies de Lénine, de Staline, de Nicolas II, de Mahomet et de Reza Chah d’Iran. Toutes ces « biographies » sont prétendument[réf. nécessaire] écrites entre 1932 et 1936. À un moment donné, Nussimbaum est même sollicité pour écrire la biographie officielle de Benito Mussolini. Les œuvres d’Essad Bey, dont beaucoup sont des biographies, sont décriées[réf. nécessaire] à leurs parutions par les intellectuels de gauche européens comme par les intellectuels d'Union soviétique. Elles sont toujours discréditées par la plus grande part des historiens et des critiques littéraires et sont, aujourd’hui, rarement considérées comme des références[27].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.