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type de blogosphère De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La manosphère, au sein de la sphère masculiniste, désigne un ensemble de communautés en ligne où des hommes se retrouvent entre eux pour parler de problèmes qu'ils considèrent « typiquement masculins », et ouvertement revendiquer certains stéréotypes de genre et une haine des femmes[1],[2].
Ce mouvement et sa rhétorique antiféministe se sont rapidement développés dans la bulle de filtres masculiniste d'Internet, et dans certains réseaux sociaux qui leur ont fait « chambre d'écho »[2], dont par exemple dans le forum Blabla 18-25 du site Jeuxvideo.com[3] ou sur Reddit[4].
Céline Morin considère que la manosphère revisite et poursuit l’histoire déjà ancienne de l’antiféminisme. Après s’être opposé au droit de vote des femmes (années 1930), avoir dénoncé la contraception et l’avortement (années 1960), accusé l’injustice de la garde des enfants après le divorce (années 1980 et 1990), puis enfin disqualifié le « mariage pour tous », la construction sociale du genre et l’ouverture des droits reproductifs (surtout depuis les années 2010), l’antiféminisme — dans sa version portée par les réseaux sociaux — dénonce l’idéologie d’une société qui, à ses yeux, serait dorénavant « gynocentrée », et où les intérêts des femmes, des filles et des personnes non cisgenres (personnes transgenres, par exemple) l’emporteraient sur le bien commun et réduiraient à peu de chose le pouvoir des hommes (et des garçons) qui organisait la société jusque-là[5].
Les mouvements vont jusqu’à produire et colporter des théories du complot selon lesquelles le féminisme ne rechercherait pas l'égalité des sexes — qui serait déjà pleinement atteinte —, mais le contrôle des hommes par les femmes[2]. Ils estiment souvent que les féministes piloteraient les gouvernements mondiaux (négligeant leur sous-représentation constatée dans toutes les fonctions électives)[6]. Il est fréquent que dans les forums où s'exprime la manosphère, sous l'influence de vidéos et théories du complot, cette haine des femmes aille de pair avec un rejet des étrangers qui, par leur immigration ou leur taux de natalité, menaceraient l'identité « blanche »[6],[2].
Dans divers pays, certains de ces groupes misogynes (et bien souvent de surcroît suprémacistes et haineux)[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13] ont lancé des attaques et campagnes de cyberharcèlement coordonnées contre des femmes youtubeuses, bloggeuses ou des journalistes féministes ; certains de leurs membres ont été à l'origine de crimes[2] largement médiatisés, pouvant aller jusqu'aux attentats sous forme de tueries de masse[14]. L'organisation caritative britannique anti-extrémisme Hope not Hate a inclus la manosphère dans son rapport « State of Hate »[6].
La manosphère inclut au moins deux sous-communautés s'estimant vivre dans un monde gynocentrique qui favoriserait les femmes et aurait des préjugés contre les hommes ; ils se sentent particulièrement victimes d’une supposée « fémocratie » où les hommes seraient soumis aux femmes et au féminisme[6]. Ces deux communautés ont attiré l'attention en raison de faits d'apologie de la violence et d'usage de violence psychologique et/ou physique par certains de leurs membres :
Composée de célibataires misogynes et souvent haineux[15], dont plusieurs membres ont été à l'origine de tueries de masses comme la tuerie d'Isla Vista en 2014.
Communauté les séparatistes masculins dits MGTOW (Men Going Their Own Way ou « hommes suivant leur propre voie », encore plus misogyne, antiféministe et haineux[16],[17],[2].
Le chercheur Manoel Horta Ribeiro et ses co-auteurs[18] observent qu'entre 2000 et 2020, les communautés de Pick-Up Artists (jeunes hommes souvent d'une vingtaine d'années, n'ayant pas réussi à établir de contact avec les filles à l’adolescence, se « vengeant » ensuite en multipliant les conquêtes d’un soir, certains présentant les femmes comme du prêt-à-consommer et à jeter)[19] et les militants pour les droits des hommes se sont radicalisées.
En 2020, ces deux communautés semblent dépassées par des communautés plus extrémistes comme les Incels et les Men Going Their Own Way, qui ont absorbé un nombre substantiel d'utilisateurs autrefois actifs dans des communautés plus « douces ».
Ces chercheurs suggèrent que ces communautés récentes, qui s'appuient souvent sur des théories du complot sont plus toxiques et misogynes que les anciennes[18]. Le sexisme étant condamné par les élites politiques et culturelles, l'exprimer fait en outre paraître rebelle et insurgé[6].
Se prétendant souvent apolitiques, les mouvements masculinistes, Incels et MGTOW en particulier, ont cependant été alternativement associés au libertarianisme de droite et à l'alt-right (extrême droite américaine)[8],[20]. Certains sont ouvertement violents, mais ceux qui ont des « discours policés, calibrés pour être plus socialement acceptables, sont souvent les plus insidieux. Ils s’enrobent de statistiques et de faits (il y a plus de garçons décrocheurs, plus d’hommes itinérants) détournés de leur sens pour mieux servir une thèse plus générale à coups de sophismes et de fausses équivalences »[19].
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