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La vache marine landaise est une race bovine française à très petit effectif, bénéficiant d'un programme de sauvegarde et entretenue dans des espaces naturels humides du littoral des landes de Gascogne, dans les Landes et en Gironde. Sa vocation essentielle est environnementale. Elle ne doit pas être confondue avec la race Brava utilisée dans les courses landaises.
Dotée de petites cornes en lyre, elle mesure de 1,20 à 1,30 m au garrot pour à peine 300 kg.
Dans le type originel aujourd'hui disparu, la marine était à robe froment, à muqueuses rosées et à extrémités claires, comme les autres races du groupe bovin blond du Sud-Ouest parmi lesquelles on la rangeait, donc comme les anciennes races basquaise ou d'Urt, béarnaise et lourdaise[1].
Aujourd'hui, elle offre une robe fauve charbonnée à brune et un mufle brun qui témoignent des introductions déjà anciennes d'animaux à muqueuses brunes, ibériques ou bretons pie-noir. Le caractère pie est porté par certains animaux.
Originellement, la race Marine landaise était une variante du rameau blond pyrénéen dont les représentants actuels sont la Béarnaise et la Lourdaise, races faisant l'objet de mesures de conservation. Dès la fin du XIXe siècle et au début du XXe elle a subi l'influence des croisements avec des bovins ibériques importés pour les courses landaises et des bovins de la race Bretonne pie noir introduits pour la production laitière, ce qui a donné les animaux bruns de la population actuelle.
P. Dechambre, professeur de zootechnie à l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort est l'auteur d'un traité de zootechnie[1] dont le tome 3 consacré aux bovins, publié en 1913, livre un état de la race reproduit ci-après :
Ce texte précise le positionnement ethnique originel, à savoir une race au sein du groupe bovin blond du sud-ouest à muqueuses rosées, et il fait état des introductions de sujets ibériques d'une part et bretons d'autre part, à muqueuses pigmentées, avec lesquels des croisements ont donné le type ethnique à muqueuses brunes observé aujourd'hui, certains sujets exprimant le caractère pie absent dans les races du groupe blond du sud-ouest. Le port actuel des cornes en lyre basse ramenées vers l'avant est aussi celui de bovins à profil céphalique rectiligne (tels les bovins de la race Brava et ceux de la race bretonne pie noir). Il diffère donc de celui en lyre haute à pointes ramenées vers l'arrière propre aux autres bovins du groupe pyrénéen, convexilignes, auquel appartenait la marine landaise originelle. Les anciennes photos qui suivent illustrent le caractère composite des origines des animaux actuels dans leur milieu.
L'élevage de la marine a toujours été très extensif.
Des textes et témoignages anciens rapportent que des troupeaux « sauvages » ou en semi-liberté vivaient dans les marais proches des lettes du massif dunaire ou bordant les étangs côtiers, comme l'atteste ce rapport de 1739, destiné à l'intendant de Guyenne[réf. nécessaire] :
Ces troupeaux ne sont pas tout à fait à l'état sauvage comme le laisse entendre cette correspondance. Des communautés villageoises envoient en effet leur bétail dans les dunes du littoral au moment des moissons. Cette « transhumance » les soulage ainsi un temps de la surveillance et de l'entretien.
Avec la fixation des dunes en Aquitaine au XIXe siècle et la colonisation des Landes de Gascogne par le pin maritime, les rivages semi-marécageux des étangs deviennent le lieu de refuge de ces troupeaux. Ils y trouvent une végétation abondante, notamment le carex coepista, de jeunes pousses d'arundo et de digitaria.
Ce mode d'élevage très extensif, à l'état semi sauvage, est aussi celui que l'on trouve dans les landes montagneuses du Pays basque voisin, avec les bovins betizuak, autre variante du rameau blond pyrénéen dont la population non soumise aux croisements a conservé les caractères de robe originels. Dans les deux cas, les éleveurs réalisaient par piégeage des prélèvements d'animaux dont la viande était appréciée.
Jusqu’à l’entre-deux-guerres, de semblables troupeaux sont laissés par leur propriétaire autour de l'étang de Biscarrosse et de Parentis. Ici ou là, des barguèiras, sortes de parcs mobiles, permettent aux vachers de rassembler les bestiaux pour les marquer et les sélectionner. On surveille attentivement les jeunes « coupes » (parcelles récemment plantées de pins) pour éviter que les vaches n’y fassent des dégâts.
La capture des animaux entretenus en liberté et à l'état semi-sauvage est associée aux origines des courses landaises[2].
La Seconde Guerre mondiale a raison du bovidé : l'armée allemande et les landais déciment les vaches marines. Au sortir de la guerre, il ne reste plus que quelques troupeaux, qui deviennent ensuite particulièrement sauvages. Les dernières de ces vaches « marines » à l'état sauvage vivent à Biscarrosse avant de disparaître en 1963.
Selon ce qui est parfois rapporté[3], en 1968, « un vieil homme vend son troupeau de vaches avant de prendre sa retraite, le maquignon qui conclut l'affaire n'en croit pas ses yeux : il s'agit d'authentiques vaches marines, race que l'on croyait disparue ». Comme nous l'avons vu plus haut, il ne s'agissait pas de la vache landaise originelle, disparue, mais d'animaux qui en descendaient après des croisements avec des animaux des races Bretonne pie noir et Brava.
L'originalité des animaux et leur adaptation au milieu humide ont fait que la Société pour l’Etude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest (SEPANSO)[4], aussitôt alertée, a décidé de les réintroduire dans la réserve naturelle de l'étang de Cousseau en Gironde. Aujourd'hui, la race y est maintenue, même si elle reste menacée par la consanguinité. En 2012, elle comptait cinquante et une têtes réparties en sept troupeaux[5]. Le fractionnement en troupeaux distincts et l'échange de géniteurs permettent de réduire ce risque[6]. Elle n'appartient pas à la liste des races officielles françaises, mais son patrimoine génétique mérite d'être préservé au titre de son adaptation à une vie naturelle en zones humides.
La sauvegarde et l'entretien de la marine landaise par une société de protection de la nature, la SEPANSO, avec la participation de la fédération des chasseurs des Landes, déterminent le mode d'élevage mis en œuvre aujourd'hui : l'écopastoralisme. Ce mode d'élevage est au service exclusif d'intérêts environnementaux et de gestion des milieux naturels, et ce indépendamment d'intérêts agricoles auxquels la race n'est plus associée [8].
Dans le cas de la marine landaise, il s'agit en effet d'une forme particulière d'écopastoralisme, la gestion naturaliste. Selon Catherine Proffit[9], « sa finalité est de restaurer, d'augmenter et de préserver la biodiversité au moindre coût. Il s'agit, la plupart du temps, de milieux marécageux présentant une richesse biologique importante et bénéficiant de mesures de protection fortes. La tendance générale dans la conduite du troupeau est de minimiser les interventions humaines. Le pâturage est totalement libre, excepté lorsqu'il existe des contraintes de parcellaire. Aucune complémentation n'est apportée aux animaux sauf les années où les conditions climatiques sont particulièrement rigoureuses ».
La gestion naturaliste exclut la finalité agricole fondée sur l'obtention d'un produit d'élevage, ce qui la distingue de la gestion agricole à ambition traditionnelle[9] qui caractérisait l'ancien système d'élevage de la marine.
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