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Appelée également immunisation artificielle passive, la sérothérapie ou sérumthérapie[1] ou plasmothérapie[2] est l'utilisation thérapeutique du sérum sanguin (partie non cellulaire du sang) se caractérisant par l'administration et par l'injection sous-cutanée, intramusculaire ou intra-rachidienne (l'intérieur du liquide entourant la moelle épinière) d'un sérum immunisant. Celui-ci est soit d'origine animale, provenant d'un animal qui a été vacciné contre une maladie infectieuse, soit d'origine humaine. La sérothérapie, l'une des formes de l'immunité passive, permet de neutraliser un antigène microbien, une bactérie, une toxine, un virus ou encore un venin. Une variante en est la séroprophylaxie, traitement utilisé en prévention, avant que la maladie soit déclarée ou acquise.
Charles Richet, en injectant en 1888 le sérum d'un chien inoculé avec des staphylocoques, réussit à immuniser les lapins, signant ainsi l'invention de la sérothérapie. Le , il injecte du sérum à un tuberculeux à l'Hôtel-Dieu de Paris. C'est la première injection humaine de sérum dans un but thérapeutique. Parmi les premiers essais de sérothérapie on peut rappeler les recherches menées par Babes en 1889 sur le traitement préventif de la rage par le sérum d'animaux vaccinés.
Sur le même principe, Albert Calmette développe la sérothérapie antivenimeuse (et la vaccination antituberculeuse)[3].
En 1894, le docteur Émile Roux, ancien disciple de Louis Pasteur, constate que, si l'on vaccine un cheval en lui injectant des doses croissantes de toxine diphtérique, on provoque chez lui l'apparition de grandes quantités d'anticorps antidiphtériques. Roux a donc l'idée de transférer le sérum de ce cheval ainsi « hyperimmunisé » à des malades atteints de la diphtérie. Un grand nombre de malades guérissent : la sérothérapie est née.
Les sérums d'origine animale contiennent des anticorps spécifiques d'une toxine ou d'un microbe :antidiphtérique (contre Corynebacterium diphtheriae) ; antitétanique)[4] ou contre venin (de serpent du groupe des vipères notamment[5]). Souvent produits par des chevaux à partir des années 1890 ; ils ont été utilisés en médecine humaine pendant de nombreuses années et le sont encore parfois.
Cependant, la sérothérapie déclenche parfois une réaction grave, de type allergique, dite maladie sérique, découverte à partir de 1894 avec l'utilisation de l'antitoxine de la diphtherie puis avec l'immunoglobuline équine antirabique[6],[7], car le sérum contient des protéines animales contre lesquelles le système immunitaire du receveur peut réagir violemment.
En France, le , une loi vient encadrer la préparation et l'utilisation des sérums. Le de la même année, par décret du ministre de l'Intérieur est créé un comité sous l'autorité de l'Académie de médecine afin de contrôler les autorisations données aux laboratoires fabriquant les sérums[8].
Parmi d'autres, Wilde et al. (en 1989) ont pointé l'importance de standardiser et améliorer les méthodes de purification des sérums afin d'en réduire, tant que possible les effets secondaires[9].
La sérothérapie antivenimeuse et antitétaniques sont encore utilisées au XXIe siècle et certains sérums d'origine animale ont aussi une utilisation en médecine vétérinaire : par exemple, un sérum antivenimeux peut être administré à un chien (ou autre animal) mordu par une vipère.
Au début du XXIe siècle dans les pays où la rage est encore endémique, la demande en sérum antirabique a augmenté exponentiellement depuis plusieurs décennies sans que l'offre en immunoglobulines antirabiques humaines (HRIG) ni équine (ERIG) ne puisse répondre à toute la demande, ce pourquoi un médicament biologique (potentiellement moins cher et plus efficace) est recherché, dont un fabriqué à partir d'anticorps monoclonaux murins (de souris dits MoMAb dont les premiers essais ont été prometteurs puisqu'ils semblent aussi efficaces que les immunoglobulines antirabiques humaines)[10]. Les anticorps monoclonaux humains (Mabs) neutralisant le virus de la rage ont aussi été testés comme alternative potentielle[11]. Mais chez le hamster utilisé comme modèle animal, un lyssavirus de chauve-souris européenne n'a été neutralisé ni par les Mabs ni par l'immunoglobulines antirabique classique (ou RIG pour « Rabic immune globulin »)[11]. De plus, le virus Duvenhage a été neutralisé par RIG, mais pas par Mabs, et les virus Bat de Lagos et Mokola ont été neutralisés par un Mab mais pas par RIG, un Mab a abouti à une protection comparable à la RIG humaine[11]. Ces résultats suggèrent que les Mabs pourraient fournir une alternative prometteuse au RIG[11].
Au printemps 2020, la sérothérapie fait partie des solutions testées et envisagées contre la COVID-19, notamment en France avec l'essai Coviplasm. En pleine épidémie, les américains élargissent la base de collecte avant même que des résultats probants n'aient été publiés[12],[13]. Il en est de même au Canada qui attend des résultats pour la mi-juillet mais autorise dans certains contextes l'usage de cette méthode[14],[15],[16].
L'immunité passive acquise artificiellement est une immunisation de court terme obtenue par le transfert artificiel d'anticorps. Elle peut prendre plusieurs formes :
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