Triennat libéral
période de l'histoire politique de l'Espagne s'étendant entre le 8 mars 1820 et le 1er octobre 1823 / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Le Triennat libéral (en espagnol : Trienio liberal) ou Triennat constitutionnel (Trienio Constitucional) est la période de l’histoire contemporaine de l'Espagne qui s’étend entre 1820 et 1823 et constitue la phase intermédiaire des trois étapes dans laquelle l’historiographie divise traditionnellement le règne de Ferdinand VII, suivant le Sexenio Absolutista (« les six ans absolutistes », 1814-1819) et précédant la Décennie abominable (Década Ominosa, 1823-1833). Le Triennat commence le avec le pronunciamiento de Riego, qui contraint le roi Ferdinand VII, qui exerce un pouvoir absolu depuis 1814, à rétablir le la Constitution espagnole de 1812 — dite « Constitution de Cadix » —. Cette période révolutionnaire finit par déboucher sur une réaction royaliste — la Guerre royaliste — et l'occupation de l'Espagne par l'armée française dans le cadre de l'expédition d'Espagne, qui commence le depuis les Pyrénées. Le Triennat prend fin le , où le monarque espagnol dissout les Cortès, abolit la Constitution et rétablit la monarchie absolue.
Le Triennat s’inscrit dans le cadre plus général des mouvements insurrectionnels de 1820-1821 en Europe, dont le pronunciamiento de Riego constitue le déclencheur. La Constitution de Cadix sera adoptée par les révolutionnaires napolitains et piémontais, et sera prise comme modèle par le royaume du Portugal. Le Triennat constitue un évènement de premier ordre dans l'histoire de l'Europe qui, cinq ans auparavant sortait tout juste de près de vingt ans de guerres de la Révolution française, à travers lesquelles la France avait tenté d’imposer son hégémonie au continent[1]. « Au cours de ces années, le monde hispanique se situe au centre de l'attention internationale qui le regarde en même temps avec espoir et crainte, comme un mythe pour les peuples et comme un stigmate pour les monarchies absolues, avec l'espoir d’une première vague de liberté capable de briser les frontières et avec l'impatience » de ceux désireux « de mettre fin à une expérience extrêmement déstabilisatrice »[2]. C'est également au cours du Triennat que se produisirent les indépendances de la quasi-totalité des colonies espagnoles d’Amérique[2].
Dans l’histoire contemporaine de l’Espagne, le Triennat libéral est une étape historique d’une grande importance car c'est seulement alors que furent mises en pratiques les réformes prévues par les Cortès de Cadix entre 1810 et 1814, dont les dirigeants purent appréhender la portée comme instrument pour construire un nouvel État libéral[3], ce qui fut possible grâce à la normalité institutionnelle caractéristique du Triennat, combinant une période de paix et la présence du roi à la tête de la monarchie. En dépit des difficultés auxquelles il dut faire face, « le Triennat libéral supposa une ouverture de la vie politique comme il ne s’en était jamais produite en Espagne. […] Le cadre constitutionnel établi par la révolution de 1820 permit l'apparition d'une sphère publique où les citoyens commencèrent à participer selon leurs possibilités et leurs intérêts »[4].
L’historien Alberto Gil Novales souligne la « position centrale » qu’occupe le Triennat dans la « révolution bourgeoise espagnole » qui culmine en 1834-1837, « quand on peut dès lors dire que l'Espagne est gouvernée par un régime bourgeois ». « Le Triennat libéral crée la législation basique, diffuse les idées et affine les instruments politiques à travers lesquels la bourgeoisie recueillera le pouvoir »[5].
Pour sa part, Pedro Rújula remarque le rôle décisif joué par le roi Ferdinand VII lui-même dans la chute du régime constitutionnel, « Mais pas seulement par sa capacité à bloquer depuis l'exécutif le fonctionnement du système, ou par son faible attachement à la liberté, mais également car il a été capable de construire un récit convainquant de ce qui s’était passé en Espagne et parvint à le faire accepter par les puissances étrangères ». « Finalement l'argument du monarque captif triompha au Congrès de Vérone, et constitua un élément central dans le prétexte donné par Louis XVIII au Parlement français pour justifier l’invasion »[4].
Josep Fontana qualifie le Triennat de « révolution frustrée », mais, selon lui, « il ne serait pas licite de dire qu’il échoua. Il s’effondra à cause de l'interférence de la politique extérieure européenne dans la politique espagnole » ; « La révolution espagnole chuta face à la coalition de ses ennemis intérieurs et extérieurs et face à la division de ses propres partisans »[6].
Plus de cent soulèvements militaires — de diverses obédience — ont lieu au cours du Trienio[7].