Libéralisme
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Le libéralisme est un courant de pensée qui prône la défense des droits individuels, subjectifs (isonomie, liberté, sécurité, propriété), dans la lignée de John Locke, au nom d'une vision fondée sur l'individu et la coopération volontaire entre les humains. Emmanuel Kant ajoutera à cette définition, que la plus haute valeur observée dans un état de droit, c'est la dignité de la personne humaine ; cette dernière ayant le potentiel d'être autonome, d'être libre d'agir et de choisir ses propres fins et c'est cette conception spiritualiste et idéaliste du libéralisme (dualisme ou idéalisme absolu) qui prévaudra en Europe[1]. Le libéralisme tel que défini par Locke est plus empiriste, tandis que le libéralisme de Kant est plus idéaliste (déontologie, discipline de la volonté)[2]. Ainsi, la pensée libérale repose sur le principe de la responsabilité morale, de l'universalisme des Lumières, du libre arbitre et s'oppose aux doctrines matérialistes (marxisme, utilitarisme, hédonisme, réductionnisme, scientisme, biologisme, posthumanisme…) et planistes[3],[4],[5],[6].
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Les libéraux estiment que les êtres humains, êtres rationnels, perfectibles et libres, possèdent des droits fondamentaux qu'aucun pouvoir n'a le droit de violer. En conséquence, les libéraux veulent limiter les obligations sociales imposées par le pouvoir et plus généralement le système social au profit du libre choix de chaque individu. Le libéralisme repose sur un précepte moral qui s'oppose à l'assujettissement, d'où découlent une philosophie et une organisation de la vie en société permettant à chaque individu de jouir d'un maximum de liberté, notamment en matière économique. De fait, si les libéraux ne sont pas moralement relativistes, la répression leur semble préférable à la prévention dans le traitement du crime, et ce, en dehors de tout calcul utilitaire et d'intérêt ; la moralité suppose la dignité humaine, donc la liberté reste la règle (Hegel, Principes de la philosophie du droit, §100-104). Pour les libéraux, la dichotomie entre « libéralisme économique » et « libéralisme politique » est artificielle, elle permet de définir plus précisément ce qu’est la liberté appliquée à des domaines différents.
Au sens large, le libéralisme prône une société fondée sur la liberté d'expression des individus dans le respect du droit, du pluralisme et du libre échange des idées. La satisfaction et l'expression libre de l'intérêt de chacun permet une société qui valorise les meilleures adaptations. Elle doit joindre, d'une part, dans le domaine économique, l'initiative privée, la libre concurrence et son corollaire l'économie de marché, et d'autre part, dans le domaine politique, des pouvoirs politiques encadrés par la loi librement débattue, et des contre-pouvoirs. Cela suppose idéalement un état de droit où sont respectées les minorités jusqu'à la plus petite, l'individu ; l'État n'étant que le garant de ce respect et devant rendre des comptes de son action. Cette position théorique implique le respect du pluralisme et une adaptation aux évolutions sociales.
Au libéralisme classique fondé davantage sur la liberté en tant que droit négatif (protection contre la coercition directe du souverain), s'oppose parfois le libéralisme social fondé sur la liberté en tant que droit positif (protection exigée du souverain contre la misère matérielle ou la pression morale communautaire, quitte à accorder au souverain un droit de coercition sociale à cette fin). Ainsi le libéralisme peut se manifester de diverses façons, parfois opposées. Le libéral peut être suivant le cas celui qui exige de l'État qu'il brise un traditionalisme religieux ou social oppresseur pour l'individu (caste, statuts, discriminations et privilèges…), celui qui défend la liberté de pratiquer une religion ou une tradition, celui qui demande que l'État intervienne pour redonner une véritable capacité d'action économique (bridée par un monopole, la pauvreté, le manque d'éducation, de crédit ou autre), ou encore celui qui s'oppose à l'intervention du pouvoir (dans le respect de l'initiative privée, de la libre concurrence, de l’égalité de traitement…).
Les limites à fixer à l'action de l'État, ainsi que les modalités de l'action publique, notamment aux rôles respectifs de l'action administrative et de la loi, sont donc sujets à débat au sein même du libéralisme. La plupart des libéraux considèrent que l'action de l'État est nécessaire à la protection des libertés individuelles, dans le cadre de ses fonctions régaliennes, et nombre d'entre eux (comme Adam Smith, Raymond Aron, Karl Popper ou Benedetto Croce) acceptent et même recommandent certaines interventions de l'État dans l'économie, notamment en matière de contrôle et de régulation. À l'opposé, les libertariens de tendance anarcho-capitaliste refusent à l'État toute légitimité dans quelque domaine que ce soit.
La « glorieuse révolution » anglaise de 1688, la révolution américaine et la révolution française de 1789 sont en partie les conséquences concrètes de réflexions libérales sur le plan politique.
Les penseurs libéraux se réclament de l'héritage de la pensée antique et médiévale. Néanmoins, c'est à partir des XVIIe – XVIIIe siècles que le libéralisme se développe autour de certains penseurs, dont Locke, Montesquieu, Turgot, Kant et Adam Smith.