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grandeur thermodynamique permettant de prédire le sens d'évolution spontanée d'une réaction chimique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'affinité chimique en thermodynamique est une fonction d'état permettant de prévoir le sens de l'évolution d'une réaction chimique.
La notion d'affinité chimique, héritée de l'alchimie (elle est mentionnée au XIIIe siècle dans les travaux d'Albert le Grand), est longtemps évoquée sans être formellement définie par les savants étudiant les réactions chimiques. En 1718 et 1720, Geoffroy présente à l'Académie des sciences sa table des rapports, listes d'affinités chimiques obtenues par l'observation des réactions des substances les unes avec les autres. En 1733, pour Boerhaave, médecin de Leyde, l'affinité chimique est la force en vertu de laquelle les particules des corps se recherchent, s'unissent et se retiennent[1],[2]. Berthollet, qui le premier évoque en 1803 la notion d'équilibre chimique, utilise la notion d'affinité chimique sans lui donner une définition claire, tout en la rapprochant de la loi universelle de la gravitation[3],[4]. Peu après, à la suite des récentes découvertes dans le domaine de l'électricité, et notamment l'électrolyse de certains sels par Davy, Berzelius exprime la notion d'affinité chimique en termes d'attraction et de répulsion de pôles chargés sur ce que l'on ne nommait pas encore les molécules[5]. En 1879, Berthelot énonce son principe de travail maximum, tentant de relier l'affinité à la chaleur dégagée par la réaction, qui selon lui ne pouvait être que positive[6].
La définition formelle actuelle de l'affinité chimique par de Donder, qui la relie au deuxième principe de la thermodynamique, date de 1922[7],[8].
Soit une réaction chimique dont l'équation bilan est écrite selon la convention stœchiométrique[9] :
en attribuant une valeur négative aux coefficients stœchiométriques des réactifs et positive à ceux des produits :
L'affinité chimique, notée ou , est formellement définie[10],[11], en introduisant les potentiels chimiques des constituants (réactifs, produits et inertes) du mélange réactionnel, par :
Affinité chimique : |
Par exemple, si l'on écrit l'équilibre du dioxyde et du trioxyde de soufre en présence d'oxygène :
soit, selon la convention stœchiométrique :
on a l'expression de l'affinité chimique :
L'affinité chimique est homogène avec une énergie rapportée à une quantité de matière, elle s'exprime par exemple en joules par mole, J/mol. L'affinité chimique est la variable intensive conjuguée de la variable extensive avancement de réaction . Autrement dit, le produit est homogène avec une énergie.
Les variations des quantités (nombres de moles) des espèces chimiques intervenant dans la réaction chimique sont liées par l'équation bilan de la réaction. En introduisant l'avancement de réaction (lui aussi défini par de Donder) on a les relations :
soit pour tout (pour un inerte ) ; d'où :
Affinité chimique : |
Reprenons l'exemple de l'équilibre du dioxyde et du trioxyde de soufre en présence d'oxygène :
On a la variation de l'avancement de réaction :
d'où :
et finalement la relation :
Les différentielles des quatre potentiels thermodynamiques s'écrivent :
avec :
On a donc également les relations suivantes pouvant définir l'affinité chimique[12] :
Affinité chimique : |
Puisque les coefficients stœchiométriques entrent dans l'expression de l'affinité chimique, celle-ci dépend de la façon dont la réaction est écrite. Reprenons l'exemple de l'équilibre du dioxyde et du trioxyde de soufre en présence d'oxygène :
on a une première expression de l'affinité et de l'avancement de réaction :
Si l'on inverse l'écriture de la réaction :
on a une deuxième expression de l'affinité et de l'avancement de réaction :
Et si l'on écrit la réaction d'une troisième façon, en divisant par deux les coefficients stœchiométriques de la première écriture :
on a une troisième expression de l'affinité et de l'avancement de réaction :
On a ainsi, selon la façon d'écrire la réaction :
Il est donc nécessaire, pour utiliser l'affinité, de connaitre la façon dont la réaction a été écrite. En particulier, les première et deuxième écritures de la réaction donnent des affinités de signes opposés. Néanmoins, quelle que soit la façon d'écrire la réaction, on a :
Nous considérons une réaction chimique dont l'équation bilan est écrite selon la convention stœchiométrique :
en attribuant une valeur négative aux coefficients stœchiométriques des réactifs et positive à ceux des produits :
La réaction progresse en respectant la stœchiométrie de l'équation bilan, aussi si la quantité de l'espèce varie de , la quantité de toute autre espèce varie de : , ce qui implique que tous les rapports sont égaux. On définit ainsi le paramètre appelé avancement de la réaction :
L'avancement est donc défini pour toutes les espèces du mélange réactionnel, y compris les inertes pour lesquels et .
Lorsque la quantité d'une espèce augmente, soit :
Inversement, lorsque la quantité d'une espèce diminue, soit :
En conséquence :
Soit un système fermé dans lequel s'effectue une réaction chimique. L'énergie interne de ce système évolue donc selon :
avec :
Pour l'extérieur du système, qui n'est pas le siège d'une réaction chimique, l'énergie interne évolue selon :
avec :