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Backroom

arrière-salle sombre, dans certains bars gays, dédiée au sexe De Wikipédia, l'encyclopédie libre

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Une backroom, back-room ou arrière-salle, est une salle où, dans certains clubs, les habitués peuvent se rencontrer dans la pénombre ou l'obscurité pour des relations sexuelles entre hommes.

Description

Une backroom est une salle consacrée aux relations sexuelles, majoritairement entre hommes, située dans un lieu commercial plus large, tel qu'un bar gay, un club, un sauna gay, une librairie ou un vidéo club[1]. Si elles sont en général dans l'obscurité, d'où leur nom, certaines peuvent aussi être en plein air[1]. D'autres sont décorées de manière à rappeler les friches urbaines, telles que les tunnels ou les lieux désaffectés, via par exemple l'utilisation de palissades en bois ou des filets militaires ; cela permet de créer une proximité avec les lieux de cruising[1].

En fonction du lieu, elles peuvent permettre la discrétion ou au contraire donner la possibilité d'y être observé ; certaines sont enfin équipées d'accessoires permettant les relations BDSM[1].

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Fonctions

Résumé
Contexte

Rendre possible la sexualité entre hommes

Lever les inhibitions

Pour le professeur en queer studies étasunien Martin J. Goessl, la backroom est un espace privilégié de rencontre et d'intimité gay où les biais sociaux y prennent moins de place qu'ailleurs[1]. Pour les chercheurs en sciences sociales français Pierre-Olivier de Busscher, Rommel Mendès-Leite et Bruno Proth, la backroom, en tant qu'espace géographique spécifique, permet de détacher les relations homosexuelles du reste de la vie et aide ainsi les hommes qui les fréquentent tout en cherchant à maintenir l'apparence d'une vie hétérosexuelle[2]. De nombreux hommes fréquentent ainsi les backrooms sans se réclamer d'une identité homo ou bisexuelle[2].

Une logique similaire fait qu'il y est plus facile d'y explorer des fantasmes sexuels socialement réprouvés, comme le BDSM, l'urophilie et la scatophilie[2]. Ils remarquent aussi que les lieux où sont situés les backrooms sont organisés par palier : un bar, espace de drague et de socialisation, en lumière vive et sonorités fortes ; un espace intermédiaire, espace de préliminaire, à la lumière diffuse et aux paroles murmurées ; enfin, la backroom proprement dite, lieux de la relation sexuelle, sombre et relativement silencieuse[2]. Ils notent enfin que le sexe en groupe et plus généralement le caractère collectif de ces espaces appuie cette liberté, en faisant baisser le poids de l'individualité[2].

Protéger de l'homophobie extérieure

Pour de Busscher, Mendès-Leite et Proth, la backroom assure une fonction de protection des relations homosexuelles, en les soustrayant de la vue de la police et des gangs homophobes cherchant à voler ou frapper les hommes gays[2].

Régulation

De Busscher, Mendès-Leite et Proth soulignent comme le transfert de la sexualité gay des lieux de cruising aux backrooms permet aussi une double policisation : d'une part, elle soustrait la sexualité à l'espace public, et par conséquent empêche ces espaces d'être réinventés et détournées ; d'autre part, les lieux commerciaux identifiés se font des relais des politiques sanitaires des États : la France finance ainsi, par subventions, les présentoires et brochures de préventions ou les consultations médicales dans les saunas[2]. Ils rapprochent cette régulation de celle qui a existé, au XIXème siècle, pour la prostitution, passant de la rue aux maisons closes, à la différence qu'il s'agit pour les backrooms non pas d'une contrainte externe mais d'une forme d'autocontrôle[2].

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Histoire

Résumé
Contexte
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Première marche nationale pour les droits et les libertés des homosexuels .

Aux États-Unis, le développement du premier mouvement homosexuel à la suite des émeutes de Stonewall permet la multiplication des lieux de drague gay ; Christopher Street, à New York, est ainsi l'épicentre des relations entre hommes et comprend de nombreuses backrooms dans les années 1970 et le début des années 1980[1].

En France, la backroom du club Le Manhattan (8, rue des Anglais, dans le quartier Maubert du 5e arrondissement de Paris) est visée par une descente de police au printemps . Neuf clients et les gérants sont gardés à vue puis jugés le sur la base de l'article 330 alinéa 2 du code pénal, L'amende est confirmée en appel, et le pourvoi en cassation est rejeté le [3]. Le Comité d'urgence anti-répression homosexuelle (CUARH), le journal Gai Pied, et de nombreuses personnalités se mobilisent et, le , une grande marche nationale des droits et des libertés des homosexuels est organisée à Paris[3].

À partir de l'arrivée du sida dans les années 1980, de nombreuses backrooms se dotent d'un règlement visant à limiter la propagation de la maladie, avec interdiction d'y consommer de l'alcool, de la drogue ou d'y avoir des rapports non-protégés[1]. La pandémie est aussi l'occasion, pour des hommes politiques, de décider de la fermeture de backrooms ; Ed Koch, alors maire de New York, ferme ainsi l'Everard en 1986[4].

À Paris, dans les année 1990, les backrooms sont essentiellement concentrées dans les quartiers périphériques, en particulier ceux des gares du Nord et de l'Est et le faubourd Saint-Antoine, tandis que le Marais concentre les bars de sociabilité[2]. Pour de Busscher, Mendès-Leite et Proth, il s'agit d'une resurgence la division centre/périphérie, avec le centre qui correspond à l'ordre tandis que la périphérie est associée au vice[2].

En raison de la concurrence des applications en ligne tels que Grindr et, aux États-Unis, la fréquentation des bars gays par des hétérosexuelles fêtant leur enterrement de vie de jeune fille couplée à la pression des autorités sanitaires, de nombreuses backrooms ferment[5].

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Répression

Martin J. Goessl note en 2017 que les backrooms ne font l'objet d'une répression par les autorités politiques, policières et sanitaires que lorsqu'elles sont spécifiquement médiatisées ou dénoncées par des groupes militants[1]. Pour lui, le rejet des backrooms par une partie de la communauté gaie est une forme de politique de la respectabilité et de rejet de la culture gay au profit de l'hétéronormativité[1].

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Dans la musique

En , Walk on the Wild Side de Lou Reed raconte l'histoire de l'actrice trans Candy Darling : « Dans l'arrière-salle, elle était la chérie de tout le monde »[note 1].

The Back Room figure sur la compilation Bang Masters du chanteur nord-irlandais Van Morrison.

Notes

  1. « In the backroom she was everybody's darling »

Références

Bibliographie

Voir aussi

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