Top Qs
Chronologie
Chat
Contexte

Fusillade du 11 novembre 1984 à Châteaubriant

crime raciste en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Remove ads

La fusillade du est une fusillade de masse à motivation raciste et xénophobe ayant eu lieu à Châteaubriant dans le département de la Loire-Atlantique.

Faits en bref Cible, Coordonnées ...

Un militant d'extrême droite[1], Frédéric Boulay, assassine à bout portant deux ouvriers turcs et en blesse cinq autres dans un salon de thé du centre-ville.

Ce drame frappe durablement les esprits et est abondamment commenté dans les médias nationaux de l'époque.

Remove ads

Contexte historique

Résumé
Contexte

Avant la fusillade du à Châteaubriant, la France est déjà le théâtre de crimes contre des étudiants ou des travailleurs immigrés.

Dans le contexte politique, le Front national perce lors des élections municipales de Dreux notamment) et lors des élections européennes de .

Thumb
Touche pas à mon pote.

Du point de vue sociétal, l'affaire Habib Grimzi, mise à l'écran dans Train d'enfer, et la première marche pour l'égalité constituent deux évènements marquants de cette période. Le , l'association SOS Racisme est fondée dans les rangs du Parti socialiste avec le slogan « Touche pas à mon pote ».

Politiquement parlant, le troisième et dernier gouvernement de Pierre Mauroy prend un virage à droite avec le tournant de la rigueur[2], qui se poursuit sous le gouvernement Fabius qui opère une restructuration de l'industrie sidérurgique et métallurgique[3].

Un petit groupe de Turcs habite à Châteaubriant depuis une dizaine d'années, constituant un groupe de 300 personnes[4]. Les Turcs sont employés pour les « tâches les moins nobles » à la fonderie Huard. Ils sont assez peu acceptés dans les cafés du centre ville, en raison de menaces proférées à l'encontre des tenanciers par des habitants n'acceptant pas la présence de Turcs[4]. La communauté turque a donc l'habitude de se réunir dans deux salons de thé, celui de la fonderie et celui de la rue de Couëré tenu par leur compatriote Memduh Gürsoy[5] et ouvert un an auparavant[4].

Remove ads

Déroulé

Résumé
Contexte
Thumb
Un des immeubles de la rue de Couëré.

Le dimanche , au 17 rue de Couëré dans le centre-ville de Châteaubriant, dix à quinze ouvriers turcs qui travaillent à la fonderie Huard se réunissent dans un salon de thé ouvert par Memduh Gürsoy. Ils ont l'habitude d'y prendre le thé et jouer aux cartes[5],[6].

À 18 h, alors que la nuit est tombée, Frédéric Boulay, 23 ans, domicilié à Martigné-Ferchaud, se tient au milieu de la rue de la Couëré en face du café. Armé d'un fusil à pompe Remington et de 20 cartouches à ailettes qui servent habituellement à la chasse au sanglier (en)[5],[6], il crie « Heil Hitler »[7],[8] en tirant à sept reprises à mi-hauteur des ouvriers, depuis le milieu de la rue[5]. Après que l'un d'eux se soit aperçu qu'on leur tirait dessus, ceux-ci utilisent une table comme protection[5].

Certains se sont couchés à plat ventre pour se glisser jusque dans les toilettes[5]. Frédéric Boulay ajuste son tir vers la partie basse du salon de thé afin d'atteindre ses victimes. Salih Kaynar, 40 ans, et Abdullah Yildiz, 38 ans, sont tués sur le coup. Parmi les autres convives du café, cinq personnes ont été grièvement blessés[9].

Au même moment, deux gendarmes patrouillent dans le centre-ville. Ils aperçoivent Frédéric Boulay qui recharge son fusil en prenant des balles qu'il a placées dans une sacoche de sa moto, garée rue de la Coquerie[6] et l'interpellent[10]. Arrêté, il est immédiatement inculpé d'assassinat et de tentative d'assassinat[11].

Remove ads

Réactions

Le lendemain, lundi , une foule immense se réunit devant le café pour rendre hommage aux victimes. Le député-maire de l'époque, Xavier Hunault, convoque un conseil municipal extraordinaire[6] qui assure la communauté turque de sa solidarité et son soutien[11]. Le maire exprime le souhait que cette « dramatique affaire » ne soit pas « récupérée par certains »[11].

Le , un millier de lycéens se réunissent dans le centre-ville de Châteaubriant, tandis que les salariés de la société Huard, ayant débrayé en signe de solidarité, se joignent à la manifestation[11].

Un millier de personnes se rassemblent également à Nantes en fin d'après-midi à l'appel du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP)[4].

Procès

Frédéric Boulay est jugé par la cour d'assises de Loire-Atlantique. Le MRAP, ainsi que l'association Solidarité aux travailleurs immigrés[7], se constituent partie civile, une nouveauté pour des associations[12].

Devant la cour, le , Boulay reconnaît les faits en donnant les détails[5], n'exprime aucun regret, et revendique au contraire le bien-fondé de ses actes. Pendant le procès, un journaliste du Monde décrit l'attitude de Frédéric Boulay comme « indifférente et hautaine »[13]. L'avocat général, Jacques Bruneau, voit « notre honte à tous » dans le personnage de l'accusé[13]. Frédéric Boulay est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité après une demi-heure de délibération[10].

Remove ads

Idéologie du meurtrier

Résumé
Contexte

Au moment des faits, Frédéric Boulay travaille à la beurrerie Bridel et est le beau-frère d'un Tunisien[6]. Il voue un culte au nazisme et à l'hitlérisme[7]. La veille du meurtre, le samedi , il affirme avoir entendu un discours de Jean-Marie Le Pen[5]. Lors de son procès, il indique avoir voté pour le Front national, parti de Le Pen, « faute de mieux »[14], et loue Mark Fredriksen, dirigeant de la Fédération d'action nationale et européenne (FANE), comme « le seul homme politique valable »[15].

À l'adresse du capitaine de gendarmerie Arnoult qui l'interroge après son arrestation, il déclare : « je n'aime pas les étrangers non européens »[4] et ajoute : « je suis chômeur alors qu'ils ont du travail »[16].

Devant la cour d'assises, il s'exprime en ces termes : « Vous m'inculpez d'assassinat et de tentatives d'assassinat. Je suis d'accord. Il a fallu un coup de malchance pour que je n'en tue que deux. [...] Je voulais flinguer des bougnoules. Les Turcs et les Arabes, pour moi, c'est la même chose. En aucun cas, je ne regrette ce que j'ai fait. La France a beau être une terre d'asile, ce n'est pas un dépotoir. J'estime que j'ai servi mon pays. D'abord, aujourd'hui ce pays me met en prison, mais tout peut changer. D'ici cinq ou six ans, il y aura un régime d'extrême droite ou alors les étrangers feront la loi[7]. »

Remove ads

Double évasion

Transféré à la prison de Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées, Frédéric Boulay participe à une première évasion le avec huit acolytes. En cavale durant trois mois, il est finalement intercepté par le SRPJ à Grabels dans l'Hérault alors qu'il s'apprêtait à commettre un braquage[17]. Le , à 17 h 15, il prend part à une seconde évasion en hélicoptère[18] avec quatre comparses. La course-poursuite prend fin le [19] dans le centre-ville de Saragosse (Espagne) vers 6 h 45 du matin[20]. Frédéric Boulay est alors incarcéré en Espagne, il a 28 ans[21].

Remove ads

Mémoire

Le , pour le 30e anniversaire de l'événement, une cérémonie du souvenir est organisée[5]. À cette occasion, une plaque commémorative est posée au 17, rue de Couëré[5].

Références

Bibliographie

Loading related searches...

Wikiwand - on

Seamless Wikipedia browsing. On steroids.

Remove ads