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Italie byzantine

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L’Italie byzantine est une succession de territoires de l’Italie historique.

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En orange l'évolution de l'Italie byzantine.

Le latin était langue officielle et liturgique de l’Italie byzantine, de l’Espagne byzantine et de l’Exarchat de Carthage, territoires occidentaux de l’Empire romain d’Orient (dit « empire byzantin » après 1557) qui n'est ainsi pas uniquement « grec »[1].

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Conquête de l'Italie

Résumé
Contexte

Dans l'Antiquité tardive, l'Italie redevient romaine : cela concerne la péninsule italienne et les trois îles de Corse, Sardaigne et Sicile, après leur conquête par Bélisaire et Narsès, généraux de l'empereur Justinien. Cette difficile reconquête de l’Italie par les Byzantins a toutefois engendré beaucoup de destructions lors des nombreuses campagnes dévastatrices contre les Goths[2].

La reconquête de l’Italie s’enracine dans les raisons de celui qui l’a initié : Justinien. Les trois motivations choisies ici sont surtout en lien avec la vision et les valeurs de l’empereur. Tout d’abord, il est possible de voir que ce dernier justifie la conquête de l’Italie comme étant une « volonté de Dieu »[3]. En effet, avant de commencer la conquête de l’Italie, l’Empire romain d’Orient a mené plusieurs reconquêtes victorieuses en Afrique, qui sont considérées par Justinien comme un signe de la volonté divine qu’il doit poursuivre ses entreprises[3].

Pour ce qui est de la deuxième motivation de la conquête, il s’agit de la volonté de Justinien de ramener les régions et ses populations qui appartenaient autrefois à l’Empire romain d’Occident sous le contrôle des Romains d’Orient (appelés « byzantins » depuis 1557 par les historiens)[3]. En ce qui concerne la troisième raison, il s’agit surtout du dédain des Romains envers les peuples germaniques qu’ils disent « barbares » et « hérétiques » (Vandales et Goths étant ariens) et qui se sont substitués à l’Empire romain d’Occident[4]. Ensuite, la reconquête justinienne de l’Italie a permis l’acquisition et le développement de plusieurs régions et villes importantes, comme la Sardaigne, Ravenne et la Sicile.

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Invasions

Afin de comprendre le développement des différentes régions de l’Italie byzantine entre le VIe siècle et le XIIe siècle, il faut connaître les grandes invasions qui ont affecté les territoires romains d’Occident. L’Italie byzantine commence donc par la victoire des Byzantins sur les Vandales dans les îles du sud de l’Italie et sur les Goths dans le nord de l’Italie au VIe siècle[5]. Nous voyons ensuite à la fin du VIe siècle l’arrivée des Lombards, peuple germanique originaire de Scandinavie et passé par la Pannonie[6], avec qui les Byzantins se battent jusqu’au 8e siècle[7]. Presque toute l’Italie est touchée par ce conflit entre Lombards et Byzantins à l’exception de l’Italie du Sud[8]. Le sud, pour sa part, est victime des incursions et des conquêtes arabes entre le IXe siècle et le XIe siècle[9]. Enfin, il y a plusieurs autres puissances qui menacent ou qui s’installent en Italie, et c’est l’ensemble de ces changements de pouvoirs qui nous permettra de voir l’influence à court ou long terme de l’Empire d’Orient sur l’Italie.

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Régions de l’Italie byzantine

L’Italie médiévale, après l’arrivée des Lombards dans la péninsule, l’expression Italie byzantine concerne, du point de vue territorial (qui a fluctué au fil des évènements, des conquêtes et des reconquêtes des uns et des autres), les régions restées rattachées à l’Empire romain d'Orient ou revenues en sa possession (les dernières possessions byzantines en Italie disparaissent au XIIe siècle avec les conquêtes de Roger II de Sicile)[10],[11] :

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Position de l'Italie face aux étendues territoriales respectives de l'Empire carolingien (bleu) et de l'Empire byzantin (rouge) en l'an 814, date à laquelle Venise et ses dépendances étaient encore rattachées à l’Empire byzantin (mais cette carte ne le montre pas).
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Les quatre judicats sardes durant la période byzantine et par la suite.

Traces laissées par l’Empire romain d’Orient en Sardaigne

Résumé
Contexte

La Sardaigne a été prise après la chute de l’Empire romain d’Occident par les Vandales et elle est reconquise par les Romains d’Orient en 533 lors des campagnes maritimes et terrestres de Bélisaire pour la reconquête de l’Afrique[8]. La Sardaigne diffère de l’Italie continentale reprise aux Ostrogoths et gouvernée par l’exarque de Ravenne, tandis que les îles, comme la Corse et la Sardaigne reprises aux Vandales, dépendent de l’exarque de Carthage[9]. Après que l’exarchat de Carthage soit tombé en 698 aux mains des Arabes, le contrôle de l’Empire byzantin sur les îles qui faisaient partie de cet exarchat devient de plus en plus théorique[12]. Vers le IXe siècle, les invasions arabes commencent à affaiblir les liens de la Sardaigne avec Constantinople et permettent une concentration des pouvoirs dans le cadre des judicats[13]. Même après la prise de l’île par les Arabes, Constantinople tente de conserver ses avantages commerciaux avec la Sardaigne jusqu’à la fin du IXe siècle[14] tandis que l'église de Rome y maintient son influence religieuse, la Sardaigne dépendant directement du diocèse de Rome, c'est-à-dire du pape en personne[12].

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La Sardaigne en Italie

L’importance de la Sardaigne pour l’Empire byzantin tient à son emplacement géographique avantageux pour le lien avec l’Espagne byzantine et pour la défense de la Sicile, vue comme indispensable à la survie de l’Empire entre le VIIIe siècle et le IXe siècle[14]. C’est d’ailleurs sa position géographique entre la mer Tyrrhénienne et la mer du Ponant (Méditerranée occidentale) qui explique que plusieurs empires et populations, comme les Carthaginois, les Romains, les Vandales, les Byzantins, les Lombards, les Arabes et les Catalans, ont tenté au cours du Moyen Âge d’en prendre possession[15]. En effet, l’île est au centre de routes commerciales reliant l’Occident à l’Orient, et sa surface (24 090 km2), ses ressources en eau, minières et agricoles, lui donnent aussi une importance économique aux yeux de ceux qui se la disputent[16].

Administration

Lorsqu’on regarde le modèle administratif de la Sardaigne médiévale, on constate que les Romains d’Orient y ont instauré le modèle byzantin avec ses judicats, le code Justinien et ses lois[17]. L’Empire instaure un système administratif où les pouvoirs militaires et civils sont séparés dans le but de pouvoir efficacement gérer la région sans avoir à craindre la concentration des pouvoirs dans les mains d’un individu ou d’une oligarchie[18]. Malheureusement, l’Empire connait entre le VIIe siècle et le IXe siècle une période de crise qui affaiblit son pouvoir et permet la naissance d’une « aristocratie locale latinophone liée à l’Empire de Charlemagne et à l’Église de Rome » : en Sardaigne, la langue vernaculaire est le sarde, tandis que l’Église et les élites maintiennent le latin[14]. Il y a donc en Sardaigne un retournement de la part de la population ou du moins de son administration qui décide d’aller chercher de nouvelles protections plus efficaces que celle de l’Empire romain d’Orient dit byzantin[14]. Toutefois, les types d’institutions basées sur le modèle byzantin et les titres en grec qui restent en usage jusqu’au IXe siècle[19].

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Ravenne et ses caractéristiques byzantines

Résumé
Contexte

La ville de Ravenne passe sous l’autorité de Constantinople vers la fin du VIe siècle et devient le siège de l’exarchat de Ravenne de 641 à 751[20]. Ravenne est considérée comme la plus importante possession de l’Empire romain d’Orient en Italie : il s’agit de la capitale de l’Italie byzantine, et la riche plaine céréalière et maraîchère qui l’entoure a gardé jusqu’à nos jours le nom de Romagne[21], issu de « Romania », dont les ressortissants sont les « Romées »[22].

En ce qui concerne l’importance de la Romagne, elle contrôle une route allant de Ravenne à Rome sans avoir à traverser les territoires de leurs voisins ennemis, les Lombards[7], et elle donne accès aux autres provinces romaines de la péninsule, avantage qu’elle perd à la chute de la ville en 751 aux mains des Lombards[23]. Ravenne sert de lien avec les autres provinces byzantines d’Italie, et de rempart entre la Vénétie maritime et les peuples dits « barbares », surtout les Avars, les Slaves et les Arabes[19]. La prise de la ville par l’Empire franc au VIIIe siècle n’altère d’ailleurs ni sa prospérité ni ses activités artisanales, artistiques et techniques, qui se poursuivent sous le royaume d’Italie au IXe siècle[24].

La perte de l’exarchat de Ravenne et de la papauté byzantine par l’Empire romain d’Orient a de multiples causes. L’une d’elles est la politique des aristocrates sénatoriaux locaux, qui se posent en rivaux des représentants impériaux et n’hésitent pas, selon leurs intérêts, à se rapprocher des Lombards[25]. Une autre est la rivalité religieuse entre le clergé basilien de rite byzantin (et parfois de langue grecque) fidèle à la pentarchie et à Constantinople, et le clergé romain de rite latin (et de langue latine) fidèle à l’église de Rome qui ne reconnaît pas la pentarchie et se rapproche, elle aussi, des Lombards et des Francs[26],[27]. Ces divisions se manifestent par plusieurs guerres civiles dans une région déjà peu stable en raison des multiples tentatives d’invasion des peuples barbares[27]. Finalement, la montée en puissance des Lombards menés par le roi Liutprand amène la perte de la Romagne et l’indépendance de la papauté, de Gênes et de Venise[27].

Administration

Certains aspects de l’administration de Ravenne sont hérités de la période byzantine. Ils sont visibles dans l’importance de l’élite militaire dans la gestion de la ville et dans la gestion des terres[28]. En effet, dans l’exarchat de Ravenne, il y a eu une militarisation de la société, comme dans les thèmes ultérieurs, où « l’organisation militaire encadre l’ensemble de la population »[29]. De plus, il est possible de voir que Ravenne a longtemps conservé les modèles byzantins dans les institutions politiques, les lois et les modèles administratifs en ce qui concerne la gestion des villes et le cadastre qui reprend la centuriation romaine[30].

Économie

Ravenne est décrite dans les sources lombardes comme dans celle de Paul Diacre comme une ville très opulente, ayant une grande importance économique pour l’Empire romain d’Orient[31]. Ceci est d’ailleurs visible dans le fait que Ravenne possède le principal atelier de frappe de monnaie pour fournir en pièces d’or et d’argent l’Italie du Nord, Lombards inclus[32].

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Basilique Saint-Vital de Ravenne.
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L’empereur romain d’Orient Justinien : mosaïque de la basilique Saint-Vital de Ravenne.

Religion

Ravenne à une importance significative dans les conflits religieux entre l’Empire et l’église de Rome. En effet, la ville possède le deuxième plus grand pouvoir ecclésiastique d’Italie, très proche du l’Église de Constantinople[33] et parfaitement intégrée à la Pentarchie instituée par Justinien[34]. Cette relation nous a laissé comme trace physique, la Basilique Saint-Vital de Ravenne déjà décrite par Agnellus[35]. De son côté, l’Église de Rome ne reconnaît pas la Pentarchie mais revendique, en vertu du statut de Primus inter pares des papes, la juridiction de toute l’Église[36].

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Sicile byzantine

Résumé
Contexte

La Sicile est une province essentielle de l’Empire, reconquise en 535, érigée en thème en 641[37] et restée sous contrôle de l’Empire jusqu’en 902 lorsqu’elle est prise par les Arabes[38]. De langue grecque dans sa moitié orientale (héritage de son appartenance antique à la Grande Grèce), la Sicile est plus fortement intégrée à l’Empire que le reste de l’Italie byzantine, ce qui se traduit par de nombreux aspects de la société sicilienne[39].

Si l’on compare l’histoire de la Sicile à celle de Ravenne, la plus grande différence entre les deux est en lien avec le niveau de stabilité lors de leur développement. Contrairement à Ravenne, la Sicile n’est pas affectée par les invasions lombardes et elle connait de façon générale moins d’instabilités[40]. Toutefois, un point commun entre les deux est qu’elles possèdent une certaine autonomie économique, visible dans leur droit de frapper les monnaies impériales, qui toutefois sont de valeur inférieure à celles de Constantinople[41]. Outre les petites propriétés, la Sicile compte plusieurs vastes domaines impériaux et religieux, sources de puissance politique et spirituelle[42]. Même après la conquête arabe, les relations et les échanges culturels avec l’Empire persistent jusqu’au XIIe siècle[43].

Administration

Concernant l’administration en Sicile, il existe une différence avec les autres régions de l’Italie byzantine. Alors que la majorité des provinces byzantines en Italie ont une administration très militaire[44], la Sicile est gérée par deux officiers palatins civils[45] traduisant une administration plus stable et plus durable[46]. La bonne relation qu’entretient la Sicile avec Constantinople est visible dans sa participation active à la vie politique de l’Empire, sauf lors de rares moments de crises en Sicile[47].

Religion

La Sicile est parfaitement intégrée à la Pentarchie et le clergé en majorité basilien pratique le rite byzantin, en langue grecque dans toute la partie orientale de l’île[48]. Cet hellénisme motive la décision impériale de détacher le patriarcat romain de Sicile de l'église de Rome pour le rattacher au patriarcat de Constantinople[48]. Il serait pourtant anachronique de distinguer, comme certaines sources secondaires, entre « catholiques » et « orthodoxes » à cette époque antérieure à la séparation des Églises d'Orient et d'Occident[49].

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Composantes civilisationnelles

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Le martyrium de Santa Fosca à Torcello, héritage de l'Italie byzantine.

Du point de vue de l'histoire de l'art[50], du christianisme, des idées et de l'horticulture[51], l’Italie byzantine concerne aussi les Royaumes lombards et les Normands d'Italie, et englobe :

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Sources

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