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Laure Hayman

sculptrice, salonnière et demi-mondaine française De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Laure Hayman
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Laure Hayman[Note 1], née le à Valparaíso (Chili) et morte le dans le 8e arrondissement de Paris, est une sculptrice, salonnière et demi-mondaine française.

Faits en bref Naissance, Décès ...
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Biographie

Résumé
Contexte

Jeunesse et famille

Fille naturelle de François Bernard Marie Hayman et de Julie Augustine Clairet, Laurence Marie Charlotte Hayman voit le jour à Valparaíso en 1851[1]. Elle naît dans l'hacienda de la Mariposa, au pied de la cordillère des Andes où son père est alors ingénieur[2]. Elle a des origines belges, françaises, créoles et anglaises[2], et descend du peintre Francis Hayman (1708-1776)[3], le maître de Thomas Gainsborough. Son père est un négociant, fils d'un consul anglais à Gand, ville où il est né en 1824[4] ; sa mère est née en 1829 à Montrouge[5]. Tous deux se marient dans cette commune en 1858, légitimant ainsi leur fille.

En 1869, Laure Hayman donne naissance chez elle, 5 rue Treilhard à Paris, à un fils naturel, né de père non dénommé et baptisé Joseph Edmond Romaric[6]. L'année suivante, l'enfant est officiellement reconnu par sa mère[Note 2],[7]. Une semaine plus tard, Albert Jean Baptiste Edmond Romaric David, lieutenant au 2e régiment de voltigeurs de la Garde impériale et frère de Marie-Charles David de Mayrena, le reconnaît à son tour et lui donne son nom[8].

En , Mme Hayman mère décède chez elle à Paris, au 2, rue Maleville[9]. Son mari est alors dit « absent sans nouvelles ». Le mois suivant, Laure Hayman et son concubin, établis à la même adresse, ont un second fils hors mariage, prénommé Jean Baptiste Albert Henri[10]. L'enfant meurt à l'âge de 13 mois, au domicile d'un scieur de long de Nogent-l'Artaud chez qui il vivait[11].

Joseph Edmond David meurt à l'âge de 31 ans, en 1900 à Paris[12],[Note 3]. Il est inhumé deux jours plus tard au cimetière du Père-Lachaise (division 81)[13].

Albert Jean Baptiste Edmond Romaric David, qui s'était marié de son côté en 1885[14], meurt en 1914[15].

La courtisane

Après une enfance assez libre, Laure Hayman doit gagner sa vie à la mort de son père[Information douteuse] et devient une courtisane, encouragée par sa mère[2]. Quelques réussites spectaculaires la lancent.

Parmi ses amants figureraient le duc d'Orléans, Charles de La Rochefoucauld duc d'Estrées, le roi de Grèce, Charles-Egon IV de Fürstenberg, Louis Weil (grand-oncle maternel de Marcel Proust) et Adrien Proust, le père de Marcel[16]. Le seul qu'elle aima vraiment aurait été le prince Alexis Karageorgevich (en)[16], prétendant au trône de Serbie et, selon Eugénie Buffet, elle passait « une bonne partie de son temps et de ses loisirs à se fâcher et à se raccommoder avec son plus fervent adorateur[17] ». Elle vit des libéralités du financier Raphaël Bischoffsheim. Ses fréquentations lui valent le surnom de « déniaiseuse des ducs »[18].

Elle a également une relation avec Mimi Pegère (une Haïtienne surnommée « la comtesse noire »), avec laquelle elle a vécu[19],[20].

En 1873, Laure Hayman fait l'objet d'une fiche dans un registre de la préfecture de police de Paris, recensant les « dames galantes » de la capitale. Sous le nom de Laure Eymann, elle est ainsi décrite par les inspecteurs de la brigade des mœurs :

« Elle demeure rue du Faubourg-Saint-Honoré, 85, au 5e étage.
C'est une assez jolie femme, grande, mince, et très élégante.
Elle a un petit garçon âgé de 5 ans.
Son entreteneur en titre est Monsieur de Pansey député.
Elle était aux dernières courses du Hâvre avec lui, Blanche Bertin[Note 4] et le duc Hamilton.
On prétend qu'elle n'est pas sans faire des infidélités à M. de Pansey, et qu'elle chercherait même en ce moment à avoir des relations intimes avec le duc Hamilton, afin d'obtenir de lui une somme assez importante dont elle aurait besoin. »[22]

L'amie des artistes

Son salon situé dans un petit hôtel particulier parisien au 4, rue La Pérouse est l'un des plus brillants de l'époque[3]. Il est fréquenté, entre autres, par Marcel Proust, Paul Bourget et Jacques-Émile Blanche. Elle déménage ensuite au 34, avenue du Président-Wilson[23].

Laure Hayman rencontre Marcel Proust en 1888 (il a 17 ans). L'écrivain restera un ami intime et un familier de son salon[16]. Elle le surnommera d'ailleurs « son petit Saxe psychologique[24] ». Dans À la recherche du temps perdu, Odette de Crécy serait inspirée de Laure Hayman, qui aurait également inspiré Proust pour Mademoiselle Sacripant[25]. En 1928, la correspondance entre l'écrivain et Laure Hayman, ainsi qu'avec Louisa de Mornand, est mise aux enchères à l'hôtel Drouot[26]. La dernière lettre de Proust à Laure Hayman, « considérée comme un document unique fourni par l'écrivain sur [...] Odette de Crécy », est vendue 4 000 francs. Dans ce courrier, Proust se défend fermement de s'être inspiré de Laure Hayman pour élaborer son personnage[27]. À l'occasion de cette vente est édité le recueil Lettres et vers à Mesdames Laure Hayman et Louisa de Mornand[28].

Paul Bourget  dont Laure Hayman fut sans doute la maîtresse[18]  la prend pour modèle dans une nouvelle, sous le nom de Gladys Harvey. En , Laure Hayman en donne un exemplaire à Marcel Proust, relié avec la soie d'un de ses jupons et dédicacé d’une mise en garde : « Ne rencontrez jamais une Gladys Harvey »[24].

Elle tente de proposer des œuvres de Gustave Jacquet et Julius LeBlanc Stewart pour le musée du Louvre[29].

La sculptrice

Laure Hayman pratique la sculpture avec un intérêt pour les bustes, puis pour les sujets à thèmes orientalistes. Elle expose à Paris au Salon d'automne de 1905[30], ce qui lui permet d’acquérir une notoriété. Elle expose ses œuvres à la galerie Georges Petit à Paris du 3 au [31]. Elle est également collectionneuse de porcelaine de Saxe[16].

De nombreux artistes de son époque, comme Isadora Duncan et Gertrude Norman (en)[32], posent pour ses sculptures. Elle modèle également elle-même des figurines de cire pour la manufacture de Sèvres[29] ou en collaboration avec Émile Decœur[33].

Fin de vie

En 1936, par le biais d'une vente aux enchères à l'hôtel Drouot, Laure Hayman se sépare d'une partie de son patrimoine, dans laquelle figurent certaines de ses propres sculptures, mais aussi des meubles et objets d'art[34]. En 1938, elle fait don au musée Carnavalet d'un ensemble comprenant « robe, jupe, corsage et corset, époque 1890 »[35]. À cette époque, elle fait l'objet d'un dossier dans le Fichier central de la Sûreté nationale, dit fonds de Moscou[36].

Laure Hayman meurt en 1940, à 88 ans, à son domicile parisien du 11 rue Balzac[1]. Elle est inhumée trois jours plus tard au cimetière du Père-Lachaise (division 81), aux côtés de son fils aîné[37].

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Expositions

  • Exposition Laure Hayman, exposition de sculptures, galeries Georges-Petit, Paris, 1913.
  • Souvenirs de Laure Hayman, hôtel littéraire Le Swann, Paris, 2020[38].
  • Marcel Proust, un roman parisien, musée Carnavalet, Paris, 2022.

Notes et références

Liens externes

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