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Sadisme
recherche de plaisir dans la souffrance volontairement infligée à autrui De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Le sadisme est la recherche du plaisir dans la souffrance (physique ou morale : domination, contrôle) volontairement infligée à autrui (éventuellement à un animal ou à un enfant). Même si le sadisme revêt différentes manifestations, indépendamment de l'activité sexuelle, il y est fréquemment associé. Le sadisme sexuel, ne relèvent ni d’une simple « préférence » ni d’une variation inoffensive du désir. C’est un trouble grave, défini cliniquement par la présence durable de fantasmes, pulsions ou comportements sexualisés impliquant une souffrance imposée à autrui. En plus de l’agression perpétrée, le sujet sadique est susceptible de souffrir d’une détresse significative jusqu’à altérer son fonctionnement social, affectif ou professionnel. Lorsque l’individu met en acte ces pulsions sur une personne non consentante, il s’agit d’une transgression criminelle fondée sur l’atteinte intentionnelle à l’intégrité de la victime[1].
En psychanalyse, le sadisme est le plus souvent couplé au masochisme.
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Origine et évolution du terme
Résumé
Contexte
Le terme est issu du nom de l'écrivain français Donatien Alphonse François, marquis de Sade (1740-1814). La première définition apparait dans le Dictionnaire universel de la langue française de Boiste (8e édition, 1834), ouvrage revu et augmenté par Charles Nodier[2] : l'occurrence apparaît vingt ans à peine après la mort de Sade. La notice du dictionnaire de Boiste définit le sadisme ainsi : « Aberration épouvantable de la débauche, système monstrueux et antisocial qui révolte la nature ». Au fil des années, le terme sadisme est utilisé par les journalistes, critiques et éditorialistes[3], à tel point que le mot devient un lieu commun pour évoquer des meurtres, mais aussi les écrits et les comportements d'écrivains, d'artistes, de magistrats ou de politiciens semblant tirer du plaisir à faire du mal.
En 1886, le psychiatre Richard von Krafft-Ebing emprunte le terme pour décrire une pathologie[4]. Il désigne une perversion sexuelle (bastonnade, flagellation, humiliation physique et morale), qui représente un « mode de satisfaction lié à la souffrance infligée à autrui »[5].
Une étude récente menée auprès de criminels sexuels et de criminels sexuels en série, a montré parmi les deux groupes un fort pourcentage de trouble dissociatifs de l'identité, de paraphilies et de biais psychopathiques, avec une plus forte prévalence chez les criminels sexuels en série[6]. Certaines paraphilies sont particulièrement enclines à commettre des agressions avec contact ou crimes sexuels, les personnes souffrant de sadisme et de scatophilie sont statistiquement plus sujettes a perpétrer des viols que les exhibitionnistes et les zoophiles[7]. Les agresseurs sexuels sadiques sont généralement marqués par des traits narcissiques et ont une forte tendance à la récidive[8].
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Approche psycho-traumatique
Résumé
Contexte
La recherche montre que le développement d’une sexualité paraphilique est multifactoriel, mais fortement corrélé aux traumatismes de l’enfance, en particulier les abus sexuels, les violences émotionnelles et la négligence[9],[10]. L’intrusion dans l’intimité sexuelle d’un enfant — qu’elle soit physique ou virtuelle — constitue une agression qui imprègne la construction de l’identité sexuelle, dérégule le rapport au corps et installe des circuits neurologiques de répétition[11],[10]. L’exposition précoce à la pornographie, à elle seule, peut suffire à provoquer des symptômes post-traumatiques et des troubles de la sexualité[11],[12]. En France, l’âge moyen d’accès à la pornographie est de dix ans[13], et un enfant sur dix est victime de viol ou d’agression sexuelle[12] ; ces chiffres éclairent à quel point le socle traumatique est massif à l’échelle sociétale[14],[15],[16].
Le passage à l’acte n’est jamais anodin : il implique l’effondrement des limites, l’usage du corps d’autrui comme support de décharge traumatique, et un dysfonctionnement grave du système d’empathie[11].
Les individus présentant des troubles du spectre sadique manifestent fréquemment une ou plusieurs comorbidités contigues, parmi les plus fréquentes : dépression, anxiété, troubles de l’attachement, pensées obsessionnelles, comportements compulsifs, évitement émotionnel, hypersexualité et érotisation de la violence, addictions, troubles de l’identité, traits psychopathiques, ainsi que la coexistence d’autres paraphilies, généralement le fétichisme, transvestisme et masochisme[17],[18]. Cet ensemble reflète des fonctionnements traumatiques inconscients et/ou non soignés[11]. L’évitement émotionnel, la dissociation et l’anesthésie affective sont des stratégies neuro-psychologiques de survie qui, lorsqu’elles sont répétées, renforcent des modes relationnels abusifs et désensibilisés[11],[19]. Les troubles de la personnalité sadique sont communément accompagnés de narcissisme, machiavélisme et psychopathie, et révèlent un sous-programme maltraitant de plaisir lié à la souffrance infligée[19]. Beaucoup d’agresseurs sadiques présentent paradoxalement une bonne régulation apparente dans d’autres sphères de vie, puisque notre société encourage la domination et les comportements abusifs, en particulier chez les sujets masculins[20]. De nombreuses études montrent que l’empathie est un mécanisme inné : la souffrance de l’autre active automatiquement les circuits neuronaux de la contagion émotionnelle et devrait provoquer un frein à l’agression. Lorsque ce frein disparaît, ce n’est pas une « absence » d’empathie, mais un écrasement traumatique de l’empathie — une déconnexion utilisée pour répéter la violence subie. Chez les personnes qui s’identifient au narratif de domination physique ou psychologique, la mémoire traumatique sert de réservoir de justification et de violence, et met en place un déni agressif qui se traduit par des tentatives de manipulation (gaslighting, DARVO). Autrement dit, en perpétrant un acte violent contre une victime non-consentante ou dans le cadre du BDSM, le sadique réactive ses propres circuits dissociatifs de sidération et de domination provoquant une décharge hormonale similaire aux traumas initiaux : cortisol, adrénaline, oxytocin vont déréguler ses systèmes de plaisir et récompense, confirmant en lui-même son fonctionnement traumatique violent[20],[21],[22]. À chaque passage à l’acte, son cerveau rejoue le programme traumatique éloignant un peu plus à chaque fois la possibilité de prise de conscience et donc de changement et de guérison. Lorsque le sadique passe à l’acte et agresse une personne, un cap est franchi. La délinquance, la délinquance sexuelle et les crimes sont associé à un risque élevé de récidive[8]. Les biais cognitifs permissifs deviennent de plus en plus forts et sont généralement aggravés par la consommation de pornographie[23],[1].
Toutefois, le cerveau étant un organe très plastique, il n’est jamais trop tard[1],[11].
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Approche psychanalytique
Résumé
Contexte
En psychanalyse, le sadisme est couplé au masochisme : chez Freud, il est premier dans la première théorie des pulsions ; dans la seconde théorie des pulsions déterminée par l'introduction de la pulsion de mort, le rapport s'inverse.
D'après Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, le terme « sadisme », qui relève surtout de la sexologie, a été repris en psychanalyse par Sigmund Freud dans le cadre d'une théorie de la pulsion et de la perversion : la théorie freudienne s'étend « à d'autres actes que les perversions sexuelles »[5]. Chez Freud et ses héritiers, le terme « sadisme » est couplé au terme « masochisme », et ce nouveau vocable ainsi formé de « sado-masochisme » s'est imposé dans la terminologie psychanalytique[5].
Au niveau de la première théorie freudienne des pulsions, le sadisme est la forme active de la même perversion dont le masochisme est la forme passive[24]. Freud écrit en effet dans les Trois essais sur la théorie sexuelle (1905) : « Un sadique est toujours en même temps un masochiste »[24]. Dans Pulsions et destins des pulsions (1915), il considère que le sadisme est « antérieur au masochisme »[24]. En tant qu'agression contre autrui, la souffrance de l'autre « n'est corrélative d'aucun plaisir sexuel »: le but de la pulsion ne consiste pas à « infliger de la douleur ». Dans le sadisme s'exerce « la pulsion d'emprise », telle que celle-ci est notamment présente chez l'enfant sadique[24].
Dans la seconde théorie freudienne des pulsions (1920 : Au-delà du principe de plaisir, introduction de la pulsion de mort), le rapport d'antériorité entre sadisme et masochisme va s'inverser, le sadisme n'est plus premier : le masochisme ne « succède pas » au temps d'une agressivité première « tournée vers un objet extérieur »[25]. Ayant posé un « masochisme primaire », où « toute la pulsion de mort est tournée contre le sujet lui-même »[24], Freud écrit en 1924 dans Le problème économique du masochisme : « Une partie de cette pulsion est mise directement au service de la pulsion sexuelle où son rôle est important. C'est là le sadisme proprement dit »[24].
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Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux
Résumé
Contexte
Un autre terme, celui de trouble de la personnalité sadique, était exposé dans la troisième version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III-R), publié par l'Association américaine de psychiatrie (AAP)[26], comme diagnostic psychologique et médicale pour les individus particulièrement prompt au sadisme. Ce diagnostic a été retiré des versions ultérieures DSM-IV et V. Le terme de « trouble de la personnalité non spécifié » peut alors parfois être utilisé pour classer les personnalités à forte composante sadique[27].
D'après le DSM-5, le sujet est diagnostiqué sadique sexuel si : "Pendant une période d’au moins 6 mois, présence d’une excitation sexuelle intense et récurrente provoquée par la souffrance physique ou psychologique d’une autre personne, se manifestant sous la forme de fantasmes, de pulsions ou de comportements." Ou bien si : "L’individu a mis en acte ses pulsions sexuelles avec une personne non consentante ou les fantasmes, les pulsions sexuelles ou les comportements entraînent une détresse cliniquement signicative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants." [1]
Il pourra être déclaré guérit ou en rémission complète si : "L’individu n’a pas mis en actes ses pulsions avec une per- sonne non consentante, et il n’a pas souffert ou présenté d’altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants depuis au moins 5 ans en milieu non protégé."[1]
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Notes et références
Voir aussi
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