Style Stanislas Auguste

Le style Stanislas Auguste est une variante polonaise indépendante de l'art classique primitif, associée au mécénat du roi Stanislas Auguste Poniatowski (d'où son nom). Ce style est présent en architecture, en décoration intérieure, en peinture, en sculpture et en arts décoratifs^[1], et s'exprime le plus pleinement dans les intérieurs du Château royal de Varsovie et du parc Łazienki^[2],[3].

La Grande Salle des Assemblées du Château Royal de Varsovie (1781).

Façade sud du palais Łazienki (1784).

Façade nord du palais Łazienki (1788).

Le palais de Jabłonna.

Ce terme a été introduit par le philosophe Władysław Tatarkiewicz dans son ouvrage Histoire de la construction de Łazienki (1916). Le style Stanislas Auguste a ensuite été étudié par, entre autres, A. Lauterbach (Styl Stanisława Augusta. Klasycyzm warszawski wieku XVIII, 1918), de nouveau par Władysław Tatarkiewicz (Rządy artystyczne Stanisława Augusta, 1919) et Marek Kwiatkowski (pl) (Stanisław August Poniatowski – król architekt, 1983)^[3].

Les créateurs les plus remarquables du style Stanislas Auguste étaient Dominik Merlini (pl), Jan Chrystian Kamsetzer, Marcello Bacciarelli, Jean-Baptiste Pillement, Jan Bogumił Plersch (pl) et André Le Brun^[4].

Cadre temporel

La période d'émergence du style Stanislas Auguste n'est pas clairement définie, les chercheurs ayant des avis divergents sur la question. Władysław Tatarkiewicz propose 1783 comme date de début (année de construction de la salle de l'Assemblée du Château royal de Varsovie et de la façade sud du palais Łazienki^[1]) ou, plus généralement, les années postérieures à 1780^[5]. Stanisław Lorentz (pl), quant à lui, situe l'émergence du style Stanislas Auguste dès 1764-1765 environ^[1]. Il distingue également trois phases au sein de ce style : 1764-1773, 1774-1783 et enfin 1783-1795^[1]. Il est généralement admis que la période du style Stanislas Auguste s'arrête avec le troisième partage de la Pologne (1795), qui marque la fin du mécénat royal avec la chute de l'État polonais.

Caractéristiques

Le style Stanislas Auguste était un style distinct et indépendant, puisant néanmoins son inspiration dans divers modèles (W. Tatarkiewicz soulignait son caractère italien^[5], et S. Lorentz, français^[1], de ses influences). C'était un style classique, conforme à la théorie classique, mais il ne s'en inspirait pas – ni d'aucune autre – car la Pologne ne comptait pratiquement aucun théoricien et ne s'intéressait pas aux théories étrangères ; le roi lui-même ne manifestait aucun intérêt pour la théorie^[6]. Stanislas Auguste appréciait des œuvres variées, y compris baroques. Comme l'écrivait Tatarkiewicz, « il n'avait aucune inclination particulière pour l'art classique »^[6]. Il souhaitait plutôt suivre la mode, et le style en vogue à l'époque était le classicisme^[6]. La singularité du style Stanislas Auguste réside précisément dans le syncrétisme d'éléments classiques et non classiques – baroques –, qui se manifeste par la richesse de l'ornementation, des dorures, des stucs et des couleurs intenses^[5]. Il s'agit d'un classicisme (pour reprendre les termes de Tatarkiewicz) « imprégné de vestiges baroques, ou plutôt d'un retour au baroque, à celui du XVII^e siècle, plus ancien et plus puissant formellement. On ne peut dire du classicisme Stanislas Auguste qu'il était encore baroque ; il était bien plus de nouveau baroque »^[7].

Représentants et œuvres

Le terme « style Stanislas Auguste » ne désigne pas l'ensemble des phénomènes artistiques survenus en Pologne durant cette période la fin du XVIII^e siècle, mais uniquement ceux qui sont nés de l'influence directe du roi Stanislas Auguste ou de l'art de cour. Le rôle du goût royal est mis en avant, car il a façonné le style artistique de son entourage^[3]. Les principaux acteurs en furent l'architecte royal Dominik Merlini (pl) et son collaborateur Jan Kamsetzer, et, dans le domaine de la peinture, Marcello Bacciarelli.

La première œuvre du style Stanislas Auguste fut l'aménagement intérieur du Château royal de Varsovie. Sous son égide, les travaux dans les salles du château étaient déjà dirigés par Jakub Fontana (pl) ; après la mort de ce dernier, Dominik Merlini poursuivit la rénovation intérieure. Merlini conçut la Salle d'assemblée (Grande Salle), achevée en 1781. Des dizaines de colonnes dorées à chapiteaux corinthiens étaient disposées par paires contre ses murs blancs. Entre elles se trouvaient des sculptures d'André Le Brun. Au plafond, Marcello Bacciarelli peint une scène représentant Jupiter guidant le monde hors du chaos.

En 1784, Merlini et Kamsetzer entreprirent la construction du palais Łazienki. La façade sud fut achevée en premier, avec un portique en retrait à quatre colonnes et un attique à balustrade orné de sculptures. En 1788, les architectes construisirent la façade nord, également dotée d'un portique à quatre colonnes, mais en saillie et surmontée d'un tympan triangulaire. Entre 1792 et 1793, les deux pavillons latéraux du palais furent construits. Les intérieurs furent également décorés dans le style Stanislas Auguste.

W. Tatarkiewicz inclut également d'autres œuvres des architectes royaux Merlini et Kamsetzer dans sa définition style de Stanisław August Poniatowski : le palais de Jabłonna (vers 1778), et les deux palais Potocki de la Rue du Faubourg-de-Cracovie et de la Królikarnia (1786-1789)^[8].