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Tazmamart
ancienne prison au Maroc De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Tazmamart (arabe : سجن تازمامرت), ou Tazmamert, était une prison secrète pour prisonniers politiques à l'est du Maroc dans l'Atlas. Réputée pour ses conditions d'incarcération inhumaines, elle se trouvait dans une zone désertique près d'Er-Rich, entre Errachidia et Midelt, dans la région de Meknès-Tafilalet.
Surnommée « l'Alcatraz marocain », on raconte qu'il était impossible de s'en évader à cause du désert très aride qui l'entourait. La ville la plus proche, Errachidia, se trouvait à 50 km. Entre 1972 et 1991, sous les ordres de Hassan II, Tazmamart est devenue un symbole d'oppression dans l'histoire politique du Maroc contemporain durant les années de plomb, entre le début des années 1970 jusqu'à la fin des années 1990.
D’après les rescapés de cette prison, son directeur s’appelait Mohamed el Kadi. Ce dernier n’a jamais été jugé ni même entendu pour ce qu’il a fait subir et infligé aux détenus.
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Histoire
Résumé
Contexte
La prison de Tazmamart fut construite entre 1972[1] et 1973, juste après le coup d'état de Skhirat contre le roi Hassan II du Maroc, le , ainsi que l'échec de la tentative du général Oufkir dans la seconde tentative de coup d'État militaire contre Hassan II, connue sous le nom « coup d'État des aviateurs », le . À la suite de dernière tentative de putsh, 58 officiers et sous-officiers des Forces armées royales furent envoyés à la prison centrale de Kénitra avant de rejoindre plus tard à Tazmamart.
Durant les années 1980, des allégations surgirent sur l'existence d'une prison appelée « Tazmamart ». Les autorités marocaines (makhzen) nièrent l'ensemble de ces allégations. Il fallut attendre jusqu'en 1990, avec la publication du livre Notre ami le roi par le journaliste et écrivain français Gilles Perrault, pour que le sujet atteigne un niveau politique.
Le , sous la pression des témoignages publics de Christine Daure-Serfaty (écrivaine française et veuve d'Abraham Serfaty qui s'est illustrée pour la défense des droits des victimes du roi Hassan II durant les années de plomb), Abdelkader Ababou (frère des colonels Ababou, à ne pas confondre avec son homonyme artiste de théâtre[2], cf. « Famille Ababou »), Abdelghani Ababou (fils du lieutenant colonel Mohamed Ababou) ou encore de la famille Manouzi[3], soutenus par des groupes internationaux de défense des droits de l'Homme, le roi Hassan II décida de fermer la prison et de relâcher les derniers détenus. Certains s'enfuirent à l'étranger, d'autres restèrent au Maroc, mais furent dissuadés d'aborder publiquement leur expérience de Tazmamart[4].
L'Instance équité et réconciliation (IER), organisme marocain mis en place le 12 avril 2004 par le roi Mohammed VI, qui a pour but de réconcilier le peuple marocain avec son passé durant les années de plomb sous le règne du roi Hassan II, finit d'établir les faits et de fournir reconnaissance ainsi que réparations aux familles des victimes dans le cadre d'un mouvement plus large d'ouverture politique et d'apaisement des mémoires voulu par le nouveau souverain (limogeage de Driss Basri, retour de la famille Ben Barka[5]...).
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Les cellules de Tazmamart
Les cellules de Tazmamart, décrites par Ahmed Marzouki lors de son apparition sur Al Jazeera[6], étaient exiguës, mesurant environ 3 mètres de long sur 2 mètres de large, construites en béton et sans fenêtres, créant une obscurité quasi totale. Les conditions de vie y étaient inhumaines: seul un trou au plafond laissait passer une infime quantité de lumière, et un trou dans le sol servant de toilettes; les couvertures fines et sales ne garantissaient pas du froid les prisonniers en hiver, tandis que les toits en tôle ondulée les exposaient à la canicule en été. Les rations alimentaires étaient limitées à du pain rassis et des soupes aqueuses, et l'eau potable rare et souvent contaminée.
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Conditions de détention
La durée des peines infligées n'a jamais été respectée et les détenus y étaient en principe enfermés jusqu'à leur mort. Selon d'anciens détenus et associations de droits de l'homme, les conditions de détention à Tazmamart étaient extrêmement dures. Y sévissaient torture et mauvais traitements, les conditions effroyables de vie dans la prison étaient les plus grandes menaces sur la vie des détenus.
Les prisonniers étaient enfermés 24 heures sur 24 dans des cellules étroites, sans lumière, avec peu de protection contre la chaleur ou le froid. Il n'y avait pas de traitement contre les dommages causés par la torture ou les maladies (type tuberculose). Les rations de nourriture étaient minimales. Les contacts n'étaient pas permis. Il y eut aussi des allégations d'exécutions[7]. En tout, 35 prisonniers décédèrent, soit plus de la moitié des personnes incarcérées à Tazmamart durant les dix-huit ans d'existence du bagne[8], avant que la prison soit finalement fermée en 1991.
Révélations publiques par d'anciens détenus

Certains des anciens détenus de Tazmamart ont écrit des livres sur leur détention, de dix-huit ans :
- Ahmed Marzouki décrit dans son livre "Tazmamart, Cellule 10", l'un des plus gros succès d'édition que le Maroc ait jamais connus[9], les conditions terribles de sa détention. Il a repris son témoignage dans une émission à la chaîne Al Jazeera en 2009.
- Ali Bourequat, "Dans les jardins secrets du roi du Maroc".
- Midhat Bourequat, "Mort vivant".
- En 2004, Salah et Aïda Hachad ont également rédigé, avec l'aide d'Abdelhak Serhane, leurs mémoires dans un ouvrage intitulé "Kabazal, les Emmurés de Tazmamart : Mémoires de Salah et Aïda Hachad", où ils font le récit de leur combat à l'intérieur et à l'extérieur de Tazmamart[10] (voir le roman de Tahar Ben Jelloun).
- En 2000, Mohamed Raiss a publié en arabe, au Maroc, le récit de son expérience au bagne de Tazmamart. En 2011, la version française de ces mémoires a paru sous le titre "De Skhirat à Tazmamart - Retour du bout de l'Enfer" (Éditions Afrique Orient, Casablanca).
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Les cinquante-huit bagnards de Tazmamart
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Bibliographie
- Aziz Binebine, Tazmamort, Dix-huit ans dans le bagne de Hassan II, Paris : Denoël, 2009.
- Ali Bourequat, Dans les jardins secrets du roi du Maroc, Maurice Publishers, 1998.
- Ahmed Marzouki, Tazmamart, cellule 10, Paris : Éditions Paris Méditerranée, Casablanca : Tarik Éditions, 2000 (ISBN 2070419916).
- Tahar Ben Jelloun, Cette aveuglante absence de lumière, Paris : Éditions du Seuil and New Press, 2001 (ISBN 1565847237), roman inspiré de témoignages.
- Christine Daure-Serfaty, Tazmamart, Une prison de la mort au Maroc, Paris : Stock, 2002 (ISBN 2234024722).
- Liliane Dayot, Maroc Amnésie Internationale , Paris : Éditions Paris Méditerranée, 1999.
- Abdelhak Serhane, Salah et Aïda Hachad, Kabazal, Les Emmurés de Tazmamart : mémoires de Salah et Aïda Hachad, Casablanca : Tarik Éditions, 2004 (ISBN 9954-419-144).
- Mohamed Raiss, De Skhirat à Tazmamart, Casablanca : Éditions Afrique Orient, 2011 (ISBN 9981-25-252-2).
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Filmographie
- Vivre à Tazmamart, film documentaire réalisé par Davy Zylberfajn, distribué par Cauri films en 2005.
Notes et références
Voir aussi
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