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Watergate

complexe de bâtiments à Washington, D.C. De Wikipédia, l'encyclopédie libre

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Le Watergate est un complexe de six bâtiments situé dans le quartier de Foggy Bottom à Washington, la capitale des États-Unis. Il comprend des appartements, un hôtel et un immeuble de bureaux. D'une surface de 4 hectares, il se situe au nord du John F. Kennedy Center for the Performing Arts et à l'est du Potomac[1].

Faits en bref Type, Architectes ...
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Le Chesapeake and Ohio Canal et le Watergate en arrière-plan.
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Les cuves à gaz de la Washington Gas Light Company en 1905.

Construit entre 1963 et 1971, le Watergate est rapidement devenu l'un des espaces résidentiels les plus prisés de la capitale. Plusieurs membres du Congrès et du gouvernement américain y ont habité. Le complexe a changé de propriétaire à plusieurs reprises depuis les années 1980[2],[3]. Dans les années 1990, il est divisé en lots et les bâtiments appartiennent depuis à différents propriétaires[4],[5].

L'hôtel inclus dans le complexe est célèbre pour servir de quartier général au Parti démocrate et être le lieu de la tentative de pose de mouchards électroniques dans la nuit du , qui conduit au scandale du Watergate, entraînant la démission du président des États-Unis Richard Nixon.

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Localisation

Situé sur les rives du Potomac dans le quartier de Foggy Bottom, le complexe se trouve à 1,5 km à l'ouest de la Maison-Blanche. Il est adjacent au Kennedy Center et à l'ambassade d'Arabie saoudite. La station de métro la plus proche, Foggy Bottom-GWU, est située à 650 mètres.

Origine du nom

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Le complexe se situe à proximité immédiate de l'ancienne écluse à marée de Tidewater Lock (en) qui marque l'une des extrémités du Chesapeake and Ohio Canal, actif de 1831 à 1924 et désormais devenu un site historique national[6].

Dans son livre de 2018 The Watergate: Inside America's Most Infamous Address, l'auteur Joseph Rodota donne trois explications au nom « Watergate », d'après les témoignages de l'équipe ayant travaillé sur le projet. L'écrivain et dramaturge Warren Adler, qui travaillait alors dans la publicité au profit des promoteurs immobiliers, a eu l'idée du nom. Nicolas Salgo, le financier new-yorkais qui avait proposé le site sur lequel se trouve actuellement le Watergate à l'entreprise Societa Generale Immobiliare, a acheté le nom Watergate à Marjory Hendricks, le propriétaire de l'entreprise Water Gate Inn. Trois responsables de l'entreprise (Giuseppe Cecchi, Nicolas Salgo et Royce Ward) ont alors communiqué l'idée du nom à leurs supérieurs basés à Rome. D'après Rodota, la première occurrence du nom Watergate dans les papiers de l'entreprise Societa Generale Immobiliare remonte au 8 juin 1961[7].

Dans son livre de 2009 intitulé Presidential Power on Trial: From Watergate to All the President's Men, William Noble écrit que le Watergate « tenait son nom de la proximité du site avec une porte qui faisait auparavant partie d'un barrage »[8]. Cette porte (proche du Jefferson Memorial) se trouve à environ 2,4 kilomètres du Watergate.

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Histoire

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Pendant plus d'un siècle, le terrain occupé actuellement par le Watergate appartenait à la Washington Gas Light Company, qui produisait du « gaz manufacturé », un mélange d'hydrogène, de monoxyde de carbone, de méthane et d'autres gaz utilisé pour le chauffage, la cuisson et l'éclairage dans toute la ville[9],[10]. L'entreprise ferme ce site en 1947, puis l'usine est détruite peu après[11].

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Les bâtiments du Watergate.

Dans les années 1950, la Banque mondiale envisage la construction de son siège social à cet endroit et sur le terrain adjacent (qui accueille aujourd'hui le Kennedy Center), mais a finalement préféré le construire ailleurs.

Projet

Le Watergate est construit par l'entreprise italienne Società Generale Immobiliare (SGI)[12], qui achète les dix acres pour dix millions de dollars en février 1960[13],[14],[15]. Parmi ses investisseurs se trouvent le Vatican[16].

Le projet est annoncé le 21 octobre 1960[17]. Luigi Moretti, diplômé de l'université de Rome, en est l'architecte. Il est assisté par l'architecte Milton Fischer[18],[19],[20]. Les immeubles résidentiels étaient composés de logements à deux étages pour les deux premiers étages du bâtiment, tandis que les étages supérieurs disposaient de toits-terrasses privatifs et de cheminées[2],[3]. Un système de sécurité électronique sophistiqué est inclus dans le projet, ce qui a conduit la presse à dire que « les intrus auraient du mal à aller où que ce soit sans être détectés »[3]. Boris V. Timchenko, un paysagiste renommé dans la capitale, est chargé de concevoir les espaces verts. Il met ainsi en place plus de 150 plantes et arbres, des fontaines à niveaux conçues pour imiter le bruit d'une cascade, des terrasses végétalisées, des piscines et un parc de 28 000 m2[21]. La plupart des plantes et arbustes servaient à apporter de l'intimité aux appartements. Le complexe est le premier à être à usages multiples dans la capitale, et avait également pour objectif d'aider à définir cette zone comme un pôle résidentiel et commercial plutôt que comme une zone exclusivement industrielle[22],[23]. Le Watergate est rapidement considéré comme « une ville dans la ville », apportant suffisamment de commodités à ses usagers pour qu'ils n'aient pas besoin d'aller ailleurs pour trouver ce dont ils avaient besoin. Il était notamment possible d'y trouver un réceptionniste disponible 24 heures sur 24, un room service pour le Watergate Hotel, une salle de sport, des restaurants, un centre commercial, des cabinets médicaux et dentaires, des supérettes, une pharmacie, un bureau de poste et un magasin de liqueurs[10]. À son époque, il est aussi le plus grand effort de remodelage de la ville mis exclusivement en place par des investisseurs privés[24].

Le projet est estimé à un coût de 75 millions de dollars et est composé de six bâtiments à seize étages comprenant 1 400 appartements, un hôtel de 350 chambres, des bureaux, des commerces et un parking souterrain doté d'une capacité de 1 250 véhicules[17],[19]. La forme incurvée du Watergate est imaginée pour faire écho à deux constructions proches : le projet de l'Inner Loop Expressway, une autoroute à la trajectoire incurvée dont la construction doit se faire au cours de la décennie suivante à proximité immédiate du Watergate, et le Kennedy Center, qui était alors également en projet et donc l'architecture devait alors être curviligne[18]. Au final, le Kennedy Center est construit dans une forme plus rectangulaire pour des raisons budgétaires, mais cela ne provoque pas de changements de plans pour le Watergate[25]. Sans que cela ait été prémédité, la ligne incurvée du bâtiment lui permet d'offrir une vue imprenable sur le Potomac à ses usagers. En raison de cette même ligne, le Watergate est l'un des premiers projets immobiliers de grande ampleur à avoir recours à des ordinateurs pour définir son rendu final[26].

Controverses autour des autorisations

Puisque le district de Columbia est le siège du gouvernement fédéral des États-Unis, les projets immobiliers (et tout particulièrement ceux situés dans le centre-ville, à proximité des bâtiments de l'administration fédérale et des monuments historiques) doivent passer par un processus d'autorisation complexe, exigeant et chronophage avant de voir le jour. Celui par lequel passe le Watergate est composé de cinq étapes. D'abord, le projet dans sa globalité et le premier bâtiment sont étudiés[27]. Les quatre étapes suivantes concernent chacune un bâtiment spécifique. À chaque étape, l'accord de trois entités distinctes était nécessaire pour passer à l'étape suivante : La Commission de la capitale nationale pour la planification (National Capital Planning Commission, NCPC), la Commission de zonage du district de Columbia (District of Columbia Zoning Commission, DCZC) et la Commission des Beaux-Arts des États-Unis (United States Commission of Fine Arts, USCFA, qui devait donner son accord à tout projet immobilier bordant le Potomac afin de garantir un visuel cohérent aux rives du fleuve)[28].

En décembre 1961, 14 mois après l'annonce du projet, la Commission à la planification a déclaré être inquiète à l'idée que les bâtiments de 16 étages puissent éclipser le Lincoln Memorial et le projet de National Cultural Center (aujourd'hui renommé John F. Kennedy Center for Performing Arts). À l'époque, la capitale avait interdit la construction de tout bâtiment de plus de 27 mètres de hauteur, hormis ceux situés dans les rues exclusivement commerciales. Afin d'obtenir ce statut, la SGI a inclus des commerces et des bureaux dans ses bâtiments, bien que la parcelle étant répertoriée pour un usage uniquement résidentiel[24]. Par ailleurs, il fallait également obtenir l'accord de la Commission au zonage[29].

Au moment où la DCZC donne finalement son accord à la mi-avril 1962, le coût du projet est revu à la baisse pour atteindre 50 millions de dollars[29]. Le district de Columbia n'ayant pas d'autonomie locale, les urbanistes de la DCZC hésitaient à agir sans se coordonner avec les agences fédérales[30]. De plus, de nombreux élus, architectes, entrepreneurs et urbanistes finissent par contester le projet devant la DCZC, le craignant qu'il soit trop haut et trop vaste. Fin avril 1962, la DCZC annonce retarder sa décision[31]. La Commission des Beaux-Arts avait également formulé quelques inquiétudes : elle estimait qu'une partie du terrain devait rester un espace public, que les bâtiments étaient trop hauts et qu'ils étaient trop modernes par rapport aux édifices environnants[32]. Trois jours après la réunion de la DCZC, l'USCFA annonce la suspension du projet du Watergate jusqu'à ce que ses préoccupations soient prises en compte. Afin de contourner cette décision, des représentants de la SGI rencontrent des membres de l'USCFA à l'occasion d'une réunion tenue à New York en avril 1962 et lors de laquelle ils défendent la conception du complexe[33]. La SGI annonce renoncer à deux étages, passant de 16 à 14 étages au total. En mai 1962, la NCPC réexamine le projet. Le coût total est finalement estimé à 65 millions de dollars. Sur la base de cette proposition, la NCPC approuve le projet du Watergate[34].

Avec le soutien de la Commission à la planification, la SGI campe désormais sur ses positions : elle souhaite à tout prix conserver la ligne incurvée de ses bâtiments afin d'apporter de la modernité dans la capitale américaine. Elle milite en ce sens auprès des commissaires de la Commission au zonage, insistant sur l'importance de l'héritage architectural combiné à l'architecture contemporaine[35],[36]. Les dirigeants de la SGI ont également fait du lobbying auprès de la Commission des Beaux-Arts. En parallèle de ces tractations, l'administration Kennedy précise que la hauteur du Watergate ne doit pas excéder les 27 mètres. Trois membres clés de l'entourage du président étaient opposés au projet : Arthur Meier Schlesinger Jr., son assistant spécial, August Heckscher III, son consultant spécial aux Arts et William Walton, un confident de la famille Kennedy. On ignore dans quelle mesure ces trois individus ont influencé les choix du président. L'annonce de la Maison-Blanche a surpris et offusqué plusieurs urbanistes, qui y ont vu une interférence présidentielle dans leur secteur d'activité[37].

Le principal architecte de la SGI, Gábor Ács, et Luigi Moretti se sont à nouveau rendus à New York le 17 mai 1962 afin de défendre leur projet. Cette nouvelle réunion avec la Commission aux Beaux-Arts dure environ trois heures. La SGI accepte de réduire la taille de trois de ses bâtiments de trois étages (environ 34 mètres de hauteur), mais souhaite conserver les deux autres bâtiments à 40 mètres de hauteur. La SGI accepte également de réduire la taille du site de 177 500 m2 à 161 000 m2 et de réagencer certains de ses bâtiments[30]. L'USCFA donne son accord final le 28 mai, la Maison-Blanche retire ses exigences et la DCZC donne son accord final le 13 juillet 1962[38],[39]. Au final, le Watergate est composé de cinq bâtiments, et plus de quatre comme prévu initialement[40]. La construction est prévue pour le printemps 1963 et doit s'étendre sur cinq ans[41].

Le projet du Watergate a été confronté à une dernière controverse. L'association Americans United for Separation of Church and State qui milite pour la séparation des Églises et de l'État aux États-Unis organise une campagne d'opposition massive au projet, arguant que des terrains appartenant à l'État américain ne pouvaient pas être vendus à une entreprise dont l'un des investisseurs était le Vatican. À la mi-novembre 1962, plus de 2 000 lettres d'opposition au projet sont envoyées aux Congrès et 1 500 supplémentaires à la Maison-Blanche. L'action de l'association échoue, et le projet poursuit son cours[42].

Le projet regroupe un soutien financier de 44 millions de dollars à la fin de l'année 1962, et les permis de construire sont délivrés en mai 1963[43],[44]. La construction du premier bâtiment, le Watergate East, débute en août 1963[45]. L'entreprise chargée de sa construction est Magazine Bros. Construction. La première pierre est posée en août 1963 et tous les travaux d'excavation sont finalisés en mai 1964[3].

La Commission des Beaux-Arts a tenté une dernière fois de faire réviser le projet. En octobre 1963, elle déclare que la hauteur finale du bâtiment ne sera pas conforme aux déclarations de la SGI et aux restrictions de hauteur imposées. Elle se base sur des relevés réalisés sur le parking devançant le complexe. Les représentants de la SGI ont argué que les architectes devaient légalement réaliser toutes les mesures de hauteur à partir du point le plus haut du terrain sur lequel les bâtiments sont construits ; dès lors, le bâtiment respecte bien la hauteur prévue[28]. Le 10 janvier 1963, la SGI et l'USCFA se mettent finalement d'accord sur plusieurs points : le complexe ne doit pas dépasser 43 mètres de hauteur à partir du niveau du Potomac (environ 24,5 centimètres en dessous du sommet du Lincoln Memorial) et moins de 300 appartements doivent être construits (afin de réduire une trop forte concentration de résidents). Avec ces ajustements, le coût total du premier immeuble d'appartements (hors plomberie, électricité et décoration) est estimé à 12 184 376 $[27].

Construction

Les fondations et le sous-sol du premier bâtiment, le Watergate East, sont terminés en septembre 1964, et les structures en métal et en béton sont installées en octobre[45]. En septembre 1964, les commanditaires du Watergate signent un accord unique pour l'époque avec l'entreprise Washington Gas Light Co. qui devient le fournisseur officiel de chauffage et de climatisation pour tout le complexe[46]. Le Watergate East est terminé en mai 1965. Un mois plus tard, le premier appartement témoin est ouvert au public. Le bâtiment ouvre concrètement le 23 octobre 1965, et ses premiers habitants emménagent quelques jours plus tard[47],[48]. Les 238 appartements sont mis en vente à des prix allant de 17 000 $ à plus de 250 000 $ selon la superficie, l'emplacement et la finition. Ils sont pratiquement tous vendus avant avril 1967[21]. L'appartement moyen comprenait deux chambres, deux ou trois salles de bains, un séjour et une cuisine pour un prix de 60 000 $. Un emplacement dans le parking souterrain coûtait 3 000 $ l'unité[2]. En novembre, un supermarché Safeway, une pharmacie, un salon de beauté, un barbier, une banque, une boulangerie, un magasin de liqueurs, un fleuriste, une blanchisserie, un bureau de poste, des boutiques et des restaurants haut de gamme ouvrent leurs portes au rez-de-chaussée du bâtiment[49],[50].

La construction du deuxième bâtiment, l'immeuble de bureaux et hôtel de 12 étages, débute en février 1965[51]. Tous les deux ouvrent leurs portes le 30 mars 1967. Le Watergate Hotel accueille ses premiers visiteurs le même jour[52]. L'hôtel était alors composé de 213 chambres, et la partie bureaux s'étendait sur 19 000 m2. Au sein du même bâtiment se trouvaient une salle de sport et quelques commerces, ainsi qu'un restaurant situé au dernier étage[21]. En avril 1967, le Comité national démocrate loue une partie des bureaux situés dans le bâtiment[53].

Le troisième bâtiment du complexe, le Watergate South, ouvre en juin 1968. Il est composé de 260 appartements, soit le plus grand nombre de logements tous bâtiments confondus[54].

La construction du quatrième bâtiment, le Watergate West, commence en juillet 1967[55]. Les prix des appartements sont cette fois compris entre 30 000 $ et 140 000 $. Leur vente est ouverte en octobre 1967. Cette hausse des prix est synonyme de la popularité des appartements déjà vendus au sein de ce complexe moderne[56]. Le chantier se termine en 1969. Le coût total du projet est alors de 70 millions de dollars[57].

En 1969, le Vatican vend ses parts de la SGI, et abandonne donc la copropriété du complexe[16].

Construction du cinquième bâtiment

Une nouvelle controverse a émergé autour de la construction du cinquième bâtiment du Watergate, qui doit accueillir des bureaux. Dans sa conception originale, il devait mesurer 43 mètres de hauteur et offrir une bonne lumière et un grand espace aux entreprises qui s'y installeraient. Cependant, en juin 1965, tandis que les travaux d'excavation avaient lieu pour la construction du Kennedy Center adjacent, plusieurs responsables du chantier de salle de spectacles ont réclamé que ce cinquième bâtiment ait une taille inférieure à celle prévue, afin de ne pas en être dans l'ombre. Le conseil général pour le Kennedy Center s'est rapproché de l'USCFA en déclarant que ce dernier bâtiment allait enlaidir la salle de par sa hauteur et priver les environs d'espaces verts. En réponse, les responsables de la construction du Watergate ont réaffirmé que le bâtiment respectait les normes fixées[58].

Le désaccord s'est étendu sur près de deux ans[59], retardant le début de la construction du cinquième bâtiment initialement prévue pour l'automne 1967[60]. Plusieurs résidents du Watergate ont argué dans le sens du Kennedy Center, comme le sénateur Wayne Morse (en), auprès de l'USFCA, la DCZC et la NCPC afin que la SGI accède à ses demandes[61]. En novembre 1967, l'USCFA confirme la conformité et la légalité du projet immobilier du Watergate[62]. Les deux autres commissions donnent leur feu vert définitif d'ici au 30 novembre 1967[63],[64],[65].

S'il apparaît à première vue que la SGI a remporté la bataille juridique au sujet du cinquième bâtiment, les urbanistes du district ont joué un rôle central de médiateur entre le Kennedy Center et le Watergate en proposant une issue contractuelle plutôt que judiciaire. Trois propositions différentes ont été adressées aux deux parties le 7 décembre 1967[66]. Le 22 avril 1968, la SGI accepte de réorienter légèrement son cinquième bâtiment au sud-ouest afin de moins cacher le Kennedy Center[67]. Bien que le Kennedy Center ait accepté cette proposition, il a également formulé une demande selon laquelle le bâtiment devait accueillir des appartements et pas de bureaux, afin de rester dans l'esprit résidentiel du quartier[68]. La suite du conflit a été réglée par la NCPC. En juin 1968, la NCPC déclare lors d'une audition que plus de 150 résidents du Watergate étaient en opposition avec le projet de la SGI concernant l'usage du dernier bâtiment[69]. Le 8 août 1968, la SGI et le Kennedy Center arrivent à un accord : seuls 25 % du cinquième bâtiment accueilleront finalement des bureaux (une surface d'environ 160 000 m2) tandis que le reste serait converti en appartements[68]. La NCPC approuve le nouveau plan en novembre 1968, suivie de près par la DCZC qui requalifie le terrain en zone à usage non lucratif et professionnel uniquement[70],[71].

La construction du cinquième bâtiment s'achève en janvier 1971[1]. Ses premiers occupants sont l'Insurance Institute for Highway Safety, installée dès février 1971, et le Manpower Evaluation and Development Institute, qui occupait tout le huitième étage. En octobre 1972, plusieurs boutiques haut de gamme, bijoutiers et un restaurant ouvrent leur portes[3].

Au total, la construction du complexe du Watergate a coûté 78 millions de dollars[10].

Réception critique

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L'architecture typique du Watergate.

Au départ, le projet du Watergate ne soulève pas de très bons retours critiques. Rapidement, le complexe devient l'un des meilleurs exemples en termes d'architecture moderne de la capitale américaine. Lorsque les maquettes du Watergate sont dévoilées en 1961, les critiques déclarent que sa structure « ruinerait le visuel des rives »[3]. D'autres dénoncent sa « non-conformité »[31]. De nombreuses personnes considéraient également que ce projet bloquerait une partie de la vue sur le Potomac, cacherait plusieurs monuments historiques et bâtiments, et occuperait globalement trop de place[72].

Le magazine Washington Star, à l'inverse, était un fervent défenseur du projet. En mai 1962, il publie en édito : « Il est vrai que la conception dite "curviligne" se diffère de la plupart des architectures visibles en ville. Mais pour nous le résultat, de qualité premium avec des espaces publics et des sortes de jardins en périphérie, et qui offre une qualité de logement que l'on pourrait classer parmi les meilleures de la ville, serait un atout certain »[3]. Cette conception incurvée est très souvent citée parmi les arguments de ses défenseurs. Dans un guide touristique de 2006 dédié à l'architecture de la ville, il est écrit que le Watergate apporte une « fluidité bienvenue » à la ville aux bâtiments majoritairement carrés ou rectangulaires[18]. D'autres élogient ses espaces publics. Lorsque le Watergate East ouvre en 1965, le Washington Post encense la diversité des commerces et l'allure italienne des devantures[73]. Le New York Times complimente la ligne du bâtiment ainsi que ses vues impressionnantes sur le Potomac, la ville et ses monuments[21]. Plusieurs ont fait le rapprochement entre le complexe et un navire de croisière[2].

Watergate II

En 1970, alors que le Watergate est sur le point d'être terminé, la SGI annonce un projet de « Watergate II » comprenant des appartements, un hôtel et des bureaux sur le bord de mer à Alexandria en Virginie, proche de l'embouchure du Potomac[74]. Alors que le projet reçoit dans un premier temps un soutien chaleureux de la ville et des personnalités d'affaires, les résidents du quartier d'Old Town où doit être construit le complexe ont exprimé leur ferme opposition au projet[75],[76],[77]. Les débats durent près de deux ans. La SGI abandonne finalement son projet et décide de construire un autre complexe dans la ville, sur un autre site[78].

Scandale du Watergate

Le 17 juin 1972, les quartiers généraux du Comité national démocrate, alors situés au sixième étage de l'immeuble de bureaux du Watergate, sont cambriolés. Des documents confidentiels relatifs aux campagnes électorales sont photographiés et les téléphones sont mis sur écoute[79]. L'enquête du Sénat américain révèle que des hauts responsables de l'administration Nixon étaient les commanditaires de l'action. Plusieurs autres crimes et délits sont révélés par l'enquête. Le scandale du Watergate résulte en la démission du président Nixon le 9 août 1974[80]. Depuis cette affaire, de nombreux scandales portent la particule -gate, comme le Dieselgate, le Partygate ou le Pizzagate.

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Bâtiments

Résumé
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Le complexe du Watergate dominant le Potomac en janvier 2006.

Parmi les bâtiments composant le complexe du Watergate se trouvent :

  • Le Watergate West, situé au 2700 Virginia Avenue NW, un immeuble d'appartements ;
  • Le Watergate 600, situé au 600 New Hampshire Avenue NW, un immeuble de bureaux ;
  • Le Watergate Hotel, situé au 2650 Virginia Avenue NW ;
  • Le Watergate East, situé aux 2500 et 2510 Virginia Avenue NW, un immeuble d'appartements divisé en deux bâtiments, le Watergate East North au 2500 et le Watergate East South au 2510 ;
  • Le Watergate South, situé au 700 New Hampshire Avenue NW, un immeuble d'appartements ;
  • Le Watergate Office Building, situé au 2600 Virginia Ave NW, l'immeuble de bureaux dans lequel le cambriolage de juin 1972 a eu lieu.
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Le Watergate. En arrière-plan à droite, le Kennedy Center.

Les trois immeubles d'appartements contenaient environ 600 logements au total[22]. Parmi leurs occupants les plus célèbres se trouvent : Arthur F. Burns[81], Anna Chennault[82], Bob et Elizabeth Dole[83], Plácido Domingo[84], Ruth Bader Ginsburg[83], Alan Greenspan[85], Monica Lewinsky (qui y a habité un temps dans l'appartement de sa mère)[86], Clare Boothe Luce[87], Robert McNamara[88], John Newton et Martha Mitchell[89], Paul O'Neill[90], Abraham A. Ribicoff[81], Condoleezza Rice[91], Mstislav Rostropovitch[92], Maurice Stans[84], Ben Stein[93], Herbert Stein[94], John Volpe[81], John Warner et Elizabeth Taylor[95], Caspar Weinberger[96] et Rose Mary Woods[97]. Depuis son ouverture au public, de très nombreux membres du Congrès et officiels du gouvernement fédéral y ont habité et continuent de le faire. Le complexe est souvent présenté par la presse comme la seconde Maison-Blanche de Washington[3],[98],[99].

Dès 1970, alors que le Watergate est l'un des complexes les plus prisés de la ville, des résidents et entreprises se sont plaints de la faible qualité des matériaux utilisés lors de la construction, pointant notamment des fuites dans le toit et des tuyauteries et câblages électriques défectueux[72],[100].

Le complexe du Watergate change de propriétaire dans les années 1970, et chaque bâtiment est vendu individuellement dans les années 1990 et 2000. En 1977, l'un des financiers du Watergate, Nicholas Salgo, et Continental Illinois Properties achètent la part de la SGI pour 49 millions de dollars[101],[102]. Deux ans plus tard, Continental Illinois vend ses parts au National Coal Board Pension Fund du Royaume-Uni[103]. Salgo a fait de même en 1986. L'organisation met le Watergate en vente en 1989 pour un prix situé entre 70 et 100 millions de dollars[4]. Le complexe est estimée à 278 millions de dollars en 1991[10]. En 2005, tous les locaux commerciaux sont mis en vente[104]. Le , les deux immeubles de bureaux sont inscrits au Registre national des lieux historiques. L'ambassade de Libye aux États-Unis y a son siège.

Watergate Hotel

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Le Watergate Hotel vu depuis la piscine en 2009.

La gestion et la propriété de l'hôtel ont changé à plusieurs reprises depuis le milieu des années 1980. En 1986, la compagnie maritime britannique Cunard Line prend le contrôle de la gestion de l'hôtel et décide de le redécorer entièrement[105]. L'hôtel est vendu à un consortium anglo-japonais en 1990 pour 48 millions de dollars[4]. Blackstone Real Estate Advisors, la filiale immobilière du Blackstone Group, achète l'hôtel pour 39 millions de dollars en juillet 1998. Pendant quelques années de la fin des années 1990 au début des années 2000, le Watergate Hotel est géré par le groupe Swissôtel[22]. L'hôtel est entièrement rénové en 2000[18]. Swissôtel est racheté par Raffles Hotels and Resorts, puis le contrat de gestion arrive à son terme en mai 2002.

Blackstone met l'hôtel en vente à l'automne 2002 pour un prix allant de 50 à 68 millions de dollars[22]. Monument Realty rachète l'hôtel pour 45 millions de dollars en 2004 avec l'idée de le convertir en un ensemble d'appartements haut de gamme[106]. Toutefois, plusieurs habitants d'autres bâtiments du complexe (dont certains étaient propriétaires des 25 % de l'hôtel qui n'avaient pas été vendues à Blackstone[83]) ont souhaité que le bâtiment conserve sa fonction première, ce qui permettrait de garantir des flux de personnes dans le quartier, et donc la viabilité des commerces environnants[107]. L'hôtel ferme ses portes le 1er août 2007 pour subir une rénovation intégrale d'une durée de 18 mois et d'un coût de 170 millions de dollars. L'objectif était de doubler la superficie des chambres pour qu'elles atteignent environ 60 m2[108]. La dite rénovation n'a cependant jamais eu lieu et le bâtiment est resté vide, engrangeant tout de même 100 000 à 150 000 dollars de frais de sécurité, chauffage, électricité, eau et d'autres dépenses. La banque Lehman Brothers, le partenaire financier de Monument Realty, entre en faillite en 2008 et Monument est contraint à vendre l'hôtel. Aucun acheteur potentiel ne s'est fait connaître, et le Blackstone Group a repris l'hôtel[109].

Le Blackstone Group confie le Watergate Hotel à sa filiale Trizec Properties. Trizec ne paye pas la taxe de propriété de l'a

nnée 2008 (qui s'élevait à 250 000 $) et estime qu'il faudrait dépenser 100 millions de dollars pour rendre l'hôtel à nouveau habitable en raison des travaux inachevés de rénovation entamés en 2007[109]. L'hôtel est remis en vente en mai 2009 mais échoue à trouver repreneur. L'hôtel est vendu aux enchères le 21 juillet 2009 (avec une mise de départ de 25 millions de dollars), mais toujours aucun acheteur ne se fait connaître. La Deutsche Postbank, qui détenait l'hypothèque de 40 millions de l'hôtel, en devient le propriétaire[106]. La banque remet l'hôtel en vente et Monument Realty propose une offre en octobre 2009 pour racheter l'hôtel. Cette offre est dépassée par celle du promoteur Robert Holland et du Jumeirah Group (une chaîne d'hôtels haut de gamme basée à Dubaï), mais leur offre est retirée en novembre 2009 faute d'avoir pu réunir les fonds nécessaires[110]. Euro Capital Properties achète l'hôtel en mai 2010 pour 45 millions de dollars, avec l'idée de le réhabiliter au cours des deux prochaines années[111].

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Le complexe en 2013.

Euro Capital annonce son plan de rénovation à 85 millions de dollars en janvier 2013. Elle doit durer environ un an[112]. Le nombre de chambres haut de gamme passe de 251 à 348 chambres. Le hall d'entrée est entièrement rénové avec l'ajout d'un bar et d'un restaurant avec terrasse extérieure, et le bar du toit-terrasse est également restauré. Les travaux débutent en mars 2014[113].

Euro Capital reçoit l'autorisation de procéder au chantier, désormais estimé à 100 millions de dollars, en mai 2014. L'architecte Bahram Kamali précise que la rénovation inclut une révision intégrale du réseau d'électricité, de chauffage, de ventilation, de climatisation et de plomberie. La rénovation comprenait aussi désormais l'ajout de deux restaurants, l'amélioration des salles de bal et la création d'une zone spa et fitness[114]. La salle de séminaires, qui était relativement petite par rapport aux standards, est élargie pour atteindre 1 600 m2. Le nouveau bar du toit-terrasse est désormais doté d'une capacité d'accueil de 350 personnes. Kamali déclare également que l'intérieur de l'hôtel est réaménagé avec décorations en plâtre, bois et pierre de bonne qualité, mais que les façades du bâtiment ne seraient pas modifiées mais simplement rénovées[115]. La facture finale de la restauration s'élève à 125 millions de dollars en novembre 2014. L'hôtel de 336 chambres rouvre ses portes en 2016, après neuf ans de fermeture[116].

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Architecture

Le plan du complexe qui est l'œuvre de l'architecte italien Luigi Moretti, s'inscrit dans l'architecture moderne et est composé de six bâtiments : un hôtel, deux bâtiments de bureaux et trois de logements proposant 600 appartements.

Références

Voir aussi

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