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Affrontements opposant manifestants sahraouis, aux autorités marocaines De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les « événements du à Laâyoune » sont des affrontements qui se sont tenus à la ville de Laâyoune et qui ont opposé des manifestants sahraouis, dont des membres du Front Polisaro, aux autorités marocaines, après que ces dernières eurent démantelé le campement de protestation de Gdim Izik, situé à 12 km de la ville.
Date | |
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Lieu | Laâyoune, Sahara occidental |
Casus belli | Démantèlement du campement de protestation de Gdim Izik |
Maroc | • Manifestants sahraouis • Front polisario |
•11 morts • 159 blessés |
• 36 morts • 163 emprisonnés selon le Front polisario |
2 civils tués selon le Maroc
Coordonnées | 27° 09′ 13″ nord, 13° 12′ 12″ ouest |
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Selon les autorités marocaines, ces émeutes ont fait 11 morts et 159 blessés parmi les forces de l'ordre, auxiliaires et pompiers, ainsi que 2 civils tués[1],[2]. Pour le Front Polisario, 36 Sahraouis ont été tués et 163 autres emprisonnés[3].
Le , plusieurs dizaines de personnes installent des tentes, en signe de protestation contre leurs conditions de vie, au camp Gdim Izik, à 12 km à l'est de Laâyoune, Chef-lieu de la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia el Hamra dans la direction de la ville de Es-Semara, ville du Sahara occidental contrôlée par le Maroc. Après quelques semaines, ils étaient jusqu'à 3 000 tentes abritant 15 000 personnes selon les observateurs des Nations-Unies. Selon les sources marocaines, les revendications étaient exclusivement d'ordre socio-économique (logements, emplois dans la fonction publique, distribution des cartes de l’Entraide nationale[4]). Sur cette base, un dialogue a été établi avec les autorités[5].
Cependant, la tension est montée d'un cran le quand un adolescent de 14 ans, Al-Nagem Al-Qarhi, est tué par la gendarmerie alors qu'il essaie de s'introduire dans le camp[6]. Selon les autorités marocaines, la gendarmerie aurait été contrainte de riposter[7] : « Les individus en question étaient à bord de deux voitures. Une balle a été tirée à partir de l'un des véhicules, ce qui a contraint les forces de l'ordre à riposter »[8]. Selon Amnesty International, les jeunes ne faisaient qu'apporter des vivres à leurs familles et la balle fatale a été tirée à bout portant[9].
Le lundi , l'assaut par les gendarmes marocains et forces auxiliaires en tenue anti-émeute est donné à 6h45 du matin (heure locale) pour démanteler le camp[10]. Les forces de l'ordre n'ont pas fait usage d'armes à feu, selon les observateurs de l'ONU (seuls les matraques, canons à eau et tirs de gaz lacrymogènes ont été utilisés)[11].
Les affrontements ont alors éclaté dans le camp. Les émeutiers étaient quelques dizaines, le visage dissimulé, armés de pierres, sabres, bâtons, cocktails Molotov, bonbonnes de gaz et circulant à bord de véhicules tout-terrain conduits à grande vitesse pour faucher les forces publiques[12].
Selon le wali, cette opération a permis à 3 000 membres des forces de l'ordre d'évacuer un camp de 6 000 personnes en moins d'une heure[10].
A partir de 8h30, les émeutiers envahissent les quartiers de la ville de Laâyoune et procèdent à l'incendie et la destruction de plusieurs voitures, bâtiments administratifs et privés. Certains d'entre eux scandent des propos en faveur de l'indépendance du Sahara occidental[13].
Vers 15h, les forces de l'ordre parviennent à contrôler la situation et à sécuriser la ville[14].
Le lendemain, les autorités déclarent que le calme est revenu à la ville et à ses alentours[15].
Par ailleurs, les forces marocaines agissent en représailles. Plusieurs personnes arrêtées sont passées à tabac jusqu'à perdre connaissance. La police ainsi que des civils ont attaqué des sahraouis dans leurs maisons à Laâyoune[16].
Ces événements sont survenus le même jour de la tenue de la 3e réunion informelle, préparatoire au 5e round de négociations entre le Maroc et le Front Polisario à Manhasset près de New York, visant à trouver une solution politique et définitive au différend au sujet du Sahara Occidental[17].
Le bilan officiel communiqué par les autorités marocaines (Ministère de l'Intérieur[18]) fait état de onze morts dans les rangs des forces de l'ordre (éléments de la Gendarmerie Royale et des forces auxiliaires) et de la protection civile, et 70 blessés parmi celles-ci, alors que quatre civils ont été blessés. Une vidéo publiée par le Ministère de l'Intérieur ainsi que des photos et vidéos circulant sur internet montrent des manifestants se livrant à des actes de violence et de lynchage sur les forces de l'ordre, dont particulièrement un élément des forces auxiliaires jonchant le sol, égorgé à coups de couteau[19] ou encore des dépouilles d'éléments de la protection civile souillées par des manifestants[20].
Toujours selon la même source, un seul civil (Baby Hamadi Buyema, un cadre de l'Office Chérifien des Phosphates (OCP)), a trouvé la mort durant la même journée à son heurt par un véhicule dans l'une des artères de la ville de Laâyoune où se sont déroulés les troubles. Le ministère espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération a demandé que des éclaircissements soient apportés concernant les circonstances de ce décès, vu que la victime possède une carte d'identité espagnole[21].
Un deuxième civil devait décéder à la suite des complications d'une pneumonie aiguë selon un rapport médico-légal.
Ce bilan est contesté par le Front Polisario qui évoque un grand nombre de victimes civiles, sans les identifier pour autant[22].
Dans une lettre adressée le lundi au Conseil de sécurité de l'ONU, le représentant du Polisario, Ahmed Boukhari, précise que plus de 36 Sahraouis avaient été tués et que 163 autres ont été détenus[23].
Pour l'envoyée spéciale du quotidien Le Monde, ces chiffres sont « invérifiables »[24].
Le Directeur de la division urgences au sein de l'Organisation internationale Human Rights Watch (HRW), Peter Bouckaert, « soutient largement » le bilan des morts fourni par les autorités marocaines, en liaison avec les événements qu'a connus la ville de Laâyoune, rapporte le Washington Post[25]. Dans une déclaration par téléphone depuis Laâyoune, M. Bouckaert a laissé entendre que « les chiffres avancés par le Polisario sont exagérés », indique le journal américain. Le même responsable a tenu à préciser au Washington Post que « les rumeurs faisant état de cadavres dans les morgues sont dénuées de tout fondement » insistant que « des interviews réalisées à ce sujet avec des individus (à Laâyoune - sous contrôle marocain, de facto) n'étayent pas ces assertions »[26].
Dans son rapport sur les évènements, l'Association marocaine des droits humains confirme le décès de 13 personnes, dont onze dans les rangs des forces publiques et deux civils. Elle relève des cas de disparitions, tortures, garde à vue prolongées au-delà du délai légal de la part des forces marocaines. Des défenseurs des droits de l'homme ont été attaqués par la police, qui a par ailleurs commis un viol par l’introduction d'une bouteille d'une boisson gazeuse selon l'AMDH. Des enfants ont également été victimes de la violence des forces publiques. Elle confirme aussi que des journalistes dont Ali Lmrabet ont été écartés. L'AMDH constate aussi les destructions matérielles[27].
24 activistes interpelés au cours de cette journée ont été jugés par le Tribunal militaire de Rabat en 2013. Ils ont été reconnus coupables des faits suivants : constitution de bandes criminelles, de violences sur des forces de l'ordre ayant entraîné la mort avec préméditation et mutilation de cadavres.
Le , ce même Tribunal militaire a donc prononcé des peines allant de 20 ans de prison ferme jusqu'à la perpétuité contre les accusés[28]. Ceux-ci ayant introduit un pourvoi en cassation, la Cour de cassation a rendu son arrêt le , explicitant que le jugement n’était pas suffisamment motivé et elle en a prononcé la cassation. Au même moment, le Code de justice militaire a été adopté dans la dynamique des recommandations du Conseil national des Droits de l'Homme (CNDH) empêchant des civils d'être jugés par un tribunal militaire. La Cour de cassation a donc décidé de renvoyer l’"affaire de Gdeim Izik" devant la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Salé.
Le , le procès des accusés s'ouvre et la Chambre criminelle décide de reporter l'examen au . Poursuivi jusqu’en juillet, le procès s’est achevé par un verdict en date du condamnant les accusés à des peines allant de deux ans de prison ferme à la perpétuité. Tout particulièrement attendu sur ce procès quant au respect des droits de la défense, le Royaume du Maroc l'a ouvert à plusieurs associations des droits de l’Homme, d’ONG et d’organisations indépendantes nationales comme internationales.
À ce titre, l'Association pour la promotion des libertés fondamentales souligne le respect du principe et des règles du procès équitable, et insiste sur la procédure qui "a observé toutes les garanties d'un procès "équitable que donne l'État de droit au sens notamment de l'article 10 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme"[29].
Le , L’ONU Appelle dans une note à libérer des manifestants indépendantistes sahraouis, des membres du groupe dit de Gdeim Izik, qui avaient été déclarés coupables du meurtre de membres des forces de l’ordre marocain pendant le démantèlement du camp de Gdeim Izik par des tribunaux marocains en 2013, et emprisonnés depuis[30].
De nombreux journalistes, notamment espagnols, ont été empêchés de se rendre sur place par les autorités marocaines [31]:
À la suite de ces publications, le gouvernement marocain (Ministère de la Communication, porte-parole du gouvernement) a fait part de sa condamnation des dérives de certains médias espagnols de s'être livrés à déformer la réalité des informations relatives au dossier du Sahara de façon systématique, non professionnels et malintentionnée sur le plan journalistique[41].
Le , la commission parlementaire d'enquête sur les événements du camp de Gdeim Izik et de la ville de Laâyoune, a présenté son rapport sur ces évènements, lors d'une séance plénière à la Chambre des représentants[52]. Pendant plus de 45 jours, la commission a entendu quelque 122 témoignages, notamment celui du wali régional, du procureur, et des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères.
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