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La danse indonésienne recouvre deux réalités : la danse propre à chacun des groupes ethniques peuplant la république d'Indonésie et la danse que les citoyens de ladite république reconnaissent comme appartenant à l'ensemble de la nation, et non à un groupe donné.
Ce clivage ne recoupe pas celui entre tradition et modernité, mais est traversé par ce dernier. En effet, si l'on parle par exemple de danse soundanaise, cette expression recouvre aussi bien les danses traditionnelles, qu'elles soient paysannes ou de cour, que les formes populaires actuelles.
En outre, une forme propre à un groupe peut très bien être adoptée par les autres Indonésiens, auquel cas elle devient nationale.
Les formes traditionnelles sont liées à différentes circonstances :
Les formes modernes relèvent plutôt du domaine festif et récréatif.
Les distinctions ethniques sont une réalité. La majorité des Indonésiens ont encore une origine « mono-ethnique » : javanaise, batak de Sumatra ou moluquoise. Un Minahasa du nord de Célèbes ne se reconnaîtra pas dans une danse sundanaise de l'ouest de Java.
Pourtant, à l'étranger, les petites communautés indonésiennes qu'on trouve dans différents pays (essentiellement constituées de familles de diplomates, d'étudiants et de conjoints indonésiens de nationaux de ces pays) auront à cœur de s'affirmer comme Indonésiens. Ce souci de se présenter au monde extérieur se manifeste souvent par des spectacles dans lesquels ces communautés présentent des danses de différentes régions d'Indonésie, exécutées par des Indonésiens qui ne sont pas nécessairement originaires de ces régions. La danse vient ici soutenir une idéologie nationale, dans laquelle la danse, qu'elle soit balinaise, minangkabau de Sumatra ou dayak de Kalimantan, est présentée aux « autres » comme « indonésienne ».
Il peut paraître arbitraire de séparer Bali de Java. En effet, les deux traditions reposent sur les mêmes éléments, à savoir :
Depuis au moins le Xe siècle, Bali avait des liens avec le Java oriental. Au début du XVIe siècle, le royaume musulman de Demak soumet l'est de Java, sauf la principauté de Blambangan, restée hindouiste, qui se met sous la protection des rois balinais. En 1770, sous la pression des de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, qui veut soustraire le Java oriental à l'influence balinaise, le prince de Blambangan se convertit à l'islam. Bali se retrouve séparée de Java. Les deux cultures vont désormais évoluer séparément.
Les Bugis et les Makassar habitent la province de Sulawesi du Sud.
Les Minahasa peuplent la province de Sulawesi du Nord. Dès le XVIIe siècle, ils subissent l'influence européenne, d'abord espagnole et portugaise, puis hollandaise. Une partie de leurs danses reflète cette influence européenne.
Java n'est pas ethniquement uniforme. On parle 4 langues sur l'île : outre le javanais proprement dit, parlé dans le centre et l'est, il y a encore le betawi de la région de Jakarta, le soundanais de l'ouest de l'île et le madurais, originaire de l'île voisine de Madura mais également parlé sur la côte nord de Java oriental.
En outre, l'histoire de Java est faite de l'apparition et de la disparition de nombreux royaumes. Certains existent encore à travers les traditions des cours royales et princières de Cirebon, Surakarta et Yogyakarta.
Enfin, les régions de transition d'une aire ethnique à une autre ont produit des cultures intermédiaires, notamment celles de Banyumas, qui marque le passage du pays Sunda à Java central, et de Banyuwangi, influencée par l'île voisine de Bali.
Située à l'extrémité orientale de Java, la région de Banyuwangi est notamment le siège de la culture dite Osing. Les Osing, au nombre de 400 000 environ, parlent un dialecte javanais mêlé de balinais. Ils sont majoritairement musulmans, mais certains d'entre eux sont hindouistes. Leurs danses et leur musique sont clairement marquées par les deux influences, de Java oriental et de Bali.
Les Betawi sont les habitants « autochtones » de Jakarta. La population betawi s'est constituée au cours de l'histoire de Batavia (dont elle tire son nom), à partir d'habitants du pays Sunda alentour, des populations originaires d'autres régions de l'archipel indonésien, de Chinois et de descendants d'esclaves originaires du Sri Lanka. La culture traditionnelle betawi montre notamment une forte influence chinoise.
Dès au moins le VIIIe siècle, les plaines fertiles du centre de Java permettent l'essor d'une agriculture prospère qui permet aux seigneurs de la région de construire de grands monuments religieux. Une culture florissante naît et fleurit dans le centre de Java.
La tradition javanaise dit que la danse est apparue au VIIIe siècle dans le royaume de Mataram dans des rituels et des cérémonies. Elle aurait été inspirée par les mouvements des figurines du théâtre d’ombres wayang kulit, d’où son nom de wayang wong. Plus tard, la danse aurait évolué en spectacle et divertissement.
Le wayang wong aurait ensuite fleuri sous le règne des rois Airlangga de Janggala (règne 1016-1045) et Hayam Wuruk de Majapahit (règne 1350-1389).
Une danse était alors exécutée pour célébrer la remise d’une terre par le roi à un homme d’influence pour le remercier de bons et loyaux services.
Dès cette époque, la danse se serait distinguée en deux types : danses de cour et danses populaires. Il y avait des danseurs professionnels pour le divertissement du petit peuple.
Par ailleurs, la danse a commencé à puiser dans les deux grandes épopées indiennes du Mahabharata et du Ramayana pour tirer ses arguments et ses personnages. Ses épopées ont été traduites en javanais sous Airlangga et ses héritiers les rois de Kediri. L'orchestre gamelan aurait alors commencé à accompagner la danse.
On distingue 4 écoles de danse de cour javanaise :
Il existe de nombreux genres de danse de cour, dont les plus connus sont :
Le mot wayang désigne à proprement parler le théâtre d'ombres javanais. On pense que ce spectacle était à l'origine un rituel lié au culte des ancêtres. L'étymologie du mot est d'ailleurs la même que celle des mots "ombre" (bayang) et "ancêtre" (moyang).
Wong, en javanais, veut dire "homme, personne". Le wayang wong est le théâtre dansé.
La tradition javanaise fait remonter le wayang au XIe siècle, à l'époque du roi Airlangga, sous le règne duquel (1016-1049) les arts fleurirent. À la mort d'Airlangga, le royaume est partagé entre ses deux fils, donnant les royaumes de Janggala, avec pour roi Lembu Amiluhur, et Kediri ou Daha, avec pour roi Lembu Amerdadu. Toujours selon la tradition, le fils de Lembu Amiluhur, le prince Panji Asmarabangun, aurait créé le wayang wong. Le but de ce nouvel art était de raconter l'histoire du royaume de Janggala. Le wayang wong de Janggala serait devenu l'actuel wayang topeng ou danse masquée (topeng veut dire "masque". Selon la tradition encore, le wayang wong aurait continué de se développer dans le royaume de Majapahit (XIVe – XVe siècle). D'après le poème épique du Nagarakertagama (écrit en 1365), le roi Hayam Wuruk était un danseur.
Ce qui est certain, c'est que le wayang wong s'est développé dans les cours royales (kraton) et princières (pura et dalem) de Surakarta et Yogyakarta. Puis il s'est popularisé hors des cours.
On distingue différents styles dans les mouvements et les costumes du wayang wong. Pour les femmes, le seul style possible est le style alus ou "fin". Pour les hommes, on distingue :
Les lakon (récits) du wayang wong sont les mêmes que ceux du wayang kulit. (Source : Joglo Semar)
Le jaipongan a été créé dans les années 1970 à partir d'un genre traditionnel, le ketuk tilu.
Kalimantan est le nom de la partie indonésienne de l'île de Bornéo. On peut distinguer deux grands groupes dans la population de l'île : celui communément désigné par le terme de Dayak, qui désigne collectivement les différents groupes ethniques de l'intérieur, et les Malais, qui peuplent le littoral.
On appelle "Malais" (orang Melayu) les populations dont la langue est le malais (bahasa Melayu). Les Malais peuplent la côte orientale de Sumatra, la péninsule Malaise, le sud de la Thaïlande, Singapour et le littoral de l'île de Bornéo.
Les Minangkabaus habitent la province indonésienne de Sumatra Ouest. Ils sont connus pour leur société matrilinéaire.
Cette communauté pratique également plusieurs formes de danses traditionnelles et un théâtre dansé appelé randai. Une chorégraphe, Deslenda, crée des œuvres contemporaines s’appuyant en partie sur ces arts traditionnels[1],[2].
Les danses minangkabau sont fortement marquées par l'art martial traditionnel, le silat.
Palembang est la capitale de la province de Sumatra du Sud. Sur son emplacement se trouvait, du VIIe au XIIIe siècle, la puissante cité-État de Sriwijaya, qui contrôlait le détroit de Malacca et son trafic maritime.
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