Grand Prix automobile d'Argentine 1960
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Le Grand Prix d'Argentine 1960 (VII° Gran Premio de la Republica Argentina), disputé sur le circuit Oscar Alfredo Galvez le , est la quatre-vingt-cinquième épreuve du championnat du monde de Formule 1 courue depuis 1950 et la première manche du championnat 1960.
Nombre de tours | 80 |
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Longueur du circuit | 3,912 km |
Distance de course | 312,960 km |
Météo | temps très chaud |
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Affluence | plus de 100 000 spectateurs |
Vainqueur |
Bruce McLaren, Cooper-Climax, 2 h 17 min 49 s 5 (vitesse moyenne : 136,242 km/h) |
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Pole position |
Stirling Moss, Cooper-Climax, 1 min 36 s 9 (vitesse moyenne : 145,337 km/h) |
Record du tour en course |
Stirling Moss, Cooper-Climax, 1 min 38 s 9 (vitesse moyenne : 142,398 km/h) |
Le championnat du monde
La saison 1960 de Formule 1 est la dernière courue sous la réglementation à moteur 2500 cm3 atmosphérique ou 750 cm3 suralimenté, en vigueur depuis 1954. Le calendrier du championnat du monde s'est légèrement étoffé par rapport à l'année précédente, avec le retour des Grands Prix d'Argentine et de Belgique dix épreuves sont au programme, dont les 500 miles d'Indianapolis, manche spécifique disputée sous la réglementation Indycar.
Avant même la première épreuve une polémique oppose les constructeurs britanniques à la Commission Sportive Internationale, cette dernière ayant annoncé que l’actuelle Formule 2 (1500 cm3) deviendrait la future Formule 1, donnant un avantage certain à Ferrari et Porsche qui disposent de moteurs 1500 cm3 très performants et dominent alors cette catégorie[1].
Candidat désigné à la succession du quintuple champion du monde Juan Manuel Fangio, qui a mis fin à sa carrière deux ans auparavant, Stirling Moss a depuis joué de malchance et perdu sur le fil la couronne mondiale en 1958 face au regretté Mike Hawthorn et en 1959 face à l'Australien Jack Brabham, premier pilote titré sur une monoplace à moteur central arrière, la petite Cooper-Coventry Climax. Brabham et sa Cooper seront de nouveau les principaux protagonistes de la saison 1960, ainsi que Moss qui dispose d'un modèle identique au sein d'une structure privée. À l'exception d'Aston Martin, les autres constructeurs britanniques vont, à l'instar de Cooper, adopter la technique du moteur central arrière, tout comme Ferrari dont la nouvelle monoplace est à l'étude.
Le circuit
L'Autodrome du , situé dans la banlieue est de Buenos Aires, fut inauguré en 1952 à l'occasion d'une course de formule libre remportée par la Ferrari de Juan Manuel Fangio[2]. Ce circuit aux installations très modernes offre une multitude de configurations. C'est le très sinueux tracé numéro 2, développant près de quatre kilomètres, qui est utilisé pour le Grand Prix d'Argentine, tandis que les épreuves d'endurance sont généralement organisées sur le grand circuit de dix kilomètres. S'étant imposé à quatre reprises dans son épreuve nationale entre 1954 et 1957, Fangio y détient le record de victoires ; il est également détenteur du record officiel du circuit numéro 2, ayant accompli un tour à 138,3 km/h de moyenne au volant de sa Maserati lors du Grand Prix d'Argentine 1958, au cours duquel Stirling Moss fit triompher la Cooper à moteur central arrière, une première en championnat du monde.
- Cooper T51 "Usine"
L'intersaison n'ayant duré que six semaines, la plupart des constructeurs utilisent encore leurs modèles de l'année passée. L'équipe de John Cooper est inchangée depuis le dernier Grand Prix des États-Unis, Jack Brabham et Bruce McLaren disposant de leurs T51 habituelles. Ces agiles monoplaces de 485 kg sont dotées d'un moteur 4 cylindres Coventry Climax FPF monté en position centrale arrière, d'une puissance de 239 chevaux à 6 750 tr/min. La transmission fait appel à une boîte de vitesses d'origine Citroën, à quatre rapports[3]. Malgré un léger handicap en vitesse de pointe face aux Ferrari, les Cooper sont largement favorites sur un circuit sinueux tel que celui de Buenos Aires.
- Cooper T51 "Rob Walker Racing Team"
Tout comme l'équipe officielle, Rob Walker aligne deux Cooper T51 à moteur Climax. Ses monoplaces s'avèrent toutefois légèrement plus performantes que celles de l'usine, grâce à l'utilisation d'une boîte cinq vitesses réalisée par Colotti[4]. Elles sont confiées à Maurice Trintignant et Stirling Moss, ce dernier bénéficiant en outre d'une nouvelle suspension arrière à ressorts hélicoïdaux[5].
- Cooper T51 privées
La Scuderia Centro Sud a engagé deux T51 pour les pilotes argentins Roberto Bonomi et Carlos Menditéguy. Équipées d'un moteur quatre cylindres Maserati de 240 chevaux[6], ces modèles s'avèrent moins efficaces que les versions Climax. Harry Schell pilote quant à lui sa T51 personnelle, à moteur Climax, au sein de sa propre structure, l'Écurie Bleue.
- Ferrari Dino 246 "Usine"
La Scuderia Ferrari a lancé son projet de monoplace à moteur arrière, mais doit cependant se résoudre à effectuer l'ensemble de la saison avec son modèle Dino 246 à moteur avant, lancé deux ans auparavant. Pour 1960, trois châssis ont été modifiés, une suspension arrière à roues indépendantes et ressorts hélicoïdaux remplaçant le traditionnel pont De Dion, tandis que les réservoirs de carburant ont été transférés dans les flancs de la carrosserie. Ces voitures pèsent environ 600 kg. Si les modèles dévolus à Wolfgang von Trips et Cliff Allison disposent de l'habituel V6 de 2474 cm3 à double arbre à cames en tête, double allumage, alimenté par trois carburateurs double corps, délivrant près de 300 chevaux à 9000 tr/min[7], Phil Hill a quant à lui préféré le montage sur sa monoplace d'une moteur à simple arbre à cames en tête, moins puissant (environ 250 chevaux) mais plus souple d'utilisation[6]. La Scuderia avait inscrit deux autres voitures pour Olivier Gendebien et José Froilán González, mais n'a finalement amené qu'une monoplace supplémentaire, une Dino 246 de la saison dernière (avec pont De Dion et réservoir à l'arrière) pour l'Argentin.
- BRM P25 "Usine"
Parachevant la mise au point de sa nouvelle P48 à moteur central, brièvement apparue lors des essais du Grand Prix d'Italie la saison passée, l'équipe de Bourne n'a préparé que deux anciennes P25 pour les épreuves sud-américaines. Entre les deux nouvelles recrues de la marque, le tirage au sort a désigné Graham Hill pour épauler Joakim Bonnier au Grand Prix d'Argentine, et Dan Gurney pilotera cette seconde voiture au Grand Prix de Buenos Aires, hors championnat, une semaine plus tard. Apparue en 1955, la P25, dont le moteur quatre cylindres est disposé à l'avant, est à bout de développement, mais reste toutefois très compétitive grâce à un comportement équilibré et un excellent rapport poids/puissance (550 kg à vide pour 270 chevaux[8]).
- Lotus 16 & Lotus 18 "Usine"
Tout d'abord opposé au concept du moteur central arrière, Colin Chapman a, devant les succès répétés des Cooper, rapidement revu ses positions et élaboré en quelques mois la Lotus 18, conçue à la fois pour la Formule 1, la Formule 2 et la Formule junior. Grâce à un châssis ultra léger, la voiture équipée du même moteur Climax FPF (239 chevaux) que les Cooper, ne pèse que 390 kg à vide (440 kg en ordre de marche). Avec une hauteur hors tout de seulement 67 centimètres, c'est la plus basse des F1 jamais construites, le pilote conduisant dans une position très allongée, avec le réservoir principal au dessus des jambes. La boîte de vitesses séquentielle, à cinq rapports, est également conçue par Chapman[5]. Innes Ireland dispose du premier exemplaire réalisé, tandis qu'Alan Stacey et le pilote argentin Alberto Rodriguez Larreta piloteront des Type 16 (450 kg, moteur Climax FPF placé à l'avant) de la saison passée.
- Maserati 250F
Apparue en 1954, la Maserati 250F (moteur six cylindres en ligne, 270 chevaux) reste très appréciée des pilotes amateurs. Giorgio Scarlatti, Nasif Estefano, Antonio Creus, Gino Munaron et Ettore Chimeri vont participer à l'épreuve sur leurs monoplaces personnelles.
- Porsche Behra
Fondateur de l'Écurie Camoradi, l'Américain Lucky Casner a racheté la Porsche F2 que Jean Behra (décédé tragiquement en ) avait développée avec Colotti la saison précédente[9]. Elle est pilotée par Masten Gregory, également pilote de cette équipe dans les courses d'endurance. Cette monoplace de 460 kg est équipée d'un moteur à quatre cylindres à plat, monté en porte-à-faux arrière. La distribution est assurée par quatre arbres à cames en tête et l'allumage est double. La boîte de vitesses est à cinq rapports. La puissance disponible est de 165 chevaux à 7500 tr/min[10].
- Scarab
Jusqu'alors spécialisé dans les courses d'endurance américaine, le jeune pilote constructeur Lance Reventlow s'est investi dans un projet de formule 1 pour la saison 1960. Une Scarab F1 a donc été engagée au Grand Prix d'Argentine pour Chuck Daigh, mais la construction a pris du retard et l'équipe a dû déclarer forfait[11].
Les essais qualificatifs se déroulent les mercredi, jeudi et vendredi précédant la course[13]. Bien qu'à peine terminée (elle fut expédiée d'Angleterre par avion en pièces détachées et assemblée dans le paddock du circuit[14] !), la nouvelle Lotus à moteur central arrière s'avère d'emblée très compétitive aux mains d'Innes Ireland. Le pilote écossais va durant deux jours figurer en haut du tableau avant que Stirling Moss, au volant de sa Cooper, ne sorte le grand jeu lors de la dernière journée, terminant la séance avec un tour à plus de 145 km/h de moyenne, reléguant la Lotus à plus d'une seconde et demie. Pour sa première sortie au sein de l'équipe BRM, Graham Hill a réalisé la troisième meilleure performance, à égalité avec son coéquipier Joakim Bonnier qui complète la première ligne.
Le bateau amenant les deux Cooper de Jack Brabham et Bruce McLaren ainsi que les deux Lotus 16 d'Alan Stacey et Alberto Rodriguez Larreta ayant été retardé, ces voitures ne sont arrivées que le samedi. Exceptionnellement, les organisateurs ont ajouté une séance de quarante-cinq minutes en cette veille de course afin de permettre aux quatre pilotes d'effectuer quelques tours et de se qualifier, mais dans ces conditions aucun d'entre eux n'a pu réaliser de performance probante, et Brabham, champion du monde en titre, se trouve ainsi relégué à la dixième place à près de quatre secondes de Moss[8].
Pos. | Pilote | Écurie | Temps | Écart |
---|---|---|---|---|
1 | Stirling Moss | Cooper-Climax | 1 min 36 s 9 | |
2 | Innes Ireland | Lotus-Climax | 1 min 38 s 5 | + 1 s 6 |
3 | Graham Hill | BRM | 1 min 38 s 9 | + 2 s 0 |
4 | Joakim Bonnier | BRM | 1 min 38 s 9 | + 2 s 0 |
5 | Wolfgang von Trips | Ferrari | 1 min 39 s 3 | + 2 s 4 |
6 | Phil Hill | Ferrari | 1 min 39 s 5 | + 2 s 6 |
7 | Cliff Allison | Ferrari | 1 min 39 s 7 | + 2 s 8 |
8 | Maurice Trintignant | Cooper-Climax | 1 min 39 s 9 | + 3 s 0 |
9 | Harry Schell | Cooper-Climax | 1 min 40 s 3 | + 3 s 4 |
10 | Jack Brabham | Cooper-Climax | 1 min 40 s 6 | + 3 s 7 |
11 | José Froilán González | Ferrari | 1 min 41 s 0 | + 4 s 1 |
12 | Carlos Menditéguy | Cooper-Maserati | 1 min 41 s 8 | + 4 s 9 |
13 | Bruce McLaren | Cooper-Climax | 1 min 42 s 0 | + 2 s 3 |
14 | Alan Stacey | Lotus-Climax | 1 min 43 s 6 | + 3 s 9 |
15 | Alberto Rodriguez Larreta | Lotus-Climax | 1 min 45 s 0 | + 8 s 1 |
16 | Masten Gregory | Porsche (F2) | 1 min 45 s 5 | + 8 s 6 |
17 | Roberto Bonomi | Cooper-Maserati | 1 min 46 s 1 | + 9 s 2 |
18 | Giorgio Scarlatti | Maserati 250F | 1 min 46 s 1 | + 9 s 2 |
19 | Gino Munaron | Maserati 250F | 1 min 49 s 0 | + 12 s 1 |
20 | Nasif Estéfano | Maserati 250F | 1 min 50 s 1 | + 13 s 2 |
21 | Ettore Chimeri | Maserati 250F | 1 min 50 s 5 | + 13 s 6 |
22 | Antonio Creus | Maserati 250F | 1 min 52 s 8 | + 15 s 9 |
1re ligne | Pos. 4 | Pos. 3 | Pos. 2 | Pos. 1 | |||
Bonnier BRM 1 min 38 s 9 |
G. Hill BRM 1 min 38 s 9 |
Ireland Lotus 1 min 38 s 5 |
Moss Cooper 1 min 36 s 9 | ||||
2e ligne | Pos. 7 | Pos. 6 | Pos. 5 | ||||
Allison Ferrari 1 min 39 s 7 |
P. Hill Ferrari 1 min 39 s 3 |
Trips Ferrari 1 min 39 s 2 |
|||||
3e ligne | Pos. 11 | Pos. 10 | Pos. 9 | Pos. 8 | |||
González Ferrari 1 min 41 s 0 |
Brabham Cooper 1 min 40 s 6 |
Schell Cooper 1 min 40 s 3 |
Trintignant Cooper 1 min 39 s 9 | ||||
4e ligne | Pos. 14 | Pos. 13 | Pos. 12 | ||||
Stacey Lotus 1 min 43 s 6 |
McLaren Cooper 1 min 41 s 8 |
Menditéguy Cooper 1 min 41 s 8 |
|||||
5e ligne | Pos. 18 | Pos. 17 | Pos. 16 | Pos. 15 | |||
Scarlatti Maserati 1 min 46 s 1 |
Bonomi Cooper 1 min 46 s 1 |
Gregory Porsche F2 1 min 45 s 5 |
Larreta Lotus 1 min 45 s 0 | ||||
6e ligne | Pos. 21 | Pos. 20 | Pos. 19 | ||||
Chimeri Maserati 1 min 50 s 5 |
Estefano Maserati 1 min 50 s 1 |
Munaron Maserati 1 min 49 s 0 |
|||||
7e ligne | Pos. 22 | ||||||
Creus Maserati 1 min 52 s 8 |