Grand menhir brisé d'Er Grah

site archéologique de Locmariaquer, France De Wikipédia, l'encyclopédie libre

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Le Grand menhir brisé d'Er Grah, ou Men ar hroëc'h qui signifie « Pierre de la Fée » en breton, situé sur le site des mégalithes de Locmariaquer, dans le Morbihan, est un menhir de dimensions exceptionnelles, le plus grand d'Europe[2],[3] : 18,5 m de hauteur lorsqu'il était dressé (20,4 m partie en terre comprise), 3 m de largeur, masse estimée entre 270 et 330 tonnes selon les meilleures estimations[4].

Trois des morceaux du Grand menhir brisé et, à l'arrière-plan, le cairn d'Er Grah.

Faits en bref Présentation, Nom local ...
Grand menhir brisé d'Er Grah
Image illustrative de l’article Grand menhir brisé d'Er Grah
Vue générale de l'édifice
Présentation
Nom local Men ar hroëc'h
Chronologie 5000 à 4500 av. J.-C.
Type Menhir
Période Néolithique
Faciès culturel Mégalithisme
Protection Logo monument historique Classé MH (1935)
Site internet http://www.site-megalithique-locmariaquer.fr/
Visite accès payant
Caractéristiques
Dimensions 20,60 m (entre 270 et 330 tonnes)
Matériaux Pierres
Géographie
Coordonnées 47° 34′ 17″ nord, 2° 57′ 01″ ouest[1]
Pays Drapeau de la France France
Région Bretagne
Département Morbihan
Commune Locmariaquer
Géolocalisation sur la carte : alignements de Carnac
(Voir situation sur carte : alignements de Carnac)
Grand menhir brisé d'Er Grah
Géolocalisation sur la carte : golfe du Morbihan
(Voir situation sur carte : golfe du Morbihan)
Grand menhir brisé d'Er Grah
Géolocalisation sur la carte : Morbihan
(Voir situation sur carte : Morbihan)
Grand menhir brisé d'Er Grah
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
(Voir situation sur carte : Bretagne (région administrative))
Grand menhir brisé d'Er Grah
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Ce menhir, dont l'érection remonterait au milieu du Ve millénaire av. J.-C. est aujourd’hui à terre et brisé en quatre fragments. Il se dressait au milieu d'un ensemble monumental associant exceptionnellement, en un même lieu, les trois familles de monuments mégalithiques :

Historique

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Le Grand menhir brisé d'Er Grah, vu du tumulus d'Er Grah
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Reconstruction artistique de l'alignement. Les déchets de débitage dans le fosses de calage montrent que les 5 pierres les plus proches du Grand menhir sont aussi en orthogneiss, que les suivantes sont en migmatite et les plus petites en granite local de Carnac[5].

Selon le préhistorien Charles-Tanguy Le Roux, les résultats des dernières fouilles archéologiques en 1988 montrent que le menhir n'était pas solitaire : il était relié à un alignement de fosses contenant 18 autres menhirs, découverts à l’arrière de la « Table des Marchand ». Cet alignement volontaire laisse supposer l'existence d’un ancien complexe de pierres levées, érigées en file indienne, qui se tenaient alignées, de la plus grande à la plus petite, sur plus de 55 mètres en direction du nord à partir de la base du Grand menhir mais la zone au-delà de la route actuelle n'a pas été fouillée[6]. Les fosses sont associées à des calages de trous de poteaux qui pourraient être les éléments des échafaudages destinés à tailler et lever ces grands menhirs[7].

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Le "Grand menhir brisé d'Er Grah" (photographie de Séraphin-Médéric Mieusement, 1893).

Taillé dans de l'orthogneiss, dont les plus proches gisements se trouvent entre 10 et 20 km, il fut probablement acheminé sur radeau à travers le golfe du Morbihan (aux courants pourtant très forts), après avoir traversé l’estuaire des rivières de Vannes et Auray[8].

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Émile Hamonic : Le "Grand menhir brisé d'Er Grah" (carte postale, vers 1910).

Dans ses Notes d'un voyage dans l'ouest de la France (1837), l'archéologue Prosper Mérimée observe et prend des notes sur le grand menhir brisé. Parmi ces notes, il relève que le menhir semblait enfoncé à seulement 3 ou 4 pieds dans le sol, et reste perplexe quant aux conditions de sa chute, car la base s'est tournée du côté opposé aux trois autres fragments. Il relève également qu'aucun petit éclat ne semble avoir été provoqué par le choc de la brisure/chute. Au moment de son passage, les habitants affirment ne jamais l'avoir vu érigé, et que c'est probablement la foudre qui l'aurait détruit dans le courant du XVIIIe siècle[9].

Pendant longtemps a prévalu l'hypothèse que ce monolithe, trop gros, s’est brisé lors de son érection[10]. Les hypothèses sur la chute du menhir ont varié entre la foudre, l'action humaine ou la ruine par un phénomène d'érosion progressive. Hypothèse la plus probable, l'ingénieur Francis Bougis pense que les séismes locaux auraient d'abord incliné la pierre avant de la faire chuter à une époque pouvant remonter à la fin du Néolithique[11]. On ne connait pas la raison de la chute des autres vers 4300 av. J.-C.. Une réutilisation de l'un d'eux à Gavrinis et sur la Table des Marchands est prouvée par une gravure scindée. Mais aucun tronçon du grand menhir n'a été réutilisé.

Le contre-amiral Paul Réveillère (auteur notamment du livre « Enigmes de la nature" et qui définissait les Français comme des « Mégalithiens celtisés ») dans le cadre de l'exposition universelle de 1900 à Paris a proposé de recoller et d'ériger à nouveau ce menhir brisé[12]. Ce redressement (comme tant d'autres menhirs et antiquités) a également été envisagé en 1904 par M. Le Rouzic. L'attrait en serait accru sans nuire à sa valeur archéologique.

Il fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1889[13].

Interprétations

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Serge Cassen reconnaît dans la gravure du menhir un cachalot. L'érosion la rend aujourd'hui peu visible.


Sur un des blocs orné de motifs gravés avec des percuteurs en quartz, une gravure de « hache-charrue » découverte par René Serge Minot en 1964[14], est réinterprétée au début du XXIe siècle par l'archéologue Serge Cassen comme un cachalot[15], l'animal étant associé à des bovidés, une hache et une crosse. Cassen propose une opposition mythologique forte entre le motif qui évoque le milieu marin et les motifs symbolisant le milieu terrestre, opposition qui correspond à une époque de transition, où les derniers chasseurs-cueilleurs doivent abandonner leur ancien mode de vie[16].

Certains[17] ont cru y voir la « colonne du Nord » ou la « colonne boréale » du géographe grec dit le Pseudo-Scymnos de Chio[18] (Ier siècle av. J.-C.). D'autres lui ont attribué la fonction d'indiquer l'entrée du golfe du Morbihan, mais sans apporter d'éléments en ce sens.

S'inspirant de ses recherches sur le monument mégalithique de Stonehenge, l'ingénieur écossais Alexander Thom, fondateur de l'archéoastronomie, conçoit ce menhir, comme celui du Manio comme une sorte de fronteau de mire lunaire universel pouvant être visé à partir d'autres menhirs[19]. Il détermine huit alignements lunaires de base[20] qui indiquent les limites extrêmes des levers et couchers de la Lune lorsque le plan de l'orbite lunaire précesse selon son cycle de 18,6 ans, considérant que ces menhirs font partie d'un observatoire lunaire qui détermine le cycle et les éclipses de ce satellite[21].

La signification la plus vraisemblable est celle d'un amer, visible à l'horizon par sa hauteur, en alignement avec la pointe de Er Hourèl pour indiquer en navigation le passage délicat de la Teignouse entre la pointe de Quiberon et l'île de Houat.[réf. nécessaire]

Tradition

Paul-Yves Sébillot raconte que « pour se marier dans l'année à Locmariaker [Locmariaquer] (...) une jeune fille devait, pendant la nuit du premier mai, monter sur le grand menhir et, jupe et chemise retroussées, se laisse glisser de haut en bas. Ce menhir, le plus grand des mégalithes connus, était encore debout au début du XVIIIe siècle. Foudroyé, il gît, brisé en quatre grands morceaux. La glissade étant impossible lorsqu'il se dressait verticalement, il devait s'agir à l'origine d'un simple frottement nocturne »[22].

Galerie

Notes et références

Voir aussi

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