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Henri Dutrait-Crozon est le pseudonyme collectif des colonels Frédéric Delebecque et Georges Larpent, deux militants de l'Action française et collaborateurs de la Revue d'Action française (qui deviendra L'Action française sous la direction de Charles Maurras en 1908).
Le nom de Dutrait-Crozon reste attaché à la publication d'un Précis de l’affaire Dreyfus dont l'influence fut considérable dans les milieux nationalistes et antidreyfusards au tournant du siècle[réf. nécessaire].
Il s'agit d'un ouvrage qui se présente comme une étude de caractère scientifique autant par sa description minutieuse des faits, par ses nombreuses citations, sa bibliographie abondante que par son ampleur (environ 400 p.) et son index analytique. Répondant habilement aux critères d'un ouvrage savant et didactique, le Précis est pourtant un vaste plaidoyer antidreyfusard[1]. Les faits sont orientés de manière à nier l'innocence de Dreyfus (pourtant établie à la date de publication), à faire du colonel Henry un martyr, à donner raison aux défenseurs des valeurs traditionnelles et militaires et à légitimer l'antisémitisme (en particulier par la réfutation de la monumentale Histoire de l'affaire Dreyfus en 7 volumes de l'avocat et journaliste israélite Joseph Reinach).
Malgré l'issue de l'affaire Dreyfus, c'est-à-dire la démonstration de l'innocence du capitaine et de sa réhabilitation, les Dutrait-Crozon rééditent leur ouvrage à plusieurs reprises et poursuivent leur propagande antidreyfusarde à travers diverses publications, ne ménageant pas leurs propos antisémites et leurs attaques personnelles (dans une série de pamphlets intitulés Appel au pays dont le contenu sera repris dans le Précis). Fidèles au programme de l'Action française, Delebecque et Larpent publieront également des ouvrages polémiques contre les institutions républicaines et se joindront à Maurras dans Si le coup de force est possible (1910) pour discuter la possibilité d'un coup d'État monarchiste.
Pour les historiens Pierre Vidal-Naquet[2] et Vincent Duclert[3], le Précis apparaît aujourd'hui comme un ouvrage précurseur du négationnisme, selon le terme consacré par l'historien Henry Rousso. La rhétorique négationniste et les stratégies de détournement des faits à des fins idéologiques et falsificatrices s'y trouvent déjà à l’œuvre. Comme pour la plupart des membres de la première génération de l'Action française, l'attitude de déni des Dutrait-Crozon est largement issue du ressentiment et du mécontentement suscité par l'échec de plusieurs années de militantisme antidreyfusiste. En tant que militaires, Delebecque et Larpent étaient particulièrement touchés par cette crise et leur ouvrage en porte la trace. L'édition de 1924 poursuit l'histoire de l'affaire jusqu'à y inclure le « combat » de l'Action française pour la « vérité » dont les collaborateurs ne devaient jamais reconnaître l'innocence du capitaine Dreyfus.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Georges Larpent devint partisan d'une collaboration active avec l'occupant nazi, et rejoignit la Ligue française (collaborationniste)[4]. Frédéric Delebecque était mort le .
Frédéric Delebecque est né le dans le 9e arrondissement de Paris[5]. Delebecque est un polytechnicien, colonel d'artillerie et militant de l'Action française[6].
En 1906, Frédéric Delebecque devient conférencier pour la Ligue d'Action française. Il est en mars 1908, avec Charles Maurras, l’un des cofondateurs du quotidien L’Action française (qui prend la suite du mensuel la Revue d’Action française), organe de presse du mouvement politique de même nom[7].
Partant pour le front, il est nommé chef d'escadron en 1916[8].
Hormis ses écrits rédigés en association avec Georges Larpent sous le pseudonyme collectif d'Henri Dutrait-Crozon, Delebecque effectue également la traduction de livres anglais en français tels que Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë (qui avait déjà été traduit en français en 1892 par Théodore de Wyzewa), réédité en 1925 par la Nouvelle Librairie nationale, qui a aussi publié, entre autres, le Précis de l'affaire Dreyfus. Il est l'auteur d'articles antisémites[9]. L'historien Sébastien Laurent, parlant du Précis, dit que « le colonel Larpent et le commandant Delebecque avaient truffé leur ouvrage de contre-vérités » et que, malgré un certain intérêt technique, l'ouvrage ne semble avoir été lu que dans les milieux antidreyfusards[10].
Mort à Saint-Servan-sur-Mer (aujourd'hui un quartier de Saint-Malo), Frédéric Delebecque est inhumé dans le cimetière de Lorette de cette ville[11].
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