Jean Carignan naît le 7 décembre 1916[2]. Il commence à jouer du violon à quatre ans et, à cinq ans, il se produit déjà aux carrefours du Vieux-Lévis. Il apprend d'abord le répertoire d'airs traditionnels de son père, lui-même violoneux[2]. À l'âge de sept ans, sa famille déménage à Montréal. C'est à cette époque qu'il entend un enregistrement sonore de Joseph Allard, un violoneux notoire qui deviendra son modèle et son maître de 1927 à 1931. À huit ans, sa musique lui permet déjà de contribuer au revenu familial[2]. Il devient apprenti cordonnier vers 1927[2]. En 1930, il est recruté par George Wade et intègre l'ensemble folklorique canadien George Wade and his Cornhuskers[2]. Il quitte ce dernier vers 1937, après avoir effectué une tournée au Canada avec ce dernier[2]. En 1950, Carignan collabore avec la troupe de danse les Feux-follets.
Années 1970
Dans les années 1970, il jouera avec plusieurs musiciens du folklore québécois dont Philippe Bruneau, ainsi que l'harmoniciste et compositeur Gabriel Labbé. En 1973, 400 violoneux des États-Unis et du Canada se réunirent à Ascot Corner afin de rendre hommage à Carignan. Un buste en bois du sculpteur Georges Morissette y fut alors dévoilé. En 1975, André Gagnon composa pour lui le «Petit concerto pour Carignan et orchestre» En 1976, son orchestre joue lors de l'ouverture des Jeux olympiques de Montréal avec notamment l'accordéoniste Denis Côté, en présence de la reine Élisabeth II et de plusieurs dignitaires. En 1978, il joue en duo avec Yehudi Menuhin pour une prestation unique du «Petit concerto pour Carignan et orchestre» composé par le pianiste André Gagnon. L'événement a lieu lors d'une présentation de l'émission «Music of Man» diffusé à CBC.
Fin de vie
Il aura des problèmes avec son oreille gauche qui perd de plus en plus son acuité depuis 1974. Au cours des années 1980, ses apparitions sur scène s'espacent; il n'entend plus les hautes fréquences et il ne peut supporter de jouer faux. Dans les dernières années de sa vie, il fait quelques prestations avec l'accordéoniste québécois Denis Pépin. En 1984, il fait sa dernière prestation publique à Place Royale, dans le Vieux-Québec, lors de festivités qui soulignaient le 450eanniversaire de l'arrivée de Jacques Cartier au Canada. Jean Carignan est mort le à Montréal d'une embolie cérébrale à l'âge de 71 ans. Il était paralysé et inconscient depuis plus d'un mois et demi[3]. Fait important, en parallèle à sa carrière musicale, il était aussi chauffeur de taxi[2].
Grâce aux enregistrements sonores, il commença à apprendre les répertoires du violoneux irlandais Michael Coleman et de l'Écossais James Scott Skinner[4]. Acclamé à la fois par les folkloristes et les collègues violonistes, de Louis Boudreault (alias «Pitou») à Yehudi Menuhin et Henryk Szeryng, Carignan a été, parmi les violoneux canadiens-français, le principal protagoniste des traditions celtiques, particulièrement du style dit Sligo (comté irlandais) de Michael Coleman[4].
Son attitude en était une de rigueur absolue lorsqu'il abordait son répertoire de quelque 7 000reels, gigues et autres airs de danse appris de Coleman, Skinner, Allard, Wellie Ringuette et beaucoup d'autres.
Il visait toujours la plus stricte authenticité dans ses exécutions. Selon The Folk Music Sourcebook (New York1976): «La technique de Carignan est renversante, mais plus encore sont la joie et l'énergie avec lesquelles il s'en sert. Bien peu d'instrumentistes, dans toute musique, ont atteint son niveau de virtuosité sans sacrifier l'expression ou l'originalité.».
Reel des p'tites mères; Reel Kébec; La grondeuse; Gigue à Ti-Jean; Reel du diable; Reel de l'enfant; Reel de Rimouski; Comptez pas les tours; Secrets des fées
Paul Jones queue d'beu; Cornemuse à Ti-Jean (Carignan); Reel du pendu; Pousse pas; Lèv'ton jupon; Ramasse tes bourrures; Tire la langue; La Saint-Jean, Les Éboulements
1977: Fantaisie, Fantasy Hommage à Paul Hindemith / Donald Patriquin (Select)
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1977: Ti-Jean Carignan, le violoneux en concert à la Place des Arts en 1976 (Totem)
Pot-pourri de marches et de gigues
Découpez le velours
La guénille & Les cinq jumelles
Air lent
Pot-pourri de reels
La ronfleuse Gobeil
Reel de l'enfant
Pot-pourri de gigue[s]
La valse
La gigue du chasseur au renard
Marche de Sir Wilfrid Laurier
Reel de Sherbrooke & Le tablier du maçon
1977: Jean Carignan plays the music of Coleman, Morrison & Skinner (London Records of Canada)
1990: French Canadian, Irish and Scottish fiddle music (Legacy Records)
Devil's dream
Mason's apron
Irish medley: reels
Bagpipe on violin
Lord Gordon's reel
Van Dam's hornpipe
Bonnie Kate
Bird in the tree
Hanfman's reel
Gaspé reel
Le rossignol
Medley: G. Scott Skinner
La ronfleuse Gobeil
Irish medley: jigs—Proteau blanc
La bastringue
Jean Carignan, violoneux, Office national du film, réalisé en 1975, 87 minutes 30 secondes, disponible sur le site de l'ONF[5] disponible sur DVD par MaGaDa Heritage, 2002. Description: Jean Carignan montre son savoir-faire et ses connaissances des violoneux en interprétant plusieurs reels. Participent également d'autres musiciens, dont le violoneux Paul Gosselin.
A Musical Journey- The Films of Pete, Toshi and Dan Seeger 1957-1964, 1996, Distribué by Rounders Records[6]. Jean Carignan joue Grande fleur, Sherbrooke Gig et Irish Tune dans un segment de ce documentaire tourné en 1957 sur son balcon, à Montréal.
1973: Buste en bois sculpté par le sculpteur Georges Morissette et installé à Ascot Corner.
Selon des nouvelles informations trouvées en 2007, Jean Carignan serait né à Lauzon et non à Lévis, car il a été baptisé à l'église Saint-Joseph de Lauzon (ville fusionnée avec Lévis en 1989). La famille Carignan aurait habité par la suite dans le Vieux-Lévis possiblement dans la côte Labadie (nommée familièrement la côte des bûches). Des recherches sont actuellement effectuées par la Société d'histoire régionale de Lévis pour localiser l'adresse de la résidence des Carignan.
Jean-Pierre Joyal, «Ti-Jean Carignan: le grand parmi les grands», Cap-aux-Diamants: la revue d'histoire du Québec, no67, , p.21–22 (ISSN0829-7983 et 1923-0923, lire en ligne, consulté le )