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femme de lettres française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Marie de Gournay Écouter (née Marie Le Jars), née probablement le [1] à Paris et morte le à Paris, est une femme de lettres et philosophe française des XVIe et XVIIe siècles et « fille d’alliance »[2] de Michel de Montaigne, dont elle publia en 1595 la troisième édition des Essais, augmentée de toutes les corrections manuscrites du philosophe. En tant qu'écrivaine érudite, elle choisit de vivre de ses écrits[3].
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Damoiselle de G., Fille d'alliance de Monsieur de Montaigne |
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Marie Le Jars naît à Paris, probablement ou au plus tôt, le [1].
Son père, Guillaume Le Jars[4], conseiller du Roi et trésorier, achète un château et une seigneurie à Gournay-sur-Aronde avant de mourir en 1578[5]. Marie, qui n’a que treize ans, est l’aînée de six enfants.
Sa mère, Jeanne de Hacqueville, d'une famille de gens de justice [6], décide de s'établir avec ses enfants à Gournay. Se souciant peu des dispositions intellectuelles de sa fille, elle éduque Marie en suivant le « code féminin » de la noblesse de l’époque, en d'autres termes leur enseigner le catéchisme et la couture[3]. Marie ne semble pas s’en contenter. Elle fait le choix de se plonger dans les livres et d'apprendre en autodidacte le latin et le grec[3].
C’est en 1583, vers l’âge de dix-huit ans qu’elle découvre la première édition des Essais de Michel de Montaigne qui la « transportent (transsissoient) d’admiration » dit-elle. Elle ne rêve plus que de rencontrer cet homme.
En 1586, à 21 ans, Marie de Gournay, quittant sa demeure du Beauvaisis, s’installe seule à Paris[3].
En 1588, elle fait parvenir à Montaigne un billet lui faisant part de son ardent désir de le voir. Ils se rencontrent le lendemain même. Elle a vingt-trois ans et lui cinquante-cinq.
Dans les mois qui suivent, Montaigne fait quelques séjours d’une semaine au château de Gournay. C’est au cours d’une promenade, après une lecture commune de Plutarque, qu’elle lui aurait raconté l’histoire publiée en 1594 sous le titre : Le Proumenoir de Monsieur de Montaigne. Celle-ci s'inspire également d'une œuvre de Claude de Taillemont, Les Discours des Champs Faëz[7]. Peut-être ont-ils eu une relation amoureuse car il écrit « l’aimer beaucoup plus que paternellement », « Je ne regarde plus qu’elle au monde », parle de son affection « plus que surabondante », de la « véhémente façon dont elle m’aima et me désira longtemps » et vante ses prouesses intellectuelles. Du moins, il s'agit d'un coup de foudre intellectuel qui s'ensuit d'une amitié et d'une admiration mutuelle[3]. Il lui attribue au chapitre XVII du livre II des « Essais » le titre de « fille d’alliance ».
Marie n’eut plus l’occasion de revoir Montaigne. Cependant, elle correspond régulièrement avec lui.
Montaigne meurt en 1592, mais Marie de Gournay n’apprend sa mort que quinze mois plus tard.
Françoise de Montaigne, la veuve du philosophe, lui fait parvenir une copie annotée des Essais de 1588 et la prie de se charger de la publication. La philosophe se met au travail pour faire paraître la première édition posthume des « Essais », augmentée d'une longue préface dans laquelle elle défend les idées de Montaigne (de même que sa façon singulière de croiser latinismes et néologismes[8]), ainsi qu'un ajout de passages de traductions latines[3].
Après la mort de sa mère en 1594[9], elle voyage avec Jean d'Espagnet[10] et son épouse, puis séjourne quinze mois à Montaigne, auprès de Madame de Montaigne et de sa fille Léonor, sa « sœur d’alliance ».
« Quand un homme est assez généreux pour vouloir à sa mort que personne ne soit triste, il est de ceux qui laissent leurs proches inconsolables. »
Lorsque Marie de Gournay fait face à de sérieuses difficultés financières, son frère, Charles, est obligé de vendre les propriétés familiales, notamment Gournay en 1608.
Elle vit à Paris et s’intéresse aux questions politiques et sociales. Elle fréquente l'érudit et homme de lettres et de sciences Henri Louis Habert de Montmor. Juste Lipse, autre célèbre érudit, la présente à toute l’Europe comme une femme lettrée. Mais, à cette époque, il est très difficile pour une femme de faire valoir son droit à « penser ».
Elle fait aussi des traductions de Salluste, Ovide, Virgile, Tacite, des vers sur ses chats, sur Léonore et Jeanne d'Arc, critique les « Précieuses », adapte Ronsard, écrit sur l’instruction des Princes.
Elle effectue un travail remarquable sur les Essais de Montaigne en traduisant les citations latines, précisant les références, annotant et précisant le texte.
Sous le Second Empire, le bibliographe Pierre Deschamps (1821-1906), citant dans un ouvrage une satire violente contre Louis de Montgommery imprimée à Niort en 1610, la dit également visée avec un certain Le Pelletier en leur qualité "d'amis des Jésuites" (Proces du tres meschant et détestable parricide Fr. Ravaillac...etc - Paris, Aubry, 1858, p.430).
Sans cesse calomniée (qu'il soit question de sa vie personnelle ou de son œuvre), elle n'en demeure pas moins prolifique. Elle veille à se construire un réseau de protecteurs en offrant sa plume à la reine Marguerite de Valois, Henri IV, Marie de Médicis, Louis XIII, la marquise de Guercheville, les ministres Villeroy et Jeannin, Richelieu… Elle obtient ainsi le privilège d'éditer ses propres œuvres. Richelieu lui offre une modeste pension royale.
Elle vit et pense en féministe ; elle publie en 1622 Égalité des hommes et des femmes, et en 1626 Les Femmes et Grief des Dames où elle prône l’égalité absolue entre les sexes, ni misogynie, ni « philogynie ». Dans le premier livre, elle étudie notamment les différences hiérarchiques entre les sexes, invitant à les dépasser[11].
Célibataire par choix au nom de l'écriture, elle subvient seule à ses besoins. Catholique, elle est hostile aux protestants, mais côtoie des libertins comme Théophile de Viau, Gabriel Naudé, La Mothe Le Vayer – à qui elle lèguera sa bibliothèque, qu’elle avait héritée de Montaigne (qui l’avait lui-même annotée et héritée de La Boétie).
Marie de Gournay meurt à Paris le , à l’âge de soixante-dix-neuf ans[12] ; elle est enterrée à l’église Saint-Eustache (ou à Saint-Séverin ?) [13].
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