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L'hypothèse du matriarcat basque ou théorie du matriarcat basque est une proposition théorique émise par le philosophe espagnol Andrés Ortiz-Osés, soutenant l'existence d'une structure psycho-sociale centrée ou focalisée dans ce qui est l'archétype matriarcal-féminin (Mère/Femme, lequel trouve dans cet archétype de la Grande Mère basque le Mari comme projection de la Mère Terre/Nature) qu'elle imprègne, cohésionne et unit le groupe social traditionnel basque d'une manière différente en ce qui concerne les peuples indo-européens patriarcaux, selon les termes d'Andres Ortiz-Osés[1],[2]. Il s'agirait d'une structure qui, bien qu'elle rende compte de phénomènes significatifs, n'apparaît pas elle-même à simple vue ; mais dans un transfond anthropologique profond. En accord avec Bachofen le terme infrastructure psycho-sociale pourrait aussi être utilisé pour caractériser la structure matriarcale, qui n'est pas une chose donnée, mais une attitude selon la théorique citée.
Selon Andres Ortiz-Osés la typologie matriarcale basque impliquerait la complication des sous-structures suivantes :
L’etxekoandre ou la Dame de la maison est celle qui représente la maison, présidant ainsi les actes et les cérémonies sacrées comme la sépulture. Lorsqu'il n'y a aucune femme de la famille qui puisse assister à de tels actes elle est remplacée par l’andereserora (Dame soror en basque), qui est comme sacerdote du voisinage, celle qui représente les etxekoandre ou les ministres du culte domestique[6]. Barandiarán jugeait que ceci avait contribué à élever le respect et la considération dans laquelle était tenue la femme, c'est pourquoi dans de nombreuses occasions, elle était et est instituée héritière de la maison de préférence à ses frères, par exemple dans le temps foraux, situation contraire au droit féodal, d'origine germanique[7]. L'importance de la femme dans le sacerdoce païen se voit au travers des rites qui sont encore conservés dans des lieux comme Urdiain (Navarre), où lors des deux solstices les femmes parcourent le village en formant des cercles autour des feux et en chantant des couplets à l'Eguzki Amandrea (Grand-mère Soleil)[8].
La considération que les anciens basques ont eu envers la femme a influencé le rôle fondamental qu'elle a tenu dans les différents aspects de la vie familiale. Alors que le mari sortait de la maison à cause des exigences de la vie transhumante, de marin ou de pêcheur elle était celle qui dirigeait les fonctions du culte domestique, élevant sa dignité et son prestige et, à son tour, favorisant la situation sociale et politique de la femme[9].
Andres Ortiz-Osés défendait du point de vue de l'anthropologie symbolique basque que l’Etxe basque, comme maison ou ferme, reconstituait la grotte de la Déesse Mari, et dont la représentation était l'Etxekoandre ou la Dame de la maison. L'etxe basque est radicalement, élémentairement et absolument matriarcale-féminine selon le professeur d'herméneutique cité, parce qu'il est à la fois le temps et l'espace de communion des vivants et des morts, demeure et sépulture, temple et cimetière et lieu de vie (procréation et naissance) et décès (décès, enterrement et commémoration)[10].
Mari est la déesse principale de la mythologie basque, et parmi les primitives déesses-mères européennes, la seule qui soit arrivée jusqu'à nos jours[11] Elle est le personnage mythique le plus significatif des traditions basques, étant la Dame de tous les génies telluriques[12] et la mère d'Atarrabi et de Mikelats, deux divinités ou génies, le premier signe du bien moral et le deuxième du signe contraire, le mal. Cette déesse est par conséquent neutre, symbolisant l'équilibre des adversaires propre de la mère terre ou Amalur[13].
Ainsi le justifie Franz-Karl Mayr :
Ce philosophe a défendu que le transfond archétype de la mythologie basque devait s'inscrire dans le contexte d'un Paléolithique dominé par la Grande Mère, où le cycle de Mari et ses métamorphoses offrent toute une légende typique du contexte matriarcal-naturaliste. En accord avec cet archétype de la Grande Mère, celle-ci a habituellement été en rapport avec les cultes de fertilité, comme dans le cas de Mari, celle qui est déterminante pour la fertilité-fécondité, celle qui emmène la pluie ou la grêle (mauvais temps), celle dont les forces telluriques dépendent les récoltes, dans l'espace et le temps, la vie et la mort, la chance (tolérance) et le malheur[14].
Ainsi l'expliquent Andres Ortiz-Osés et Franz-Karl Mayr[15] :
« En las primitivas mitologías matriarcales, el día es hijo de la noche, el sol de la tierra, la claridad de la oscuridad caótica omnipariente. »
— Andrés Ortiz-Osés
Cette conception matriarcale mythique correspond à la conception propre des basques et basquaises (terme impropre pour désigner les femmes basques, on dit basque dans les deux cas), clairement reflétée dans sa mythologie. La Terre, est mère du Soleil et de la Lune[18], face aux conceptions patriarcalistes indo-européennes, où le soleil est reflété comme un Dieu, numen ou esprit masculin. À ces deux sœurs on consacrait les prières et les salutations à la tombée du jour, quand elles retournaient au sein de la Terre Mère, au-delà des mers « bermejos ».
Cette conception de la Terre comme Mère, loin d'être isolée, est concrétisée dans un des mythes cosmogoniques les plus importants, le mythe d'Eguzkilorea (« fleur le soleil » en basque ou carlina acaulis). En lui les femmes et les hommes sollicitaient il y a longtemps l'aide d'Amalur (Mère Terre) pour se protéger des esprits malins qui habitaient les êtres les terrorisant[19], Amalur a répondu en créant deux filles, Ilargi (Lune) et Eguzki (le Soleil). Rapidement, ces esprits ont appris comment éviter la lumière de celles-ci et la Terre Mère est intervenue alors pour la dernière fois dans des affaires humaines, en faisant naître de son sein une Eguzkilorea, plante protectrice depuis lors, contre sorcières, laminak et autres mauvais esprits[20].
Les anthropologues n'utilisent pas généralement le terme « matriarcat » car l'existence de matriarcat, dans le même sens que celui qu'on utilisera pour le patriarcat, c'est-à-dire, dans le sens d'une société dominée par la Femme ou la Mère, n'a pas été totalement démontrée. Le matriarcat impliquerait une réalité brute ou une réalité objective , tandis que le matriarcalisme est une structure psycho-sociale, qui, plus qu'une réalité objective, serait une réalité intersubjective structurée à différents niveaux comme l'herméneutique.
La structure psycho-sociale de la culture basque traditionnelle peut être définie comme matriarcale ou matriarcaliste, mais non comme matriarcat de l'avis d'Andres Ortiz-Osés, car le matriarcalisme représente un matricentrisme, une structure psycho-sociale centrée ou focalisée dans le symbole de la Mère/Femme et sa projection de la Terre Mère/Nature divinisée (comme cet archétype de la Grande Mère basque, Mari). Ce matriarcat supposerait une société où le dominion de la femme est le témoignage légal ou anthropologique jusqu'à nos jours d'une certaine manière plus ou moins directe.
Le matriarcat ancestral basque précédant la structure patriarcale-rationaliste et greco-romano-chrétienne, est différencié d'autres matriarcats tels que le matriarcat passif galicien étudié par Rof Carballo, pour présenter un naturalisme actif. Ceci est dû à la prépondérance de l'élément de la transformation dans l'archétype matriarcal basque (cfr. Mari se métamorphose dans des animaux, ainsi que les Basajaunak), la présence bien que secondaire et postérieure de l'archétype patriarcal symbolisé par l'invasion indo-européenne, etc.
Le « naturalisme actif basque » (toujours en terme herméneutique) est différent de la passivité matriarcale galaico ou de la passivité patriarcale indienne, qui est exprimé dans le degré zéro de la vie (ou Nirvana). Face au matriarcat basque, la volonté hispanique traditionnelle pourrait être définie comme patriarcal-magique ou patriarcat de signe irrationaliste.
Le suivant tableau categorial de « taux idéaux » weberianos ou taux idéal-réels résumerait ce qui a été dit[23] :
Matriarcal - Nature (= Basque) | Patriarcal-Rationalisme |
---|---|
Communisme (communauté) | Individualisme (société) |
Naturalisme | Culturalisme |
Fixation à Mère-Nature | Fixation au Père-Loi |
Fixation à la terre-famille-clan | Fixation raison-État |
Irrationalisme (magie, mythe, utopie) | Rationalisme (le présent-donné) |
Socialisme tribal (l'autochtone) | Universalité (égalité formelle) |
Élémentarisme - non verbale | Abstraction - Verbale |
Religiosité | Sécularisation |
Conflit d'autorité | Autorité paternalisée |
L'agraire retroprogressif | Le progressif - Urbain |
La sensible générale-illimitée (panthéisme) | L'idée délimitatrice |
Matériel-Puissance | Forme-Acte |
Le Destin (liberté comme nécessité) | La liberté formelle |
La famille | Aislamiento |
Droit naturel | Droit civil |
La coutume (for) | La loi |
Le devenir (cyclique) | L'être (le linéaire) |
Le verbe (dynamique) | Le nombre (statique) |
Le temps, la Mère, l'obscur | L'espace, le jour, le clair. |
Confiance en Mère Nature | Méfiance en la vie, peur de Dieu |
Le principe féminin de la vie: totalisation de sens | Principe masculin |
L'existence concrète | L'essence |
L'oral-asuntivo (txokos...) | L'anal-agressif |
Constitution de fratries (homosexualité) | Répression de l'homosexualité |
La femme omnipotente/sorcière (ambivalence) | La femme comme complément de l'homme |
Égalité de sexe (l'homme sauvé par la femme) | Héroïsme patriarcal (le héros chevaleresque sauve la femme) |
Cosmomorphisme | Anthropomorphisme |
L'auditif-tactile | Le visuel-ascensionnel |
Sédentarité | Nomadisme |
Ritualisme (folklore, symbolisme ) | Éthique formel (principes) |
Totémisme : dichotomies rigides bon/mal | Flexibilité (distinction) |
Structure sociale lieuse | Déracinement de strates sociales |
Valeurs transpersonnelles | Valeurs personnelle-existentielles |
Identité de groupe | Sans identité |
Corporatisme (société = corps) | Distinction yo/société |
Unitarisme (esprit/matière, Dieu/homme) | Séparation (esprit/matière, Dieu/homme) |
Catholicisme (l'Église-Corporation) | Protestantisme (rationalisation) |
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