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action militaire pendant la guerre civile syrienne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'offensive de Maarat al-Nouman et Saraqeb, baptisée « Aube d'Idleb 2 » par le régime, a lieu lors de la guerre civile syrienne. Elle est lancée le par l'armée syrienne et l'armée russe dans le sud-est du gouvernorat d'Idleb et l'ouest du gouvernorat d'Alep et est menée contre les forces de l'opposition syrienne, constituées principalement par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham et les rebelles de l'Armée nationale syrienne.
Date |
– (2 mois et 15 jours) |
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Lieu | Maarat al-Nouman, Saraqeb et leurs environs |
Issue | Victoire des loyalistes |
Zaïd Saleh Maher el-Assad Souheil al-Hassan Asghar Pashapour † |
Abou Mohammed al-Joulani |
40 000 hommes[1] |
50 000 à 100 000 hommes[2] 8 000 à 20 000 hommes[3],[4] |
1 307 morts au moins[A 1] 3 avions détruits[11] 2 hélicoptères détruits[12] 27 morts au moins[10] 4 à 8 morts[13],[14] 2 morts[15],[16] |
1 346 morts au moins[A 2] 59 morts[17] |
Batailles
Coordonnées | 35° 38′ 41″ nord, 36° 40′ 26″ est |
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Les combats sont à l'avantage des loyalistes, qui s'emparent de la ville de Maarat al-Nouman le , puis de Saraqeb le . Ils achèvent la reprise totale du contrôle de l'autoroute M5 le et dégagent la périphérie ouest d'Alep le . Saraqeb est cependant reprise par les rebelles le , puis à nouveau reconquise par les loyalistes le .
L'offensive du régime syrien provoque la fuite d'environ un million de civils, soit la plus importante vague de déplacés depuis le début du conflit. Intensivement bombardés, les villes et villages qui retombent aux mains des loyalistes sont en ruines et abandonnés par leurs habitants.
L'avancée de l'armée syrienne entraîne à partir de février une intervention de l'armée turque, présente depuis dans la région d'Idleb où des troupes sont cantonnées dans plusieurs postes d'observations établis dans le cadre des accords d'Astana conclus avec la Russie et l'Iran le . La Turquie envoie des renforts et entre en affrontement avec les troupes du régime syrien. Le , Ankara annonce le déclenchement d'une opération militaire contre l'armée syrienne, baptisée Bouclier du printemps.
Cette contre-offensive provoque des tensions entre la Turquie et la Russie, inédites depuis leur rapprochement diplomatique en 2016 et la conclusion des accords de Sotchi en 2017. Les deux pays cherchent cependant à éviter la rupture et le , ils concluent un accord pour instaurer un cessez-le-feu dans la région d'Idleb.
Le , la Russie proclame un cessez-le-feu qui met fin à l'offensive de Khan Cheikhoun, dans le gouvernorat d'Idleb[23],[24]. Cependant, des combats ponctuels continuent d'éclater dans la région[24]. Ainsi, entre le et le 1er décembre, les combats sporadiques font au moins 250 morts chez les loyalistes et 220 morts chez les djihadistes et les rebelles selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), tandis qu'au moins 160 civils, dont 45 enfants, sont tués par des bombardements[25].
Le et le 1er décembre, des affrontements ont lieu près de Maarat al-Nouman[25], la deuxième plus grande ville du gouvernorat d'Idleb, peuplée de 150 000 habitants[26]. Quatre villages sont pris par les rebelles, puis reconquis par les forces du régime[25]. Selon l'OSDH, ces combats, les plus violents depuis le début de la trêve, font au moins 51 morts chez les loyalistes et au moins 45 morts chez les djihadistes et les rebelles[27].
À partir du , les frappes aériennes du régime s'intensifient dans la région de Maarat al-Nouman, provoquant la fuite de dizaines de milliers de civils[28],[24]. Maarat al-Nouman est abandonnée par une large partie de sa population civile[24],[29],[30]. Le , 23 civils sont tués par des frappes menées contre le village de Talmenas[31],[32].
L'offensive au sol débute le [29],[33]. L'opération est baptisée Aube d'Idleb 2 par le régime[34]. Les 19 et , de violents combats ont lieu au sud de Maarat al-Nouman, faisant au moins 30 morts chez les loyalistes et 51 du côté des djihadistes et des rebelles[35]. Les loyalistes progressent vers Maarat al-Nouman et s'emparent de 25 villages entre le 19 et le [36]. Le , le poste d'observation de l'armée turque à al-Surman se retrouve encerclé par l'armée syrienne[37]. La localité de Jarjanaz est également conquise le même jour par les troupes du régime[37].
Le , les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham et d'Ansar al-Tawhid lancent une contre-offensive pour tenter de freiner la progression des loyalistes qui ne sont alors plus qu'à six kilomètres de la ville Maarat al-Nouman[29]. L'attaque est contenue par les troupes du régime qui ouvrent également un nouveau front à l'est d'Idleb, où elles s'emparent de deux villages[29].
Le , l'armée syrienne s'empare encore de quelques localités, faisant passer à 40 le nombre de villages conquis depuis le début de l'offensive, et est à 4 kilomètres de Maarat al-Nouman[30].
Le , la Turquie annonce qu'elle est en pourparlers avec la Russie pour obtenir un nouveau cessez-le-feu[38]. Le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, déclare : « Nous suivons de près le processus en vue de mettre fin aux bombardements. Ces bombardements doivent cesser immédiatement à la faveur d'un nouveau cessez-le-feu. C'est notre principale attente de la partie russe »[38]. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan affirme pour sa part le que « la Turquie ne peut accueillir une nouvelle vague de réfugiés en provenance de Syrie » et que « les effets négatifs de cette pression que nous subissons seront ressentis par tous les pays européens, à commencer par la Grèce »[39]. Le , le président américain Donald Trump appelle la Russie, la Syrie et l'Iran à cesser le « carnage », tout en saluant le rôle de la Turquie[40]. La France demande également une « désescalade immédiate »[40].
Le , un missile balistique doté d'une ogive à sous-munitions tirée par l'armée syrienne frappe une école à Sarmin (en), causant la mort de 12 civils, dont deux femmes et cinq enfants, et faisant 13 blessés[41],[42],[43]. Le , neuf autres civils sont tués à Ariha[44].
Le , la Russie annonce l'entrée en vigueur d'un nouveau cessez-le-feu dans la région d'Idleb après la conclusion d'un accord avec la Turquie[45].
Cependant, les raids aériens se poursuivent. Le , au moins 18 civils sont tués par des frappes aériennes du régime sur les villes et localités d'Idleb, Binnish et Neirab (en)[46]. Le , au moins 19 autres civils sont tués par un raid sur la ville d'Idleb[47],[48]. Le , au moins huit civils, dont cinq enfants, sont tués dans des raids russes à Saraqeb et Arnaba[49].
Des combats au sol éclatent également ponctuellement. Dans la nuit du 15 au , les troupes du régime s'emparent de deux villages près de Maarat al-Nouman au terme de combats qui font au moins 29 morts chez les loyalistes et 26 du côté des djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham[48].
Les 25 et , les troupes du régime font une nouvelle poussée : elles s'emparent de sept villages et atteignent les abords de la ville de Maarat al-Nouman[50]. Le tronçon d'autoroute entre Maarat al-Nouman et Saraqeb, au nord, est également coupé[51]. Au matin du , Maarat al-Nouman est presque encerclée : les loyalistes tiennent les villages au nord et à l'est de la ville et accentuent la pression sur son flanc ouest[51]. Plus au nord, l'armée syrienne tente également d'avancer dans la région de Saraqeb et dans l'ouest du gouvernorat d'Alep[51]. Le , les troupes du régime entrent dans Maarat al-Nouman et prennent rapidement le contrôle de plus de la moitié de la ville, laquelle est alors abandonnée par la majorité de ses habitants[52],[53]. Des combats ont lieu, mais le gros des forces djihadistes et rebelles battent rapidement en retraite[53]. Le matin du , Maarat al-Nouman est entièrement aux mains du régime[54],[55]. Les loyalistes contrôlent alors 40 % du gouvernorat d'Idleb[56].
Le , le président turc Recep Tayyip Erdoğan critique la Russie en l'accusant de ne pas respecter les accords conclus, le cessez-le-feu étant resté lettre morte[54],[57]. Deux jours plus tard, il dénonce la « cruauté du régime envers son propre peuple et ses attaques qui provoquent des bains de sang et menaçant notre pays d'une nouvelle vague de migrants » et menace de « recourir à la force militaire »[58]. Cependant l'inaction de la Turquie est largement dénoncée par les habitants de la région d'Idleb[59].
Fin janvier, les forces iraniennes interviennent de nouveau dans l'offensive d'Idleb, après être restées en retrait dans cette région pendant plusieurs mois[60]. Elles ouvrent un nouveau front dans le sud-ouest du gouvernorat d'Alep[60] et engagent la Force Al-Qods[60],[15], les miliciens libanais du Hezbollah[15],[61], des Syriens du Liwa al-Baqir et des Forces locales de Défense[15], des Palestiniens du Liwa al-Quds[62],[63], des Afghans de la Division des Fatimides[63], des Pakistanais du Liwa Zainebiyoun[63] et des milices irakiennes[60]. Le , ces forces s'emparent de Khan Touman et de Khalidiya[60].
De leur côté, les forces du régime continuent d'avancer. Le , elles arrivent à deux kilomètres au sud de la ville de Saraqeb[64], auparavant peuplée de 110 000 habitants mais alors presque totalement abandonnée par sa population civile[65]. Les loyalistes reculent cependant après une contre-attaque des rebelles et sont à 5 kilomètres de la ville le 1er février[56], puis à 8 kilomètres le [66]. Le , au moins 14 civils sont tués par des raids aériens, dont sept membres d'une même famille à Sarmin (en)[67]. De son côté, l'armée turque se déploie à Saraqeb dès le [68].
Dans la nuit du 2 au , un convoi turc de 240 camions et blindés venu renforcer les postes d'observation de la région est touché par des tirs d'artillerie syriens près de Saraqeb[66],[69],[70],[71],[72]. Sept soldats et un contracteur civil turcs sont tués et treize sont blessés selon Ankara[73],[74]. En représailles l'armée turque mène des frappes aériennes et des tirs d'artillerie sur 54 cibles dans les gouvernorats d'Idleb, Hama, et Lattaquié et revendique la « neutralisation » de 76 soldats du régime le [66],[69],[75]. Sana, l'agence de presse officielle du régime syrien dément tout décès dans les rangs de l'armée, tandis que l'OSDH donne pour sa part un bilan d'au moins 13 soldats syriens tués et plus de 20 autres blessés[66]. Ömer Çelik, le porte-parole de l'AKP, déclare alors : « Après cette attaque, les éléments du régime qui se trouvent dans cette région sont pour nous des cibles. Ce que nous attendons de la Russie, c'est qu'elle évite de servir de bouclier ou de chercher à protéger le régime de quelque manière que ce soit »[69]. De son côté le président Recep Tayyip Erdoğan promet de riposter à toute nouvelle attaque du régime[76], il annonce qu'il ne laissera pas l'armée syrienne progresser davantage à Idleb[77] et prévient également Moscou dans un ton inhabituellement virulent[68] : « Je veux m'adresser en particulier aux autorités russes : notre interlocuteur, ce n'est pas vous, c'est le régime. N'essayez pas de nous entraver. [...] Nous ne pouvons pas rester silencieux alors que nos soldats tombent en martyrs. Nous allons continuer de demander des comptes »[69]. Le , il déclare qu'il laisse jusqu'à la fin du mois aux troupes du régime syrien pour se retirer au-delà des postes d'observation turcs[78].
Mais malgré les avertissements de la Turquie, l'armée syrienne continue de progresser et pénètre dans la ville de Saraqeb le soir du [73],[79],[80]. Plusieurs centaines de djihadistes et de rebelles se retirent de la ville par le nord, avant qu'elle ne se retrouve totalement encerclée[73],[81],[82]. Dans la nuit du 5 au , des blindés turcs se déploient à Taftanaz (en) et Binnish, au nord de Saraqeb[80],[83],[13]. Le 6, les djihadistes et les rebelles lancent une contre-offensive avec le soutien de l'artillerie turque[80],[81]. Les combats se poursuivent à l'intérieur de Saraqeb, où les assiégés parviennent à reprendre le contrôle de la majeure partie de la ville en attaquant depuis les quartiers nord[81]. D'autres forces à l'extérieur tentent de briser l'encerclement au niveau du village de Neirab[84]. Cependant la contre-offensive est repoussée et en fin de journée les troupes du régime s'emparent d'une vaste partie de Saraqeb[65]. Au moins 17 civils sont également tués le même jour par des bombardements dans la région d'Idleb[65]. Le , l'armée syrienne annonce contrôler la totalité de la ville de Saraqeb[85].
Les forces du régime poursuivent ensuite leur offensive avec l'objectif d'achever la prise de contrôle de l'autoroute M5, reliant Damas à Alep et passant par Maarat al-Nouman et Saraqeb[85]. Avec la prise de cette dernière ville, tout le tronçon de l'autoroute passant par le gouvernorat d'Idleb est sous contrôle loyaliste, seule une portion de 15 kilomètres dans l'ouest du gouvernorat d'Alep reste alors tenue par les rebelles[85]. Le , les troupes du régime prennent la localité d'al-Eis, située dans cette région[85]. Le , les rebelles ne tiennent plus que deux kilomètres de tronçon[86],[87]. Le matin du , les loyalistes s'emparent du dernier tronçon dans le secteur de Rachideen al-Rabea[88]. Tout l'autoroute M5, d'Alep à Damas, est alors sous le contrôle du régime pour la première fois depuis 2012[88].
La Turquie continue pour sa part d'acheminer des renforts[89]. Les effectifs de l'armée turque dans la région passent à 5 000 hommes au selon l'agence Reuters[90] puis à 15 000 au [91] et à 20 000 au [4], tandis que pour l'OSDH leurs effectifs sont de 5 000 à la date du [92], 6 000 au [93], 7 000 au [94] et 8 100 au [3]. Le , l'artillerie syrienne loyaliste bombarde la base aérienne de Taftanaz : cinq soldats turcs sont tués et cinq autres blessés selon Ankara[95],[86], tandis que l'OSDH donne un bilan d'au moins six tués et sept blessés[96]. La Turquie riposte en bombardant des positions de l'armée syrienne[97],[98]. En fin de journée, elle donne un bilan de 101 combattants du régime neutralisés, trois chars et deux canons détruits et un hélicoptère touché[97]. Le lendemain, un hélicoptère est abattu par une roquette turque près du village de Qaminas et ses deux pilotes sont tués[99].
Les bonnes relations entre la Turquie et la Russie semblent alors fortement ébranlées[100]. Les accords de Sotchi du sur la mise en place d'une zone démilitarisée à Idleb se sont avérés inapplicables[100]. Le , le président turc Erdoğan menace le régime de frapper « partout » en cas de nouvelles attaques contre ses troupes et prononce une rare critique contre la Russie en l'accusant de prendre part au « massacre » contre les civils[101],[100]. Le ministère syrien des Affaires étrangères répond en qualifiant le président turc de « personne déconnectée de la réalité »[102]. Moscou accuse pour sa part Ankara de ne pas respecter les accords de Sotchi, de « ne pas tenir ses obligations de séparer les combattants de l'opposition (syrienne) modérée » des groupes djihadistes et de n'avoir rien fait pour « neutraliser les groupes terroristes »[103]. Le Kremlin diffuse cependant un communiqué assurant que les présidents Poutine et Erdoğan se sont entretenus par téléphone et veulent sauvegarder leurs « accords de désescalade »[104],[105]. Le lendemain, la Turquie menace alors de recourir à la force contre les « radicaux » qui ne respectent pas le cessez-le-feu[106],[107]. Les États-Unis annoncent pour leur part soutenir totalement la Turquie[107]. Dans ce contexte de tensions, le Parlement syrien annonce le reconnaître officiellement le génocide arménien commis par l'Empire ottoman entre 1915 et 1917[108]. La Turquie répond en dénonçant : « un acte hypocrite de la part d'un régime qui pendant des années a commis toutes sortes de massacres contre son propre peuple »[109].
L'armée syrienne poursuit sa progression dans l'ouest du gouvernorat d'Alep[110]. Le , les Turcs se retirent de la base du Régiment 46, à 12 kilomètres à l'ouest d'Alep[110]. Le lendemain, la base est prise par les loyalistes après des combats contre les djihadistes et les rebelles[110]. L'armée syrienne avance également sur Orum al-Kobra (en) et Kafr Naha afin d'établir une ceinture de sécurité pour protéger l'autoroute[110]. Elle arrive également à 5 kilomètres d'Atarib, la principale ville encore contrôlée par les djihadistes dans l'ouest du gouvernorat d'Alep, mais abandonnée par presque toute sa population civile[110]. L'armée turque se déploie alors dans cette ville[111]. Le même jour, un autre hélicoptère du régime syrien est abattu par les Turcs ou les rebelles près d'Orum al-Kobra et ses deux pilotes sont tués[12]. Cependant, les loyalistes prennent Orum al-Kobra le [112], puis Kafr Naha le 15[113]. Le , ils dégagent la périphérie ouest d'Alep pour la première fois depuis 2012 en s'emparant d'une trentaine de villages[114].
Les pourparlers turco-russes à Moscou les 17 et échouent[115]. Le , Bachar el-Assad annonce son intention de poursuivre son offensive pour « libérer » les provinces d'Idleb et Alep[116]. Le 19, Erdoğan menace de déclencher une offensive militaire imminente à Idleb[117]. Moscou réagit le même jour en affirmant qu'une offensive turque serait la « pire des options »[118],[119]. Le 19, la Russie et la Chine bloquent à l'ONU une déclaration proposée par la France réclamant une cessation des hostilités et le respect du droit international humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie[120].
Le , les rebelles de l'Armée nationale syrienne et les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham lancent une attaque à Neirab, à l'ouest de Saraqeb, avec le soutien de l'artillerie turque[115],[121],[91]. Deux soldats turcs sont tués et cinq blessés par une frappe aérienne menée par l'aviation syrienne ou par l'aviation russe[115],[122],[121],[123]. La Russie revendique la destruction d'un char, de six véhicules blindés et de cinq véhicules tout-terrain dans des frappes de Su-24[122]. La Turquie revendique pour sa part avoir éliminé une cinquantaine de soldats syriens et détruit plusieurs blindés[122]. Selon l'OSDH, au moins 14 loyalistes — dont certains sont décapités — et 28 rebelles et djihadistes sont tués dans les combats[124]. Les rebelles parviennent à entrer dans la localité de Neirab et à l'occuper en partie pendant plusieurs heures, mais ils sont finalement repoussés[115],[121],[91].
Le , le ministère russe de la Défense condamne les frappes turques et appelle « la partie turque à cesser de soutenir les actions des groupes terroristes et de leur donner des armes »[125]. Le ministère turc de la Défense assure pour sa part le même jour n'avoir « aucune intention d'affronter la Russie »[126]. Le 21, Erdoğan et Poutine s'entretiennent par téléphone : le président turc demande à son homologue russe de « freiner » le régime syrien dans la province d'Idleb[127], mais ce dernier se déclare « gravement préoccupé par les actions agressives des groupes extrémistes en cours »[128]. Les appels d'Ankara à un retrait des troupes loyalistes sont ignorés par Moscou[115].
Le , un autre militaire turc est tué dans la région d'Idleb, Ankara revendique alors une riposte contre 21 cibles[129]. Le , les rebelles et les djihadistes, appuyés par l'artillerie turque, repartent à l'assaut de Neirab, à l'ouest de Saraqeb, et parviennent cette fois à s'emparer de la localité[130]. Cependant les loyalistes progressent de leur côté à l'ouest de Maarat al-Nouman, dans la région montagneuse du Jabal al-Zawiya, où ils prennent plusieurs villages[130]. Selon l'OSDH, au moins 41 loyalistes — dont neuf dans des bombardements turcs — et 53 rebelles et djihadistes sont tués dans les affrontements de la journée[130]. Le , abandonnée par toute sa population, la ville de Kafranbel, à l'ouest de Maarat al-Nouman, est prise par le régime[131],[132].
Le , deux soldats turcs sont tués et deux blessés par des raids aériens[1],[133], un autre est tué le lendemain[134]. L'armée turque riposte et revendique la « neutralisation » de 114 « éléments du régime »[133]. L'OSDH donne pour sa part un bilan d'au moins 25 rebelles et 36 loyalistes tués au combat[135]. Le ciel syrien étant contrôlé par la Russie, la Turquie ne peut engager son aviation pour soutenir ses forces au sol[115], aussi recourt-elle à ses drones armés Bayraktar TB2[136],[137].
Le matin du , les rebelles reprennent Saraqeb, coupant ainsi de nouveau l'autoroute M5[138]. Les loyalistes poursuivent quant à eux le même jour leur avancée dans le sud du gouvernorat d'Idleb[139]. Selon l'OSDH, l'ensemble de ces combats fait au moins 43 morts chez les loyalistes et 64 tués du côté des djihadistes et des rebelles[140],[141]. En fin de journée, le ministère russe de la Défense accuse la Turquie de violer les accords de Sotchi en soutenant « des groupes armés illégaux dans la zone de désescalade d’Idlib par des tirs d’artillerie »[142]. Peu après, des militaires turcs positionnés dans un immeuble dans la localité de Balyoun subissent des frappes aériennes qui font de nombreux morts dans leurs rangs — au moins 33 selon Ankara, 34 selon l'OSDH — et une trentaine de blessés[143],[144],[145]. Selon Le Monde et Le Figaro, la frappe, effectuée par un missile KAB-1500L (en) avec guidage laser, n'a pu être menée que par la Russie[146],[147]. Cependant la Turquie l'attribue à l'armée syrienne, puis riposte pendant la nuit et clame que « toutes les positions connues du régime (syrien) ont été prises sous le feu de nos unités terrestres et aériennes »[144]. Elle revendique ensuite la « neutralisation » de 309 soldats du régime[145], mais l'OSDH ne fait état que d'au moins 31 tués[148]. La Russie dément quant à elle être impliquée dans les bombardements, affirmant que « des militaires turcs, se trouvant au sein d'unités combattantes de groupes terroristes, ont été pris sous le feu de soldats syriens »[149]. Moscou affirme que la position des unités bombardées ne lui avait pas été communiquée par Ankara, ce que cette dernière dément, ajoutant qu'aucun rebelle n'était présent aux côtés des militaires turcs ciblés[150]. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov présente cependant ses « condoléances » et affirme que Moscou fait « tout pour assurer la sécurité des soldats turcs » déployés en Syrie[151].
Erdoğan convoque un conseil de sécurité extraordinaire[152] et se tourne alors vers les Occidentaux, entre menaces et appels à l'aide[145]. Il demande la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne, réclame aux Américains des missiles Patriot et fait pression sur les Européens en menaçant de déclencher un afflux massif de réfugiés syriens vers l'Europe[150],[153],[154].
Le , une réunion d'urgence des ambassadeurs des 29 pays membres de l'OTAN se tient à la demande de la Turquie[150]. Mais la rencontre n'aboutit à aucune proposition concrète[151]. L'armée turque compte encore un mort et un blessé le même jour à Idleb[155], tandis que selon l'OSDH, au moins 48 combattants pro-régime sont tués par les bombardements turcs, dont onze officiers et 14 miliciens du Hezbollah[156]. Le , au moins 26 combattants du régime sont encore tués par des attaques de drones turcs[136].
Le 1er mars, la Turquie annonce qu'elle lance une offensive militaire contre le régime syrien qu'elle baptise « Bouclier du printemps »[157]. Elle affirme que ses objectifs sont de « mettre fin aux massacres du régime et empêcher une vague migratoire », mais précise qu'elle n'a « ni l'intention, ni l'envie d'entrer dans une confrontation avec la Russie »[158]. Dans la matinée, l'armée turque bombarde lourdement avec des drones l'aéroport international d'Alep, à Neirab, et perd un appareil dans l'opération[154]. Des drones et des missiles antiaériens tirés depuis la province de Hatay détruisent ensuite plusieurs systèmes de défense aérienne et deux avions Soukhoï Su-24 syriens sont abattus par des F-16 turcs — les pilotes parviennent à s'éjecter[159],[154],[160]. Au moins 19 combattants pro-régime sont également tués par des tirs de drones contre des convois selon l'OSDH[160]. Au total, plus d'une centaine de combattants pro-régime sont tués en trois jours par l'artillerie et les drones turcs, dont 21 miliciens afghans et pakistanais de la Division des Fatimides et du Liwa Zainebiyoun et 12 miliciens libanais du Hezbollah[161]. La Syrie annonce alors la fermeture de son espace aérien aux avions et aux drones et menace d'abattre tout appareil sans sommation[154]. Au sol, les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham et les rebelles lancent également une contre-offensive sur le front sud et reprennent plusieurs villages dans les montagnes de Jabal al-Zawiya et la plaine de Sahl al-Ghab[161],[162].
Le , l'armée syrienne et le Hezbollah reprennent Saraqeb[163],[164],[18],[165],[166]. La Russie annonce le déploiement d'unités de sa police militaire dans la ville[164]. Le , au moins neuf civils, dont cinq enfants, sont tués par un missile sol-sol de l'armée syrienne[167] et un avion syrien L-39 Albatros est abattu par un F-16 turc et son pilote est tué[11]. Le , l'armée turque déplore deux morts et six blessés[168]. Le , deux soldats turcs sont tués et trois blessés[169], tandis qu'au moins 15 civils sont tués dans un bombardement russe près de Maaret Misrin[19].
Le , Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdoğan se retrouvent à Moscou, où après six heures de discussions ils annoncent l'instauration d'un cessez-le-feu dans la province d'Idleb à compter de minuit[170],[171]. L'accord prévoit notamment l'établissement de patrouilles communes russo-turques le long de l'autoroute M4 à partir du et la mise en place d'un « couloir de sécurité » de 12 kilomètres de large le long de cet axe[172],[171],[173]. Le lendemain, dans un communiqué, le président Bachar el-Assad se déclare « satisfait » de l'accord[174].
Le , la trêve est globalement respectée et l'OSDH fait état d'une « absence totale d’avions de guerre russes et du régime dans l’espace aérien d’Idlib »[174]. Un seul affrontement sérieux a lieu entre minuit et trois heures du matin dans le Jabal al-Zawiya, causant la mort d'au moins six soldats syriens et de neuf djihadistes du Parti islamique du Turkestan[174],[175].
Plusieurs bilans sont donnés par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) :
L'ONU fait pour sa part état de la mort d'au moins 200 civils dans les frappes aériennes et les tirs d'artillerie entre le 1er janvier et le [189].
Les Casques Blancs font état de 612 civils tués et plus de 2 000 d'entre eux blessés entre le 1er janvier et le [20].
Le Hezbollah compte pour sa part au moins trois tués dans les régions d'Idleb et Alep au cours du mois de [190],[191]. Au moins deux Iraniens du Corps des Gardiens de la révolution islamique sont également tués[15],[16], dont Asghar Pashapour, un haut commandant iranien de la Force Al-Qods, tombé dans la région d'Alep le [192],[193],[15].
La Russie fait également état de tués parmi ses troupes, mais sans en préciser le nombre[194]. Selon le ministère russe des Affaires étrangères, quatre officiers des unités spéciales du FSB sont tués le 1er février dans la région d'Alep lorsque leur véhicule saute sur une mine, alors qu'ils revenaient d'une séance de pourparlers avec des militaires turcs et des militaires syriens loyalistes[13]. L'OSDH fait état de la mort de quatre autres militaires russes à la mi-janvier[14].
Le , le président turc Recep Tayyip Erdoğan annonce que les pertes de l'armée turque sont de 59 « martyrs » depuis février, tandis qu'il revendique un bilan de 3 400 combattants « neutralisés », 3 avions, 8 hélicoptères, 256 chars, 8 systèmes de défense aérienne, 99 véhicules militaires et 2 aéroports détruits du côté du régime syrien[17],[195].
L'UNICEF compte au moins 65 enfants tués ou blessés en décembre, et près de 50 000 enfants privés d'école[196].
Début février, à Khan al-Sebel, près de Maarat al-Nouman, des miliciens du régime syrien profanent un cimetière en détruisant des pierres tombales et en exhumant des cadavres[197],[198],[199],[200].
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 72 hôpitaux, cliniques et dispensaires doivent suspendre leurs activités entre et , soit après avoir été pris pour cibles par les forces aériennes syriennes et russes, soit par crainte de l'être[189].
Human Rights Watch fait état d'images montrant l'exécution sommaire d'un civil par des hommes de la 25e Division des Forces spéciales — les ex-Forces du Tigre — à Maarat al-Nouman[200].
Le 11 mai 2020, Amnesty International accuse le régime syrien et la Russie de « crimes de guerre »[201]. L'ONG affirme avoir documenté 18 attaques menées « intentionnellement » contre des écoles et des centres médicaux dans la région d'Idleb entre le 5 mai 2019 et le 25 février 2020 et fait état de l'utilisation d'armes à sous-munitions par l'armée syrienne[201].
En juillet 2020, la Commission d'enquête indépendante et internationale (COI) sur les violations des droits de l'homme en Syrie, présidée par Paulo Sérgio Pinheiro (en), publie un rapport portant sur la période du 1er novembre 2019 au 30 avril 2020 dans la poche d'Idleb, et dans lequel le bombardement de 17 installations médicales, 14 écoles, 9 marchés et 12 maisons sont répertoriés et commis presque tous par les forces loyalistes syriennes et russes[202]. Paulo Sérgio Pinheiro déclare que : « Des enfants ont été bombardés à l’école, des parents ont été bombardés au marché, des patients ont été bombardés à l’hôpital et des familles entières ont été bombardées alors qu’elles fuyaient »[202]. Le rapport estime que ces « bombardements indiscriminés [...] pourraient être constitutifs de crime contre l’humanité »[202]. Le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham est également accusé de « pillages, détention, torture et exécution de civils, y compris des journalistes » et d'avoir « bombardé de façon indiscriminée des zones densément peuplées, semant la terreur parmi les civils vivant dans les zones sous contrôle gouvernemental »[202].
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), l'offensive du régime syrien provoque la fuite vers la frontière turque de 900 000 civils entre le et le [21], soit la plus importante vague de déplacés depuis le début du conflit en 2011[203],[189]. Parmi eux figurent plus de 500 000 enfants[204]. L'OSDH donne pour sa part un bilan d'1,1 million de déplacés à la date du [22]. À la mi-février, l'OCHA estime que 36% des familles nouvellement déplacées sont logées ; 17% trouvent refuge dans des camps déjà surpeuplés ; 15% se réfugient dans des bâtiments inachevés dépourvus de toits, de murs ou de portes ; 12% sont "à la recherche d’un abri" et 20% vivent à l’extérieur[204].
Si certains civils parviennent à se reloger, des milliers de familles se retrouvent contraintes de s'établir en plein hiver, occasionnellement sous la neige et sous des températures négatives, au milieu des champs, sur les bords des routes, dans des habitations de fortune, ou doivent dormir dans leurs véhicules[205],[189].
Le , Mark Lowcock, le secrétaire général adjoint du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU déclare que les civils sont « traumatisés et forcés de dormir dehors par des températures glaciales, car les camps de réfugiés sont pleins. Les mères brûlent du plastique afin de réchauffer les enfants. Des bébés et de jeunes enfants meurent à cause du froid »[206].
Des combats et des bombardements éclatent ponctuellement dans la région d'Idleb pendant les mois qui suivent le cessez-le-feu. Le 10 mai 2020, des combats éclatent dans le nord-ouest du gouvernorat de Hama, faisant au moins 15 morts du côté du régime syrien et sept tués chez les djihadistes de Tanzim Hurras ad-Din[207]. Le 3 juin, l'aviation russe mène des frappes aériennes pour la première fois depuis le début de la trêve[208]. Le 8 juin, des djihadistes de Tanzim Hurras ad-Din attaquent deux villages de la région de Sahl al-Ghab, tuant 19 combattants loyalistes, contre 22 morts dans leurs rangs selon l'OSDH[208]. Le 3 août, dans le gouvernorat de Lattaquié, les loyalistes donnent l'assaut sur les collines de Kabana et al-Haddadah, dans le Jabal Al-Akrad : leurs pertes sont de 12 tués et 17 blessés, contre au moins six tués chez les rebelles, dont quatre de Hayat Tahrir al-Cham et deux de l'Armée nationale syrienne[209],[210].
Le 20 octobre 2020, l'armée turque se retire du poste d'observation de Morek[211]
Le 26 octobre, l'aviation russe frappe un camp d'entraînement de Faylaq al-Cham, un groupe de l'Armée nationale syrienne à Harem, dans la région de Jabal al-Douayli, au nord-ouest d'Idleb, faisant au moins 78 morts et 90 blessés[212],[213]. En représailles, les rebelles du Front national de libération bombardent à l'artillerie des positions de l'armée syrienne, faisant au moins 15 morts selon l'OSDH[214].
Le , deux soldats turcs sont tués et trois autres blessés par l'explosion d'une bombe entre Idleb et Binnish[215].
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